19 avril 2008

Communauté urbaine de Rouen : « Je ne donnerai pas les clés…»

Notre photo : Le président de la CASE assure que les communes seront interrogées individuellement sur leur éventuelle adhésion à la CUR (communauté urbaine de Rouen).
Il parait que plusieurs élus qui avaient décidé de voter en faveur de Janick Léger, vendredi soir, pour la présidence de la CASE, ont changé d'avis après des déclarations de sa part qu'ils ne jugeaient pas assez fermes à l'égard du projet de Laurent Fabius. Quel est ce projet ? Pour ce qu'on en sait, l'ancien premier ministre devenu président de l'agglomération de Rouen souhaiterait en changer le statut pour en faire une communauté urbaine à l'image de Bordeaux ou Marseille. La loi impose que le nombre d'habitants concernés dépasse 500 000. Pour trouver ces 500 000 habitants, Laurent Fabius doit trouver des communes situées dans l'orbite du Grand Rouen acceptant cette communauté urbaine. On en est là.
Pour atteindre ce chiffre fatidique de 500 000 habitants, certains suggèrent de solliciter les communes de l'agglomération d'Elbeuf et celles de l'agglomération de Louviers sans oublier celles de la communauté de communes Seine-Bord. On ne sait rien d'autre du contenu du projet qui doit forcément évoquer les infrastructures routières, les moyens de déplacement (trains, trams, bus etc.) les projets de développement (zones d'emplois, d'habitation)…les projets en concertation avec les conseils généraux, le conseil régional…Même la droite rouennaise est favorable aux propositions Fabius !

Sur la Bible
Bernard Leroy, avant d'inviter à voter pour Franck Martin, lui a demandé de jurer sur la bible (c'est une image) qu'il n'accepterait jamais cette fusion avec Rouen. « Notre agglomération ne doit pas devenir la banlieue de Rouen qui ne doit pas mettre la main sur notre cagnotte. »
Le président de la CASE l'a facilement rassuré : « Je suis pour qu'on restaure le slogan vivre et travailler au pays. Notre projet est autonome et cohérent. je ne suis pas prêt à donner la clé de notre agglomération à quelque duc de Normandie que ce soit. Je ne suis favorable ni à la fusion ni à l'intégration dans la CUR (communauté urbaine de Rouen). Et cela ni demain, ni après-demain. »

Ne pas répondre toujours non

La comparaison est sans doute osée mais la discussion est du même ordre que celle sur la réouverture éventuelle de la ligne SNCF dans la vallée de l'Iton. On n'a aucun projet, aucune étude, aucune proposition et on entend des centaines de voix dire non par avance. Pour la CUR, c'est pire puisqu'il s'agit de l'avenir d'une immense partie de la Région Haute-Normandie. Comment Franck Martin, lui si moderne, lui si progressiste, peut-il fermer une porte qui n'est même pas ouverte ? L'intérêt des habitants de la CASE n'est pas forcément identique à celui des élus qui défendent des féodalités, des prés-carrés, leur pouvoir. Je propose qu'on attende les propositions de la CUR, qu'on les discute, qu'on analyse les avantages et les inconvénients avant de dire n'importe quoi. Et de répondre toujours non.

Coup de théâtre à la CASE : Franck Martin seul candidat à la présidence !


Nos photos : 83 délégués et de nombreux spectateurs venus de toutes les communes de la CASE.
Bernard Leroy annoncera qu'il se retire quelques minutes après son intervention. (photos JCH)
« Il avait toutes les armes pour lui. » Cette constatation d'un délégué (membre du PS) dont nous tairons le nom explique, en partie, pourquoi Janick-Léger Lesœur et Bernard Leroy ont dû plier devant Franck Martin. Ce dernier, sortant avec toutes les armes d'un sortant, seul candidat, a donc été réélu triomphalement, vendredi soir, président de la Communauté d'agglomération Seine-Eure. Il fait mieux encore que lors du mandat précédent puisque cinq vice-présidents sur quinze (et avec quelles délégations dont la première vice-présidence déléguée avec signature) sont des délégués lovériens. 40 % de l'exécutif (présidence et vice-présidences) vont aux amis de Franck Martin quand Louviers ne pèse que 14,45 % des sièges (plus de 30 % de la population il est vrai) ! C'est ce qu'on appelle un grand chelem.

Un plébiscite
José Alcala, qui est un vieux routier des assemblées, n'y enetendait plus son latin. Ni Franck Martin, ni Janick Léger-Lesœur n'ont tenu à lui expliquer ce qui s'était passé pour arriver à un tel plébiscite. Ce samedi sur le marché de Louviers, les personnes intéressées par la vie politique, et donc celle de l'agglomération, m'interrogeaient pour savoir qui avait mangé son chapeau. Est-ce à moi de le leur dire ? Est-ce à moi de leur préciser que la gestion de l'agglomération passe largement au-dessus de la tête des habitants qui, comme dirait Franck Martin « se moquent bien de savoir qui fait quoi, qui paie quoi : région, département, commune, agglomération, l'important étant que quelque chose soit fait. » Ce déficit démocratique, même le président le déplore. Lui aussi s'interroge pour savoir comment informer mieux les habitants des 29 communes, comment mieux concerner ceux qui, finalement, doivent bénéficier des investissements et du fonctionnement de la CASE ?

Des communes dans le besoin
Je ne trahirai aucun secret en assurant que les délégués de gauche qui voulaient voter pour Franck Martin dès le premier tour sont ceux qui, dans leurs communes, ont des besoins à satisfaire et des difficultés financières. Louviers est dans ce cas-là. Et les 18 millions d'euros du plan Marschall pour la voirie de Louviers seront inscrits, tôt ou tard, à l'ordre du jour. L'ex-futur président leur a fait des promesses qu'il faudra tenir « même en contournant les compétences de l'agglomération. » Car là est le problème. Plus que dans les alliances, toujours provisoires, toujours éphémères, ce sont les besoins de financement et les quêtes de reconnaissance (le pouvoir, quoi) qui guident les votes d'un soir. A moi ma cantine scolaire, à moi ma salle des fêtes…l'agglomération deviendra-t-elle un mini-conseil général ?

Rejet de toute fusion avec Rouen
Il aura suffi que Franck Martin promette qu'à 20 ou 30 ans d'ici, la CASE rejette toute fusion avec la communauté urbaine de Rouen en devenir (qui peut croire un engagement pareil !) qu'il supprime la compensation négative de certaines communes (qui reversaient de l'argent à la CASE) que les petites et moyennes communes soient mieux représentées dans l'exécutif (Bernard Leroy doit être content !) que les dépenses ne soient pas supérieures aux recettes pour que le représentant autoproclamé des PMC (petites et moyennes communes) se rallie au panache blanc du président pas encore élu. Sacré Bernard, sacrée palinodie !

Soutien à Franck Martin
Et Marc-Antoine Jamet là-dedans ? le maire de Val-de-Reuil a constaté « que l'unité était nécessaire, que l'efficacité au moindre coût était une obligation, que la diversité était une chance, que Val-de-Reuil, Louviers et les communes étaient à égalité. » Un climat plus détendu, une volonté d'apaisement, le désir collectif de plusieurs communes…tout cela a abouti au fait « que nous allons soutenir la candidature de Franck Martin. »
Et Janick Léger-Lesœur là dedans ? Elle a suivi son maire et est redevenue une déléguée comme les autres, élue vice-présidente avec 72 voix soit un succès d'estime qui lui a réchauffé le cœur. Il faut dire qu'elle avait vécu trois semaines dures et qu'elle a vécu son retrait comme un soulagement personnel et collectif.

