13 avril 2008

Bernard Lefebvre est allé au bout de ses forces

Notre photo : cette photo a été prise devant l'ancienne épicerie de ses parents, rue du général de Gaulle où Bernard fut élevé avec son frère Pierre.
En cette séance d'installation de conseil municipal récemment réélu, nous avons revu Bernard Lefebvre. Amaigri, fragile, il avait une voix de doyen portant haut son message de réconciliation mais sans renoncement. Lui qui venait de vivre dans sa chair la douleur du mal, lui qui venait de vivre avec regrets notre dissidence, se montra à la hauteur de sa tâche. Pas un mot blessant, pas une agression gratuite. Quinze jours après, il est mort d'un infarctus chez lui, près de Denise son épouse, à qui nous pensons bien fort en cet instant ainsi qu'à ses filles et son fils.

Séparation douloureuse
Et pourtant. Il nous avait écrit il y a six mois pour regretter que le PS, le PC et bien d'autres aspirent à constituer une liste autonome à côté de celle conduite par Franck Martin. Il jugeait cette séparation douloureuse, voire injuste, considérant que, de son point de vue, le travail de douze années ne se découpait pas en rondelles et qu'on ne piochait pas dans un bilan. Argument contre argument, rien n'y faisait. Le proviseur de lycée reprenait le dessus avec une logique implacable : « Je ne veux rien savoir, me disait-il lors du Carrington 2007, de vos affaires de partis et de pouvoir. Je vous dis que vous faites une connerie et que vous allez la payer chère. Vous ne dépasserez pas 10 % » Lui était généreux car bien d'autres nous accordaient moins de 5 % comme lors d'une dernière législative courue à grands frais par Franck Martin. Bernard était un homme d'union. Envers et contre tout.

Il avait bouclé la boucle
De 1965 à 1995 il avait suivi la politique lovérienne de là où il était. A Fleury-sur-Andelle, à Lillebonne et enfin à Louviers. Il avait bouclé la boucle puisqu'il avait été pion et professeur d'histoire et de géographie sous la férule de Bernard Chédeville au lycée de Louviers. Il aimait me le rappeler « je t'ai surveillé lors du bac. »
Du professeur, nous gardons le souvenir d'une personne aimant la rigueur, la méthode, le besoin de transmettre. Du sportif, nous conservons son engagement auprès des jeunes et son attachement au tournoi de l'USL football qui finit par porter son nom. Du politique, nous avons aimé la fidélité à ses principes, cette manière d'aller jusqu'au bout, au bout de son lien avec Franck Martin, au bout de son mandat puisqu'il venait d'être élu conseiller délégué aux anciens combattants, au bout de sa maladie respiratoire qu'il a combattue et qui l'a épuisé.

Un sacré savon
Nous n'étions pas d'accord ces derniers mois. Il avait même promis de me passer un sacré savon à la première occasion pour ne m'être pas retiré au second tour de la cantonale. Je l'aurais écouté avec attention car je le respectais. Je l'aurais contredit avec courtoisie car il était le contraire du cynisme et j'aurais tenté de lui expliquer ma démarche qui, à ma façon, était identique à la la sienne, un moyen de faire respecter mes idées et mes choix, d'aller au bout de mes contradictions propres et de celles, très importantes, que j'assume face aux méthodes et aux choix de Franck Martin. Peut-être, au fond, est-ce cela qui nous séparait : j'ai éprouvé le besoin de dire non avant lui. Et de le dire avec une force au moins égale à celle qui l'animait.

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