3 avril 2009

Des policiers au-dessus des lois : Mme Alliot-Marie a tort de protéger quelques brebis galeuses

Un nouveau rapport d’Amnesty International France assure que des policiers sont au-dessus des lois. Il revient sur les causes de l’impunité dont bénéficient, de fait, les forces de l’ordre en France, à travers l’étude d’un certains nombre de cas et l’analyse des systèmes d’enquête et de contrôle français existants. La ministre de l'Intérieur a vertement répliqué au rapport d'Amnesty International (1) sur des attitudes et interventions de la police nationale.Elle soutient que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les syndicats de policiers, prompts à faire jouer le corporatisme, assurent eux aussi que l'immense majorité des policiers respectent les textes même si nous sommes un certain nombre à en douter.

Une lettre adressée à François Loncle
Ainsi ce courrier du 1er avril (ce n'est pas un poisson) adressé à François Loncle, député, émanant du président de la Commission nationale de déontologie de la sécurité qu'il avait saisie sur une affaire concernant Caroline X. Le président de la Commission écrit : « Par courrier en date du 30 mars dernier, vous m'avez demandé de poursuivre les démarches entreprises par la Commission nationale de déontologie de la sécurité dans une affaire concernant Mlle Caroline X.
Ainsi que vous avez pu le constater, dans cette affaire la Commission a émis un avis le 20 septembre 2007, dans lequel elle a notamment demandé l'exercice de poursuites disciplinaires contre un fonctionnaire de police. A la suite de la réponse du ministre de l'Intérieur, nous avons à nouveau insisté auprès de lui, par lettre du 7 janvier 2008, sur la nécessité d'engager des poursuites disciplinaires. Aucune suite n'a été donnée à cette correspondance. (2)
A ce stade de la procédure, les attributions de notre commission, telles que définies par la loi du 6 juin 2000, ne lui permettent pas d'user d'autres moyens d'action auprès des autorités administratives ni d'intervenir dans le domaine judiciaire.
J'ai donc le regret de vous faire connaître que la CNDS est dans l'impossibilité de répondre au souhait que vous avez exprimé. Veuillez agréer etc. » Signé Roger Beauvois, président de la CNDS.

Dans le rapport d'Amnesty International on lit : « Les gens doivent pouvoir faire confiance à leur police. Or, aujourd’hui, ce n’est souvent pas le cas. Cette confiance ne sera possible que lorsque les gens verront que des mesures disciplinaires appropriées sont prises en temps voulu, et que les policiers responsables d’actes criminels sont traduits en justice selon une procédure impartiale et indépendante. Une telle confiance est aussi indispensable pour protéger la réputation de la majorité des représentants de l’ordre qui remplissent leur devoir avec professionnalisme et dans le respect de la légalité »…
« Les gens ont le droit de porter plainte mais, dès qu’il s’agit de plaintes contre des policiers, les chances d’obtenir gain de cause sont très minces. Institutionnellement, le système judiciaire favorise les agents des forces de l’ordre. Les victimes, dont beaucoup sont des ressortissants étrangers ou des Français issus de minorités ethniques, sont trop souvent privées de justice »…
Mme Alliot-Marie peut raconter ce qu'elle veut. Il existe des preuves, des faits allégués qui montrent une complaisance certaine à l'égard de quelques brebis galeuses que le pouvoir a tort de protéger.

(1) Amnesty International est indépendant de tous les pouvoirs : politiques, économiques…
(2) Passage mis en gras par mes soins.

2 avril 2009

L'escamoteur…

Musée de Saint-Germain, Jérôme Bosch, « l'Escamoteur ».
« Il (1) a rassemblé autour de lui un public hétéroclite, ses fidèles et les autres. Déjà ses complices sont à leur place, prêts à intervenir. Tel le Jacquemart de ces beffrois nordistes, il paraît un instant à la porte de droite, puis s’efface, puis reparaît à la porte de gauche, puis disparaît à nouveau pour mieux réapparaître. Il affiche un sourire de convenance, mal accordé, faussement affable et grinçant en même temps. On s’attend à le voir frapper sur la cloche, mais de cloche il n’y a point. Il finit par gagner sa place. La séance peut commencer.

D’abord il se lance dans un de ses discours interminables. C’est sa manière de commencer à endormir son monde, de distraire son auditoire et de gagner du temps. Il commence par se réjouir. Pour montrer que tout n’est pas noir. Ce qu’il lui faut, c’est détourner l’attention du public de l’essentiel. Par ses choix dispendieux, il a mené les finances locales dans le mur. Il s’apprête à prendre des mesures impopulaires au pire moment, mais il se réjouit. Ses concitoyens, assommés par la crise et son cortège quotidien de plans de licenciements, de chômage partiel, d’emplois précaires n’ont pas réagi massivement à son annonce d’augmenter les impôts de 9%. Il s’en réjouit. Pour lui, c’est une première victoire. Il a réussi à circonvenir ses opposants. Il va pouvoir dans un moment, les uns après les autres, les ridiculiser. Et il ne s’en privera pas.

