11 janvier 2009

Nos actes nous suivent : il faut accepter d'en payer le prix

François Loncle a offert à Hubert Zoutu, maire d'Heudebouville, un album sur la vie de Barack Obama. (photo JCH)
Au cours de la cérémonie des vœux organisée à la mairie d'Heudebouville par Hubert Zoutu, nouveau premier magistrat de cette commune depuis les dernières élections municipales, le président de la CASE, Franck Martin, a évoqué l'action de l'EPCI (1) qu'il préside. Il a répondu aux questions posées par notre «Barack Obama» local en présence de son conseil municipal, des responsables associatifs heudebouvillais et de François Loncle, député. Je reviendrai ultérieurement sur certaines des questions abordées.

Comme Hubert Zoutu avait fait allusion à la situation internationale et au conflit israélo-palestinien, déplorant les nombreuses victimes palestiniennes et la spirale infernale de la guerre, le maire de Louviers a, à son tour, tenu à aborder ce grave sujet. Son intervention peut se résumer en une phrase : «les puissances qui veulent punir les peuples ont tort. En agissant ainsi, elles n'atteignent jamais les objectifs qu'elle se fixent. » Je ne donne pas tort à Franck Martin sur ce point et les exemples qu'il a cités : l'Allemagne d'après la première guerre mondiale et les humiliations infligées par la communauté internationale, le Vietnam et la lutte à mort de son peuple, etc. montrent bien que, quels que soient les moyens militaires déployés, les solutions durables et acceptables par les parties en conflit ne peuvent être que politiques.

Franck Martin a, cependant, voulu connoter localement son propos en se tournant vers François Loncle et en mettant en cause le comportement de ce dernier et de ses amis, les accusant d'être animés par le venin (mot qu'il n'a pas utilisé) de la vengeance. Le raisonnement de Franck Martin ne tient pas. Pour une raison simple : un vainqueur ne se venge pas d'un vaincu. En étant élu député de la 4e circonscription de l'Eure lors des dernières élections législatives, François Loncle a largement dominé les débats à gauche et le verdict des électeurs est, en lui-même, la réponse aux questions que se pose encore Franck Martin.
Il sait bien qu'il a eu le tort d'être un candidat de division aux législatives, que cette candidature a semé la zizanie dans une équipe municipale qui fonctionnait tant bien que mal. Il sait aussi que son attitude est demeurée très majoritairement incomprise et inexplicable rationnellement même par ses proches.
Ce galop d'essai a tout bonnement exprimé le vrai objectif du maire de Louviers — faire perdre François Loncle — et mis au jour les moyens pour l'atteindre (2). Une fois révélé ce nouvel ordre des choses, la confiance ayant disparu, le Parti socialiste s'est rangé à cette constatation : l'union de la gauche est pour le maire de Louviers une nécessité électorale personnelle qui ne repose sur aucune sincérité politique, aucune vraie volonté d'unité, ni sur aucun sentiment si tant est que cette notion ait encore quelque valeur dans un monde politique cruel. Pour ma part, elle en a.

Dès lors, il devenait inévitable que la rupture soit consommée. Ses clins d'œil à la droite et ses appels à l'union avec le Centre ont achevé le processus de séparation. C'est parfois long mais il faut avoir le courage de mettre un terme aux histoires bancales. Le maire de Louviers a tort de chercher les causes de la rupture là où elles ne sont pas. Et dans son équipe, aucun geste, aucune attitude, aucune parole ne sont venus contredire l'attitude du chef. Au lendemain de la défaite législative du président des radicaux de gauche de l'Eure, on a bien entendu, ici ou là, quelques regrets, quelques «on le lui avait bien dit» (je ne citerai pas de noms, les auteurs se reconnaîtront) mais le mal était fait et, surtout, c'était trop tard car «nos actes nous suivent.»

Pas de vengeance là-dedans. Une simple leçon de realpolitique. La nouveauté c'est que les socialistes de Louviers ont été solidaires, quasi unanimes sur les choix stratégiques. Ils en ont payé le prix avec leurs camarades communistes et des hommes et femmes de gauche non partisans. Justement, se retrouver dans l'opposition était le prix à payer. Ils n'en éprouvent aucun regret puisqu'ils ont recouvré leur liberté de parole et d'action.
(1) Etablissement public de coopération intercommunale
(2) Le désistement du candidat PRG avant le second tour n'était qu'un moyen de se défausser. Il n'avait plus aucun atout en main.

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