7 février 2009

Plus on est de fous, plus on rit !

Ayons une pensée pour les maires de l'agglomération Seine-Eure qui, à en ce 7 février, sont à Cherbourg, sur le chantier du Marité. A l'initiative de Jacques Laroche, président de l'Association des maires de la CASE, les volontaires (ils ont voté une subvention de 45 000 euros pour aider le groupement d'intérêt public mis en place pour gérer le voilier terre neuva, du moins ce qu'il en reste) ont pris la route, tôt le matin, pour La Manche et le radoub de Cherbourg. Là, le président Martin leur a expliqué quel beau rêve et quel magnifique investissement ils réalisaient en rénovant ce monument du patrimoine marin dont on ignore encore la date de remise à l'eau.

Le 13 mars, ceux qui le veulent, visiteront la déchetterie de Vironvay et à 18 heures, prendront leur repas sur place, à la Base Intermarché. Les conjoints et les adjoints sont évidemment invités même si une participation financière leur sera demandée.

Après l'assemblée générale (au Pré Saint-Germain ?) et «la visite d'usine du laboratoire Pasteur» (sic) les 5 et 6 septembre les attend un événement formidable. Grand voyage en direction de la Vendée et des chouanneries avec une « sortie-détente au Puy du Fou. » Sur le site de Tourisme-Océan on peut lire : «Evadez-vous au Grand Parc du Puy du Fou®, pour un séjour inoubliable ! Offrez-vous une respiration en pleine nature et laissez-vous étourdir dans un tourbillon de spectacles et d’animations à couper le souffle. Plongez au coeur de l’action et de l’émotion : revivez les jeux du cirque, les attaques Vikings, les tournois de chevalerie, les combats de mousquetaires, l’art ancestral de la fauconnerie …Avec des dizaines de divertissements de jour, ses grands spectacles de nuit, ses restaurants, et ses 45 hectares de nature, les journées du Puy du Fou sont riches en aventures et débordantes d’action.»
Quelle belle journée ce sera ! Parions que Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, président du conseil général de Vendée et ardent promoteur de, par exemple «la Bataille du Donjon» (notre photo) sera présent pour accueillir ses collègues élus de Seine-Eure. Que vont vivre ces élus ? Je vous le livre tel quel : « Si vous avez de la chance, vous serez peut-être choisis dans le public, habillés en Damoiseau ou Damoiselle et conduit dans la tribune de la Reine Isabeau, pour suivre le spectacle. Sinon, ne soyez pas déçu, d'où vous serez vous pourrez tout aussi bien suivre l'histoire d'Isabeau et de Guyon. Un bouffon va commencer par créer l'animation de part ses facéties, puis, soudain, s'élevant comme de la terre, une musique. Pour les cinéphiles, il sera aisé de reconnaître la bande originale du film "Le dernier des Mohicans". Envoûtante à souhait, elle annonce le début du spectacle... Nous sommes en 1429, la guerre fait rage entre les français et les anglais. Isabeau et Guyon vont se quitter, il part à la guerre. Les chevaliers du Puy du Fou s'avancent alors vers le public, portant haut et fier leur couleur et vont se livrer sous nos yeux, à de véritables joutes. Puis Isabeau et Guyon se lancent à leur tour, dans un véritable ballet d'adieu où le cheval mène la danse. On reste silencieux, c'est magnifique. Guyon part, mais les valeureux chevaliers reviennent et se livrent à des numéros d'acrobaties où le cheval et l'homme ne font qu'un tant l'harmonie est parfaite. On reste le souffle coupé. Mais les anglais arrivent avec leurs terribles machines de guerre, crachant des flammes. La bataille s'annonce terrible. Les lions affrontent la fleur de lys. Guyon ne reviendra pas..... Pour clôturer le spectacle, un magnifique lâcher de colombes vient survoler le public. Ah ! belle représentation que vous nous avez fait vivre là messieurs les chevaliers et belle Isabeau.»

Ah, quel dommage de ne pas adhérer à cette association des maires (il est vrai qu'il faut être maire) de ne pas être adjoints ou conjoints ou comptes-joints puisqu'il faudra (quand même) participer au voyage financièrement. Le prix par personne en demi-chambre double sur la base de 50 personnes mini dans un car est de 230 euros. Départ le 5 septembre à 6 heures devant la Maison commune. Plus on est de fous, plus on rit !

La majorité des Français pas convaincue par Nicolas Sarkozy : pas juste, pas cohérent, pas efficace

La prestation de Nicolas Sarkozy sur les chaînes de télé les plus regardées (TF1, France 2 et M6) et la chaîne de radio la plus écoutée (RTL) ne fera pas date dans l'histoire de la télévision. Non pas que le comédien ne soit pas bon, c'est son texte qui fait répétition dans tous les sens du mot. Voilà des semaines que lui et les siens nous assènent des : « on ne change pas de cap, on maintient les réformes au rythme initial » comme si la manifestation du 29 janvier dernier n'avait pas existé. Nicolas Sarkozy a raison : « quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit. » Personne étant lui-même.
Un sondage effectué hier pour «Le Parisien» révèle que 52 % des personnes interrogées ne l'ont pas trouvé convaincant (avec 15 millions de téléspectateurs cela fait 7,8 millions de Français non convaincus) 36% l'ont trouvé convaincant alors que 12% ne se sont pas prononcés. La politique de Nicolas Sarkozy est jugée «pas cohérente» par 51% des personnes interrogées, «pas juste » par 56% et «pas efficace» par 59%.
Autrement dit, la prestation télévisée du président n'a pas rassuré les Français sur les moyens et les propositions mis en œuvre pour lutter contre la crise. Parmi les commentateurs, il n'y a guère que les partisans fanatiques pour se satisfaire des propositions de sa majesté. La presse, en majorité, et la Gauche, syndicale et politique, sont extrêmement sévères avec Nicolas Sarkozy. Le thème récurrent est le suivant : il ne mesure pas bien les effets de la crise sur les Français. Le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, engagement réaffirmé jeudi par le président de la République, est une mauvaise chose pour 57% des personnes interrogées, contre 34%. C'est dire l'attachement de nos concitoyens aux services publics et aux fonctionnaires qui les font tourner. Qu'ils soient 57 % à être d'accord avec la suppression de la taxe professionnelle n'est pas étonnant puisque seules les entreprises la paient. Cette TP est indolore pour les ménages mais c'est une recette estimée à 26 milliards d'euros par les responsables des collectivités locales qui se demandent comment le gouvernement va remplacer cet outil fiscal de manière durable. Et sans même leur avoir demander leur avis. Eric Woerth, ministre du budget, a même dû quitter le plateau de l'Elysée lors de l'annonce présidentielle, pour aller en coulisses tenter de calculer les conséquences chiffrées de cette surprise du chef.
Benoit Hamon et Manuel Valls ont bien résumé l'objectif du président : gagner du temps, jouer la montre. Rendez-vous avec les syndicats le 18 février : « ensuite on aura trois ou six mois » pour aller vers les décisions. C'est ce qu'on appelle reculer pour mieux sauter.

