2 mai 2008

Mai 68 : « Faux insurgés et vrais parvenus » par Régis Debray

En 1968, Régis Debray est en prison, en Bolivie où il a suivi Che Guevara. Le leader castriste a été arrêté et assassiné. Régis Debray, lui, est condamné pour activités subersives et sortira des geoles boliviennes en 1971 avant de s'installer au Chili et de rentrer en France en 1973. En 1978, à l'occasion du 10e anniversaire des évènements de mai 1968, il écrit un texte qui « cherche à dessiller les yeux de tous ceux qui sont encore/toujours pris dans les « illusions lyriques ». Il donne son manuscrit à François Maspero qui le publie aussitôt. « Mai 68 : une contre-révolution réussie. »
A l'occasion du 40e anniversaire des évènements de mai 68 en France, le livre de Régis Debray est réédité aux éditions des « Mille et Une nuits ». Beaucoup de ce qu'il a écrit il y a trente ans demeure, selon ses dires, prémonitoire. « Mai 68, assure-t-il, est le berceau de la nouvelle société bourgeoise. » J'ai écouté Régis Debray invité de l'émission « c'est à dire » sur la 5. L'écrivain-philosophe des religions, conseiller de François Mitterrand, tiers-mondiste, n'a pas changé d'opinion. Bien au contraire. Il affirme que mai 68 a permis « aux libertaires de s'allier objectivement avec les libéraux ».

Extrait de l'avant-propos : Cela était paru chez Maspero au printemps 1978, sous un titre assez peu engageant : Modeste contribution aux discours et cérémonies officielles du dixième anniversaire. Le coup de pistolet dans un concert d'autosatisfactions lyriques sombra illico dans un épais silence réprobateur. Je remercie ces amicaux fouilleurs des ténèbres de m'avoir fait redécouvrir cette introuvable incongruité. Elle a plutôt gagné que perdu en actualité, ce dont je suis bien le dernier à me réjouir. Tordre le bâton dans l'autre sens pour le remettre droit est un exercice périlleux, qui ne va jamais sans injustice.

La remarque vaut pour n'importe quel soulèvement, comme pour son commentaire a pos­teriori. 1789 n'est pas invalidé par la Semaine sanglante de 1871 et Germinal, bien que l'interdiction des coalitions ouvrières et l'éloge de la propriété aient porté Auguste Thiers et le Comité des Forges dans ses flancs. Et le jugement équilibré qu'appelle à distance la République jacobine vaut sans doute aussi pour la démocratie d'opinion accouchée par Mai 68.

L'exaltation unilatérale et rien de moins que freudienne de la libido par l'«esprit de Mai» aurait pu mettre la puce à l'oreille des historiens de l'immédiat. Ce que l'individu gagnait en liberté, le citoyen n'allait-il pas bientôt le perdre en fraternité ? Et les citadins, en égalité ? Derrière une Love Parade ouverte à tous les exclus, des free parties sans interdits, se faufilaient, sans mot dire, le trader, l'insatiable show-biz et le tout-à-l'ego. C'est à repérer cette contre-révolution dans la révolution que ce pamphlet, à contretemps, s'était attaché. Fabriquer du consensus avec de la révolte relève d'une alchimie sans âge, qui fait le sel de l'histoire des sociétés, laquelle n'a de cesse de repasser les plats. Et reconvertir sa rébellion en argument d'autorité fait un vaudeville vieux comme le monde. Nous entrons tous dans l'histoire à reculons, y compris dans notre propre vie. S'il est devenu clair que, dans ma génération, le chemin du Fouquet's passait par un bref pèlerinage à la forteresse ouvrière de l'île Séguin, et celui d'un Disneyland bien réel par un Yenan imaginaire, pointer la grande et clandestine histoire d'amour qui se nouait en coulisse entre les outlaws de Mai et le tout-marchandise, entre de faux insurgés et de vrais parvenus, relevait il y a trente ans de l'offense inaudible. »