Mais avant d’en arriver là, il lui faut parfaire l’enfumage. Tenter de montrer que, de tout cela, il n’est nullement responsable. Alors, grandiloquent, il en appelle à l’Histoire. Et dans sa logorrhée, telles des colombes, des noms fusent de son chapeau : Poujade, Caillaux, Herriot. A sa façon et pour les besoins de sa démonstration, il refait l’histoire de la IIIe et de la IVe République, mélangeant les époques, les sujets, les causes, truquant les citations. C’est une sorte d’inventaire à la Prévert qui mêle choux, carottes et navets. Que lui importe d’associer les détracteurs de l’impôt progressif sur le revenu de la IIIe République et les défenseurs du petit commerce de la IVe. Il croît être parvenu à démontrer que ses opposants sont des poujadistes. Comme il en est content ! Il s’en gargarise. Il va le répéter plusieurs fois pour s’en convaincre. Puis, juste avant que ne surviennent les premiers baillements dans l’assistance et comme s’il les pressentait, il entreprend, pour la réveiller, de la galvaniser. Il en appelle à l’effort, au courage, à la solidarité, au sens des responsabilités, à l’éthique. C’est beau … comme du Déroulède.

L’illusionniste ne dit pas ce qu’il fait et fait ce qu’il ne dit pas. A ce jeu, il est depuis longtemps passé maître. L’an passé, il était, écharpe tricolore barrant la poitrine, sous la banderole et à la tête des opposants à la réouverture de la liaison ferroviaire Louviers Évreux par la vallée de l’Iton et, dans le même temps, il négociait en douce les subsides de la Région pour son contrat d’agglomération en acceptant pour les obtenir de financer les études préalables à la réouverture éventuelle de cette ligne.

Son opposition, à l’en croire, qui sont-ils ? Des gens de peu, des attardés, des ringards, des archaïques, des moyenâgeux qui n’ont rien compris à la société d’aujourd’hui, au progrès, à la compétitivité, à l’Europe, au monde. « Rentrez dans vos chaumières vous éclairer à la bougie » leur dit-il. Il les considère si peu qu’il leur donne la parole mais ne les écoute pas. Il semble même prendre un malin plaisir à leur tourner le dos quand ils parlent. Il se lève, fait semblant de s’absenter, va ostensiblement bavarder avec ses complices pour tenter de les déstabiliser. Il n’hésite pas à les interrompre, voire à les invectiver. Il use à leur égard et sans vergogne de plaisanteries douteuses qui mettent à l’unisson les vibrations de quelques abdomens complaisants.

Ah, qu’ils sont fiers de lui ses complices ! Quelle belle assurance et quelle audace il a ! Comme il parle bien ! Comment fait-il pour leur clouer ainsi le bec ? Pourtant, dans le regard de quelques uns se lit un début d’interrogation. Combien de temps encore l’illusion produira t-elle son effet semblent-ils se dire ?

Le spectacle est terminé. Les uns après les autres, ils quittent la salle encore un peu abasourdis par tant de phrases, tant de mots. Pour leur dire quoi au juste ? Ils ne s’en souviennent plus vraiment. Lui, paraît absent, comme s’il était déjà ailleurs, en route vers un destin politique à la hauteur de son mérite, vers quelque nouveau mandat à décrocher. Mais en son for intérieur, il jubile. Il a fait les poches des Lovériens qui, à quelques exceptions près, n’en ont rien vu. Il va pouvoir continuer comme avant, comme si de rien n’était. Jusqu’à quand ? Il n’en sait rien. Demain sera un autre jour. Demain, il pourfendra l’hydre socialiste de Val-de-Reuil, prêt à sucer le sang des petits commerçants lovériens dont il a pris la défense, sans aucun accent poujadiste bien sûr ! Mais ce qui est pris est pris, n’est-ce pas ? »

Reynald Harlaut
(1) Toute ressemblance avec un personnage existant est volontaire. La scène se passe à Louviers.

Que les gros salaires lèvent le doigt !

