5 février 2009

Le maire de Louviers nous fait le coup de l'héritage

Michel Doucet et Christian Renoncourt défendront nos choix devant le conseil municipal (photos JCH)

L'honneur d'un élu c'est d'assumer ses responsabilités. De les expliquer mais surtout de ne pas les fuir. Dans La Dépêche d'aujourd'hui, le maire de Louviers tente de justifier l'augmentation des impôts sur la base de trois arguments : la crise globale, le rôle de l'Etat et, surtout, l'héritage des maires précédents. Qui va croire que c'est la faute d'Edouard, maire de 1971 à 1976, si les impôts augmentent (il y a eu aussi Henri et Odile entre deux) ! Le coup de l'héritage est un grand classique de l'irresponsabilité. Tout le monde le pratique, gouvernement, présidents de collectivités, maires…Mais Franck, pas toi ! Pas ça !

Car le coup de l'héritage, cela peut marcher deux ans, voire trois années après la prise de pouvoir. Pas après treize ans de mandat et pas après treize budgets qui auraient dû permettre de modifier la donne ! Michel Doucet, adjoint aux finances, a souvent tenté de freiner les appétits du maire. Par loyauté, les élus socialistes ont voté les budgets et assumé leur part comptable malgré les insatisfactions et les couleuvres avalées. Notre regret et aussi notre erreur ? Avoir trop attendu pour afficher publiquement nos désaccords devenus profonds.

La municipalité actuelle est au pouvoir depuis 1995. Nous sommes en 2009. Qui peut croire un seul instant que pendant ces treize années, le maire n'a pu absorber le choc des gestions précédentes ? Qui peut croire que le niveau des investissements, le taux d'épargne et le taux d'endettement actuels de la ville ne sont pas les fruits de la politique menée depuis treize ans ? Comment un maire digne de ce nom peut-il n'invoquer que des conditions extérieures à sa gestion pour justifier les choix effectués « la mort dans l'âme » qui le conduisent à théâtraliser l'augmentation des impôts locaux, à l'inverse de toutes ses promesses et de tous ses engagements de campagne électorale ?

Il se trouve que nous avons, avec rigueur et continuité, annoncé ce qui se produit aujourd'hui. Qu'avons-nous écrit dans nos documents de campagne ? « Nous nous engageons à ne pas augmenter les impôts locaux pour ne pas porter atteinte au pouvoir d'achat. Nous ramènerons les dépenses de communication et des fêtes et cérémonies à leur niveau de 2001 soit 500 000 euros d'économie. Nous appliquerons strictement les procédures d'engagement des dépenses qui sont piétinées dans les domaines réservés du maire. » Et nous ajoutions : « Actuellement la municipalité s'engage dans des dépenses de prestige non productives de services à la population. Elle multiplie les équipements coûteux en investissement et en fonctionnement pour le futur. Et surtout, elle finance exclusivement les investissements par l'emprunt, générateur d'impôts pour les années futures et pénalise les générations à venir. »

Autrement dit, ce qui arrive un an à peine après l'élection municipale, nous l'avions largement anticipé et annoncé. La semaine dernière, dans un article publié dans La Dépêche, Michel Doucet a bien expliqué le processus en cours. Notre démonstration est donc implacable. Le maire a beau retourner le problème dans tous les sens. Ce qui arrive aujourd'hui était prévu hier et avant-hier. Et c'est bien pourquoi aucun accord n'a été possible entre nous et lui lors de l'élaboration des listes municipales. Nos anciens élus (PS) ont refusé de cautionner une politique acculant, par exemple, le maire de Louviers à déclarer devant ses collègues des communes alentour médusés : « A partir du moment où l'on ne peut plus payer, il n'est pas normal que l'on continue à subventionner les habitants des autres communes. » Mais ce maire n'est-il pas également président de l'agglomération ? Et la solidarité ? Et la communauté de projets ?

Notre position ne variera pas d'un iota : le maire doit reconnaître ses erreurs, il doit tirer les conclusions de ses choix sans charger la barque des impôts lovériens. A lui de faire preuve d'imagination, à lui de retarder tel ou tel projet, à lui de faire des économies dans tel ou tel domaine. Comme je l'ai déjà écrit, nous pouvons lui faire des propositions coûteuses pour son ego pas pour le portefeuille des Lovériens.

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