On peut, évidemment, ne pas être d'accord et ou ne pas être d'accord sur tout avec ce que défend Régis Debray. Mais son analyse (en 1978) sur la télé-réalité et l'image reine, l'invasion de la pub, le rejet du politique (Note du blogger : c'est plutôt négatif) l'éloge des femmes et des minorités (note du blogger : c'est plutôt positif) l'écologie et l'individualisme (ce qu'il appelle en une formule frappante « le tout à l'égo ») ou encore « le droit du sol s'est transformé en droit du seul »…Sans oublier l'alignement de l'idéologie française sur l'idéologie américaine. Quant à Sarkozy, Debray lui délivre son paquet : il veut liquider l'héritage de mai 68 mais c'est un adepte du « jouissez sans entrave. » Imagine-t-on de Gaulle au Fouquets ou sur le yacht de Bolloré ? Enfin, souvenons-nous du mariage d'Henri Weber, un éminent dirigeant du PS, de ses 800 invités (autant de droite que de gauche) de sa pleine page people dans le monde pour confirmer que certains soixante huitards ne jettent plus les pavés mais en tiennent le côté le plus élevé.

Nous évoquerons prochainement nos souvenirs de mai 68 à Louviers. Il y eut beaucoup de solidarité et des divergences politiques graves qui conduisirent les élus communistes à lâcher Ernest Martin, alors maire, quelques mois plus tard. MM. Ranger, Bertault, Laheye, Lerebours, claquèrent la porte avec fracas. Ce fut le début d'un séisme local dont les répliques n'ont pas fini de faire sentir leurs effets.

L'anniversaire du suicide de Pierre Bérégovoy

Notre photo : Recueillement sur la tombe de Pierre Beregovoy à Nevers. Nathalie Bellevin, François Loncle, Elisabeth Loncle et Bernard Amsalem étaient présents. (Photo JCH)
La chaine LCP (La Chaine parlementaire) a diffusé, en ce premier mai 2008, une émission enregistrée avec le concours de François Loncle, député de l'Eure, ami de Pierre Bérégovoy, Gérard Carreyrou, ancien journaliste de TF1 et Marc Blondel, ancien secrétaire général du syndicat Force ouvrière et ami proche de l'ancien maire de Nevers. L'anniversaire de la mort de Pierre Beregovoy dans les conditions tragiques que l'on sait n'a pas suscité moult articles dans la presse d'aujourd'hui. Il est vrai que cette presse a été sévèrement mise en cause dans le suicide de l'ancien premier Ministre.
En 1986, Pierre Bérégovoy n'est plus membre du gouvernement. Il a été ministre de l'économie et des finances dans le gouvernement sortant, celui de Laurent Fabius. Il est député maire de Nevers et veut acheter un appartement à Paris. Les origines modestes de Pierre Beregovoy et l'état de sa fortune l'obligent à chercher un prêt (un million de francs) que lui accorde Roger-Patrice Pelat, ami personnel de François Mitterrand et doté d'une belle fortune. « A cette époque, précise Carreyrou, Pelat est un parfait inconnu dans la sphère médiatique et le prêt est effectué devant notaire mais sans intérêt. »

Ni énarque…
Pierre Bérégovoy et c'est tout son mérite, n'est ni énarque ni ancien élève d'une grande école surtout fréquentée par la grande bourgeoisie parisienne. C'est un militant qui a gravi tous les échelons : qu'il s'agisse de sa vie professionnelle à la SNCF ou de sa vie politique au Parti socialiste. Il a été résistant, militant syndical (d'abord à FO ensuite à la CFDT) proche de Pierre Mendès France puis de François Mitterrand. Il se distingue par son intelligence, vive, et par sa capacité de travail qui est énorme. Il est l'exemple parfait de l'homme sorti du peuple (dans le meilleur sens du mot) capable de négocier le Programme commun de gouvernement de la Gauche avec les communistes (Et Georges Marchais) et les radicaux de gauche. C'est à cette époque qu'il se lie d'amitié avec François Loncle désigné par le MRG (Mouvement des radicaux de Gauche présidé par Robert Fabre) comme membre du comité de liaison de la Gauche et c'est de cette amitié que naîtra une relation forte qui conduira le député de Louviers au Gouvernement comme successeur de Bernard Tapie (inquiété par l'affaire VA-OM) au ministère de la ville avant d'être nommé au Plan. « Je me souviens, raconte François Loncle, du dernier conseil des ministres présidé par François Mitterrand (en 1993) avec Pierre à ses côtés. Autant ce dernier semblait abattu et ailleurs, autant François Mitterrand était dynamique et positif nous assurant que nous reviendrions bientôt au pouvoir. » C'est ce qui s'est passé en 1997 après la dissolution de l'Assemblée nationale par Jacques Chirac.