Les grands patrons banquiers n'ont aucun scrupule. Alors que certains sollicitent l'aide de l'Etat, que des plans drastiques d'économies sont mis en place, que des plans sociaux poussent les salariés dehors, on apprend chaque jour que tel patron, tel directeur général, va toucher des millions de bonus, se préparent des parachutes dorés égalant la valeur de plusieurs milliers de SMIC et que des salaires mirobolants leur sont versés chaque mois pour les récompenser de leurs échecs. Pour les récompenser également de ne pas avoir fait preuve de prudence, de posséder des actifs archi-pourris avec cette invention mathématique qui a consisté à découper les risques en petits morceaux pour mieux les partager. Qui paie les pots cassés ? Ni les patrons, ni les agences de notation, ni les traders qui attendent des jours meilleurs. Ce sont tous les contribuables français qui, un jour ou l'autre, vont évidemment devoir mettre la main au portefeuille même s'il devient chaque jour un peu plus léger.
Le décret signé de François Fillon et de Nicolas Sarkozy, c'est du pipeau. Ces deux-là comptent sur l'éthique des dirigeants, sur la déontologie de gens qui n'ont eu pour but dans la vie, que de s'en mettre plein les poches. Il n'est qu'écouter Laurence Parisot. Elle diffame les grévistes, elle s'acharne contre les salariés licenciés et révoltés, elle vit dans un autre monde.
Et pendant ce temps-là, le G20 rassemble les dirigeants des pays qui à eux seuls détiennent 85 % du PIB mondial. Ce qui veut dire que les 172 autres pays se partagent 15 % du PIB restant. Pour eux ce n'est pas le G20 c'est le « J'ai faim ». Etonnez-vous, ensuite, que ces malheureux souhaitent gagner l'eldorado, qu'ils soient des centaines à se noyer entre Tripoli et Lampedusa. Dans le Golfe d'Aden ou ailleurs. Renforcer le rôle du FMI et lui donner plus de possibilité d'agir en amont, je ne sais ci c'est très bien. Supprimer les paradis fiscaux ? Qui croit à cette hypocrisie ? Réguler le capitalisme financier ? Les traders sont à l'affut pour recommencer leur manège infernal.
Le 1er mai prochain et pour la première fois depuis bien longtemps, tous les syndicats de salariés appellent à un mouvement unitaire. Nous serons donc à nouveau des millions dans les rues de France pour dire au gouvernement et à Nicolas Sarkozy que les sacrifices ne doivent pas toujours être faits par les mêmes. Au fait, Villepin avait raison : « Sarkozy est resté à table du hors d'œuvre au dessert ». Là où il devait claquer la porte, il se l'est prise dans le nez. Une histoire de fanfaron…

1 avril 2009

Agression d’un nouveau genre à Montreuil : de la chasse à l’homme au lynchage

« Le 12 mars dernier, un homme a été lynché en pleine rue à Montreuil au motif qu’il ressemblait à un pédophile en cavale. Un portrait-robot dudit pédophile circulait sur les téléphones portables. Alors que, selon des témoins, des pères de famille tournaient dans la rue pour tenter de l’attraper, un homme croyant le reconnaître tire avec un flash-ball avant de prévenir la police, mais la victime plaquée au sol est rouée de coups de poings et de coups de pieds par des passants. Résultat : 30 jours d’ITT. Un suspect a été arrêté le 19 mars et mis en examen.
Ce fait divers grave soulève plusieurs questions : tout d’abord, la vente libre de ce genre d’arme dont l’utilisation peut être dangereuse. Ensuite, la diffusion du portrait robot dont on ne sait aujourd’hui qui en a été l’auteur, affiché dans un stade et photographié par un téléphone portable rendant l’image peut fiable. Enfin, et plus grave encore, la volonté de faire justice soi-même au prétexte que la police ne réagissait pas.
Quelles que soient les peurs et inquiétudes légitimes de parents face à un danger pour leurs enfants, ce genre d’attitude révèle un profond malaise dans les relations que les citoyens entretiennent avec la police ou avec la justice. Ne plus faire confiance à ces institutions est révélateur d’un manque de confiance dont l’origine tient à l’image souvent peu valorisante qu’elles donnent d’elles-mêmes et à des discours qui les disqualifient ce qui est particulièrement grave dans un Etat de droit et met en péril la cohésion sociale.
Face à un fait aussi grave, La Ligue des droits de l’homme s’interroge aussi sur le long délai qui s’est écoulé entre le moment où les faits ont eu lieu et la diffusion de cette information. »
(communiqué de la Ligue des droits de l'homme)

Le poujadiste n'est pas celui qu'on croit !

Le mot (qui ne lâchera plus) appartient désormais au florilège écrit par le maire de Louviers : « Poujadiste ! » « Poujadiste » serait son opposition municipale de gauche pour avoir refusé, ce lundi, une augmentation du taux des taxes locales de 9 % ce qui fera 12 ou 13 % sur les feuilles d'automne avec l'augmentation des bases et celle du conseil général.
Nous avons prouvé, faits et chiffres à l'appui, que cette augmentation devait être évitée et qu'elle pouvait l'être. Il suffisait que le maire et les siens réduisent leur train de vie pour ne pas contraindre un peu plus celui des contribuables lovériens. Le maire et sa majorité ne l'ont pas voulu. En « mondialisant » le coup de massue fiscal, non seulement ils frôlent le ridicule mais, en plus, ils ne rétabliront pas durablement leurs marges de manœuvre, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Qui sait si l'an prochain, une nouvelle augmentation des impôts ne sera pas jugée « nécessaire » ?

