24 avril 2008

Les kilomètres-avion de l'indécence

Le Canard enchainé nous apprend que les trois policiers (pourquoi trois systématiquement ?) qui raccompagnent les sans papiers, à Bamako, Dakar ou ailleurs en Afrique ou en Asie, bénéficient de billets d'avion nominatifs payés par l'Etat français. A ce titre, ils bénéficient comme tous les voyageurs, de kilomètres-avion. Mis bout à bout ces kilomètres-avion donnent droit à des billets gratuits, ce que tous les voyageurs habituels des modes de transport par les airs connaissent bien, et les familles des policiers (volontaires ?) partent ainsi en vacances à l'étranger ou en France sans débourser un centime d'euro du moins pour leur transport aérien.
Je m'imagine mal en train de voyager aux frais de la princesse sous prétexte que j'aurais ramené chez eux, menottes aux mains, parfois, après des algarades violentes, parfois, après des coups échangés, parfois, des hommes, des femmes et des enfants sans papiers uniquement coupables d'être ce qu'ils sont, c'est-à-dire des gens comme vous et moi dont le seul tort est d'être venu en France pour y chercher du travail et pour faire vivre sa famille. Ces billets gratuits suintent l'indécence et, il faut bien le dire, le scandale. On apprend que le ministère de l'Intérieur cherche une solution pour que la gratuité acquise ne soit plus nominative mais revienne dans le giron de l'Etat. Quand on vous dit que la presse sert à quelque chose !
Une amie chère me racontait ce matin qu'elle veut visiter le centre de rétention de Oissel, l'un des plus importants de France, qui « accueille » les familles en attente d'un retour dans leur pays d'origine. La CIMADE engage des actions que plus d'un d'entre nous devrait suivre et connaître. Car le Centre de Oissel n'est pas exemplaire de ce qu'on fait de mieux en France. Rappelons, enfin, que les familles accueillies ne se voient reprocher aucun délit, aucun crime. Elles n'ont pas les papiers nécessaires pour continuer de travailler, d'aller à l'école, ou tout simplement pour demander un logement. Des milliers de sans papiers qui travaillent depuis des années sont actuellement en grève. Le patronat et la CGT ensemble (c'est rare) demandent leur régularisation massive sinon le bâtiment et l'hôtellerie vont souffrir et manquer de bras et de têtes. Voilà des gens qui ont des bulletins de salaires, qui paient des charges et qui sont obligés de raser les murs pour ne pas être contrôlés inopinément avant d'être expulsés et reconduits à la frontière. Hortefeux ne veut pas de régularisation massive, Ségolène Royal veut des régularisations au cas par cas. Quand on pense qu'elle aurait pu être présidente de la République !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

personne ne conteste votre utilité!
surtout lorsque vous abordez ce sujet
qui à mon très humble avis devrait faire se rejoindre tous les défenseurs de la Démocratie et d'une certaine idée de la France
personnellement , je me moque foncièrement de l'avis par exemple de Mme Sarkozy à qui on accorde des interviews dans tous les sens
là effectivement je ne vois pas d'utilité journalistique , à part pour la carrière de celui qui les réalise
mais comme dans toutes les professions , certains ont la déontologie très "elastique"

Jean-Charles Houel a dit…

La déontologie, comme son nom l'indique ne devrait pas être élastique. En ce qui me concerne et cela doit être bien clair,je ne suis plus journaliste en activité (même si j'ai toujours ma carte de presse (N° 30056). Mon blog est un blog politique, social, qui traite des problèmes de société et qui me permet de donner mon point de vue sur des sujets qui me tiennent à cœur. Je n'ai pas vocation à la soi-disante objectivité qui, vous le savez bien, n'existe pas.