Il y avait un scoop
Il y avait un scoop, différent de la non candidature de Janick Léger. Franck Martin a osé assurer que les rivalités entre les maires de Louviers et Val-de-Reuil étaient une invention de la presse ! Pas de n'importe quelle presse : « une instrumentalisation d'anciens journalistes qui voulaient vendre du papier. » Suivez son regard. L'heure était tellement au consensus que pas un délégué n'a levé la main pour s'étonner de cette lecture de l'histoire. Moi, je ne laisserai pas passer cela. Il suffit de lire et de relire les textes du blog de Franck Martin fustigeant MA Jamet, le PS, Fabius, le toutdepuis des années, de constater que MAJ a récolté 56 voix, vendredi, alors que tous les autres candidats ont fait plus et largement. On n'a pas le droit, pour des besoins forcément suspects, de cogner sur la presse et les journalistes (même anciens) qui ont le dos large, c'est vrai, et de réécrire une histoire dont chacun garde en mémoire les épisodes les plus chauds. D'ailleurs personne n'a cru le nouveau président de la CASE quand il a dit cela.

Le contrat d'agglomération
Passons aux choses sérieuses : le président réélu doit-il faire approuver un nouveau contrat d'agglomération puisque la première mouture (66 millions d'euros) n'a pas été signée ? Il faudra l'accord de JL Destans et d'Alain Le Vern, respectivement présidents du conseil général et du conseil régional. Malgré les votes, malgré les majorités, la CASE a un nouveau visage dont on ne connait pas les traits véritables. L'unanimisme d'un soir ne préjuge pas du vote de tous les projets à venir. D'ailleurs Franck Martin l'a reconnu : « Chaque projet de la CASE nécessite une majorité à trouver au cas par cas. Il n'y a pas de majorité large, acquise, comme dans les conseils municipaux des communes de plus de 3500 habitants où l'opposition s'oppose sans pouvoir. » On verra, au fil des mois et des années, comment travaille la CASE. Le pouvoir sera-t-il partagé, les délégués vraiment associés, les communes, grandes ou petites, respectées ? Les déclarations d'intention sont positives. Au premier clash, on saura qui est réellement sincère.

18 avril 2008

La CASE a élu son président et ses vice-président(e)s

La première assemblée plénière de la Communauté d'agglomération Seine-Eure a eu lieu ce vendredi soir. Elle a élu son président et ses vice-président(e)s. Il y avait 83 votants.
Sont élus : président, Franck Martin (72 voix) premier vice-président délégué, Patrice Yung (76 voix) second vice-président délégué, Marc-Antoine Jamet (56 voix).
Les vice-président(e)s : Bernard Leroy (67 voix) Richard Jacquet (72 voix) Guy Pétel, Ghislaine Baudet (75 voix) Janick Léger-Lesœur (72 voix) Jacques Laroche (71 voix) Jean-Pierre Auger (67 voix) Bruno Canivet (66 voix) M. Ozeel (73 voix) Véronique Jullien Mitsieno (82 voix) Pierre Aubinais (64 voix) Pascal Labbé et Hubert Zoutu.

Janick Léger-Lesœur pas candidate à la présidence de la CASE

Janick Léger-Lesœur ne sera pas candidate à la présidence de la CASE ce soir. Franck Martin sera le candidat d'une union qui s'est faite aujourd'hui et, semble-t-il, dans une certaine harmonie. Divers maires de gauche ont agi pour que l'irréparable ne soit pas commis. Du côté de Janick Léger-Lesœur, on s'est montré ouvert à des propositions constructives, du côté de Franck Martin, on s'est également arrangé pour que la future équipe appelée à gérer la CASE le fasse dans l'intérêt des habitants et non dans des querelles qui n'auraient trouvé leur justification qu'en cas d'oukase sur telle ou telle personnalité ou tel ou tel projet impossible.
Le climat devrait donc être serein ce soir à la Fringale même si Bernard Leroy veut compter ses troupes, celles qu'il a tenté de rassembler mercredi soir sur les bords de l'Eure au Vaudreuil. La distribution des rôles définitifs reste un mystère qu'il appartiendra à chacun des observateurs attentifs de découvrir ce soir et de la faire connaître aussitôt.

La présidence de la Communauté urbaine de Marseille s'est jouée à la Marseillaise

Eugène Caselli, premier secrétaire de la Fédération socialiste des Bouches du Rhône s'est retrouvé élu président de la Communauté urbaine de Marseille, jeudi, alors que Renaud Muselier, pressenti par l'UMP et Jean-Claude Gaudin (ancien président et maire de Marseille) a été battu par 79 voix contre 77. La droite a perdu la présidence de la communauté urbaine à la suite, dit-on, de règlements de comptes post-électoraux, certains « petits » maires de droite de la région s'étant sentis lésés par M. Gaudin et les arbitrages de l'appareil UMP.
Dans ces cas-là, cela se joue à la Marseillaise. C'est-à-dire en fonction des affinités, des affects, des histoires personnelles des uns et des autres. Eugène Caselli a déjà annoncé qu'il resterait à son poste et la droite précisé que le nouveau président serait obligé de co-gérer. La co-gestion, cela n'effraie pas les présidents de communauté urbaine ou d'agglomération. A Bordeaux comme à Louviers, on a l'habitude de partager les pouvoirs, qu'on soit de droite ou de gauche puisque, parait-il, il s'agit de compétences techniques. Surtout ne pas y mettre de la politique, de la politique sale, partisane, comploteuse qui gâche tous les plaisirs d'une gestion qu'on voudrait seraine, apaisée, sans coups bas.
On verra très bientôt, dans quelques heures tout au plus, ce qui va se passer au conseil d'agglomération de Seine-Eure. On verra si la gauche, majoritaire dans l'assemblée, se fait « voler » sa présidence par un Eugène Caselli qui s'appellerait, ici, Bernard Leroy. On verra si la gauche et ceux et celles qui s'en réclament, sont capables de s'unir pour affirmer une vision sociale, juste, équilibrée entre toutes les communes et tous les territoires (qui n'est pas un et indivisible) et surtout, si les grandes communes : Louviers, Val-de-Reuil, Pont-de-l'Arche… sauront s'associer pour que les habitants (c'est d'eux qu'il s'agit) en profitent dans le meilleur sens du terme.

