20 novembre 2008

En hommage à Cyrille Sergé…

Cyrille Sergé est décédé le 16 octobre dernier. J'ai évoqué sa disparition sur ce blog mais Rémi et Francine, ses parents, souhaitent revenir sur un aspect de sa carrière. Ils m'écrivent :
« Nous avons été très touchés de l'hommage que tu as rendu à Cyrille et nous t'en remercions.
Pouvons-nous apporter quelques précisions sur sa carrière ? Alors qu'il avait été élève du Conservatoire National et qu'il s'était produit dans des festivals prestigieux, dont celui de Montréal ou de Radio France à Montpellier, entre autres, il n'a JAMAIS pu jouer avec sa formation dans sa ville de Louviers, malgré ses propositions réitérées au fil des années, et c'était un de ses grands regrets, car c'était un homme de fidélité. A notre connaissance, il n'y a joué qu'une fois, je crois au sein du Rouen Big Band, si l'on oublie une petite animation de rue . Pour plus de précisions, nous te joignons le magnifique hommage qui lui a été rendu par un collègue lors de la cérémonie d'adieu.
Cordialement.
Francine et Rémi Sergé

Du texte d'hommage prononcé par prononcé Loïc Seron, l'un de ses amis proches, nous avons extrait les passages suivants :
…Il aurait aimé, comme nous tous, pouvoir jouer plus régulièrement, enregistrer plus régulièrement, monter des projets plus facilement. Il aurait aimé que le jazz soit encore la musique de danse, la musique d’actualité, la musique du cinéma, la musique “pop” de si grande qualité des disques qui sortent toutes les semaines et que le public guette avec impatience, comme ce fut le cas pendant quelques décennies. On en parlait souvent...
…si l’on regarde attentivement en arrière jusqu’aux années 1990 où Cyrille a commencé à jouer dans les orchestres de la région, on se rend compte qu’il a fait une carrière magnifique, qui couvre, de façon stupéfiante, toutes les périodes et tous les styles de l’histoire du jazz — sans parler de sa maîtrise parfaite de tous les instruments de la grande famille du saxophone…Il savait accompagner les chanteuses (et les chanteurs d’occasion...) en ornant de volutes voluptueuses les standards de jazz, les bossa nova, les compositions des uns et des autres…Il y eut aussi les projets qui ne virent jamais le jour, comme cet ensemble de saxophones qu’il évoquait avec ses copains Pierre Allart, Laurent Meyer et Dominique Cheviet, ou le groupe de François Roudaut, qui hélas ne dépassa jamais le stade des répétitions…
…Il était fondamentalement un être hyper sensible, et c’est bien par là qu’il nous touchait le plus. Il s’était plongé corps et âme dans la musique depuis l’adolescence, et petit à petit, il avait compris que ce qui lui convenait le mieux dans sa vie professionnelle, c’était de jouer la musique qu’il aimait avec les gens qu’il aimait. Et finalement, cette vision des choses ne l’empêchait en rien de mener une carrière très riche, et très active. Il avait aussi pris goût à l’enseignement, et ses cours lui apportaient beaucoup…
…Mais il y a autre chose. On m’a raconté récemment qu’un jour Cyrille avait dit « Moi, ce que je veux faire, dans la vie, c’est vivre! » Il a eu le bonheur de faire une rencontre qui a changé sa vie, et qui lui a permis de faire du rêve une réalité riche et harmonieuse. Amélie lui a apporté son énergie, son enthousiasme, son calme apaisant aussi, et a reçu de lui tout ce qu’elle attendait. Et puis Cyprien est arrivé, et la vie était belle... Mais la vie, qui peut aussi être une véritable ignominie parfois, a brutalement mis fin à cette belle histoire. Il faut dire le courage, la dévotion, la force exceptionnels dont Amélie a fait preuve au cours des sept derniers mois…
…Nous sommes tristes, infiniment, d’avoir perdu un tel ami. Cyrille est mort quelques jours après William Claxton, qui photographia mieux que quiconque les musiciens de jazz, notamment du jazz californien des années 50... il rejoint dans les mémoires les Bix Beiderbecke, Clifford Brown, Charlie Parker, eux aussi arrachés trop tôt à ce monde, alors qu’il leur restait tant de choses à faire et à dire en musique. Je me ferai le porte-parole des copains en disant combien étaient immenses l’affection, l’amitié, l’admiration, la tendresse que nous avions, et que nous garderons, pour Cyrille Sergé. »

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