Poujadiste ! Le poujadiste n'est pas celui qu'on croit. Pierre Poujade a bâti sa réputation sur plusieurs thèmes : l'antifiscalisme, l'antiparlementarisme, la défense du petit commerce. Que lit-on, ces jours-ci, dans la presse locale ? Que le maire de Louviers va voter contre le projet Immochan à Val-de-Reuil pour protéger le petit commerce lovérien ! Le poujadiste c'est Franck Martin ! C'est celui qui, s'appuyant sur son privilège de propriétaire (ou plutôt la CASE) des terrains à Val-de-Reuil prétend dicter leur conduite aux élus rolivalois en pinaillant, en finassant, en retardant au maximum le projet Immochan pour le faire échouer. Voilà la vérité ! Voilà le véritable dessein du maire de Louviers qui a eu le tort d'avouer publiquement que, dans cette affaire, il raisonnait comme un élu local et non comme président d'une assemblée de 29 communes ! Il avait pourtant déclaré, pour être élu président, qu'il ne s'opposerait pas aux projets territoriaux des différents maires…Parole, parole…

N'avait-il pas, déjà, traité ces maires des villages voisins de Louviers de « pique-assiette » parce que les enfants de ces communes fréquentaient l'école de musique, la médiathèque, les équipements sportifs de Louviers au tarif des Lovériens ? M. Laheye affirme que des contacts ont été pris avec ces maires, que des conventions sont sur la bonne voie. Pourquoi alors avoir tant attendu ? Pourquoi ce cours de rattrapage ? Ne valait-il pas mieux négocier avant et éviter les mots malheureux conduisant certains élus à quitter le Moulin précipitamment lors de la cérémonie des vœux lovériens (au fait, le maire dit qu'ils ont coûté 6 000 euros ?).
J'invite les Lovériens et les Rolivalois à venir nombreux, jeudi soir à 20 h 30, au siège de la CASE à la Fringale. La démocratie participative débute par l'information. Et se poursuit ensuite par la participation et enfin l'action (notre photo JCH).

31 mars 2009

Le maire de Louviers, le président de l'agglo et…Immochan

Questionné par «Paris-Normandie» sur le dossier Immochan (implantation de 5500 m2 de surfaces commerciales à plusieurs enseignes à Val-de-Reuil) le président de l'agglomération joue les schizophrènes « En tant que maire de Louviers je suis contre mais en tant que président de la CASE…» etc. etc.
Qui va voter, jeudi soir, lors du conseil communautaire, le délégué de Louviers à la CASE ou le président de l'agglomération qui doit, quelles que soient ses préférences personnelles, satisfaire l'intérêt général ? On a une idée de ce que fera Franck Martin quand il répond à la présidente de l'Union commerciale de Louviers « Louviers n'a que douze délégués sur quatre-vingt quatre ». En fait, Louviers n'a que douze voix contre.

C'est très grave. Car Franck Martin nous rebat les oreilles depuis des années avec la logique de projet contre la logique de guichet ! Il prétend défendre l'intérêt de la communauté tout entière et non les seuls intérêts particuliers de tel ou tel. Le projet Immochan ne rendra pas service seulement aux habitants de Val-de-Reuil. Il accueillera ceux des villages voisins. Il empêchera certains d'entre eux d'aller à Tourville-La-Rivière. Il permettra d'élargir l'offre commerciale rolivaloise qui manque cruellement de diversité.

Dans une lettre adressée au président de la CASE (1) le président de la Chambre de Commerce et d'industrie de l'Eure résume les points positifs du projet ainsi :
— « Projet structurant qui devrait permettre de renforcer l'attractivité commerciale du pôle « Atac-Vivaldi-Quatre Saisons »
— « Projet permettant de renforcer et de diversifier l'offre commerciale, de limiter l'évasion de la population de Val-de-Reuil…»
Les éléments qui amènent des réserves sont les suivants :
— « Le choix des enseignes qui n'est pas arrêté et il est donc difficile d'en mesurer l'impact sur l'existant. » Marc Antoine Jamet répond que la plus grande attention y sera portée.
— « La taille du projet est importante. » En fait, la CCI a été saisie d'un projet de 8 000 m2 qui n'en fait que 5 500 actuellement.
— La CCI souhaite « une requalification de l'ensemble commercial actuel. » Le maire assure qu'elle est en cours et que si Immochan s'implante, elle aura été terminée auparavant.
Il appartiendra aux défenseurs et aux détracteurs du projet d'être convaincants pour emporter l'adhésion des délégués de la CASE.
(1) Lettre datée du 23-12-2008 : « vous avez sollicité l'avis de notre Compagnie consulaire etc… »

« Vous faites comme ces gros patrons qui touchent des bonus mais licencient »