La CASE élit son président ou sa présidente ce soir


Notre photo d'archives : Bernard Amsalem, Franck Martin et Nicole Cornier ont créé la communauté de communes devenue ensuite communauté d'agglomération. (photo JCH)
Il y aura du monde dans le public pour assister ce soir à 20 h 30, à l'élection du président ou de la présidente de la CASE. Le sortant est Franck Martin. Il a pour lui sa réélection facile à la mairie de Louviers et ses douze délégués, les maires qui l'ont soutenu pendant sa campagne cantonale et ceux qui le soutiennent compte tenu de la distribution des rôles dans le film qu'il imagine de tourner pendant six ans : certains seront acteurs, d'autres figurants, mais tous seront payés.
Il a contre lui sa défaite aux élections cantonales et ses penchants autocratiques. Il a contre lui, également, des candidatures qui, comme celle de Bernard Leroy, par exemple, demeurent tout de même très hypothétiques. Bernard Leroy a réuni les délégués des « petites communes », mercredi au Vaudreuil. Les échos qui nous sont parvenus font que nous ne croyons pas à la réalité profonde et convaincue de la candidature Leroy qui servirait plutôt de leurre pour mieux masquer l'accord politique et technique passé avec Franck Martin.
Depuis l'après municipale et compte tenu des nouveaux équilibres politiques de la CASE, Janick Léger-Lesœur (conseillère générale de Val-de-Reuil et adjointe dans cette commune) a pris le pouls des élus des différentes communes et sondé les cœurs de nombreux délégués. Franck Martin a fustigé la candidature « dissidente » de cette « femme de paille » « marionnette » animée par le maire de Val-de-Reuil que tout le monde imaginait être candidat à un moment ou à un autre. Marc-Antoine Jamet n'est pas idiot, il savait que sa candidature eût été essentiellement interprétée comme un duel entre Louviers et Val-de-Reuil et que son appartenance au PS et à la Région ne lui seraient d'aucun secours.
Janick Léger-Lesœur a entendu les revendications des nouveaux élus et jugé les équilibres. A elle d'en tirer les conclusions favorables à un changement de méthodes et de fonctionnement à la tête de la CASE, à elle de privilégier l'intérêt général et d'adopter l'attitude la plus utile pour que le territoire bénéficie d'un vrai contrat territorial accepté à la fois par les présidents Destans et Le Vern, du conseil général et de la Région. Elle demeure la seule conseillère générale présente à la CASE. Il n'empêche que les maires vont conserver leur pouvoir individuel qui consiste à défendre le bout de gras de leur territoire et à présenter des revendications particulières attendues par les électeurs et électrices de chacune des communes. Finalement le discours du : « 29 communes, un territoire » n'est tenable qu'en dehors des campagnes électorales quand le consensus sert de paravent aux décisions prises en petit comité et que la plupart des délégués sont placés devant le fait accompli. Cela changera-t-il ? Réponse ce soir à partir de 20 h 30 au siège de la CASE.

17 avril 2008

Tout va très bien, tout va très bien !

Ce n'est plus un gouvernement, c'est une dissonance. C'est à celui ou celle qui dira le contraire de tel ou tel ministre, de tel ou tel secrétaire d'Etat. Sarkozy a eu beau faire une mise au point lors du dernier conseil des ministres, il a reconnu ne pas avoir été entendu. Les tandems pédalent à sens inverse (il faut des cycles adaptés) les députés ou les sénateurs disent et font le contraire de ce que souhaite le gouvernement. Copé écope, Devedjian en bave, Raffarin raffarine, Borloo est inaudible, Bachelot voit double chez les opticiens, Fillon confirme que les allocs des ados sont revues à la baisse quand Chatel dit le contraire, Kouchner ne sait plus quoi dire sur le boycottage de la cérémonie d'ouverture ou de fermeture des JO, Michel Edouard Leclerc demande à vendre des médicaments, les pharmaciens ne sont pas d'accord, les enseignants et les élèves se battent contre les suppressions de postes, Mme Parisot (MEDEF) ne savait pas que des centaines de millions d'euros se trouvaient dans les coffres de l'UIMN « pour favoriser la fluidité des rapports sociaux… » tout cela donne une impression de panique, de désordre, d'amateurisme qui, au fond, ne nous surprend pas. Les promesses intenables trompent les électeurs mais tôt ou tard, la vérité se fait jour. Et c'est vrai au plan national comme au plan local.
Continuons la liste des bonnes nouvelles : Les prix grimpent celui du pétrole comme celui du blé, le dollar s'effondre, l'essence ne baisse pas, l'inflation est à nos portes, les salaires ne suivent pas, les collectivités locales vont morfler, le code du travail explose, tout va très bien madame la marquise, tout va très bien. C'est bien cette année qu'on fête le quarantième anniversaire de mai 68 ?

Aimé Cesaire est mort, la négritude est en deuil

Aimé Césaire, poète et homme politique, homme politique et poète, aimait les Antilles autant que les Antillais l'adoraient. Il est mort ce matin après quelques semaines d'agonie. Cet homme d'exception, lettré, cultivé, naturellement à gauche, avait fortifié le concept de négritude pour magnifier le créole, enraciner une écriture attachée à des valeurs qu'il jugeait supérieures comme l'égalité, la fraternité, la liberté.
Il avait étudié en France à l'Ecole normale supérieure, avait fréquenté Léopold Sedar Sengor, (ancien président du Sénégal) était devenu député, comme lui, et maire de Fort de France. Il était entré en littérature comme on entre en religion, avec la foi et la passion de décrire le monde qui tourne et nous fait tourner avec. Nicolas Sarkozy a voulu qu'on donne, de son vivant, le nom d'Aimé Césaire à l'aéroport de Fort-de-France. On verra bien qui représentera le gouvernement lors des obsèques du grand homme des Antilles et de la France entière. Au Sénégal, ni le président Chirac, ni le premier ministre Jospin, n'étaient présents pour saluer la dépouille mortelle de Léopold Sengor.
En cet instant, nous pensons à Frantz Fanon dont nous conseillons la lecture des livres aux générations qui ont envie de découvrir comme un homme humilié devient un grand homme.

Réforme des institutions : le PS tient sa ligne

La direction nationale du Parti socialiste n'est pas claire sur de nombreux points. Là n'est pas le sujet de cet article. Le militant de base que je suis applaudit des quatre mains la décision prise par le président du groupe PS au sénat, Jean-Pierre Bel, qui fait du vote d'une loi changeant le mode d'élection des sénateurs un préalable à toute approbation par les socialistes de la réforme des institutions voulue par le président de la République.
Le sénat représente les collectivités locales. Alors que la gauche est majoritaire dans 20 régions sur 22, 58 départements sur 102 et 57 % des villes de plus de 10 000 habitants, le sénat est majoritairement dirigé par les délégués des communes de moins de 1500 habitants, de loin les plus nombreux et qui, pour la plupart votent à droite. C'est ce que Jospin appelait « l'anomalie démocratique ». Jean-Pierre Bel n'est pas sot. Il sait que pour être adoptée, une réforme de la constitution doit être votée par les trois cinquièmes des parlementaires (sénateurs et députés réunis en congrès). Actuellement, l'UMP n'atteint pas ce seuil. Il faudra les voix de la gauche pour y parvenir. Bel assure que c'est donnant-donnant : Le gouvernement accepte de réformer le mode d'élection des sénateurs et le PS accepte de discuter de la réforme institutionnelle. Sinon, rien. Pourvu que cela tienne.

Nous sommes des vaches à lait et bien contentes de le savoir

Notre photo : usine de raffinage








U
n correspondant Internet nous livre l'histoire suivante : en l'an 2000, la parité du dollar était à 1,2 euro, le baril de pétrole à 60 dollars, soit un baril à 72 euros et le prix du litre de gazole à la pompe était de 0,82 euros le litre.
En 2008, le dollar est à 0,65 centime d'euros, le baril de pétrole à 110 euros soit un baril à 70,1 euros. Entre 2000 et 2008, compte tenu de la faiblesse du dollar, le baril nous coûte moins cher. Mais le prix du litre de gazole à la pompe est passé de 0,82 euro à 1,25 euro. Le prix du gazole a tout simplement augmenté de 50 % !
Notre correspondant nous affirme qu'il y a quelque chose qui cloche là-dedans et que les automobilistes et routiers qui se ravitaillent aux pompes françaises sont bien des vaches à lait. Et bien contentes de le savoir ? Faut-il rappeler que les profits du groupe Total atteignaient 10 milliards d'euros en 2007 (si je ne me trompe pas ?). Un lecteur rectifiera s'il y a erreur.