6 février 2009

François Loncle réagit à la prestation de Nicolas Sarkozy : cétait ringard

François Loncle, député, m'a adressé le texte suivant :
« Ce qu’il faut d’abord retenir de l’intervention télévisée de M. Sarkozy, c’est l’incroyable ringardise avec laquelle cette émission a été conçue à l’Elysée. Aucune démocratie européenne ou nord-américaine n’aurait osé procéder de la sorte. Comment s’étonner des difficultés de la presse française et de sa perte de crédibilité dans l’opinion publique quand on observe la complaisance des quatre journalistes choisis par le Président qui, à aucun moment, n’ont cru bon d’exercer leur droit de suite.
Cela rejoint la façon de procéder d’une grande partie de la presse française qui, pour venir au secours d’un ministre de M. Sarkozy, ne trouve rien de mieux que de faire le procès d’un des rares journalistes français qui excelle dans l’investigation et a le courage de dénoncer les impostures.
Après la décision du président de la République de nommer et de révoquer lui-même les dirigeants de l’audiovisuel public, la question de la liberté de l’information en France est décidément posée. »

Vers une suppression de la taxe professionnelle « qui ne joue qu'à la marge » ?

15 millions de Français étaient devant leur poste de télé hier soir, pour écouter et voir Nicolas Sarkozy. Au-delà du blabla de circonstance, je retiens qu'il a annoncé la suppression de la taxe professionnelle en 2010. 2010 c'est l'année prochaine. La taxe professionnelle, c'est la taxe versée à la communauté d'agglomération Seine-Eure et qui assure la plus grande partie de ses recettes donc de ses dépenses. La supprimer va faire plaisir aux chefs d'entreprises. Mais cette recette disparue, il faudra bien lui trouver une remplaçante.
Le président a été clair : on a du temps devant nous pour y réfléchir. En attendant, les représentants des collectivités territoriales agitent un drapeau rouge. Ils font savoir au président qu'ils ne se laisseront pas dépouiller de cette recette sans vraie contrepartie. Ils savent que Nicolas Sarkozy s'était engagé à se rendre à Grandrange en avril et qu'on l'y attend toujours. Jacques Chirac aussi avait promis la suppression de la TP, c'était il y a très longtemps…

Un journaliste de Libération a posé la question suivante à un spécialiste de l'économie : « La fin - même partielle - de la TP peut-elle toutefois avoir un impact sur les délocalisations ? »
« La fiscalité, et en particulier la TP, ne joue qu'à la marge sur les choix de localisation. Il y a d'autres déterminants plus importants pour les entreprises, comme la demande sur un marché ou le coût de la main d'oeuvre. La France est le deuxième pays de l'Union Européenne qui reçoit le plus d'investissements étrangers (derrière le Royaume-Uni). Les entreprises viennent y chercher une localisation stratégique, au coeur du marché européen, mais aussi des savoir-faire, des compétences. »

L'incroyable taxe sur le droit de grève

Hervé Mariton est un fidèle de Dominique de Villepin. Il est bien à droite. Dans un rapport rédigé par ses soins, il vient de proposer une solution «formidable» pour empêcher les grèves : Taper les grévistes potentiels au porte-monnaie.
Le groupe SRC (dont les députés socialistes) de l'Assemblée nationale a publié ce matin le communiqué suivant : « la seule réponse qu' a trouvée l'UMP au mouvement social du 29 janvier est une nouvelle restriction du droit de grève. Suivant l'appel de son porte-parole, Frédéric Lefebvre, visant à taper les grévistes « à la caisse », le rapport Mariton préconise d'augmenter les retenues financières des salariés grévistes, sans rapport avec le nombre d'heures effectives.
Ce dispositif que le groupe UMP souhaite encore durcir n'est rien d'autre que la création d'une taxe sur le droit de grève visant à empêcher les salariés d'exercer un drtoit essentiel garanti par la Constitution. Nous demandons au président de la République de renoncer à ce projet qui aura pour seul effet de bloquer le dialogue social et d'enfoncer le pays dans une logique d'affrontement. »
Vous pouvez également retrouver le commentaire d'Alain Vidalies, vice-président du groupe chargé du travail et de l'emploi, par video sur le site Daily mlotion : http://www.dailymotion.com/GroupeSRC/video/

Quelle démocratie souhaite Olivier Besancenot ?

L'émission C dans l'air sur France 5 a consacré son émission d'hier soir à Olivier Besancenot et au NPA (Nouveau parti anticapitaliste) appelé à remplacer la LCR (ligue communiste révolutionnaire) d'Alain Krivine et des trotskystes.

Parlons d'abord du porte-parole du NPA : il est jugé sympathique, populaire, bon sur le plan médiatique mais sans concessions sur le fond. Pour les historiens et politologues présents, la principale inconnue du NPA va être l'osmose à réaliser entre des trotskystes historiques adeptes d'une culture politique ancienne et de nouveaux venus en politique séduits par le discours d'OB mais plutôt attirés par une certaine forme libertaire de la vie notamment sur le plan des mœurs. Que la LCR (3000 adhérents) soit passée à 9000 adhérents (NPA) est en soi une progression sensible mais encore insuffisamment significative pour en tirer un enseignement électoral. Et surtout savoir si l'effet Besancenot sera durable.

Le second point abordé dans l'émission a été la capacité d'union des différentes facettes de l'extrême gauche. Jean-Luc Mélenchon et son Parti de Gauche ont tendu la main au NPA « sans préalable » pour constituer un front de gauche et du non au traité de Lisbonne lors des prochaines élections européennes. Déjà le PC a dit oui. Pour les commentateurs, il est exclu que le NPA fasse l'union avec les léninistes, du moins ce qu'il en reste. Si l'on ajoute le POI (l'ancien parti des travailleurs) LO (Lutte ouvrière) on peut penser que l'extrême gauche se présentera en ordre dispersé aux prochaines européennes. C'était le cas aux présidentielles…Les sondages donnent actuellement près de 15 % des intentions de vote à l'ensemble de l'extrême gauche.