Merci à Patrice Yung. L'adjoint aux finances de Franck Martin, général et confus lors du débat d'orientations budgétaires, s'est lâché avec franchise, lundi, à l'occasion de l'examen du budget primitif 2009 et de celui du compte administratif 2008. Après les exposés pertinents, précis, argumentés de Christian Renoncourt et Michel Doucet qui ont laissé le maire coi, Patrice Yung a reconnu que l'augmentation de 9 % des impôts lui faisait mal et allait faire mal aux Lovériens. Lui n'a pas employé de grands mots : « poujadistes, solidarité, Caillaux…». Il n'a pas non plus agressé l'opposition ni traité avec mépris les arguments politiques de Christian Renoncourt et la démonstration financière de Michel Doucet à qui il a déclaré : « tu m'as tout appris » et Michel Doucet de lui rétorquer avec humour : « j'ai été un bon professeur mais tu n'as pas été un bon élève. »
Avec le renfort de Sophie Ozanne (NPA) et de Claudine Dutheuil (PC) que le maire a traitée avec une condescendance coupable et un cynisme blâmable, l'opposition de Gauche n'a pas cédé un pouce de terrain au maire et à ses prétextes. La droite d'Olivier Aubert et Benoit Veyrat a même écourté ses remarques tant les explications de Michel Doucet, ciselées au coin du bon sens, faisaient mouche !
Que retiendra-t-on de cette soirée ?
— Un rassemblement de 90 personnes dans la cour de la mairie (du folklore pour le maire) pour protester contre l'augmentation de 9 % des impôts et celle des tarifs des services municipaux.
— Le lapsus du maire (1) qui a évoqué « le déficit » du compte administratif 2008 alors qu'il présente un excédent « comptable » de 200 000 euros après « un sacré tour de passe-passe » comme dirait Michel Doucet.
— Une contestation intelligente, justifiée de la part de l'opposition de Gauche. Elle a fait des contre-propositions et invité le maire « à ne pas vivre au-dessus de ses moyens »(Michel Doucet). « Louviers est une petite ville et vous avez la folie des grandeurs. »(Claudine Dutheuil) « L'augmentation de 9 % des impôts est une faute politique (Sophie Ozanne) elle est indécente, scandaleuse, on va perdre des habitants et les primo-accédants ne viendront pas à Louviers. » (Michel Doucet).

Extrait de la déclaration de Christian Renoncourt :
« Michel Doucet dira, après moi, ce qu’il faut penser de votre très forte augmentation des impôts. Il dira qu’elle est injuste, qu’elle pouvait être évitée et surtout qu’il fallait l’éviter. Vous dites : La faute à la crise, la faute à pas de chance, la faute à l’Etat, toujours la faute des autres ! Jamais votre faute ! Ne faites-vous donc jamais d’erreur ? Etes vous donc incapable de reconnaître vos torts ? « Sans moi Louviers meurt. » Louviers a existé avant vous et notre ville existera après vous. »
Nous voterons donc contre votre budget 2009 pour trois raisons essentielles : — nous refusons d’ajouter la crise à la crise dans une période économique et sociale très dure pour les salariés, les familles, ceux que la Gauche a vocation à défendre et à protéger en priorité. Nous refusons la double peine : Non à plus d’impôts et Non à des services plus chers ! — Nous refusons de cautionner une gestion devenue hésitante, hasardeuse voire dangereuse. Vous qui aimez les métaphores marines, je dirais que la ville n’est plus pilotée, qu’elle part à la dérive…vous promettez de changer de cap mais pour aller où ? — Nous refusons, enfin, que vous nous fassiez porter le chapeau d’une situation qui est de votre unique responsabilité et que vous devez assumer avec votre majorité. Vous avez été élu sur la base d’un programme réduit en miettes un an après votre élection. Il appartient maintenant aux Lovériens de payer la note de vos vaines promesses. »

Extrait de la déclaration de Michel Doucet :
« Dans une période ou le pouvoir d’achat baisse, ou de lourds nuages assombrissent l’horizon ou le chômage peut du jour au lendemain affecter un grand nombre de nos concitoyens…il est indécent de demander un effort financier supplémentaire aux contribuables dont nous avons la responsabilité, indécent dis je de leur demander de se serrer un peu plus la ceinture parce que la municipalité refuse pour sa part de baisser son train de vie, indécent je le répète pour continuer, par exemple, d’ injecter de la propagande dans nos boîtes à lettres, de ponctionner ce contribuable qui n’en peut mais…ce même contribuable auquel vous aviez pourtant promis, en campagne électorale, la neutralité fiscale ! »
«…Alors, monsieur le maire, nous voterons évidemment contre ce budget qui prend la population à la gorge tant au niveau des impôts qu’à celui des tarifs municipaux…à défaut de consentir les efforts nécessaires et possibles, nous venons d’en faire la démonstration, sur son train de vie… -1.5% de dépenses d’une part…+9% d’augmentation des impôts d’autre part.... Ou si vous préférez 1 300 000 euros pris dans la poche des lovériens et des usagers contre 300 000 euros économisés, le compte n’y est pas ! Et nous ne le répéterons jamais assez, il y a de l’indécence à oser ce choix de l’argent des autres pour ne pas avoir à se restreindre. Vous faites comme ces gros patrons qui licencient et touchent des bonus ! Mais vous le ferez sans nous ! »
(1) Comme l'écrit Gérard Courtois dans Le Monde d'hier « les Lapsus en politique comme dans la vie, ont ceci de pratique — et de savoureux — qu'ils disent tout haut ce que l'on pense tout bas. » Le compte administratif, sans tour de passe-passe est bel et bien déficitaire. Et c'est le maire qui le dit…

Photo JCH : Les quatres élus de l'opposition de gauche pendant le rassemblement dans la cour de la mairie.

