3 octobre 2008

Jean-Marc Rouillan et la liberté d'expression

Jean-Marc Rouillan est un ancien membre du groupe criminel Action directe. Il a sur la conscience la mort de Georges Besse et celle de l'Amiral Audran. Il a été condamné à perpétuité pour ces deux meurtres et a passé vingt ans en prison. Depuis 10 mois, il bénéficie d'une mesure de liberté conditionnelle. Travaillant chez un éditeur le jour, il dort en prison la nuit.

Parmi les conditions mises à sa liberté conditionnelle, il en est une que Jean Marc Rouillan n'aurait pas respectée en donnant une interview parue sur le site de l'express : il aurait évoqué les faits pour lesquels il a été condamné ! Ni une, ni deux, le juge d'application des peines, sur réquisition du parquet, l'a placé en détention dès hier soir et il dort maintenant aux Baumettes jusqu'au 16 octobre prochain, date de la réunion du tribunal d'application des peines qui devra juger si oui ou non, il a évoqué les faits en assurant lors de son interview « qu'il n'avait pas le droit de s'exprimer là-dessus » sauf à s'en repentir, ce que Rouillan ne fera pas.

Stricto sensu, Rouillan n'a pas évoqué les faits pour lesquels il a été condamné. Le juge n'avait pas à le placer en détention puisque Rouillan n'est plus un danger pour quiconque et qu'il n'a pas manifesté l'intention de partir à l'étranger. S'il l'avait souhaité, il aurait pu le faire depuis des mois ! Il vient, par ailleurs, d'évoquer son adhésion au NPA, le futur parti anticapitaliste dont Olivier Besancenot sera le leader. Peut-être faut-il voir là la faute majeure de Rouillan ? Ce qui serait tout simplement une atteinte grave à la liberté individuelle comme à celle de choisir sa religion ou son parti politique…ou n'importe quoi d'autre. Le comble est atteint quand le parquet évoque un trouble grave à l'ordre public alors que c'est le parquet qui justifie toute cette agitation autour du cas Rouillan. Le JAP serait-il aux ordres du parquet donc du ministre Rachida Dati ?

Je ne partage aucun des choix anciens de Rouillan. La lutte armée et la révolution violente ne débouchent pas sur la démocratie mais, le plus souvent, sur un pouvoir autoritaire et une dictature. Celle du prolétariat ou une autre ne sont pas plus acceptables. Rouillan se fourvoie quand il affirme que l'action violente peut se justifier. En France, il existe des partis politiques qui s'opposent au pouvoir en place. Les élections ont lieu à des rythmes réguliers. l'alternance est possible même si elle est difficile à réaliser. La seule solution : les élections. Longtemps, les gauchistes ont pensé qu'il s'agissait d'un « piège à cons. » Comme on n'a pas trouvé mieux, il faut s'en contenter. Les lois peuvent être changées. Tout dépend des majorités. A nous tous de favoriser l'élection d'un(e) président(e) de gauche, d'élire des député(e)s de gauche pour avoir un gouvernement de gauche.

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