Troisième point : l'instrumentalisation du NPA par Sarkozy ? Tout le monde s'accorde à dire qu'Olivier Besancenot est sincère. Le NPA n'est pas une invention de l'UMP. Il défend des idées de la société, de la démocratie, de l'économie, même s'il ne précise pas clairement quelle démocratie il préconise (démocratie représentative, élective, directe, populaire…) ni quelle société non capitaliste il souhaite. C'est le principal reproche qu'il adresse au PS : ce dernier accepte la société de marché contrairement au NPA. Une question se pose : par quoi remplacer la société capitaliste globalisée qui fait preuve, ces temps-ci, d'une extrême vulnérabilité et d'une injustice sociale flagrante ?
Revenons à Sarkozy. Celui-ci souhaite-t-il utiliser le NPA pour affaiblir le PS ? Et si oui, comment ? Là-dessus les commentateurs sont divisés. Ce serait un jeu dangereux qui favoriserait François Bayrou et non Sarkozy et l'UMP. Sarkozy peut-il faire avec Besancenot ce qu'a fait Mitterrand avec Le Pen (1) ? Si le président actuel propose une proportionnelle forte aux législatives, on saura quelle tactique il a mis au point.

Quant aux relations du NPA avec le PS, c'est compliqué. Le positionnement de Martine Aubry, plus à gauche que Ségolène Royal, plait à de nombreux socialistes toujours séduits par le discours anticapitaliste et admiratifs d'un discours de radicalité. Mais le PS ne rechigne pas à aller au gouvernement, gère des collectivités territoriales, assume les contradictions du pouvoir, passe des compromis inévitables quand on est dans le réel des choix de gestion. A Louviers, nous avons une fraternité avec les militants du NPA. Nous sommes d'accord sur des sujets précis : atteinte aux libertés publiques, défense des services publics…d'autres thèmes uniront nos forces militantes. Mais comment aller ensemble au pouvoir ? Est-ce possible ?
Car reste la vraie question : quelle démocratie veut Olivier Besancenot et ceux qui le soutiennent ? On ne peut l'éluder. Conquérir le pouvoir par le bas (et non par les élites) c'est préconiser (en filigrane) une conquête différente de celle acquise par l'élection ? Avec quelle constitution, quels organes représentatifs…Quid de la dictature du prolétariat rejetée depuis longtemps par le PCF ? Voilà bien des questions auxquelles devront répondre le NPA, bien sûr, mais aussi les citoyens qui s'intéressent à la politique c'est-à-dire à notre destin collectif.
(1) Mitterrand non plus n'avait pas créé le Front national. Il a profité de la division de la droite.

5 février 2009

Onze organisations de gauche demandent un changement de cap

Le Parti socialiste et dix autres organisations de gauche réclament dans une “déclaration commune” publiée mardi soir, un «changement de cap» de la part de Nicolas Sarkozy et apportent «leur soutien aux mobilisations» actuelles.

« Les partis et organisations de gauche réunies mardi 3 février à Paris se félicitent de l’ampleur du succès de la mobilisation sociale du 29 janvier. L’importance des grèves et des manifestations qui ont marqué cette journée témoigne d’un rejet massif des choix politiques du gouvernement Sarkozy-Fillon, marque une colère légitime face aux vagues actuelles de licenciements et de suppressions d’emplois, dans le privé comme dans le public, confirme l’exigence d’un « bouclier social » à l’opposé du « bouclier fiscal » pour les plus riches et de mesures en faveur de l’emploi et des salaires à l’opposé des choix du gouvernement qui distribue sans contrepartie des milliards aux banques et aux grandes groupes.

Le message de la journée du 29 janvier est clair. Ce n’est pas au monde du travail, à la population de payer la crise. Contrairement à ce que vient d’affirmer le Premier ministre, la journée du 29 janvier porte clairement la demande d’un changement de cap, notamment sur les questions des salaires, de l’emploi, des services publics. Nicolas Sarkozy et le gouvernement ne peuvent se dérober à ces exigences et ignorer les grands axes avancés dans la plate-forme syndicale unitaire. Plus largement, un très grand débat public est nécessaire dans le pays sur les mesures alternatives aux choix politiques actuels qui permettront de s’attaquer réellement et efficacement aux racines de cette crise et d’imposer une autre répartition des richesses et un autre type de développement.

Les organisations réunies apportent leur soutien aux mobilisations qui se développent ces jours ci dans l’éducation, dans l’enseignement supérieur et la recherche où le gouvernement doit revenir sur la loi Pécresse et ses décrets d’application, dans les hôpitaux et la santé, où l’inscription à l’ordre du jour du Parlement le 10 février prochain du projet de loi Bachelot doit être annulée. Parce que ces textes représentent des attaques inacceptables contre les services publics, elles appellent à prendre et à soutenir dans les jours qui viennent les initiatives nécessaires pour les combattre. Elles s’alarment dans ce contexte des atteintes répétées aux libertés publiques et syndicales, qui en cherchant à intimider les mouvements de contestation, conduisent à une inquiétante dérive autoritaire du pouvoir qu’elles ne peuvent accepter.

Enfin, elles tiennent à apporter leur soutien à l’imposant mouvement social qui mobilise depuis plusieurs semaines la Guadeloupe, et demandent au gouvernement d’engager au plus vite de réelles négociations sur les revendications exprimées, notamment sur la question du pouvoir d’achat. Les organisations réunies ont convenu de se revoir après l’intervention télévisée présidentielle du 5 février et la réunion des organisations syndicales prévue le 9 février pour décider de la suite de leur démarche commune en appui du mouvement social. »

Ont signé ce texte : PS, PCF, PG, MRC, PRG, NPA, Alternatifs, LO, Alternative libertaire, PCOF et Coordination des collectifs antilibéraux.


Eric Besson et la délation

Les sans papiers qui dénonceront les passeurs bénéficieront de titres de séjour provisoires. C'est ce que propose l'ex socialiste Eric Besson devenu hypersarkozyste. Le ministre de l'immigration et de l'identité nationale veut élever la délation au titre d'une institution !

«Si la volonté de lutter contre les filières clandestines relève d’un souci louable, la méthode semble surprenante», déclare SOS racisme dans un communiqué. «La question des régularisations doit être approchée selon des règles claires et transparentes qui seraient issues d’une réflexion relative aux droits des étrangers et en aucun cas de considérations policières.» «Si l’Etat français décidait d’instituer cette manière de procéder, est-il en situation de garantir la sécurité physique dans les pays d’origine des personnes appartenant à la famille de celles et ceux qui auraient décidé de dénoncer tel ou tel passeur ?»
Officialiser la délation ne peut pas être une méthode de gouvernement. La France a trop souffert et souffre encore des lettres anonymes, des coups de fil sans correspondant, des rumeurs et des ragots…pour que la proposition de Besson soit prise aux sérieux en 2009. Comment peut-on tomber si bas ? Pour plaire à sa majesté ? Ou se dévoile-t-il finalement tel qu'il est ?