« L'honneur d'un homme livré aux chiens » Revenons au moment où sont rendues publiques quelques affaires politico-financières portant atteinte au crédit moral de la Gauche. Roger-Patrice Pelat se trouve mêlé à l'affaire de la Société générale avec délit d'initiés à la clé. Pierre Bérégovoy, dans son discours d'investiture avait fustigé avec ses mots et sa morale stricte les « copains et les coquins » et le pouvoir de l'argent. Quelques mois plus tard sort un article du Canard enchainé mêlant Pelat et Bérégovoy et le prêt d'un million de francs rendu public dans toutes les gazettes. Ce prêt, pourtant parfaitement légal, sent le souffre médiatiquement et atteint Bérégovoy de plein fouet. Il se défend mal puisqu'il ne se défend pas. Ce serait s'abaisser que de le faire. Toute la campagne des législatives est empoisonnée par l'affaire. « Edwy Plenel, journaliste au Monde, affirme François Loncle, s'est acharné contre Bérégovoy ». C'est ce journaliste que François Mitterrand visait quand il a parlé, lors des obsèques du maire de Nevers, « de l'honneur d'un homme livré aux chiens ». La défaite de la gauche aux législatives en 1993, défaite terrible puisqu'une cinquantaine de députés de gauche seulement sont réélus dans les 577 circonscriptions de France, culpabilise Pierre Bérégovoy. Marc Blondel assure que son ami a pris de plein fouet, politiquement et affectivement, cette défaite qu'il a faite sienne alors que selon Blondel « c'est le Parti socialiste dans son ensemble qui était responsable de la défaite. »
Pierre Bérégovoy, dans les jours qui ont suivi cette déroute est KO debout : « Tous les députés socialistes battus, indique François Loncle, ont reçu un mot signé de sa main nous faisant comprendre qu'il était personnellement responsable de cette catastrophe électorale. Je l'ai évidemment conservé précieusement. » Il erre dans les couloirs de l'Assemblée nationale, rase les murs à Nevers. Entre en dépression mais refuse de se soigner. Il choisit le 1er mai 1993, quelques semaines après le second tour, pour se tirer une balle dans la tête avec l'arme de poing de son chauffeur-garde du corps, dans sa voiture garée le long de la Loire à Nevers.
Marc Blondel : « Bérégovoy a choisi le 1er mai, jour de la fête des travailleurs pour se supprimer. Il a voulu dire, je suis toujours socialiste, je suis toujours cet homme du peuple que je n'ai jamais cessé d'être. »
Gérard Carreyrou : « Beregovoy a été pris dans un broyeur. Je lui avais demandé au début de l'affaire de venir s'expliquer en direct sur TF1 au journal de 20 heures. Tout aurait été possible. Je ne dis pas que l'affaire Pelat aurait cessé du jour au lendemain mais il aurait pris une posture militante. Celle qui avait toujours été la sienne…Je l'ai vu quatre jours avant son suicide. Il était serein. Etonnamment serein. Je pense que sa décision était prise de sortir comme il l'a fait. »

Un honnête homme
François Loncle conserve le souvenir d'un homme honnête, intègre, un grand serviteur de l'Etat qui n'a pas été reconnu comme il le méritait parce qu'il ne sortait pas des grandes écoles. Quant à moi, qui l'ai accueilli à mon domicile à Louviers quelques jours avant la victoire de François Mitterrand, j'ai eu en face de moi un homme enfin heureux de voir la Gauche triompher (c'était quasiment acquis car on était entre les deux tours) et c'est ce soir-là qu'il nous a appris qu'il allait devenir secrétaire général de l'Elysée. A Louviers, il évoqua PMF, la Normandie qu'il aimait, Sotteville-lès-Rouen, une ville qui a un vrai sens pour un cheminot militant. Avec le recul, cette soirée reste un souvenir empreint d'émotion.
Enfin, faut-il casser la patte aux canards que sont ces deux livres récemment édités et qui laissent penser que Pierre Bérégovoy a été assassiné ? « C'est dérisoire, déplore François Loncle, aucune preuve n'existe. »

1 mai 2008

La citation du jour

« Entre penser et décider ou accepter et obéïr, le choix est permanent. » Quadrivium.

