24 juillet 2008

La mort des 35 heures

En ce jeudi noir, nous célébrons la mort des 35 heures. Xavier Bertrand, ministre du Travail, explique sur toutes les ondes pourquoi il fallait mettre un terme à cette mesure sociale qui visait à partager le travail et à améliorer les conditions de vie de millions de salariés.
Dès sa naissance, cette mesure de gauche n'a jamais vraiment été totalement assumée ni reconnue par ses géniteurs. Martine Aubry et Lionel Jospin ont faite ce qu'ils ont pu pour accréditer l'idée que le sens de l'histoire allait vers une réduction du temps de travail avec pour corollaire une amélioration de la productivité, des conditions de travail, de la technologie réellement mises au service de l'homme et de la femme.
La droite et Nicolas Sarkozy, en particulier, ont bien senti que la gauche se positionnait sur la défensive. Les 35 heures ont créé la RTT mais elles ont aussi limité l'augmentation du pouvoir d'achat, ce fut l'angle d'attaque principal de l'actuel président de la République durant la campagne des présidentielles. Ségolène Royal défendit très mal les 35 heures. Ce qui aurait pu être un oriflamme a fini dans un silence discret incapable de s'opposer au slogan : travailler plus pour gagner plus. La gauche voulait : travailler mieux pour gagner plus. Jamais elle n'a dit comment, ni pourquoi c'était le chemin à suivre.
N'ayons pas honte des 35 heures. Quand l'alternance interviendra — car elle finira bien par venir — ne perdons jamais de vue que le progrès social se traduit par des mesures…sociales. Il faut sans doute en inventer, en imaginer de nouvelles. Mais gardons nous de jeter les acquis obtenus dans la lutte et souvent au prix fort. Les 35 heures en faisaient partie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Les 35 heures ont été, dans une très large mesure un marché de dupes. Seuls les cadres, avec les RTT, y avaient trouvé un avantage qui vient de leur être retiré. Pour la grande majorité des salariés - ouvriers et employés - la contrepartie à payer a été plus coûteuse que l'avantage acquis. Blocage des salaires entraînant la baisse du pouvoir d'achat, acceptation de la flexibilité jusqu'à l'outrance, précarisation du travail ont fait les ravages que l'on sait. Quant à l'application des 35 heures dans les services publics de santé, il faut bien reconnaître que décrétées sans étude d'impact sérieuse, elles ont conduit à une détérioration sans précédent du service dans les hôpitaux. Et pourtant, au regard de l'Histoire, des gains de productivité remarquables réalisés en France, les 35 heures se justfiaient pleinement. Car il faut dénoncer sans relâche ces contre-vérités que nous assène à longueur de journée ce gouvernement.
Pour s'informer et en savoir plus à ce sujet, j'invite les lecteurs de ce blog à lire le livre de Pierre Larrouturou : "Le Livre noir du libéralisme" aux éditions du Rocher. Quand bien même il n'est pas tendre à l'égard des principaux dirigeants du Parti socialiste, il tord le coup à bon nombre de ces soit-disantes évidences dont nous abreuve chaque matin sur France Inter un certain Jean-Marc Sylvestre.
Reynald Harlaut