16 avril 2008

Un sénateur UMP ne veut pas de NKM au débat sur les OGM

Le rapporteur de la Commission sénatoriale chargée d'examiner le projet de loi gouvernemental sur les OGM ne veut pas de la présence de Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargé de l'environnement, lors du débat public qui a lieu en ce moment après qu'elle a déclaré « inélégants et lâches » les Borloo, Copé et consorts peu clairs sur les OGM. L'ordre lui a été intimé par Fillon, le premier ministre, de présenter des excuses, ce qu'elle a fait, sinon elle serait « virée » du gouvernement. 80 % des Français la soutiennent ce qui devrait lui mettre un peu de baume au cœur. Il est vrai qu'elle avait laissé passer un amendement de M. Chassaigne (PC) empêchant les cultures OGM en plein champ, ce qui avait fortement déplu aux différents lobbies dénoncés, à l'occasion, par d'autres parlementaires UMP. Des noms de semenciers ont même été cités.
On voit là les limites de la solidarité gouvernementale sur des sujets de société qui engagent au-delà des cinq ans de la législature. Le débat sur les OGM est un débat essentiel qui met en cause des notions aussi diverses que principe de précaution, nécessité de poursuivre la recherche, respect de l'environnement, lutte contre la faim dans le monde…Nathalie Kosciusko-Morizet prend son rôle très au sérieux et affiche ses convictions. Tôt ou tard, le principe de réalité la conduira à reprendre sa liberté et à aller visiter Tokyo sans Fillon puisqu'il l'a « punie » en refusant de l'emmener avec lui lors d'un voyage récent au Japon. Les rapports Premier ministre Fillon-secrétaire d'état NKM ressemblent étrangement à certains rapports homme-femme dans ce qu'ils ont de plus ringards et sexistes !

La vidéosurveillance ne sert à rien à Louviers

Photo satellite : « Nos téléphones portables sont des mouchards, nos ordinateurs des balances. Les libertés individuelles se réduisent au rythme du développement des nouvelles technologies. » Thierry Rousselin a accordé un entretien au journal « Le Monde » dont nous publions un extrait de l'article paru le 11 avril.
La majorité du conseil municipal a voté 450 000 euros (et ce n’est pas fini) pour équiper un quartier de Louviers en caméras de surveillance. Nous nous sommes livré à des recherches récentes sur la vidéosurveillance pour vérifier si ce qu’avancent ses laudateurs est justifié. Nos lecteurs jugeront. Quant à nous, notre choix est fait : Pas de vidéosurveillance à Louviers !

Des chiffres
Le nombre de caméras de vidéosurveillance va être multiplié par trois dans les deux ans à venir sur les voies publiques. En 2012, notre pays comptera 1 million d'appareils sur l'ensemble du territoire (sur les domaines public et privé). Une majorité de Français, de gauche comme de droite, sont favorables à cette vidéosurveillance qui compte aujourd’hui 20 000 caméras sur la voie publique et devrait atteindre 60 000 d'ici 2009. 35 % des personnes interrogées (sondage Ipsos) craignent une restriction des libertés publiques contre 65 % qui ne sont pas inquiets. Chez les moins de 35 ans, ils sont 50 % à craindre cette restriction !

Parkings et transports
S'agissant des lieux d'implantation, les Français répondent qu'ils privilégient les transports en commun, les parkings, devant les écoles et les centres commerciaux. Le maire de Louviers justifie l'installation de ces caméras parce que « les habitants craignent chaque soir, de voir leur voiture flamber ! »
Alex Turk, président de la Commission nationale informatique et libertés, a prononcé un discours à Londres en novembre 2006 dont nous extrayons les passages suivants : « Nous sommes confrontés à une immense vague technologique qui bouleverse sur son passage, nos traditions juridiques, l'application de nos concepts et pour finir les grandes certitudes que nous pouvions encore entretenir, nous, autorités de protection des données sur l'effectivité de notre action.» …« Cette vague sécuritaire s'est traduite par la création ou l'extension de nombreux fichiers et la mise en place, au profit des autorités de police, de nouveaux moyens d'investigation dans les systèmes d'information qui pourrait bien submerger nos autorités…On constate que nos autorités de contrôle faute de moyens suffisants, ne peuvent accomplir correctement toutes leurs missions, piétinent face à l'émergence de nouvelles problématiques de protection des données et se sentent parfois impuissantes face au déferlement de ces vagues alors qu'on attendrait de leur part, tout au contraire, un positionnement fort et un interventionnisme accru. Une prise de conscience collective est nécessaire et urgente si nous ne voulons pas faillir à notre mission. »

Les dérives
Face à cette progression constante d'installation de caméras, la CNIL continue d'alerter l'opinion et les pouvoirs publics sur les dérives toujours possibles liées à cette installation massive d'équipements.
Sébastien Roché, directeur de recherches au CNRS, a réalisé une étude sur les villes de Strasbourg, Lyon et Grenoble. Il indique qu'il a du mal à mesurer l'impact de la vidéosurveillance sur la baisse de la criminalité. « La délinquance baisse aussi dans les villes où il n'y a pas de vidéosurveillance » constate-t-il. Tous s'accordent sur un point : la vidéosurveillance est un élément de la politique urbaine qui ne doit pas être le seul. L'éclairage des rues sombres, la propreté des lieux, la suppression des bosquets et autres lieux de cachette participent à la sécurisation globale de la ville.
(le sondage a été réalisé par Ipsos les 2 et 3 novembre 2007 auprès de 948 personnes.)

Atteinte aux droits de l'homme
La Commission juridique des droits de l’homme du conseil de l’Europe a publié une étude le 4 janvier 2008 (doc 11478) résumée ainsi : la vidéosurveillance est de plus en plus répandue dans les lieux publics. L’augmentation du « sentiment d’insécurité » a contribué à faire accepter la vidéosurveillance comme un outil de prévention et de détection de la criminalité. On constate que la vidéosurveillance peut porter atteinte aux droits de l’homme. Il convient donc d’apporter des garanties juridiques, procédurales et techniques afin d’assurer un recours à la vidéosurveillance en conformité avec les dispositions de la convention européenne des Droits de l’Homme telles qu’interprétées par la Cour de Strasbourg.
Les Etats membres devraient systématiquement utiliser des moyens techniques permettant de restreindre l’atteinte aux droits de la personne (1). La commission préconise l’adoption d’une signalétique uniformisée de la vidéosurveillance…
(1) Les grossissements, les logiciels, les orientations des caméras dans les chambres ou les appartements, les gens qui les manipulent, les usages des données numériques (publicitaires, financières) la connaissance des identités des personnes filmées…tout cela pose des problèmes insuffisamment réglementés.