30 mars 2009

Le Conseil municipal de Val-de-Reuil condamne les propos du Pape

Le Conseil municipal de Val-de-Reuil, plus jeune commune de France, dont la moitié de la population a moins de 25 ans, a voté la motion suivante (moins les deux voix de l’UMP) lors de sa séance du vendredi 27 mars 2009 :
« Le conseil municipal de Val-de-Reuil exprime son indignation et condamne les propos tenus par le pape Benoît XVI. Trois jours avant la quinzième édition du Sidaction, à bord de l’avion qui le conduisait à Yaoundé au Cameroun, celui-ci a en effet déclaré que le problème du sida ne « peut pas être réglé » par la «distribution de préservatifs », mais «au contraire, que (leur) utilisation aggrave le problème».
Au-delà de toute considération religieuse, ces propos sont irresponsables et dangereux. L’usage du préservatif représente aujourd’hui la seule protection disponible contre le sida/VIH, maladie sexuellement transmissible qui reste mortelle. Nul ne peut ignorer que, sur les 33 millions de personnes séropositives dans le monde, 22,5 millions vivent en Afrique où l’influence de l’Eglise est grande. Une personne y est contaminée par le VIH toutes les six secondes. Une autre en meurt toutes les dix secondes. Seul un tiers des Africains nécessitant un traitement antirétroviral y ont accès. Le Cameroun (pays où se rendait le pape au moment de ses déclarations) connaît l’une des épidémies les plus importantes d’Afrique de l’Ouest. En 2005, près de 500 000 adultes y vivent en étant porteurs du VIH sur une population de près de 17 millions d’habitants. A Yaoundé, 8,3% des habitants sont atteints, les femmes majoritairement. Parmi les jeunes femmes, la prévalence du VIH a été multipliée par sept ces dernières années (Chiffres ONUSIDA – Le point sur l’épidémie de SIDA – 16 avril 2008).
Le conseil municipal de Val-de-Reuil souhaite rappeler qu’aucune thérapie ne permet à l'heure actuelle d'éradiquer le virus et que l'épidémie de sida continue à faire des ravages. En France, les experts estiment à 150 000 le nombre de personnes vivant avec le virus. Elles seraient 40 000 à ignorer en être porteuses. Chaque jour, près de 20 personnes, hétérosexuelles ou homosexuelles, découvrent leur séropositivité, les moins de 24 ans et les seniors étant de plus en plus touchés. Le virus ne choisit ni le sexe, ni la sexualité, ni l'âge, ni le statut social. Souvent la cause est identique : plus de 25 ans après la découverte du VIH/sida, la majorité des Français sont toujours aussi mal informés.
Chacun doit, pour lui, pour les autres, adopter une conduite prudente, se protéger de l’infection par l’utilisation de préservatifs et, au moindre doute, procéder à un test de dépistage auprès du planning familial (à Val-de-Reuil au 28 route des Falaises) dont l’accès est libre, anonyme et gratuit tous les mercredis sans rendez-vous. Le Pape aurait du avoir des paroles de vie et d’espoir. Il a favorisé l’obscurantisme. »
Le sida-VIH continue à tuer, continuons à informer et prévenir.

« La France na pas besoin d'un président survitaminé »

" Malheureusement, les journalistes souffrent, comme d'autres citoyens, d'activités criminelles." Cet aveu du président russe Medvedev éclaire d'un jour nouveau les divers assassinats dont ont été victimes des hommes et femmes de presse russes ou étrangers, victimes de vengeances politiques ou de désir de les faire taire pour éviter la publication d'informations dérangeantes sur la Tchetchénie par exemple.
On aurait tort, pourtant, de n'accabler que les régimes totalitaires ou despotiques. En France, on connaît des journalistes qui ont été tués (voir le cas de la Polynésie) interpellés (voir le cas du journaliste de Libération) dont les bureaux et les domiciles ont été perquisitionnés (voir le cas du Canard enchaîné etc.) et pourtant, nous avons l'impression de vivre dans un pays libre où la liberté de la presse est assurée.
Depuis deux ans, depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, on a tout de même l'impression que cette liberté est sous surveillance comme dirait le Parti socialiste. S'il est vrai que les grands groupes de presse sont dans les mains d'amis du président (Lagardère, Bouygues, Dassault etc.) il est également patent que la nomination des présidents des chaînes (radio et télévision) publiques par Nicolas Sarkozy pose un grave problème éthique. Vous me direz, l'éthique n'est pas la première préoccupation d'un homme qui « a la banane » et réalisé son rêve. Mais comme l'affirme Dominique de Villepin, un connaisseur « la France n'a pas besoin d'un président survitaminé, ce dont elle a besoin, c'est d'un président sage. » C'est évidemment trop demander.