Le 1er Mai, fête du travail et des travailleurs

Il n'est pas neutre que le nouveau code du travail revu et corrigé par M. Larcher et sa commission (ils bossent dessus depuis deux ans) entre en application le 1er mai 2008. C'est une façon originale pour le gouvernement de marquer le coup à l'occasion de ce qui reste la fête des travailleurs. Gérard Filoche, inspecteur du travail, présent à une réunion publique au Manoir-sur-Seine, lors de la campagne présidentielle, nous avait dit tout le mal qu'il fallait penser de la réforme en cours. Il avait cité maints exemples — malheureusement très et trop techniques — de recul du nouveau code sur l'ancien. Il est vrai qu'un code qui comporte plus de 3000 articles n'est pas la portée du premier lecteur venu. Mais on peut faire confiance à Gérard Filoche. Il a analysé de près ce qu'on appelle pudiquement au gouvernement « une réécriture moderne » d'un texte quelque peu vieillot. Il a tiré la sonnette d'alarme avant l'élection de Sarkozy pour nous mettre en garde et mettre en garde les salariés. Sarkozy a été élu. Larcher a continué son travail de sape. Le nouveau code a été approuvé au Parlement. Il est applicable. Et c'est un drôle d'anniversaire.
En parlant d'anniversaire, il nous revient que j'ai connu des municipalités de gauche à Louviers qui profitaient du 1er mai pour mettre sur pied des spectacles liés au monde du travail ou à celui des travailleurs. Sans cultiver à l'excès la nostalgie et sans citer les noms des artistes invités (souvent prestigieux) dans le passé, on pourrait suggérer à la commission culturelle municipale de réfléchir pour qu'en 2009, la fête du travail à Louviers soit autre chose que la fête des vendeurs de muguet à la sauvette même si cette fleur est aussi un symbole d'amour.

30 avril 2008

Franck Martin doit tenir compte de l'avis des maires des petites et moyennes communes

La commission plénière de l'agglomération Seine-Eure avait lieu, mardi soir, au siège de la Fringale. Les délégués étaient nombreux qu'ils soient titulaires ou suppléants, bonne indication de l'attention qu'ils accordent à la bonne marche de l'EPCI. Il s'agissait, outre d'approuver des délibérations quelque peu en retard sur leur calendrier eu égard au trimestre électoral et importantes pour la mise en œuvre des projets communs, de désigner les membres de divers organes et commissions.
Le Syndicat mixte du Vaudreuil (présidé par Michel Ranger) chargé de la gestion de la base de plein air et de loisirs et de l'aménagement hydraulique du site comprend des conseillers régionaux, des conseillers généraux et des élus de l'agglomération Seine-Eure. Franck Martin avait l'intention originelle de faire élire comme titulaires : lui-même, Patrice Yung et Jean-Pierre Auger. Les maires de Léry, Poses, Tournedos, soutenus d'ailleurs par Bernard Leroy, ont jugé qu'il était anormal que leur commune qui jouxte la base de loisirs et dont on a amputé une partie de territoire pour la réaliser, ne soit pas représentée.
Franck Martin semble faire preuve de dispositions d'esprit nouvelles. Le rapport de forces politique et numérique rend raisonnable des gens qui ne l'étaient pas forcément. Ont donc été élus, membres titulaires : Franck Martin, Patrice Yung et Robert Ozeel (maire de Léry) membres suppléants (ils peuvent assister aux séances du SMV) MM. Auger, Mme Halbout (maire de Tournedos-sur-Seine) et M. Aubinais (maire de Poses).
Marc Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, devrait, lors d'une prochaine séance, se voir attribuer des responsabilités effectives liées au contrat d'agglomération qui doit être prochainement signé par Alain le Vern , président de la Région, Jean Louis Destans, président du conseil général et Franck Martin, président de l'agglomération.