Qu’en est-il à Louviers ?
Le maire a fait voter 450 000 euros au budget (soit plus de 5 points d’impôts) pour équiper le quartier des Acacias en vidéosurveillance et avant d'en équiper d'autres. Dans une interview donnée au journal Le Monde (article publié le 11 avril) Therry Rousselin, coauteur de « sous Surveillance » répond à une question sur l’engouement des maires Français pour la vidéosurveillance : « C’est très irrationnel. Mme Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur affirme « que l’efficacité de la vidéosurveillance pour améliorer de façon significative la sécurité quotidienne n’est plus à démontrer. » Pourtant, il n’existe pas de travail de recherche qui confirme l’efficacité des caméras. Très souvent, derrière les systèmes technologiques, il y a l’incapacité du pouvoir à apporter de vraies réponses aux problèmes posés. On installe des caméras parce que c’est visible et que cela coûte moins cher que d’embaucher des gens et de conduire un véritable travail de terrain. »
… Tout le monde s’y met donc alors qu’au Royaume uni (25 millions de caméras) la plupart des bilans sont très mitigés. L’effet est très faible en matière de prévention et dissuasion surtout sur les atteintes aux personnes (bagarres, viols…) souvent dues à des gens au comportement impulsif qui se fichent bien de savoir s’ils sont filmés. C’est pareil pour le terrorisme : les fous de Dieu ou d’une cause quelconque seraient même heureux de passer ainsi à la postérité.
Quant aux petits délits comme ceux pratiqués par les pickpockets dans le métro, ils sont trop rapides pour être repérés et leurs auteurs passent à l’acte dans des lieux aux multiples issues. La vidéosurveillance est surtout une aide précieuse dans la résolution d’enquêtes a postériori. »

Notre constat
Si la vidéosurveillance peut être tolérée (malgré les nombreuses dérives) dans des grandes métropoles fortement urbanisées, il en va tout autrement dans une petite ville comme Louviers où le travail de proximité est parfaitement possible. Plutôt que d’équiper son quartier en caméras, l’adjoint à la tranquillité (on admirera l'euphémisme) aurait dû s’informer sur les avantages et inconvénients d’un système qui, on l’a lu, n’est pas concluant dans le domaine visé : la prévention. Ces 450 000 euros auraient dû être utilisés à d’autres fins. Il faut cesser d'équiper les quartiers en vidéosurveillance.

Très important
Toute personne intéressée peut s’adresser au responsable d’un système de vidéosurveillance afin d’obtenir un accès aux enregistrements qui la concernent ou d’en vérifier la destruction dans le délai fixé par l'autorisation préfectorale. Le délai de conservation des images ne peut dépasser un mois, sauf procédure judiciaire en cours. Cet accès est de droit (loi relative à la sécurité du 21 janvier 1995).

15 avril 2008

Droit d'auteur (suite)

Pour faire suite à l'emprunt forcé de ma photo (avec Hélène Ledoux au premier rang) les responsables d'Agglobuzz ont deux solutions simples d'après des spécialistes d'Internet : mettre un lien avec mon blog ou, si c'est trop pénible, enlever rapidement la photo en question.

Michel Doucet vole la vedette à Patrice Yung

Notre photo : distribution au marché de Louviers. Nous avons perdu mais près de 20 % des Lovériens nous ont accordé leur confiance au premier tour. (photo JCH)
C'était vote du budget primitif, lundi au conseil municipal. Premier constat : Franck Martin a cité Michel Doucet à cinq reprises. Il est évident que l'ancien adjoint aux finances va lui manquer. Il a clairement laissé entendre que, s'il n'était pas toujours d'accord avec la stratégie financière de son ex-adjoint socialiste, il était quand même bien content de pouvoir compter sur un vrai spécialiste des finances locales, quelqu'un ayant du poids pour empêcher les bêtises. L'augmentation considérable des dépenses de communication, d'animation, des fêtes et des cérémonies par exemple.
Reconduction ou transition ?
Patrice Yung a des qualités. Il les a prouvées aux services techniques mais aura-t-il l'étoffe d'un adjoint aux finances d'une ville de près de 20 000 habitants ? Le budget primitif 2008 est un budget de « reconduction » pour P. Yung, de « transition » pour F. Martin. Une ville qui présente un déficit de 557 000 euros au compte administratif 2007, qui possède un taux d'épargne ridiculement bas de 3,5 % (loin des moyennes des villes de 10 à 20 000 habitants) au BP 2007 et un endettement qui ne baisse pas n'est pas une ville en forme. En répondant aux questions de MM. Aubert, Renoncourt et Prévost, Patrice Yung s'est réfugié derrière les besoins des services : « Ils nous demandent et nous on inscrit ». Christian Renoncourt, bien aidé en amont par Michel Doucet, a fait remarquer que le budget primitif s'équlibrait par un artifice souvent utilisé par cette municipalité : « vous avez bourré la mule, a déclaré Christian Renoncourt, en inscrivant des cessions de patrimoine dont vous savez qu'elles ne se feront pas intégralement. » On appelle cela une ficelle. Même si elle est grosse.
Christian Renoncourt, reprenant les promesses électorales du maire a listé celles qui à l'évidence ne seront pas tenues : les trois millions d'euros de voirie par an (le fameux plan Marschall est dans les choux) l'école de musique sera commencée mais pas payée…« vous n'avez aucune marge de manœuvre, les comptes sont calamiteux et insincères. » Le groupe PS-PCF-société civile de gauche vote contre le budget.

Un toit neuf pour le Grand Forum
Les investissements listés par le maire en 2008 sont : l'école de musique, le bâtiment du Clos morlet, la toiture du Grand Forum, l'entretien dans les écoles…avec un autofinancement très faible mais « en 2009 ce sera le budget du changement et l'amorce du désendettement » auquel ne croit pas du tout, mais du tout, Michel Doucet.
Au cours de la discussion, Franck Martin annonce que les commissions municipales seront composées en septembre. Il s'agira plutôt de travailler sur des projets par groupes. Exemple : il ouvre un groupe de travail à l'opposition : celui qui doit trouver des financements pour la restauration de l'église Notre-Dame : « voilà l'occasion de défendre l'intérêt général au cours d'un travail utile et consensuel. » ? L'opposition de droite a déjà dit oui.

Dissidente
Au passage, il qualifie la candidature de Janick Lesœur à la présidence de la CASE de « dissidente » et ajoute : « le PS va se planter. Il veut m'éliminer de la vie politique. » Olivier Aubert ayant demandé à bénéficier d'un crédit (légal) de formation pour ses élus, Franck Martin s'empresse d'accepter d'augmenter la somme inscrite (9000 euros) qui pourrait être portée à 25 000 euros.

A retenir de ce conseil : la fragilité de la situation financière de la ville, l'absence d'un élu très spécialisé en finance (gestion de dette, anticipation) l'absence de marge de manœuvre du maire qui aura grand besoin de l'agglomération pour ses projets les plus sensibles, une timide ouverture vers l'opposition et, malgré un naturel souvent revenu au galop, des tentatives pour ne pas envenimer les discussions. A signaler, la présence de Claudine Duteuil qui a succédé à François Loncle dans les rangs de la liste Pour Louviers Gagnons ensemble.

Yves Léonard élu 1er secrétaire fédéral du Parti Socialiste

Notre photo : Jean-Luc Léger était plutôt le candidat de Freddy Recours et Yves Léonard celui de Jean-Louis Destans.

Voici les résultats du second tour des élections destinées à désigner le premier secrétaire fédéral du PS de l'Eure : Inscrits : 1524 Votants : 696, Exprimés : 683, Blancs ou nuls : 13, Yves Léonard : 392 (57.4%) Jean-Luc Léger : 291 (42.6%).