Le maire de Louviers nous fait le coup de l'héritage

Michel Doucet et Christian Renoncourt défendront nos choix devant le conseil municipal (photos JCH)

L'honneur d'un élu c'est d'assumer ses responsabilités. De les expliquer mais surtout de ne pas les fuir. Dans La Dépêche d'aujourd'hui, le maire de Louviers tente de justifier l'augmentation des impôts sur la base de trois arguments : la crise globale, le rôle de l'Etat et, surtout, l'héritage des maires précédents. Qui va croire que c'est la faute d'Edouard, maire de 1971 à 1976, si les impôts augmentent (il y a eu aussi Henri et Odile entre deux) ! Le coup de l'héritage est un grand classique de l'irresponsabilité. Tout le monde le pratique, gouvernement, présidents de collectivités, maires…Mais Franck, pas toi ! Pas ça !

Car le coup de l'héritage, cela peut marcher deux ans, voire trois années après la prise de pouvoir. Pas après treize ans de mandat et pas après treize budgets qui auraient dû permettre de modifier la donne ! Michel Doucet, adjoint aux finances, a souvent tenté de freiner les appétits du maire. Par loyauté, les élus socialistes ont voté les budgets et assumé leur part comptable malgré les insatisfactions et les couleuvres avalées. Notre regret et aussi notre erreur ? Avoir trop attendu pour afficher publiquement nos désaccords devenus profonds.

La municipalité actuelle est au pouvoir depuis 1995. Nous sommes en 2009. Qui peut croire un seul instant que pendant ces treize années, le maire n'a pu absorber le choc des gestions précédentes ? Qui peut croire que le niveau des investissements, le taux d'épargne et le taux d'endettement actuels de la ville ne sont pas les fruits de la politique menée depuis treize ans ? Comment un maire digne de ce nom peut-il n'invoquer que des conditions extérieures à sa gestion pour justifier les choix effectués « la mort dans l'âme » qui le conduisent à théâtraliser l'augmentation des impôts locaux, à l'inverse de toutes ses promesses et de tous ses engagements de campagne électorale ?

Il se trouve que nous avons, avec rigueur et continuité, annoncé ce qui se produit aujourd'hui. Qu'avons-nous écrit dans nos documents de campagne ? « Nous nous engageons à ne pas augmenter les impôts locaux pour ne pas porter atteinte au pouvoir d'achat. Nous ramènerons les dépenses de communication et des fêtes et cérémonies à leur niveau de 2001 soit 500 000 euros d'économie. Nous appliquerons strictement les procédures d'engagement des dépenses qui sont piétinées dans les domaines réservés du maire. » Et nous ajoutions : « Actuellement la municipalité s'engage dans des dépenses de prestige non productives de services à la population. Elle multiplie les équipements coûteux en investissement et en fonctionnement pour le futur. Et surtout, elle finance exclusivement les investissements par l'emprunt, générateur d'impôts pour les années futures et pénalise les générations à venir. »

Autrement dit, ce qui arrive un an à peine après l'élection municipale, nous l'avions largement anticipé et annoncé. La semaine dernière, dans un article publié dans La Dépêche, Michel Doucet a bien expliqué le processus en cours. Notre démonstration est donc implacable. Le maire a beau retourner le problème dans tous les sens. Ce qui arrive aujourd'hui était prévu hier et avant-hier. Et c'est bien pourquoi aucun accord n'a été possible entre nous et lui lors de l'élaboration des listes municipales. Nos anciens élus (PS) ont refusé de cautionner une politique acculant, par exemple, le maire de Louviers à déclarer devant ses collègues des communes alentour médusés : « A partir du moment où l'on ne peut plus payer, il n'est pas normal que l'on continue à subventionner les habitants des autres communes. » Mais ce maire n'est-il pas également président de l'agglomération ? Et la solidarité ? Et la communauté de projets ?

Notre position ne variera pas d'un iota : le maire doit reconnaître ses erreurs, il doit tirer les conclusions de ses choix sans charger la barque des impôts lovériens. A lui de faire preuve d'imagination, à lui de retarder tel ou tel projet, à lui de faire des économies dans tel ou tel domaine. Comme je l'ai déjà écrit, nous pouvons lui faire des propositions coûteuses pour son ego pas pour le portefeuille des Lovériens.

4 février 2009

L'Eure continue de trinquer : 798 licenciements prévus chez Glaxo à Evreux selon la CFE-CGC

« Sur le site industriel d'Evreux, malgré des bénéfices important sur l'année 2008, Glaxo Smith Kline a décidé de fermer son unité de recherche et de développement (96 licenciements secs), de supprimer presque la moitié des effectifs de sa production (702 licenciements sur un effectif de 1 652 salariés) et également 37 emplois sur le site de recherche des Ulis ».
Selon le syndicat CFE-CGC, d'autres plans sociaux vont suivre pour la finance, l'informatique et les ressources humaines. Cette déclaration a été faite à l'issue d'un comité central d'entreprise. On ne peut que déplorer la décision du groupe américain et constater la dégradation de la situation de l'emploi dans l'Eure. Plus que jamais, les élus du département et les syndicats de salariés doivent se battre pour obtenir la suppression des plans sociaux, d'abord et des conditions de départ favorables aux licenciés et des plans de reclassement performants ensuite si nécessaire.

Rectificatif : le débat d'orientations budgétaires de Louviers aura lieu le 23 mars

Le débat d'orientations budgétaires de la ville de Louviers aura lieu le 23 mars prochain et non le 16 février comme indiqué dans un de mes articles récents. Ce débat aura lieu quelques jours avant l'examen du budget primitif 2009 puisque la date limite pour l'adopter est fixée au 31 mars.
Le conseil municipal se réunira le 16 février pour examiner un ordre du jour sur lequel je reviendrai dès que j'en aurai connaissance.

Un économiste de gauche analyse le plan du Parti socialiste : crédible et applicable

Liêm Hoang-Ngoc, économiste de Gauche, était présent à Val-de-Reuil (notre photo) lors de la Fête de la Rose organisée par la Fédération de l'Eure du Parti socialiste en mars 2007. Il avait impressionné par son discours à la fois théorique, pratique et par sa compétence. Proche de Benoit Hamon, Liêm Hoang-Ngoc a répondu aux questions du site « LeCourant.info » et livré son point de vue sur le contre plan de relance détaillé par Martine Aubry. Nous en reprenons les principaux thèmes.
Pour lui, le plan du PS, contrairement au plan de relance sarkozien, marche sur deux jambes : « un volet consommation, un volet investissement. » On sait que le plan de la droite ne concerne que l'investissement et que les salariés ne touchent pas un centime des 26 milliards d'euros engagés par le gouvernement. La droite affirme que satisfaire la demande serait inefficace et que le gouvernement a fait un geste avec le paquet fiscal. « Ce paquet fiscal a un gros défaut : il a relancé l'épargne des plus riches et pas du tout la consommation. »
Les Lefebvre, Bertrand et compagnie, affirment que relancer la consommation cela reviendrait à verser de l'eau dans le sable. Liêm Hoang-Ngoc tord le cou à ce cliché. « L'action sur le pouvoir d'achat provoque un effet immédiat et significatif sur la croissance. » D'ailleurs, la consommation n'a-t-elle pas été le seul moteur de la croissance depuis 2002 ? « Son contenu en importation est bien moindre que ce que colporte la droite. Bien sûr, il faut viser les ménages qui ont une forte propension à consommer. Autrement dit ceux qui touchent de bas salaires et les minima sociaux. Le contre plan du PS aurait l'avantage, s'il était appliqué, de cibler ceux qui ont peu. »
Le souvenir de 1981 fait dire à la droite que les biens importés avaient mis à mal la balance commerciale et la monnaie. « Sur mille milliards de dépenses de conommation, 70 se portent sur les biens importés, précise Liêm Hoang-Ngoc. Et les ménages les plus modestent ne dérogent pas à la règle : 50 % des dépenses des bas revenus sont des dépenses contraintes. Loyer, eau, électricité, téléphone. Par définition ce sont des dépenses locales. Les biens importés concernent l'alimentation et l'électroménager. Si on relance le pouvoir d'achat, cela se traduira par une visite supplémentaire chez le coiffeur, une révision de la voiture, des vacances en France plus que par l'achat d'un écran plat importé de Corée. »
M. Woerth, ministre du budget, jure que le plan de relance du PS connaîtrait les mêmes déboires que celui de Mitterrand. «L’Etat français, souligne Liêm Hoang-Ngoc, a les moyens de financer le plan d’urgence présenté par Martine Aubry. Son montant, 50,5 milliards d’euros, soit 2,5% du PIB est financé en partie par la fin du paquet fiscal et en partie par le recours à l’emprunt. La suppression du paquet fiscal, c’est-à-dire la fin du bouclier fiscal et le rétablissement partiel des droits de succession, peut rapporter 14 milliards à l’Etat. Le reste est financé par l’émission de bons du trésor auprès des épargnants… …Il faut également lutter contre l’idée selon laquelle l’Etat Français est en faillite : la valeur de l’ensemble du patrimoine de l’Etat, (immobilier, infrastructure, participation dans des entreprises) est aujourd’hui supérieure au montant de la dette. Enfin pour répondre aux arguments selon laquelle le plan d’urgence du PS connaitrait les mêmes déboires que celui de 1981, il faut rappeler que la situation actuelle est bien différente de celle qui prévalait durant le premier mandat de François Mitterrand : aujourd’hui tout nos voisins européens relancent leur économie par la consommation. Seul le gouvernement français se focalise sur l’investissement. On se retrouve donc dans une situation diamétralement opposée à celle de 1981 où la France était le seul pays à utiliser une politique de relance. »
Le contre-plan de Martine Aubry est donc crédible et facilement absorbable par l'économie française. Simplement, il répond à une autre logique que la logique de la droite. Même les responsables des PME-PMI françaises ont demandé une relance du pouvoir d'achat. Ils savent bien que leur survie dépend de la confiance des consommateurs vivant en France.

Obama n'est pas Sarkozy : « je reconnais que j'ai foiré ».

Barack Obama lors de son discours d'investiture. (capture d'écran JCH)
« J'en prends la responsabilité et nous allons faire en sorte de régler le problème » a déclaré hier M. Obama. Tom Daschle représentait à ses yeux la meilleure option pour réformer le système de santé mais Barack Obama a assuré qu'il était impossible d'appliquer "deux poids et deux mesures". "J'ai fait campagne sur le thème du changement à Washington (...). Je ne veux pas envoyer le message de deux poids deux mesures au peuple américain, l'un pour les puissants et l'autre pour les gens ordinaires. »
Tom Daschle, pressenti par Le nouveau président des Etats-Unis pour devenir ministre du commerce, a des problèmes avec le fisc. Barack Obama a donc reconnu qu'il avait «foiré» en choisissant un homme, certes estimé et compétent, mais qui aurait pu altérer la crédibilité du message présidentiel. Dans une interview à CNN, Barack Obama n'a pas hésité un seul instant : il a reconnu publiquement qu'il avait fait preuve de légèreté et qu'il en avait aussitôt tiré les conséquences.
Imagine-t-on sa majesté Nicolas Sarkoy, président de la République française, reconnaître, sur quelque sujet que ce soit, qu'il a «foiré» ? C'est totalement impensable alors qu'il est évident qu'en deux ans de pouvoir (enfin presque) plusieurs décisions et réformes ont totalement foiré. Les institutions de la Ve République, cette monarchie républicaine, font du président l'homme intouchable presque infaillible. Détenteur d'une immunité sur mesure (Jacques Chirac a favorisé ce système) l'égo-président appartient à cette caste indéfinissable des «je sais tout» «je peux tout» totalement éloignée des préoccupations des gens modestes. Avocat d'affaires, appartement à Neuilly-sur-Seine, président du conseil général le plus riche de France… homme de clan, Nicolas Sarkozy va pourtant devoir, un jour ou l'autre, admettre que la démocratie française l'emportera sur une forme d'absolutisme. Les élections au suffrage universel vont le lui rappeler dès le mois de juin.

3 février 2009

Sarkozy, le CSA et l'égalité audiovisuelle…

Face aux propos qu'a prononcés ce mardi 3 février le président de la République concernant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, voici trois séries de chiffres incontestés : de juillet 2007 à septembre 2008, dernières données officielles connues, les temps de parole consacrés par les trois premières chaînes de télévision respectivement à la droite et à l’opposition dans les principaux journaux télévisés sont les suivants : sur TF1, 11 H 22 contre 3 H 39 ; sur France 2, 44 H 29 contre 18 H 24 ; sur France 3, 30 H 32 contre 15 H 53.
On peut en tirer la conclusion que le CSA est une institution remarquable, que la législation française est admirable, que le Président de la République est exceptionnel, on peut aussi penser que la réalité est totalement contraire à un pilier de la démocratie qui s’appelle l’égalité audiovisuelle. D’où la proposition de Laurent Fabius : établir l’égalité audiovisuelle. C’est simple. C’est démocratique. Et cela ne coûte rien.

Impayable Frédéric Lefebvre porte-parole de l'UMP

Je rentrais d'un court voyage à Paris, cet après-midi et j'écoutais sur France-Culture, le dénommé Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP et député (photo). A mourir et à pleurer de rire. L'homme est d'une vulgarité insensée, d'un aplomb incroyable, un vrai arracheur de dents patenté. Il a des formules qui n'appartiennent qu'à lui. Exemple : «quand on supprime des emplois dans la fonction publique, cela ne veut pas dire qu'on supprime des emplois.» Ah bon ? «Cela veut dire qu'on ne remplace pas les gens qui s'en vont.» Impayable ce Frédéric Lefebvre.
Quand il s'en prend à Martine Aubry, c'est le bouquet : «Je n'oublie pas que c'est celle qui voulait partager le travail. Travailler moins, c'est ce qu'elle voulait ! Les socialistes veulent même baisser la TVA qui profitera surtout aux riches.» Rien à voir avec le paquet fiscal et les 15 milliards donnés aux plus favorisés par Sarkozy et sa majorité ! Les 35 heures, je l'affirme, ont été un progrès énorme. Le problème ? C'est par une loi qu'elles ont été imposées et, dans certains secteurs, notamment celui de la santé, les difficultés du dossier avaient été, malheureusement, sous-estimées.
Sur l'intervention du président de la République jeudi prochain sur TF1 et France 2 ainsi que sur certaines radios, du Frédéric Lefebvre, cela donne à peu près cela : « Le président a entendu l'inquiétude et les angoisses des Français. Mais il ne changera pas de cap. Les réformes vont se poursuivre. » Ce Lefebvre est du pain bénit. Il affirme que le président va tenir compte des revendications des Français sur le pouvoir d'achat, la répartition des richesses, la justice sociale et il s'empresse d'annoncer que le président ne changera rien à ce qu'il a fait et ce qu'il a envie de faire. Autrement dit «Circulez y a rien à voir.»
Et pendant ce temps-là, un certain Yves Jégo, secrétaire d'Etat chargé de l'Outre-Mer, donne satisfaction aux demandes des Guadeloupéens en grève générale depuis le 20 janvier : RSA en 2009, billets d'avion moins cher, prix de l'essence, toutes les revendications sont satisfaites. Lilian Thuram dans un entretien avec le journal Le Monde rappelle qu'en 1967, la Guadeloupe s'était révoltée. Le pouvoir réprima la colère populaire. Il y eut 87 morts. Un an après, on vivait mai 68 en France. Et l'histoire, dit-on, ne se repète pas…

Mise en scène « antiterroriste » en Limousin : revenir au respect de l’état de droit

« Plus de deux mois après l’opération à grand spectacle menée par la police dite « antiterroriste » sur le plateau de Millevaches, que reste-t-il du battage orchestré par les autorités gouvernementales ? On avait annoncé le démantèlement d’un dangereux réseau de terroristes d’« ultra-gauche », curieusement baptisés « anarcho-autonomes », dont les actes de sabotage mettaient en danger des milliers de vies humaines. Des centaines de policiers avaient investi, à l’aube du 11 novembre, le paisible village de Tarnac en Corrèze, pour y arrêter un groupe de jeunes gens qui, on l’a appris peu à peu au gré de fuites savamment distillées, avaient pour premier tort de ne pas bien penser et de ne pas vivre comme tout le monde : lisant des livres jugés subversifs, menant une vie qualifiée par le Parquet de « dissolue » (sic), n’ayant pas – circonstance aggravante — de téléphone portable et donc plus difficiles à écouter à leur insu, ces dangereux révoltés ont été présentés comme les auteurs de dégradations récurrentes du réseau de caténaires alimentant les trains en électricité. Ils étaient, en réalité, si « clandestins » qu’ils géraient l’épicerie du village et étaient appréciés de tout le voisinage…
Au nom de lois d’exception qui, depuis vingt-trois ans, sacrifient le respect de l’état de droit à la gesticulation antiterroriste, on a mené une sorte d’opération de commando militaire ; on a violé la présomption d’innocence et le secret de l’instruction en ne communiquant à la presse que des éléments à charge et souvent déformés dont certains, de surcroît, n’étaient même pas communiqués aux avocats des personnes interpellées. On a qualifié d’actes terroristes des actes qui, s’ils ont retardé des trains et causé un préjudice à la SNCF, n’ont menacé la vie de personne. On a soumis ces jeunes gens à une garde à vue de 96 heures, on les a mis au secret et traités comme des détenus à très haut risque.
Heureusement, la justice a peu à peu contribué à décrédibiliser la dramatisation politico-policière. Au bout de quelques semaines, du réseau terrifiant annoncé (déjà réduit à cinq mises en examen) il n’est resté qu'une personne en détention provisoire. Yldune Lévy, malgré l’acharnement d’un parquet tenu de près, a été finalement à son tour libérée. Mais Julien Coupat, présenté comme le « chef » de ces « anarcho-autonomes » (au nom d’une conception assez hiérarchisée de l’anarchie…), reste derrière les barreaux, sans doute pour tenter de masquer l’inanité de la thèse ministérielle initiale. Ce qui ne relève en rien des motifs de recours à la détention provisoire tels que les énonce le code de procédure pénale.
Plus les jours passent et plus cette affaire évoque non pas la lutte, évidemment nécessaire, contre le terrorisme mais la volonté de faire admettre une extension insoutenable du champ de cette notion. Le « terrorisme » ne peut se définir sérieusement que comme le fait de chercher à terroriser les populations civiles par des actes de violences dirigées contre les personnes. Si les dégradations des caténaires doivent sans aucun doute faire l’objet de poursuites, rien ne justifie une assimilation qui étend potentiellement à l’infini le champ de lois d’exception déjà détestables dans leur principe. Et ni un mode de vie atypique ni des opinions minoritaires ne font de ces jeunes gens des délinquants.
La mise en scène de Tarnac n’est que l’aboutissement d’une stratégie de communication définie dans une circulaire ministérielle de juin 2008 lançant la chasse aux fantomatiques « anarcho-autonomes ». Comment expliquer autrement la communication illégale et très sélective à des journalistes de pièces du dossier classées « secret défense » ainsi que l’argument sidérant selon lequel la participation à une manifestation parfaitement légale à Vichy contre la politique de l’immigration constituerait un indice de culpabilité de l’une des personnes arrêtées ?
On voit comment une procédure d’exception, mise au service de postures politiciennes, débouche sur la violation de principes fondamentaux de l’état de droit : la disproportion évidente entre les moyens mis en œuvre et la situation réelle sur le terrain reflète la distorsion délibérée de la qualification d’acte terroriste ; la méconnaissance des limitations légales du recours à la détention provisoire ne sert qu’à tenter de justifier la dramatisation initiale de la présentation ministérielle de l’opération ; la violation massive de la présomption d’innocence ne vise de même qu’à persuader l’opinion de l’importance et de la gravité prétendues de l’affaire.
Justice et politique ne font pas bon ménage ; lois d’exception et respect des droits non plus. Les habitants de Tarnac et des alentours en ont fait une expérience qu’ils ne sont pas près d’oublier. Tôt ou tard, la gestion invraisemblable de cette affaire politico-judiciaire devra revenir au traitement raisonnable de ses proportions réelles. Le plus tôt, non seulement pour Julien Coupat et pour les autres personnes visées mais aussi pour nos libertés à tous, sera le mieux. »
(communiqué paru dans le journal Le Monde daté du 2 février)
Pouria Amirshahi, Secrétaire national aux droits de l'Homme du Parti socialiste, Anne-Cécile Antoni, présidente de l’Acat, Martine Billard, députée de Paris, Jean-Louis Borie, président du Syndicat des avocats de France, Nicole Borvo Cohen-Seat, sénatrice de Paris, Bernadette Bourzai, sénatrice de Corrèze, Patrick Braouezec, député de Seine-Saint-Denis, Daniel Cohn-Bendit, député européen, Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’Homme, Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, Noël Mamère, député de Gironde, Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la Magistrature, Jack Ralite, sénateur de Seine-Saint-Denis, Martine Roure, députée européenne, vice-présidente du Parlement européen.

2 février 2009

Et si François Fillon venait au secours du maire de Louviers ?

En annonçant aujourd'hui à Lyon que le fonds de compensation de la TVA ouvrirait le guichet 2008 en 2009, c'est au bas mot 500 000 euros de recettes supplémentaires qui vont tomber dans l'escarcelle de la ville de Louviers (soit 6 points d'impôts) grâce à François Fillon. Cette poire pour la soif va-t-elle permettre au maire de renoncer à l'augmentation du taux des taxes annoncée lors de la cérémonie des vœux ? C'est ce que nous souhaitons ardemment tout en lui demandant de diminuer les chapitres que nous jugeons — et pas depuis hier — encore plus extravagants en période de crise économique et sociale.
Pas d'augmentation des impôts : tel est le leitmotiv que nous mettrons en avant au cours des semaines à venir et que nous défendrons (du moins nos conseillers municipaux) devant l'assemblée communale. Il se peut aussi que le maire ait compris le message que la grande majorité des Lovériens lui adresse et devienne, in fine, raisonnable (?).

C'est l'hiver, il neige

Devons-nous nous en étonner ?

La grève et la manifestation du 29 janvier : « une forme se soutien aux initiatives françaises » selon François Fillon

Michèle Georges (au centre) la fille du colonel Fabien de la Résistance, a elle aussi manifesté son mécontentement dans les rues d'Evreux. (photo JCH)
Dans un entretien avec un journaliste du Monde, François Fillon note que de la «colère» s’est exprimée dans les cortèges «contre ceux qui sont à l’origine de la crise», et y voit «une forme de soutien exigeant aux initiatives que la France a prises pour engager la refonte des institutions financières internationales».
Vous lisez bien : en manifestant à Evreux, les 15 à 20 000 personnes qui défilaient, portaient pancartes et banderoles, scandaient slogans anti-crise et anti-chômage et bien, ces gens-là apportaient leur soutien au gouvernement ! François Fillon se moque du monde. Cette phrase-là va lui revenir en pleine poire comme un boomerang à la première occasion.
« Quand il y a une grève en France, plus personne ne s'en aperçoit » a déclaré notre président de plus en plus burlesque si ce n'était tragique . « Quand il y a une grève en France, c'est pour soutenir le gouvernement et sa politique » : François Fillon a tort de jouer les provocateurs en ne prenant pas au sérieux la révolte et la colère de ceux qui ont battu le pavé. Et comme il affirme « ne pas avoir l'intention de changer de cap », nous finirons bien, un jour, par le contraindre à jeter l'ancre.

45 000 chômeurs en plus en décembre 2008

Pas de quoi se réjouir. Pas de quoi pavoiser. 45 000 chômeurs en plus au mois de décembre 2008. Les suppressions d'emplois, les délocalisations boursières (comme chez Tyco à Val-de-Reuil) les CDD qu'on efface, les emplois à temps partiel qu'on gomme…tout cela compose un mélange explosif.
En plus des chômeurs, ce sont des familles entières qui sont atteintes dans leur dignité, dans leur niveau de vie, dans leurs relations personnelles puisqu'on connaît bien tous les drames humains déplorés à la suite d'un licenciement pour des motifs n'ayant rien à voir avec la compétence ou la disponibilité des travailleurs.
« Les marges de manœuvre (1) découvre François Fillon, doivent être consacrées à l'emploi et à l'activité économique. » Pauvre François Fillon, complètement sous l'éteignoir et qui ne peut plus justifier son « job » comme dirait sa majesté-ancien-avocat-d'affaires, qu'en s'agitant et en gesticulant. La gesticulation n'a jamais fait une politique et tant que Fillon ne reviendra pas sur le paquet fiscal (15 milliards d'euros chaque année) sur le bouclier fiscal, sur la suppression des heures supplémentaires («travailler plus pour gagner plus», quel piège à c…) ses marges de manœuvre seront d'une pauvreté affligeante.
Le contre plan de relance du Parti socialiste a certainement quelques défauts mais il a un gros avantage : il ne s'intéresse pas seulement à l'offre mais aussi à la demande. Si on n'aide pas les salariés et leur pouvoir d'achat, on ne réussira pas à remettre en marche le moteur économique. Cette évidente banalité finira par s'imposer. Au risque de voir Sarkozy changer encore une fois de discours et de politique.
(1) Quelles marges de manœuvres quand le président affirmait que les caisses sont vides ? Qui les a vidées ?

1 février 2009

L'opposition de gauche doit lutter contre l'augmentation des impôts

"Une chose m'a frappée à Belem : il n'y a pas de barrière infranchissable entre ces trois composantes que sont la gauche de gouvernement, les mouvements sociaux qui luttent sur le terrain et ce qu'on appelle en France l'extrême-gauche", écrit Ségolène Royal dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche. Martine Aubry en était déjà convaincue. Il est bien que l'ancienne candidate à l'élection présidentielle confirme publiquement cette analyse de vue.

A Louviers, nous sommes persuadés depuis longtemps de cette évidence. Lors du second tour des dernières élections cantonales, j'avais eu le soutien actif et direct des militants du groupe A Gauche Vraiment et du PC local. Au conseil municipal, il y a bien des sujets sur lesquels nous sommes d'accord. D'ailleurs, lors d'un pot de rentrée organisé récemment, Christian Renoncourt, secrétaire de la section socialiste de Louviers, avait amicalement et politiquement invité des animateurs du Nouveau parti anticapitaliste et du PCF de notre ville.

Comme l'a déclaré Christian Renoncourt « nous ne sommes pas d'accord sur tous les sujets mais le contexte nous pousse à l'unité d'action et ce ne sont pas les occasions qui vont manquer de nous rassembler. » Il est évident que les élus socialistes, Christian Renoncourt et Michel Doucet, communiste, avec Claudine Dutheuil et du NPA, avec Sophie Ozanne, vont devoir unir leurs efforts pour, par exemple, combattre l'augmentation des impôts annoncée par le maire lors de ses vœux. Ils seront également actifs pour défendre les atteintes gouvernementales au fonctionnement des services publics. La Gauche a naturellement vocation à défendre les plus faibles, les plus démunis et les classes moyennes, ces oubliés du pouvoir d'achat complètement éreintés par le sarkozysme.

Lors du débat d'orientations budgétaires qui devrait avoir lieu au cours de la prochaine réunion du conseil municipal, les élus de gauche auront l'opportunité de rôder leur discours et leur vote communs sur cette question essentielle du refus d'augmenter les impôts locaux.

Le mensonge de Grandrange : une imposture d'Etat

Un an déjà. Voilà une année que Nicolas Sarkozy, président de la République, est allé rendre visite aux sidérurgistes de Grandrange. Au cours de cette rencontre, les salariés ont écouté un président aux petits soins qui promettait monts et merveilles : « L'Etat ne vous laissera pas tomber. Si Arcelor Mital abandonne le site, on trouvera un repreneur. Je reviendrai vous voir en avril. Ayez confiance en moi. » Aurélie Filipetti, députée (PS) de la circonscription avait alors tiré le signal d'alarme et mis en garde les salariés contre les promesses-mirages.

Un journaliste du JDD (Journal du Dimanche) Antoine Malo s'est rendu à Grandrange, cette semaine. Il a interviewé les salariés présents sur le site, l'an dernier, et les a écoutés. Sarkozy avait promis de sauver l'usine. Le site va fermer. Arcelor Mital abandonne la région. Sarkozy n'est jamais revenu et aucune solution n'est à attendre du côté de l'Etat. Qu'en pensent les sidérurgistes ? Il faut parler clair : ils pensent qu'on s'est bien foutu de leur gueule. Ils pensent qu'ils ont eu tort de voter (pas tous) pour Sarkozy. Ils savent maintenant que le président (ils ne lui avaient pas demandé de venir sur le site) privilégie les caméras et travaille plus son image médiatique que les solutions aux problèmes difficiles.

Faut-il s'en étonner ? Bien sûr que non. Le cynisme — je l'ai déjà écrit — est une méthode de gouvernement chère à notre président. Evidemment au fil des mois et des années, le taux de confiance tend à la baisse et les Français ne vont pas rater l'occcasion des Européennes, par exemple, pour adresser un message fort au président. Il parait que le total des voix accordées à la Gauche (toutes tendances confondues) dans les sondages serait aujourd'hui de 58 % ! Ce n'est qu'une photographie de l'opinion à six mois du scrutin mais on ne voit pas comment le tandem Fillon-Sarkozy pourrait remonter la pente de manière sensible. Les illusionnistes vont devoir affronter un public d'électeurs exigeants. Lui aussi a plus d'un tour dans son sac.

1 000 initiatives contre la crise
Le PS lance une campagne nationale sur le thème « 1 000 initiatives pour agir contre la crise. » Au programme : réunions d'appartements, tournée de la filière automobile, temps forts sur la santé en Lorraine, sur la santé à Saint-Etienne, un QG virtuel est accessible (voir ma blogoliste) sur le site www.agirvraimentcontrelacrise.fr
Un quatre pages va être tiré à quatre millions d'exemplaires et sera distribué dans toute la France.

L'éducation est notre avenir : le gouvernement ne veut pas l'entendre ?

Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE (Fédération des conseils des parents d'élèves de l'école publique) a demandé lors d'une réunion du CSE (Conseil supérieur de l'éducation) que les expérimentations proposées par Xavier Darcos concernant le lycée soient suspendues. Xavier Darcos, a semble-t-il, chargé les recteurs de faire expérimenter « la nouvelle seconde » dans 100 ou 500 établissements selon les informations qui circulent. La FCPE nationale n’en a pas été informée officiellement. Il est promis aux lycées expérimentateurs quelques postes en guise de « récompense ». « Une nouvelle fois, affirme M. Hazan, comme pour les bacs pro en 3 ans, le ministre assure d’un côté que la réforme est reportée, qu’il prendra le temps de consulter, et, de l’autre, il la fait mettre en place sur le terrain, en catimini et sans concertation au niveau national… »
«…Compte tenu des méthodes employées par le ministre et des contrevérités énoncées ici et là, nous ne sommes pas favorables à de telles expérimentations. Les parents d’élèves doivent voter contre ces projets en conseil d’administration. »
La FCPE a évidemment appelé à une forte participation des parents d'élèves lors de la manifestation du 29 janvier. Elle appelle, aujourd'hui, à signer massivement la pétition intitulée « L’éducation est notre avenir ». http://www.uneecole-votreavenir.org/

Condamné à une amende : et alors ?

Les manifestants étaient paisibles et responsables. (photo JCH)
Sans dramatiser à l'excès l'incident qui s'est produit lors de la grande manifestation ébroïcienne et a abouti à la conduite au poste de police d'un manifestant amateur de gros mot, on peut en tirer quelques enseignements. D'abord, quand 15 à 20 000 personnes sont dans la rue, c'est le signe d'un vrai malaise. Là-dessus, tout le monde est d'accord, même Mme Lagarde, ministre de l'économie, qui prévoit des « troubles sociaux ». Le tout est de s'entendre sur le mot troubles.
Ensuite, la quasi totalité des manifestants était des personnes paisibles, sans arrogance, scandant des slogans anti-sarkozy et anti-capitalistes. De nombreux élus : conseillers régionaux, conseillers généraux, maires, adjoints (parmi lesquels de nombreux socialistes) avaient ceint leur écharpe afin que nul n'en ignore.

Il se trouve que dans une rue du centre-ville, un manifestant manifestement éméché a insulté les policiers postés sur le trottoir. Et il se trouve qu'au lieu d'ignorer cette insulte, les policiers lui sont tombés sur le râble, l'ont traîné jusqu'à une boutique prenant ainsi le risque de créer, pour le coup, une réaction disproportionnée de ses camarades. Heureusement un service d'ordre improvisé a empêché l'incident de dégénérer. Nous sommes nombreux à nous poser des questions. Pourquoi les six policiers ont-ils pris le risque d'affronter une foule si dense ? Manque d'à propos, consignes de fermeté…il faut savoir qu'à Saint-Lô, des parents, des profs…ont été molestés pour avoir osé siffler le président…ce qui vient d'entraîner la mutation du préfet de la Manche et du commissaire de police. Quelles étaient les consignes préfectorales ou ministérielles ?

Lorsque la rue manifeste, la police doit veiller au respect et à la protection des biens et des personnes. Elle ne doit pas répondre aux provocations. Le préfet Grimaud, celui-là même qui dirigeait les forces de police à Paris en 1968, a évité bien des morts en faisant preuve de discernement et d'intelligence. D'après les témoins directs de la scène ébroïcienne, les policiers n'en menaient pas large face à la foule qui scandait « libérez notre camarade. »
L'épilogue ? Le manifestant incriminé a été emmené au poste, il sera vraisemblablement poursuivi pour outrage. Il sera condamné par la justice à une amende. Et alors ?