Notre version de l'incendie de voitures aux Acacias

Après avoir « triomphé » sur le blog d'informations de la mairie (le nom de Franck Martin apparait dans un blog officiel de la ville ce qui est tout de même troublant ?) et assuré que l'incendiaire du quartier des Acacias avait été interpellé grâce aux caméras de Vidéosurveillance, nous avons mis nos fins limiers sur la piste du délinquant et reconstitué le fait divers lui-même. Il s'avère que la version du maire est un récit quelque peu arrangé pour les besoins de sa cause.

En réalité, si l'incendiaire a été interpellé et condamné à un an de prison ferme, c'est tout simplement parce que cet homme quelque peu « arraché » au moment des faits était resté près des voitures en feu lors de l'arrivée des pompiers et des policiers qui ont demandé les indentités des personnes présentes et donc celle de l'auteur présumé porteur (devinez quoi ?) d'un coktail molotov ! Il se trouve que l'homme était sorti de prison deux semaines avant, qu'il avait été condamné à six mois de prison ferme et que les juges l'ont à nouveau jeté au trou sur la base de la loi sur la récidive de Mme Dati laquelle n'est pas particulièrement tendre.

Notre collectif a ses entrées dans le quartier des Acacias. Le maire aurait dû, avant de gonfler ses biscottos, s'assurer de la véracité de la version rapportée par ses services. Il aurait dû se douter que nous ménerions notre enquête sans gober toutes crues ses affirmations. Divers récits, dont celui livré publiquement lors du débat d'orientations budgétaires (1) nous ont conduits à être très prudents et circonspects à l'égard des déclarations péremptoires du maire. Nous avons raison, la preuve avec ce fait divers. La vidéosurveillance n'est pour rien dans la résolution de cette affaire sinon une preuve supplémentaire de la culpabilité d'un homme qui ne semble pas disposer de tout son discernement.
(1) Rendez-vous ce soir à la réunion du conseil municipal.

Rappel : rassemblement ce soir à 18 heures dans la cour de l'hôtel de ville

Je rappelle que l'opposition municipale de Gauche appelle à un rassemblement ce soir à 18 heures, dans la cour de l'Hôtel de ville de Louviers. Le NPA, le PS et le PC seront présents collectivement (avec de nombreux Lovériens) pour demander aux conseillers municipaux de refuser l'augmentation des impôts de 9 % demandée par le maire. Ceux qui le pourront devraient assister à la séance du conseil municipal au cours de laquelle nous aurons l'occasion de donner notre avis sur le compte administratif 2008 et sur le budget primitif 2009.

Non au Cruiser : déjà 35 000 signatures !

« 35 000 personnes déjà mobilisées contre le Cruiser : tel est le message adressé aujourd’hui par France Nature Environnement à Michel Barnier, Ministre de l’agriculture. FNE demande l’interdiction de l’insecticide Cruiser, dangereux pour les abeilles, et l’application immédiate du plan Ecophyto 2018. Parallèlement à cette mobilisation de l’opinion publique, FNE conduit une action en justice pour obtenir l’annulation de l’autorisation du Cruiser.
Cette pétition a été initiée par France Nature Environnement (FNE) en décembre dernier pour demander :
— d’interdire immédiatement le Cruiser ;
— de mettre en œuvre, sans retard et avec la plus grande vigilance, le plan Ecophyto 2018 issu du Grenelle de l’environnement, qui prévoit la réduction de 50% de l’usage des pesticide.
Utilisé en France depuis janvier 2008 en enrobage de semences de maïs, le Cruiser (produit proche du Gaucho et du Régent), est un insecticide classé « dangereux pour l’environnement, dangereux pour les abeilles, les oiseaux et les mammifères sauvages et très toxique pour les organismes aquatiques ».
Ces dernières années, de fortes chutes des effectifs de pollinisateurs (plus de 1000 espèces en France) ont été constatées partout dans le monde. Les abeilles sont particulièrement touchées, avec une mortalité annuelle de 30 à 40 % et des exemples quotidiens de destruction totale des populations dans les ruchers. Est-ce au moment où les abeilles sont en danger qu’il faut encore ajouter de nouveaux poisons dans leur alimentation ?
Claudine Joly, en charge du dossier à FNE, rappelle que : « 35 % du tonnage mondial d’aliments végétaux (fruits, légumes…) et la survie de plus de 80% des espèces végétales dépendent directement de la pollinisation par les insectes ! » Pour Jean-Claude Bévillard, chargé des questions agricoles à FNE : « La réduction de moitié de l’usage des pesticides est une nécessité sur le plan agricole, alimentaire, sanitaire et environnemental. C’est aussi une attente forte de la société, comme en témoignent les 35 000 signatures recueillies à ce jour. Seule une décision politique permettra aujourd’hui d’atteindre cet objectif. »
FNE avait déposé en février devant le Conseil d’Etat une requête demandant la suspension de l’autorisation du Cruiser. L’ordonnance du 23 mars 2009 a rejeté cette requête et condamné FNE à verser la somme de 3000 Euros à la société Syngenta, productrice de l’insecticide. Une procédure sur le fond (recours en annulation) est toujours en cours auprès du Conseil d’Etat. »