Yves Léonard est donc désigné comme premier secrétaire fédéral. De sa profession de foi, nous avons retenu les passages suivants : « les nouveaux grands chantiers à préparer : la préparation de la convention nationale en juin, les sénatoriales en septembre, le congrès en novembre. " Il met en avant la nécessité du dialogue, du respect afin d'œuvrer au rassemblement des socialistesautour d'un projet porteur, d'une pensée cohérente et d'une démarche claire pour nos concitoyens. »
Yves Léonard s'est installé dans l'Eure il y a plus de six ans. Il a milité dans la section Avre-Iton avant de devenir maire adjoint de Pont-Audemer depuis mars dernier. Il a été chercheur à Sciences-po où il enseigne toujours, a publié divers travaux notamment sur le Portugal.
Fin 2001, il a travaillé pendant plus de trois ans au Département de l'Eure, avant de rejoindre Paris comme secrétaire général de l'association des maires des grandes villes de France qu'il a quittée quand Bockel est devenu ministre de Sarkozy.
Depuis l'été 2007, il travaille au conseil général de Seine-Maritime comme directeur de la citoyenneté chargé notamment de la démocratie participative. Il est animé de la passion, de la raison, du goût de l'universel et d'une colère intacte contre l'injustice sous toutes ses formes.
Il souhaite une fédération modernisée, structurée, réceptive aux attentes des sections, dotée de supports de communication et d'information adaptés aux besoins des militants et des élus. Il veut fédérer en privilégiant le collectif. Il s'apprête à aller sur le terrain, dans les sections et auprès des militants pour dialoguer : « je crois avant tout aux vertus du travail collectif. »

14 avril 2008

Droit d'auteur à respecter

Franck Martin va sur mon blog. Bravo. Mais moi aussi j'ai goggleanalytics et je sais combien de visiteurs viennent chaque jour jeter un coup d'œil sur ce que j'écris. Et croyez-moi, il n'y a pas que la petite fouineuse d'agglobuzz qui fasse le déplacement. Oh que non ! Ce qui m'incite à poursuivre mon ouvrage et à aiguiser mon esprit curieux encore un peu plus et à en faire bon usage. La séance du conseil municipal de ce lundi va même me permettre quelques commentaires (mardi) démontrant la justesse des arguments de campagne que nous avons défendus et qui, pour ne pas être majoritaires aujourd'hui à Louviers — le suffrage universel ne se discutant pas — finiront par convaincre les électeurs et les électrices quand ils écarquilleront les yeux. Laissons du temps au temps. Laissons venir à nous le budget 2009.
Le message que je transmets à Franck Martin est le suivant : les photos qui accompagnent mes articles sont mes photos. Il existe un droit qui s'appelle le droit d'auteur que chacun, fût-il le grand Mamamouchi, doit respecter. Je sais bien qu'Hélène Ledoux est une des têtes de Turc préférées de FM, je sais aussi qu'il ne résiste jamais à l'envie de la dénigrer, elle qui croyait être débarrassée du président départemental du PRG après avoir adhéré au PS. Toujours est-il qu'il a « emprunté » la photo qui illustrait mon article sur la réunion de présentation des candidats au poste de premier secrétaire fédéral du PS, que cette photographie m'appartient, que FM ne m'a pas demandé l'autorisation de la publier et que je me réserve la possibilité d'en demander réparation. Un maire doit montrer l'exemple de la rigueur, respecter la loi et les droits des auteurs. Je ne vais quand même pas signer toutes mes photos parce qu'un mufle se croit tout permis au prétexte qu'il a le pouvoir ! Il demande même qu'on m'excommunie du PS en attendant l'exclusion, sans doute, qui comme chacun sait, donne le goulag, les camps de travail et les internements. Qu'il médite cette pensée d'Alain : « tout pouvoir sans contrôle rend fou ! » Vive le contrôle !

On vit une époque formidable : le répulsif anti-jeunes à sons suraigus

Je vais faire vite tellement c'est énorme et tellement c'est repoussant. C'est le cas de le dire. J'ai oublié de dénoncer (car il est en service depuis plusieurs semaines) le système à sons suraigus destiné à faire mal aux oreilles des moins de 25 ans « pour les disperser ». Il s'agit de boitiers habilement disposés qui balancent dans la nature des sons de l'ordre de 17 000 à 18 000 hertz (les spécialistes assurent que les ultrasons, donc inaudibles pour l'homme, débutent à 20 000 hertz). Ces boitiers présentent des risques pour les femmes enceintes et notamment pour leur fœtus et les jeunes enfants. Je sais bien qu'un ancien candidat à la Présidence de la République devenu président a émis l'hypothèse qu'un déterminisme du délit (voire du crime) pouvait exister mais qu'un système s'en prenne à des jeunes, a priori, est proprement révoltant. Sauf à croire comme certains syndics, certains commerçants, certains élus (pourquoi pas ?) qu'être jeune est condamnable et que tout jeune doit être chassé du territoire jugé comme inaccessible.

« Allez Louviers » focalise sur le PS

Le magazine d'information de la ville de Louviers distribué dans les boites à lettres ce lundi nous rappelle que, selon les propres termes de la journaliste, la campagne a été musclée. Je voudrais tout de même corriger quelques erreurs qui, pour être sûrement involontaires, raconte l'histoire pour la postérité de façon quelque peu partielle. Il ne faut pas prendre les pronateurs pour des supinateurs. Face au maire sortant, il y avait bien quatre listes. On parle de la liste PS…qui n'était pas une liste PS même si Christian Renoncourt et quelques autres n'ont absolument aucune raison de mettre leur drapeau dans leur poche. Ne parler que de liste PS, c'est oublier les trois candidats du PCF, c'est oublier la grosse dizaine de candidats de gauche n'appartenant à aucun parti, c'est oublier les membres de l'ancien Comité d'action de gauche attachés à des valeurs immuables mais non adhérents au PS.
Dans l'article consacré à l'installation du conseil on lit : les sympathisants du groupe socialiste ! Erreur. Christian Renoncourt et François Loncle sont membres du PS pas Christine Théault qui appartient à la société civile.
Et depuis que François Loncle a démissionné du conseil municipal, le groupe se compose ainsi : Christian Renoncourt (PS) Christine Théault (société civile) Claudine Duteuil (PCF). Ce qui fait la force de la gauche, c'est sa diversité et surtout le fait ne de pas être à droite comme dirait M. de la Palice.

Immelman vainqueur à Augusta

J'espère qu'il en est parmi vous, amis lecteurs, à vous intéresser au golf. Pendant la récente campagne électorale, de méchantes langues ont voulu me faire passer pour un golfeur bobo. Comme un des adjoints actuels de Franck Martin est un golfeur émérite, j'imagine qu'il aura lu cette agression avec son sens critique habituel. Le golf, précisons-le bien d'emblée, est avant tout une activité sportive de loisirs voire de compétition. Nous avons la chance de posséder des terrains publics ou privés qui permettent de pratiquer dans d'excellentes conditions à Léry-Poses, au Vaudreuil, au golf du Champ de Bataille, à Evreux ou même à Gaillon. De plus en plus de femmes et d'hommes d'un âge certain, de jeunes attirés par ce sport ô combien difficile, ô combien technique, prennent d'assaut les greens et les fairways à la grande joie de Pierre Massie, membre de l'association sportive du Vaudreuil et de la Fédération française de golf.

