1 février 2009

Condamné à une amende : et alors ?

Les manifestants étaient paisibles et responsables. (photo JCH)
Sans dramatiser à l'excès l'incident qui s'est produit lors de la grande manifestation ébroïcienne et a abouti à la conduite au poste de police d'un manifestant amateur de gros mot, on peut en tirer quelques enseignements. D'abord, quand 15 à 20 000 personnes sont dans la rue, c'est le signe d'un vrai malaise. Là-dessus, tout le monde est d'accord, même Mme Lagarde, ministre de l'économie, qui prévoit des « troubles sociaux ». Le tout est de s'entendre sur le mot troubles.
Ensuite, la quasi totalité des manifestants était des personnes paisibles, sans arrogance, scandant des slogans anti-sarkozy et anti-capitalistes. De nombreux élus : conseillers régionaux, conseillers généraux, maires, adjoints (parmi lesquels de nombreux socialistes) avaient ceint leur écharpe afin que nul n'en ignore.

Il se trouve que dans une rue du centre-ville, un manifestant manifestement éméché a insulté les policiers postés sur le trottoir. Et il se trouve qu'au lieu d'ignorer cette insulte, les policiers lui sont tombés sur le râble, l'ont traîné jusqu'à une boutique prenant ainsi le risque de créer, pour le coup, une réaction disproportionnée de ses camarades. Heureusement un service d'ordre improvisé a empêché l'incident de dégénérer. Nous sommes nombreux à nous poser des questions. Pourquoi les six policiers ont-ils pris le risque d'affronter une foule si dense ? Manque d'à propos, consignes de fermeté…il faut savoir qu'à Saint-Lô, des parents, des profs…ont été molestés pour avoir osé siffler le président…ce qui vient d'entraîner la mutation du préfet de la Manche et du commissaire de police. Quelles étaient les consignes préfectorales ou ministérielles ?

Lorsque la rue manifeste, la police doit veiller au respect et à la protection des biens et des personnes. Elle ne doit pas répondre aux provocations. Le préfet Grimaud, celui-là même qui dirigeait les forces de police à Paris en 1968, a évité bien des morts en faisant preuve de discernement et d'intelligence. D'après les témoins directs de la scène ébroïcienne, les policiers n'en menaient pas large face à la foule qui scandait « libérez notre camarade. »
L'épilogue ? Le manifestant incriminé a été emmené au poste, il sera vraisemblablement poursuivi pour outrage. Il sera condamné par la justice à une amende. Et alors ?

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