La Dépêche aime tellement la CASE…

La Dépêche aime tellement la CASE qu'elle a publié à nouveau cette semaine, la Une de la semaine dernière. On y revoit le président et les vice-présidents qui n'en demandaient pas tant de la part de notre important journal local. Que s'est-il passé ? Pour avoir été aux manettes de ce journal pendant quelques années, je puis affirmer que les journalistes de Louviers ne sont pour rien dans cette erreur. Une erreur qui a exigé des dépôts de presse l'apposition d'une affichette assurant qu'il s'agissait bien de La Dépêche nouvelle du 30 avril puisque la tradition interdit de dater les journaux du 1er mai. Il s'est agi, sans doute d'un problème technique dit d'imposition et les faits se se sont déroulés dans l'imprimerie chargée de sortir le journal. Les contrôles « au cul » de la rotative auraient dû permettre de constater l'erreur mais il arrive qu'on confonde vitesse et précipitation d'où la gaffe. Celle-ci n'a tout de même rien à voir avec l'annonce de la mort d'un vivant qui, elle, est bien une faute professionnelle grave. D'ailleurs M. Elkabbach est convoqué devant le CSA où il aura à justifier son énorme bourde. Est-elle justifiable ?

Pierre Vandevoorde chez Michel Drucker…

Notre photo : Olivier Besancenot chez ses amis lovériens en janvier 2004 au Moulin. (Photo JCH)

…ou plutôt Olivier Besancenot, le principal porte-parole de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) invité le 11 mai prochain dans l'émission de Michel Drucker « Vivement Dimanche » ce qui, pour un homme politique est une vraie consécration. Ce sera l'occasion de revenir sur le passé d'un jeune homme qui a fait son chemin et qui propose la constitution d'un parti anticapitaliste, un nouveau parti à gauche, qui occuperait l'espace de l'extrême gauche (Lutte ouvrière, la LCR, des communistes et des socialistes déçus). Son pari, c'est que les jeunes le rejoignent lui qui a permis à nombre de listes aux dernières élections municipales de gagner des sièges ici ou là et notamment à Louviers où Gérard Prévost a été réélu.
Au cours de l'émission de « pipolisation » on verra et on entendra Pierre Vandevoorde qui reste ce professeur d'Allemand du collège du Hamelet de Louviers qui a donné à Olivier Besancenot (alors que lui était lycéen aux Fontenelles) le goût de la Révolution et de son histoire et du combat social, mais on ne verra pas Geneviève Besancenot, lovérienne, sa mère, présente sur la liste de M. Prévost lors des municipales. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'Olivier Besancenot a décidé de protéger sa vie privée (amie, enfant, parents) autant que possible et de ne pas mélanger le sentimental intime avec les sentiments collectifs.

29 avril 2008

Du bon usage de la proportionnelle…

Le Parti socialiste affirme qu'il ne votera pas en faveur de la réforme des institutions si une dose de proportionnelle aux élections législatives n'est pas prévue par le gouvernement actuel. Cette dose de proportionnelle pourrait être de 10 % de l'ensemble des députés soit une soixantaine de parlementaires. François Bayrou a formulé la même exigence et François Sauvadet, du Nouveau centre, qui ne veut pas se laisser distancer par son ancien mentor, a affirmé, aujourd'hui, que son parti exigeait lui aussi une dose de proportionnelle.
Lentement l'étau se resserre sur l'UMP dont les dirigeants et les députés ne veulent pas entendre parler de cette mesure. Il faudra sans doute que Nicolas Sarkozy arbitre en faveur de la proportionnelle au Palais Bourbon s'il veut voir approuver les autres modifications qu'il soumettra au Congrès puisqu'il faut une majorité des 3/5e pour que les propositions soient adoptées. L'UMP ne peut, à elle seule, atteindre ce seuil majoritaire.
La conséquence de cette dose de proportionnelle est qu'il faudra supprimer une soixantaine de circonscriptions pour que les partis tirent profit de cette proportionnelle. Cela fera, notamment, entrer Olivier Besancenot et Jean-Marie Le Pen à l'Assemblée nationale. Qui dit suppression de circonscriptions dit redécoupage. Et c'est là que les ciseaux de Mme Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur (et ceux de Luc Chatel expert électoral de l'UMP) entreront en action.
Si l'Eure perdait un siège de député, parions que les circonscriptions redécoupées pourraient être la 2e (député, Jean-Pierre Nicolas UMP) et la 4e, celle de François Loncle (PS) qui pourrait bien récupérer les cantons de Brionne, du Neubourg…Il est encore trop tôt pour épiloguer mais on sait aussi que le gouvernement prépare un nouveau mode d'élection des conseils régionaux. Il n'y aurait plus qu'un seul tour et la liste arrivée en tête emporterait la majorité des sièges. Ce qui obligerait à des rassemblements aux forceps sous peine de perdre la majorité que détient la gauche dans 20 des 22 régions. Ceci expliquant cela.