Un vrai événement
Ce qui s'est passé ce week-end à Augusta est un vrai événement. Alors que toute la presse golfique attendait la victoire de Tiger Woods, sans doute le plus grand champion actuel, c'est Trévor Immelman, un jeune sud africain très doué qui a dominé pendant quatre jours le très délicat parcours d'Augusta à l'occasion du Masters, première épreuve des quatre grands prix majeurs de la saison. Gagner à Augusta c'est enfiler la veste verte, c'est être invité à tout jamais, c'est devenir un grand du golf même quand on l'est déjà comme Immelman, même quand on a été chouchouté par Gary Player qui, à 78 ans, a joué les deux premiers jours du grand prix.
Il faut cesser de considérer le golf comme un sport de riches, de vieux, de bourgeois. La fédération a compris que l'éclosion de joueurs passionnés ne se ferait que si les enfants des écoles avaient accès au matériel et aux parcours. Dans l'Eure, la ligue de Haute-Normandie et le conseil général (merci Francis Courel !) ont passé des accords pour que le golf soit une activité de découverte et de promotion.

Lutter contre les préjugés
A Léry-Poses, Michel Ranger, président du syndicat mixte, praticien golfeur débutant mais fervent, veut encourager la pratique du plus grand nombre. Il a raison. Comme ont raison tous ceux et toutes celles qui viennent à bout des préjugés idiots qui, comme tous les préjugés, ne répondent plus à la réalité sociale et sportive de 2008. J'ai souvenir que des élus de la liste Martin avaient débuté une initiation, il y a quelques années. Le swing du golfeur nécessite, certes, des qualités physiques. Il s'appuie surtout sur une volonté de fer. Ou de bois pour aller plus loin.

13 avril 2008

Contre le cumul des mandats (bis repetita…)

" La France est le seul pays démocratique au monde où on accepte qu'un parlementaire soit autre chose que parlementaire, et qu'un ministre puisse aller passer trois jours par semaine dans sa commune ou sa région ". Jack Lang a l'impression que la direction du PS va lâcher sur son exigence de non cumul des mandats et des fonctions lors du prochain projet de révision constitutionnelle. Et il en est tout malheureux et marri. Le non cumul, c'est pourtant évident, répond au désir majoritaire des Français. Même bien organisé, même méthodique, même entouré de conseillers de confiance et de cadres de qualité, un élu ne peut être partout à la fois, réfléchir aux problèmes qui se posent dans maintes instances, participer aux travaux des commissions, se rendre aux rendez-vous incontournables…le cumul des mandats, c'est la plaie de la démocratie française et la direction du PS ne se battrait pas pour le supprimer ! On connaît Jack Lang. Ou il crie au loup en sachant que les responsables du PS vont tenir le discours qu'attendent les militants ou il sait que la partie est perdue et il souhaite apparaître comme étant plus blanc que blanc sur cette affaire sensible. Nous ne demanderons pas au maire de Louviers ce qu'il en pense. Nous connaissons sa position qui, il est vrai, a toujours été constante dans ce domaine.

PS de l'Eure : deux finalistes à départager

Notre photo : lors de la présentation des candidats
Les 1500 et quelques membres des 25 sections du PS de l'Eure sont appelés à voter à nouveau ce lundi pour élire le premier secrétaire fédéral suite à la démission de Michel Ranger. Deux finalistes s'opposent : Yves Léonard, de la section de Pont-Audemer où il est maire-adjoint, qui a travaillé au département avec Jean-Louis Destans et Jean-Luc Léger, cadre animation à la mairie de Conches. L'un et l'autre ont adressé une profession de foi aux adhérents qui leur permet, partiellement évidemment, de se faire une idée des deux postulants. L'un a obtenu 44 % des voix au premier tour, l'autre 23,9 %. A notre connaissance, aucun désistement officiel n'est intervenu de la part des candidats éliminés.

Bernard Lefebvre est allé au bout de ses forces

Notre photo : cette photo a été prise devant l'ancienne épicerie de ses parents, rue du général de Gaulle où Bernard fut élevé avec son frère Pierre.
En cette séance d'installation de conseil municipal récemment réélu, nous avons revu Bernard Lefebvre. Amaigri, fragile, il avait une voix de doyen portant haut son message de réconciliation mais sans renoncement. Lui qui venait de vivre dans sa chair la douleur du mal, lui qui venait de vivre avec regrets notre dissidence, se montra à la hauteur de sa tâche. Pas un mot blessant, pas une agression gratuite. Quinze jours après, il est mort d'un infarctus chez lui, près de Denise son épouse, à qui nous pensons bien fort en cet instant ainsi qu'à ses filles et son fils.

Séparation douloureuse
Et pourtant. Il nous avait écrit il y a six mois pour regretter que le PS, le PC et bien d'autres aspirent à constituer une liste autonome à côté de celle conduite par Franck Martin. Il jugeait cette séparation douloureuse, voire injuste, considérant que, de son point de vue, le travail de douze années ne se découpait pas en rondelles et qu'on ne piochait pas dans un bilan. Argument contre argument, rien n'y faisait. Le proviseur de lycée reprenait le dessus avec une logique implacable : « Je ne veux rien savoir, me disait-il lors du Carrington 2007, de vos affaires de partis et de pouvoir. Je vous dis que vous faites une connerie et que vous allez la payer chère. Vous ne dépasserez pas 10 % » Lui était généreux car bien d'autres nous accordaient moins de 5 % comme lors d'une dernière législative courue à grands frais par Franck Martin. Bernard était un homme d'union. Envers et contre tout.

Il avait bouclé la boucle
De 1965 à 1995 il avait suivi la politique lovérienne de là où il était. A Fleury-sur-Andelle, à Lillebonne et enfin à Louviers. Il avait bouclé la boucle puisqu'il avait été pion et professeur d'histoire et de géographie sous la férule de Bernard Chédeville au lycée de Louviers. Il aimait me le rappeler « je t'ai surveillé lors du bac. »
Du professeur, nous gardons le souvenir d'une personne aimant la rigueur, la méthode, le besoin de transmettre. Du sportif, nous conservons son engagement auprès des jeunes et son attachement au tournoi de l'USL football qui finit par porter son nom. Du politique, nous avons aimé la fidélité à ses principes, cette manière d'aller jusqu'au bout, au bout de son lien avec Franck Martin, au bout de son mandat puisqu'il venait d'être élu conseiller délégué aux anciens combattants, au bout de sa maladie respiratoire qu'il a combattue et qui l'a épuisé.

Un sacré savon
Nous n'étions pas d'accord ces derniers mois. Il avait même promis de me passer un sacré savon à la première occasion pour ne m'être pas retiré au second tour de la cantonale. Je l'aurais écouté avec attention car je le respectais. Je l'aurais contredit avec courtoisie car il était le contraire du cynisme et j'aurais tenté de lui expliquer ma démarche qui, à ma façon, était identique à la la sienne, un moyen de faire respecter mes idées et mes choix, d'aller au bout de mes contradictions propres et de celles, très importantes, que j'assume face aux méthodes et aux choix de Franck Martin. Peut-être, au fond, est-ce cela qui nous séparait : j'ai éprouvé le besoin de dire non avant lui. Et de le dire avec une force au moins égale à celle qui l'animait.

