7 août 2009

Bruno Le Maire face à la grogne des producteurs de fruits et de légumes

700 millions d'Euros ! Pas 332 ni 500 mais 700 millions ! Ce serait le montant des remboursements exigés par Bruxelles de la part des producteurs de fruits et de légumes lesquels auraient bénéficié d'aides du gouvernement français. L'équilibre nécessaire à une concurrence loyale avec les producteurs espagnols et portugais aurait ainsi été rompu.
Ces aides ont été versées aux maraîchers dans les années quatre-vingt dix mais plusieurs ministres de l'Agriculture ont joué la montre et retardé le plus possible l'appel au remboursement. La précipitation avec laquelle a réagi Bruno Le Maire (1) à la relance bruxelloise en faveur de ce remboursement en a étonné plus d'un. S'est-il fourvoyé en disant ce qu'il pensait vraiment du dossier ? N'en maîtrisait-il pas suffisamment les données ? Toujours est-il que depuis sa saillie publique, Bruno Le Maire est contraint de ramer pour atténuer la grogne des producteurs de fruits et légumes qui ont annoncé tout net qu'ils ne rembourseraient rien. Et peut-être aussi celle de M. Sarkozy qui souhaite être tranquille dans la maison de Carlita au Cap Nègre « à condition qu'on nous laisse tranquilles ». Compris Bruno !
Le ministre promet depuis…d'aller à un train de sénateur et d'attendre le résultat d'enquêtes individualisées forcément longues. Qui a touché quoi, pourquoi, quand ? Et en plus, le contexte actuel étant ce qu'il est, M. Le Maire vient de proroger le délai permettant les ventes directes au bord des routes et sur les places des villages. Les prix à la production des fruits et légumes sont, en effet, jugés insuffisants pour permettre aux professionnels de gagner correctement leur vie. Ces ventes directes sont satisfaisantes pour les vendeurs et les clients.
Les coûts de main d'œuvre en Espagne et au Portugal sont deux fois moins élevés qu'en France. La fameuse « concurrence libre et non faussée » du projet de traité constitutionnel désavantage les états protecteurs, avancés sur les plans social et fiscal. La concurrence faussée, pour l'OMC et la Commission européenne, ce sont les taxes, les réglementations, les régulations qui placent l'homme avant les marchandises. La concurrence libre et non faussée n'est rien d'autre que la loi de la jungle…Bruno Le Maire devra dire un jour ce qu'il pense du traité de Lisbonne et de la politique européenne, un domaine où son expertise s'est — n'en doutons pas — accrue pendant les mois passés au sein de son secrétariat d'Etat.
(1) Actuel ministre de l'Agriculture et tête de liste de l'UMP aux prochaines élections régionales en Haute-Normandie.

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