De la narration figurative…

Notre photo : Bruno Decaris, architecte de l'école de musique, commente sa démarche.

I
l faisait bien sombre dans les caves du Moulin ce lundi soir. S'agissait-il d'organiser un complot, un complot socialiste par exemple ? Nenni. Il s'agissait tout simplement d'une rencontre avec la présence de force adjoints et conseillers municipaux et de quatre architectes engagés dans quatre projets-phare du centre-ville de Louviers : l'école de musique du cloitre des Pénitents, la Maison de l'emploi à la place du garage Renault, les logements de l'îlot Pierre Mendès France et les futurs logements de l'ancien centre de secours sur la Place de la République.
Nous ne nous ferons pas plus malins que nous sommes en cherchant à commenter positivement ou négativement (du moins à ce jour) les projets présentés au public. Ils méritent d'être mieux connus et plus expliqués aux profanes qu'ils ne le furent ce lundi. Félicitons-nous de l'existence de cette soirée d'information ouverte à tous qui a permis d'entendre les explications des hommes de l'art puisque l'architecture est bien un art. Mme Jullien, nouvelle conseillère municipale (Verts) a posé une bonne question sur le lien entre les nouvelles règles, strictes, qui vont être imposées aux architectes à cause du développement durable qui implique la chasse au gaspi et la recherche d'économies d'énergie. Il faudra s'adapter aux nouveaux matériaux et aux nouvelles manières de construire. Comme toujours ces contraintes sont mal vécues par certains et mieux par d'autres.
Une phrase à retenir, tout de même : « la rupture avec l'environnement existant peut être une bonne chose. » Sortie de la bouche de l'ancienne architecte départementale des Bâtiments de France, cette parole suggère qu'il vaut mieux ne pas faire de neuf avec du vieux ou qu'il vaut mieux faire des choix architecturaux très personnels assumant un geste osé ne s'accordant pas forcément avec l'environnement immédiat. Comme les architectes (en dehors des maquettes et des réalisations) n'ont que les mots pour expliquer leur démarche, on eu droit au « dialogue » à la « narration »…sortant l'architecture du ghetto technique pour initiés dans lequel elle est souvent recluse.
Le Grand Palais à Paris accueille actuellement une exposition consacrée aux peintres appartenant à « la figuration narrative ». Gérard Fromanger qui a eu l'honneur de voir une de ses œuvres acquises par la ville de Louviers, aura plaisir à apprendre que dans cette ville on se consacre aussi à la narration figurative. Et Pascal Victor n'y est pas pour rien qui est Lovérien, architecte, et l'un des piliers du « mois de l'architecture » cette opération nationale relayée au plan régional pour permettre, justement, aux citoyens d'aller à la rencontre des architectes et de leur vision du monde.

28 avril 2008

Taisez-vous Elkabbach !

« Taisez-vous Elkabbach ! » Tout le monde se souvient de cette célèbre apostrophe de Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français, à Jean-Pierre Elkabbach qui l'interrogeait au cours d'une célèbre émission télévisée sur Antenne2. JPE aurait mieux fait de suivre l'invite de feu Georges Marchais, il y a quelques jours, après qu'il a obligé ses journalistes d'Europe N°1 à annoncer à 17 heures un jour de la semaine dernière, sur l'antenne de la célèbre station de radio, la mort de Pascal Sevran…qui n'était pas mort. Pour un journaliste, annoncer la mort d'un vivant, c'est la faute absolue. Pour M. Elkabbach, donneur de leçon sur les rumeurs, les fausses informations circulant sur le web, la pilule doit être difficile à avaler et le sentiment de culpabilité total. Daniel Schneidermann, dans Libération, explique le pourquoi et le comment de la décision de M. Elkabbach. On a bien du mal à lui trouver des excuses. Trente minutes après l'annonce, le démenti est tombé. Et il s'est fait très mal.

