21 janvier 2009

La Droite veut museler l'opposition de gauche

On n'avait pas vu cela depuis 1947 ! Des députés chantant La Marseillaise dans l'enceinte du Palais-Bourbon. A l'époque, c'était les communistes. Hier soir, c'était les socialistes. Il faut dire que la droite venait de leur couper le sifflet en appliquant une procédure expéditive empêchant Laurent Fabius, Jean-Marc Ayrault, François Hollande et les autres de défendre des amendements …destinés à défendre le droit d'amendement. Leur colère était donc bien légitime. Aujourd'hui, la gauche n'assistera pas aux questions au gouvernement et sera donc absente de l'hémicycle.
Ce combat n'a rien d'anodin et les Français auraient tort de le considérer comme anecdotique ou dans la tradition de l'opposition parlementaire. Il s'agit d'un droit essentiel des parlementaires que la majorité de droite veut museler. Comme l'a dit Laurent Fabius « on musèle les chiens et encore il faut qu'ils soient méchants. » Nicolas Sarkozy et le gouvernement, rejoints par Jean-François Copée et la majorité UMP-Nouveau Centre, se sont rendus compte que la réforme de la Constitution permettait aux parlementaires de bénéficier de droits nouveaux. En réalité, ce sont les droits de la majorité qui ont été accrus, pas ceux de l'opposition. Le droit d'amendement, non visé par la réforme récente de la constitution, a été jugé excessif pour cause d'obstruction par la droite. Les députés socialistes ont eu beau jeu de démontrer qu'aucune loi importante et durable n'avait été prise en urgence au cours de l'histoire. Loi de séparation des Eglises et de l'Etat, loi sur les associations, loi sur la liberté de la presse…il a fallu des mois d'examen, de débats au Parlement et dans l'opinion publique pour qu'on parvienne à élaborer des textes qui ont passé le temps et les modes. A vouloir passer en force, la majorité court le risque de voter des lois mal étudiées, inapplicables, des lois de circonstance…C'est donc une liberté fondamentale que la droite veut remettre en cause. Les députés socialistes et d'opposition ne se battent pas seulement pour défendre leur capacité à s'opposer, ils se battent pour défendre les droits du Parlement, Droite et Gauche confondues. Il est lamentable que les Accoyer, Karoutchi, Coppée (UMP) s'acharnent à faire taire l'opposition parlementaire. S'il ne reste plus à l'opposition que la rue pour relayer le mécontentement et être entendue, il faut s'attendre à des mouvements brusques. Pour le moins.

Aucun commentaire: