13 décembre 2009

« Le colonel Fabien était mon père » par Monique Georges invitée de la SED

Quelle famille, quelle saga ! Avec Monique Georges (photo JCH) invitée de la Société d'études diverses, samedi à Louviers, nous avons connu une vive émotion et vécu une intensité dramatique certaine au récit des six années qui ont conduit huit membres de sa famille soit vers la mort, soit vers les camps nazis soit encore dans les prisons de Moscou.

Monique Georges a été professeur au collège du Hamelet. Qui sait qu'elle était la fille de Pierre Georges (1) le colonel Fabien qui a donné son nom à une place de Paris et une station de métro pour un engagement exemplaire durant les années terribles de 194O à 1944 ? Qui sait que son grand-père et l'un de ses oncles ont été « choisis » parmi les otages communistes pour être fusillés à titre de représailles ? Qui sait que sa maman a été déportée au camp de Buchenwald pour avoir distribué des tracts signés du parti communiste et appelant à lutter contre l'occupant ? Qui sait, encore, qu'un de ses oncles « plus stalinien que les autres » prisonnier à Moscou dans des conditions bien décrites dans son livre, est celui qui a permis la reconstitution du camps de Gurs (2) dans le sud de la France ?

Monique Georges, si elle reconnaît que l'Histoire avec un grand H a surtout retenu les actions de son père mort tragiquement lors des combats livrés au sein de la Première armée en Alsace, elle n'en minimise pas pour autant le courage de toute une famille mue par un même idéal social et égalitaire. Une famille qui n'a pas supporté la drôle de guerre et encore moins « l'étrange défaite » pour reprendre l'expression de l'historien Marc Bloch.

Que Pierre Georges se fût engagé à 16 ans dans les brigades internationales pour faire la guerre aux franquistes et pendant deux années, voilà qui explique la suite : le rejet des accords de Munich, le doute devant le pacte germano-soviétique, l'évidente nécessité de recourir à l'action armée pour obtenir, un jour, le départ des nazis.
Pierre Georges est une figure légendaire du Parti communiste français, il a été de ceux qui ont combattu, à l'intérieur des frontières hexagonales, au mépris du danger, au péril de leur vie pour que la France recouvre sa liberté et son indépendance.

Alors, la lecture de la lettre de Guy Mocquet, ce jeune communiste fusillé à l'âge de 17 ans, souhaitée par Nicolas Sarkozy, laisse Monique Georges dubitative : « Les lettres des fusillés, on en a fait des livres. Il en existe des centaines. vous y lirez des appels à l'espoir et l'expression de convictions profondes qui, d'une certaine façon, nous dépassent tous. » Pourquoi celle-là ? Récupération tranche Monique Georges.

Enfin, comment ne pas insister sur le rôle des femmes, de sa maman qu'elle ne revit qu'en 1945, de retour de déportation et qui n'était pour elle « qu'une étrangère. » Mais à l'évidence, elle eut beaucoup d'amour pour sa fille au point de lui permettre de vivre une vie comme celle des autres même si l'image du père la poursuit encore…et depuis la sortie de son livre « que de lettres, que de témoignages qui m'en apprennent encore tellement sur lui. »

(1)Le colonel Fabien était mon père : Monique Georges. Editions 1001 nuits collection Document 320 pages, 20,20 euros
(2) Avec une capacité " d'accueil " de 18500 personnes, le camp de Gurs est le plus grand camp du sud de la France. Construit en 42 jours, de mars à avril 1939 pour interner les combattants de l'armée républicaine espagnole vaincue par le franquisme, il sera utilisé ensuite comme centre d'internement pour les indésirables du régime de Vichy et deviendra l'une des bases de la déportation des juifs en France.

Prochaine conférence de la SED le samedi 23 janvier 2010 à 16 heures. Invité Jean-Charles Houel (eh oui). J'évoquerai quelques grandes rencontres faites au cours de ma vie de journaliste à Louviers.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Avoir Claude Cornu, Bernard Bodinier et Monique Georges comme prof d'histoire à Louviers, les élèves de Louviers comme moi ont eu beaucoup de chance et apprécient l'histoire grâce à eux, c'est sûr !

Pascal Fichaux

Anonyme a dit…

D'où l'interêt de ne pas supprimer les cours d'histoire en Terminale S, M. Fichaux ?

Anonyme a dit…

Absolument d'accord. Les cours d'histoire doivent être maintenus dans toutes les filières du bac.
En politique, je mange à la carte et pas au menu UMP et là, c'est une erreur que je dénonce.

Pascal Fichaux

J'en profite pour ajouter J Quéré à ces bons profs d'histoire, il m'en voudrait !

Anonyme a dit…

Les cours d'histoire sont importants et on devrait même enseigner à s'approprier l'histoire et de réfléchir par soi-même, car chaque auteur y met sa touche personnelle.
Les cours d'histoire que j'ai eu en Allemagne n'avaient pas le même regard que les cours que j'ai eu en France ensuite.
Aujourd'hui j'ai mon propre regard et je sais que je peux être acteur de l'histoire si je le désire.

Sylvia Mackert