Henri Fromentin : La petite lumière ne s'éteindra pas

Notre photo : Henri Fromentin (premier à gauche) était un joueur émérite de boules lyonnaises. Ses copains et ses amis le pleurent. Bernard Lefebvre (dernier à droite) était là en tant qu'adjoint aux sports. Il plaçait le sport très haut dans son Panthéon personnel et avait été lui-même joueur et dirigeant de l'USL.
J'ai connu Henri Fromentin lorsque j'étais jeune. Mon père et lui avaient l'habitude de se retrouver sur le terrain de pétanque du ESSI avec MM. Souvrain, Planterose, Chemin, Astégiani, (des noms qui disent quelque chose aux Lovériens) où se disputaient des parties mémorables. C'est là que j'ai lancé mon premier cochonnet.
Je suis rentré dans les services municipaux en 1966. Ernest Martin était maire (après avoir battu d'un siège la liste de Rémy Montagne en 1965) et Paul Astégiani, secrétaire général de la mairie. Deux hommes trempés dans le fer des convictions à gauche et dans une mutuelle admiration pour Pierre Mendès France. Paul Astégiani était le beau-frère d'Henri Fromentin.
Durant mes six années passées à la mairie de Louviers comme rédacteur, j'ai tout appris de la vie politique, des injustices, des coups fourrés, du fonctionnement difficile, en interne et en externe de la démocratie vécue comme une passion. Mais au-dessus de tout, il y avait un homme, un chemin, une volonté. L'homme c'était Ernest Martin, le chemin, c'était apprendre à se diriger soi-même, la volonté, c'était celle de ne jamais se laisser humilier ou culpabiliser, toujours chercher à avoir l'estime de soi-même. Et cela démarre quand on est enfant dans la relation qu'il noue avec sa mère et ses parents. Quand on a compris cela on a tout compris du sens de la politique, la vraie.

Message difficile
Ce message est difficile à faire passer politiquement. C'est si vrai qu'il en reste peu de chose sous l'ère Franck Martin. Aujourd'hui, on gère, on est pragmatique, on divise pour mieux régner. Où est le fond ? Où est l'engagement ? Qu'est devenue l'expression libre ? Qu'est devenue la non sélection des activités par l'argent, qu'est devenue la nécessité du « beau » pour tous ! Qu'est devenue la priorité du social sur l'injustice, de la confiance en l'autre alors que des caméras de vidéo surveillance fleurent partout (je consacrerai plus tard un article complet à ce sujet) ! Autres temps, autres mœurs !

Un homme debout
Henri Fromentin était un homme debout. Dans son imprimerie de la rue du Matrey que nous fréquentions comme un un lieu de rendez-vous pour la discussion, la rédaction, la mise en page, la sortie du journal militant du Comité d'Action de gauche constitué après 1968 et du nom de Devenir, il restait égal à lui-même. Souriant, à l'écoute, compréhensif des contradictions, et amateur de conclusion…ferme. Il montrait déjà son sens du capitanat intelligent.
Et comme la droite était aux commandes à la mairie, il fallait se battre, jour après jour, mener l'opposition pour tenter de restaurer l'esprit de mai 68 qui n'était autre que l'esprit d'une mairie où chacun se sentirait concerné par son avenir et pèserait sur lui. Utopia ! Il y avait les Louis Vallée, les Pierre Quéméner, les Gérard Martin, les Elisabeth Boutelet, les Isabelle Martin, les Jean-Charles Houel, les Claude Dumer et bien d'autres.
A côté, la gauche traditionnelle des partis de gouvernement nous trouvait trop localiste, trop lovéro-lovériens. Pas assez dans la revendication nationale, pas assez contre le gouvernement. Nous disions : que peut un citoyen non ou mal informé ? Que peut un citoyen qui ne participe pas ? Que peut un citoyen qui ne peut pas ou ne veut pas participer ? Il en reste quelque chose aujourd'hui même si à l'époque le concept de démocratie participative avait un autre nom. En fait, le travail d'Ernest Martin, d'Henri Fromentin et de quelques autres dont j'étais était un travail pédagogique. Il est toujours nécessaire. Plus que jamais nécessaire quand on voit le nombre d'habitants qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales ou qui ne votent pas.

Le résistant
Mais résumer Henri Fromentin à l'homme politique serait très réducteur. Henri, c'était aussi le résistant, le lycéen Ebroïcien qui à 18 ans, sur dénonciation, fut arrêté à Evreux, interné à Rouen puis déporté en Allemagne en 1943. Il revint en 1945 mais jamais je n'ai vraiment réussi à le faire parler de cette période très dure. Le jumelage avec Holzwickede fut pour lui l'occasion de retourner en Allemagne en tant que maire et je sais, parce qu'il me l'a dit, que ce fut un gros effort sur lui-même et un effort qu'il accomplit pour les autres. C'était la période 1976-1983, la période où Henri présidait aux destinées de la mairie, la période où les chantiers étaient immenses. Malgré un bon bilan, Odile Proust le battit, nous battit en 1983, et ce fut un déchirement.

Contre l'hégémonisme
Henri cessa-t-il la politique pour autant ? Bien sûr que non. Il suffisait de lui rendre visite rue du Matrey et la discussion s'entamait comme si c'était hier. Il avait une dent contre le PS, le PC aussi, et contre l'hégémonisme. Il n'aimait pas les entraves et en homme de gauche, il préférait avoir raison tout seul plutôt que se plier à des ordres contradictoires ou opportunistes. Il favorisa, comme il put, l'accession de Franck Martin au pouvoir. En 1995, Franck avait des cohortes de supporteurs. En 2001 aussi…
Lorsque j'ai rendu visite à Henri, il y a six ou sept semaines, à l'hôpital de Louviers où il se trouvait depuis près d'un an, je lui ai tout dit des raisons de la dissidence municipale, de ma candidature aux cantonales, je l'ai serré contre moi comme on serre dans ses bras un ami dont on sait que les semaines, les mois sont comptés. Il me fit un très léger sourire, ce qui dans sa situation, ressortissait d'un bonheur intense. Je lui ai dit combien il pesait dans notre conscience collective, combien il représentait l'âme de la gauche et symbolisait ce combat pour le progrès qui ne cesse jamais. Je crois bien avoir aperçu une larme au coin de l'un de ses yeux.

Il n'aimait pas le pouvoir
Henri Fromentin avait un gros défaut : il n'aimait pas le pouvoir. Il savait ce que le pouvoir engendre de mégalomanie, d'excès, d'isolement. Il savait que le pouvoir sépare les hommes ou les femmes, défait les amitiés, attise les conflits, suscite des amertumes et des jalousies. Il n'aimait pas les conflits non plus. Et pourtant, quand il fallait y aller, il y allait avec sa voix posée, solide, qui n'attirait pas de contre-partie. Il y allait avec la force du juste. Qui parle quand il faut.
Henri était un homme aimé. Par sa famille, par son épouse Geneviève, disparue trop tôt, ses sœurs, ses enfants, Claire, alex, Michèle, sa compagne des heures douloureuses, Marie-Claire. Il était sublimé par les amateurs de lyonnaises qui appréciaient son humour et son talent dans la victoire comme dans dans la défaite. Il était aimé par tous ses amis, par les Lovériens d'une génération qui, peu à peu, nous quittent, par les hommes et les femmes de gauche, et aussi d'autres horizons, qui voyaient en lui une petite lumière s'éteignant doucement à cause de la maladie mais qui éclaire loin et qui porte encore. Et qui surtout, ne s'éteindra pas.