L'hypocrisie et l'emploi des séniors

Xavier Bertrand, ministre du Travail, a reçu des délégations syndicales de salariés et de patrons ce lundi pour les informer de la décision définitive du gouvernement de porter la durée légale de cotisations permettant de bénéficier d'une retraite à taux plein de 40 à 41 ans en 2012. Il a profité de l'occasion pour annoncer que le gouvernement voulait pénaliser les entreprises qui n'emploieraient pas de séniors. Avec 38 % d'actifs âgés de plus de 55 ans, la France est à la traine en Europe dans l'emploi des séniors. On pourrait croire que ceux-ci sont des fainéants et qu'ils se dépêchent de quitter leur emploi à la première occasion. Ce n'est pas vrai.
Je connais bien le problème pour avoir été moi-même victime d'une pratique très répandue dans les entreprises. Le directeur du journal qui m'employait jusqu'en 2004 a décidé de se séparer de moi alors que je pouvais encore travailler pendant deux ans et demi…jusqu'à 60 ans et que je ne demandais rien à personne sauf à continuer ma tâche. Il m'a été répondu qu'il valait mieux que je reste chez moi sinon…ce serait le placard. C'est ainsi que j'ai été licencié dans des conditions que le tribunal des Prud'hommes de Louviers puis la cour d'appel de Rouen ont jugé valables. Ce n'était pas mon point de vue. Toujours est-il que l'intention de mon employeur fut claire et satisfaite : à 57,5 ans, il me trouvait trop vieux et trop cher. J'ai dû quitter l'entreprise qui m'employait depuis 1971 et que j'avais toujours servie avec loyauté.
A qui fera-t-on croire qu'en 2008 l'état d'esprit des chefs d'entreprises a changé ? Depuis l'allongement de la durée de cotisation de 37,5 ans à 40 ans (réforme Balladur en 1993) le taux d'emploi des séniors n'a pas progressé ! Pourquoi en irait-il différemment demain alors que les jeunes parviennent difficilement à trouver un emploi et que le chômage des jeunes est un vrai fait de société. On voit que le gouvernement est à la manœuvre pour faire exploser le code du travail et remettre en cause les acquis sociaux de décennies de lutte syndicale et politique. Le « travailler plus pour gagner plus » qui donne les résultats que l'on sait pousse les salariés modestes et moyens droit dans le mur. On sent bien que le mécontentement, de diffus, commence à cristalliser. L'intervention de Sarkozy devant les Français ne les a pas convaincus. Fillon en rajoute dans la provocation. Cette hypocrisie érigée en système va faire des dégâts. C'est un sénior qui vous le dit. Même si les patrons d'hypermarchés bénéficient du droit de discuter des marges arrières. On préfèrerait que ce soit une marche en avant avec des salaires corrects, un toit pour tous, des papiers pour tous ceux qui travaillent et des enseignants aux postes où ils sont nécessaires et où ils ont l'expérience requise : Les deux tiers des fonctionnaires de l'Education nationale de l'académie de Créteil (celle qui obtient les moins bons résultats au bac) sortent des écoles de formation des maitres ! Et 80 % d'entre eux sont renouvelés chaque année. Et après on mettra des caméras de vidéosurveillance dans les rues…Qui a dit qu'on marchait sur la tête ?

27 avril 2008

La braderie dominicale fut toute petite


On nous avait annoncé une grande braderie dans le centre ville les 26 et 27 avril. Nous eûmes droit à une toute petite braderie réunissant quelques commerçants disséminés dans les rues du centre. Echec, si échec il y a, mais ce n'est pas grave. Mieux vaut tenter et réussir, dans le meilleur des cas, que de ne rien faire et de se le voir reprocher. (photo JCH)

