26 juin 2009

Quand la fiction devance la réalité : l'attentat de Karachi ressemble à celui de Ryad

Grotesque. C'est ainsi que le président Sarkozy a répondu à un journaliste qui souhaitait l'interroger sur l'attentat de Karachi. Plusieurs cadres de la DCN (direction des constructions navales) sont morts dans l'explosion de leur mini-bus alors qu'ils se rendaient à leur travail. Pendant des mois, les juges avaient privilégié la piste Al Qaida. Quand une bombe explose, c'est Al Qaida. Quand des terroristes agissent, c'est Al Qaïda. C'est pratique.
Sauf que les juges français, Marc Trévidic et Yves Jannier, sous la surveillance attentive des avocats des familles des victimes, ne se sont pas contentés de trop fortes évidences. Ils ont travaillé leurs dossiers et abouti à la découverte d'une autre piste : des forces secrètes pakistanaises auraient voulu se venger d'une promesse de rétrocommissions non tenues de la part des autorités françaises pour une vente de sous-marins. Il se dit que des promesses ont été avancées par Edouard Balladur et que Jacques Chirac, en arrivant à l'Elysée, a dit Niet pour gêner les rentrées financières de son rival Balladur et «néanmoins ami de trente ans». L'enquête s'oriente désormais plutôt vers une «affaire d'Etat», selon les termes employés par Me Morice, l'un des avocats des familles de victimes.

Bizarrement, un scénario a été écrit pour une fiction de Canal Plus dans le cadre des créations originales de la chaîne. L'agence Capa d'Hervé Chabalier a tourné une fiction sur la base d'événements identiques à ceux que les juges français semblent avoir mis au jour. L'attentat a eu lieu à Ryad (et non Karachi) et les commissions et rétrocommissions (pour les hommes politiques français) non versées ne l'ont pas été pour des sous-marins mais pour d'autres moyens militaires. Comme la vengeance appelle la vengeance, les services secrets français organisent à leur tour un attentat contre les auteurs présumés de l'assassinat des agents ou militaires français. On n'en finit pas.
Il parait que ces commissions et rétrocommissions (pour des frégates, des drones, des sous-marins, des avions etc.) sont, si j'ose dire, monnaie courante dans ce monde des ventes d'armes. Mais gare à celui ou ceux qui n'honorent pas leurs engagements. Comme ces choses-là sont sérieuses, ont tue facilement…et on contre-tue également très aisément. Grotesque en effet.
(photo AFP)

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