10 mai 2008

Le Marité est un gouffre financier : quelle galère !

Notre photo : Le Marité, voilier trois mâts. Photo Gérard Dufour
Le journal « Libération » nous apprend, ce jour, que Valérie Fourneyron, le nouveau maire de Rouen, a eu une rencontre franche avec Pierre Albertini, l'ancien maire, mais « qu'il ne lui a laissé aucune note ou aucun dossier. » C'est ce qu'on appelle l'intérêt général bien compris. Celui qui avait appelé à voter Bayrou au premier tour de la présidentielle et Sarkozy au second ne s'est pas fait que des amis à Rouen où on a la rancune tenace.
Parmi « les cadavres » (sic) trouvés dans les placards de la mairie de Rouen, Valérie Fourneyron cite le cas du Marité, ce voilier présenté ainsi sur son site : « Nul besoin d'être un marin pour être ému à l'évocation du Marité, il suffit d'avoir une âme. Car ce bateau représente plus qu'un magnifique trois-mâts, construit dans les années vingt. C’est le dernier grand témoin d'un pan entier de notre histoire : celle de tous ces enfants de Normandie, de Bretagne ou du Pays basque qui partaient pendant des mois pêcher la morue dans les eaux glacées et brumeuses de Terre-Neuve. Des hommes dont la volonté de survie et le courage semblent avoir imprégné autant que le sel chaque partie du Marité, morutier qui a survécu à plusieurs morts annoncées. »

Un cadavre
Pourquoi un cadavre ? « Tout simplement, affirme Valérie Fourneyron, parce que le Marité était déjà un gouffre. On a découvert que la 3e tranche de travaux pourrait encore coûter deux millions d'euros au groupement d'Intérêt public auquel la ville de Rouen participe à hauteur de 40 %. » Dans la liste des adhérents du GIP, on ne sera pas étonné de lire que la CASE (communauté d'agglomération Seine-Eure) et le conseil général de l'Eure sont partie prenantes. Franck Martin, président de la CASE et ancien conseiller général, Fécampois par son père et éditeur de livres de marine, avait beaucoup insisté pour convaincre les délégués de l'agglomération et les conseillers généraux de l'utilité de s'engager dans l'achat puis la restauration du voilier. Il mettait en avant des considérations sociales avec des voyages formateurs pour des jeunes des cités ou des jeunes ayant besoin de retrouver le goût du sociable. Pourquoi pas ? Doit-on s'interdire de réaliser des rêves sous prétexte qu'on est élu ?
Le problème n'est pas là. Il est dans la mauvaise évaluation de l'état d'un bateau qui, visiblement, a beaucoup souffert du manque d'entretien et comme il fait partie, aujourd'hui, du patrimoine public normand, les élus n'ont plus qu'à se coucher devant les devis mirobolents des architectes et des charpentiers de marine.
La CASE et le conseil général de l'Eure vont donc avoir, tôt ou tard, le devoir de mettre la main au portefeuille pour venir au secours du Marité. Heureusement, les proportions respectives sont telles que les sommes à engager devraient être raisonnables. Il n'empêche. Ce projet coup de cœur a été mal étudié, mal conduit et depuis 2003, le Marité aura passé plus de temps en cale sèche que sur l'eau. Quelle galère !

LES PARTENAIRES DU GIP MARITÉ
· Ville de Rouen
· Conseil Général de la Manche
· Ville de Fécamp
· Département de l’Eure
· Communauté d’agglomération Seine-Eure
— Le Marité reçoit également le soutien financier de :
· Conseil Régional de Haute-Normandie
· Conseil Général de Seine-Maritime
· Association « Pour le retour du trois-mâts Marité en Normandie »
· Fondation du patrimoine maritime et fluvial

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