30 décembre 2008

Quand Eric Besson accusait « Sarkozy de vouloir importer Dieu » !

« On reconnut bien vite que c'était deux bessons (1) » Georges Sand.
Eric Besson, ancien secrétaire national du Parti socialiste, ex-ami de François Hollande, a appelé à voter en faveur de Nicolas Sarkozy dès le premier tour de l'élection présidentielle, au second tour, il a été relaps. L'homme qui faisait partie du « Think Thank » socialiste symbolise l'exécration qu'éprouve tout un chacun à l'égard des politiques qui renient leur engagement et leurs valeurs. Non seulement, il est devenu un ministre dit d'ouverture mais en plus, il est sur le point acquérir le titre de secrétaire général adjoint de l'UMP pour devenir, ensuite, ministre de l'Immigration et de l'identité nationale. Il succéderait à Brice Hortefeux, le porte-flingue de son ami Nicolas, appelé à devenir ministre du travail. Là où l'Auvergnat se referait une virginité.

Après la visite de Bernard Kouchner au Vatican et l'article publié hier sur ce blog, j'ai eu la curiosité de relire les textes du maire de Donzère-Mondragon (Eric Besson y a été réélu lors des dernières municipales) avant ses reniements, sur l'attitude de Nicolas Sarkozy à l'égard des religions.
On peut lire, sous la plume d'Eric Besson : «Beaucoup n'ont retenu de l'ouvrage de Nicolas Sarkozy consacré à la question religieuse, « la République, les religions, l'espérance » (Ed. du Cerf) que sa suggestion de modifier la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat. Peu nombreux sont ceux qui ont observé que son ambition réelle est bien plus vaste et qu'elle consiste à faire des religions le nouvel outil de régulation de nos sociétés. Exagération de notre part ? Absolument pas ! Il suffit de le lire : « Je suis convaincu que l'esprit religieux et la pratique religieuse peuvent contribuer à apaiser et à réguler une société de liberté» Et d'ajouter, pour être certain d'être bien compris, qu'«on aurait tort de cantonner le rôle de l'Eglise aux seuls aspects spirituels. »

Eric Besson poursuit : « En effet, en octroyant un statut aux religions, Nicolas Sarkozy pose inévitablement la question de la définition de la religion. Quelles sont les religions qui pourront prétendre à ce statut ? Que faire avec les mouvements fondamentalistes et avec les sectes qui revendiquent le statut de religion ? On sait que les Témoins de Jéhovah ont d'ores et déjà obtenu des tribunaux français le statut de religion. A qui le tour sous l'empire des idées sarkozystes ? (...)» « Maintenant que les lieux de culte officiels et publics sont si absents de nos banlieues, on mesure combien cet apport spirituel a pu être un facteur d'apaisement et quel vide il crée quand il disparaît» Et pour ceux qui n'auraient pas encore compris, il ajoute : « Au bout du compte, l'espérance dans un au-delà meilleur est un facteur d'apaisement et de consolation pour la vie aujourd'hui »

L'ancien responsable socialiste fait alors preuve d'une grande lucidité quand il cite Nicolas Sarkozy et commente : « Et pourquoi alors s'arrêter aux seuls problèmes des banlieues ? Car nul ne sait où s'arrêteront les prétentions politiques et sociales des religions ainsi relégitimées. Viendra le tour de l'enseignement. Quoi de plus normal d'ailleurs puisqu'il faut réhabiliter les valeurs religieuses au sein de notre jeunesse : « On ne peut pas éduquer les jeunes en s'appuyant exclusivement sur des valeurs temporelles, matérielles, voire même républicaines (...). La dimension morale est plus solide, plus enracinée, lorsqu'elle procède d'une démarche spirituelle, religieuse, plutôt que lorsqu'elle cherche sa source dans le débat politique ou dans le modèle républicain. (...) La morale républicaine ne peut répondre à toutes les questions ni satisfaire toutes les aspirations ». L'Education nationale doit donc former des croyants et non des citoyens...
« Il n'y a pas jusqu'à la politique monétaire qui pourrait être placée sous la protection de Dieu. Pourquoi ne pas écrire sur les billets de la Banque centrale européenne la devise figurant sur les dollars : « Nous avons confiance en Dieu » ? Hier, l'Europe importait des Etats-Unis le jean, le Coca-Cola, le rock'n roll ou encore son cinéma. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy nous propose d'importer Dieu ! »

Comment l'auteur de ces lignes (2) écrites quelques mois avant l'élection présidentielle a-t-il pu se renier à ce point et rejoindre l'homme qui, depuis le fameux discours du Latran, souhaite la primauté du curé sur l'instituteur. Comment l'ancien secrétaire national du Parti socialiste a-t-il pu rejoindre l'homme du déterminisme génétique qui veut trier le bon grain de l'ivraie dès l'école maternelle ou la crèche ? Pour sa défense, Eric Besson assure que Nicolas Sarkozy est le Tony Blair français ! On voit dans quel état se trouve la société anglaise après dix ans de blairisme : les petits boulots, une Livre dévaluée, une économie en récession…les conservateurs au plus haut dans les sondages même si les Travaillistes semblent reprendre du poil de la bête. Où est la Gauche dans le Blairisme ? Il a même fallu que Gordon Brown nationalise (le premier) les banques britanniques (sauf deux) pour sauver un semblant de système quelque peu organisé.
Eric Besson symbolise plus que le reniement. Il justifie le dégoût que peuvent éprouver les jeunes, et d'autres aussi, à l'égard de la politique. Kouchner, Besson : même combat ! Pour une Gauche idéologiquement décomplexée, socialement engagée, économiquement responsable et politiquement cohérente. Sans les centristes mous et les opportunistes dévoyés.
(Ce texte a été écrit avec le support d'un article paru sur le site du Nouvel Observateur)

(1) En vieux Français, besson veut dire jumeau.
(2) « Les Inquiétantes Ruptures de M. Sarkozy » sous la direction d'Eric Besson.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

A ce point là ???

Sarko va-t'il conclure ses vœux par un "Que Dieu vous bénisse!!". ?
Vont-ils modifier la constitution et y inscrire que le nouveau président de la république doit prêter serment sur la bible ??

Ça fait peur, quand même!!!

Anonyme a dit…

Ce type me donne la nausée.
Reynald Harlaut