Lettre à Pascal Hébert

Notre photo : La foire à tout des quartiers ouest est un riche moment de rencontres et de convivialité. (Photo JCH)
Cher Pascal,
Tu ne te caches pas d'avouer que c'est par moi que tu as adhéré au Comité d'Action de gauche. C'était hier dans les années 1970. Et je te remercie de t'en souvenir. Tu as rejoint un groupe d'amis, de copains, qui n'étaient animés que du désir de bien faire dans l'intérêt général et surtout dans l'intérêt de ceux qui sont laissés au bord de la route. Et seule la gauche a cette vraie préoccupation. A cette époque, Ernest Martin s'occupait encore de soigner les malades alcooliques avec la Croix d'or et M. Heullant. A cette époque, le CAG était une force de gauche respectée. A cette époque, nous luttions contre Rémy Montagne le tombeur de Pierre Mendès France qui, comme tu le sais, a des successeurs au centre droit et du côté des supporteurs des mœurs rétrogrades. Tu as été, avec moi et d'autres, de tous les combats qui ont permis nombre de victoires locales, cantonales et législatives. Comme, en plus, nous étions collègues salariés à La Dépêche, notre proximité était encore plus évidente. Je t'ai toujours considéré comme un ami, un ami du quartier « des Amoureux » et de la cité Breton, qui plus est, cela crée des liens que rien ne devrait pouvoir remettre en cause.
Avant que tu demeures aux côtés de Franck Martin lors des élections municipales dernières, nous avons eu encore un point commun : celui d'être tous les deux licenciés de La Dépêche sous des prétextes « patronaux » pour réduire le déficit réel ou supposé d'une entreprise plutôt mal gérée à l'époque. Les grands groupes de presse ne s'embarrassent pas de sentiment ni de gratitude : 38 ans d'ancienneté : dehors, car trop vieux et trop cher ! Le monde d'aujourd'hui marche comme cela. Nous avons fait partie, toi et moi, de la variable d'ajustement d'une entreprise dont un des titres est encore une référence à Louviers.
Sur le plan politique, ce qui d'abord nous rassemblait, nous a ensuite divisés. Tu as fait le choix de suivre Franck Martin, de lui être fidèle, comme on dit. Qui pourrait t'en blâmer ? Pas moi. Je connais les qualités de meneur d'hommes du maire de Louviers et je sais le poids de son verbe. Adversaires sur des listes différentes, moi-même candidat aux cantonales pour le PS, la campagne a produit ce qu'elle devait produire : du ressentiment et une impression de gâchis. C'est du moins ce que me disent certains Lovériens. La rupture, qu'il s'agisse de couples, de familles ou d'amis, suscite toujours des regrets et de l'amertume. Mais les choix ayant été faits et réfléchis, il nous faut les assumer. Et on sait bien que les torts sont souvent partagés : Franck Martin s'est montré inflexible sur l'ouverture au second tour, nous n'avons pas rompu suffisamment tôt pour que notre démarche soit compréhensible.
J'ai tenté, dimanche dernier, lors de la foire à tout des quartiers ouest, de discuter avec toi. Tu ne l'as pas souhaité. C'est ton droit. Tu as mis très vite sur le tapis notre attitude de liste dissidente…ainsi que les obsèques de notre ami commun, le regretté Yves Lebrun, occasion qui m'avait permis de revoir des têtes connues et de leur consacrer un court article sur ce blog dans une ambiance de recueillement et peut-être d'aveuglement. Tu n'as pas aimé lire certains noms affublés d'un mot gentil. Compte tenu de ton histoire à l'imprimerie je peux le comprendre.
Dans la chaleur de la discussion j'ai dit : « Au fait, je te félicite pour tes importantes responsabilités. » Tu es, en effet, adjoint aux sports et dans notre ville c'est lourd, puisque de nombreux clubs existent et qu'un certain match de football, à Hondouville par exemple, où tu étais présent l'autre dimanche, indique clairement le travail à faire. Tu as pris cela pour du mépris de ma part : « Je suis le seul ouvrier, les autres sont enseignants, retraités…Cela m'étonne de toi. » D'autant plus que Nathalie Bellevin, mon ex-suppléante, n'est pas étrangère au poste que tu occupes aujourd'hui dans les services de la CASE…
Mon intention n'était donc pas de te mépriser mais de te mettre en garde contre le sentiment du Pouvoir et le sentiment de supériorité, conscient ou inconscient, qu'il procure. Je sais d'où je viens Pascal. Ma mère rentrayait à l'usine Jeuffrain. Je suis issu d'un milieu ouvrier, comme toi, et je n'en éprouve ni honte ni culpabilité. Jamais, auparavant, tu ne m'avais adressé la parole avec ce ton de certitude qui n'appartient qu'à ceux qui « ont » du pouvoir. En quarante ans de vie politique, j'ai vu tant d' hommes changer ! Sauf exception et François Loncle est de ceux-là.
Voilà ce qu'à travers ces quelques mots que je n'hésite pas à rendre publics, je voulais te dire. Je sais qu'il faudra du temps pour panser des plaies encore très à vif. Un mois c'est très court, trop court. Dimanche, il faisait beau, je n'aurais pas dû aller vers toi alors que tu faisais cuire frites et merguez comme seul un bénévole actif sait le faire. Peut-être as-tu pensé que je voulais te provoquer ? Si c'est cela, je reconnais mes torts. Et je t'adresse mon plus fidèle souvenir.