FNE poursuit son combat contre les pesticides, signez la pétition :
http://www.fne.asso.fr/fr/actualites/petitions.html

29 mars 2009

Quand le FN assassine Jaurès une seconde fois…

« Pour lancer sa campagne des élections européennes de juin prochain dans la région Sud-ouest, le Front national vient d’éditer un tract et une affiche (déjà apposée sur les murs de plusieurs villes) scandaleusement mensongers. Après avoir repris, hors contexte, une phrase de Jaurès (« A celui qui n’a plus rien, la patrie est son seul bien »), ces deux documents affirment en effet, en reproduisant un portrait connu du personnage, que le député socialiste du Tarn aurait voté Front national.
C’est particulièrement malhonnête et c’est bien mal connaître Jaurès que de le faire parler ainsi un siècle après sa mort… Et cela ne repose bien sûr sur aucun fondement historique.
Les nationalistes et la droite d’alors l’ont en effet sans cesse insulté, méprisé, menacé, agressé, et ce qu’il a fait et qu’il représente est encore aujourd’hui profondément honni de l’extrême droite et d’une bonne partie de la droite.
Nous assistons donc à une campagne d’opinion indécente qui a pour but de perturber les programmes en cours relatifs au 150e anniversaire de la naissance de Jean Jaurès. Et ce n’est pas un hasard si c’est dans la région toulousaine qu’a été conçu ce « coup médiatique », puisque c’est là que rayonne le plus la mémoire du leader socialiste et que les projets culturels les plus ambitieux ont été décidés.
Tout au long de sa vie politique, notamment lors de l’affaire Dreyfus et au moment du débat contre la loi de trois ans de service militaire, les nationalistes l’ont traité d’ennemi de la France, de sans-patrie, de lâche et de traître. A l’approche de la crise de l’été 1914, leur presse et une partie des titres conservateurs ainsi que les Maurras, les Daudet, les De Waleffe, les Franc-Nohain ont même armé, par leurs propos haineux et serviles, le bras de son assassin. Oui ! ce sont bien les allégations mensongères et les attaques directes de l’extrême droit e et de la droite extrême d’alors qui ont tué Jaurès. Et ceux-là mêmes qui se situent aujourd’hui dans la lignée directe de ces mouvements d’idées et d’action et de ces pousse-au-crime, se réclameraient à présent de lui ? C’est un comble !…
Nous ne pouvons accepter qu’ils salissent ainsi la mémoire de Jaurès. Sans dénier à quiconque le droit de le citer, dans la mesure où les principes d’honnêteté intellectuelle et de probité de langage et de méthode sont observés, et sans nous ériger en gardiens d’une mémoire unique et d’un temple jaurésien intouchable qui n’existent pas, nous voulons seulement remettre l’histoire à sa place et rappeler quelques points fondamentaux de la vie du Grand homme qui savait, lui, respecter ses adversaires…
Jaurès était profondément attaché à son pays, à la nation française, tout en étant internationaliste. Il aimait la France, mais pas celle de la droite et de l’extrême droite monarchiste, cléricale et nationaliste. Nul besoin de jouer sur la complexité historique du mot Patrie pour affirmer cela. Il aimait en effet la France républicaine, celle des Lumières et de la révolution de 1789, celle des Quarante-huitards, de la Commune, de Hugo et de Zola ; celle qui lui paraissait de plus en plus en capacité, grâce à la progression du socialisme et d u syndicalisme, d’imposer la République sociale qu’il appelait de ses v½ux. Il s’est maintes fois prononcé en faveur d’une « armée nouvelle », liée à la nation, défensive et débarrassée du code militaire barbare alors en vigueur.
Il s’est battu pour les droits de l’homme, mais de tous les hommes, pas seulement des Français. Il a par exemple défendu les militants syndicaux poursuivis et son plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort demeure un des moments forts de son engagement. Il s’est aussi prononcé à différentes reprises pour le droit de vote des femmes, mesure à laquelle s’opposaient avec acharnement tous les conservateurs (et en ce domaine, nous le savons, il y en avait aussi à gauche …) appuyés sur le Sénat.
Il a lutté, en outre, contre la politique coloniale de la France, pour l’accession des musulmans d’Algérie à la citoyenneté, contre l’antisémitisme et le racisme. Dans un de ses derniers articles (L’Humanité, 24 juin 1914), il demandait par exemple de « protéger les ouvriers étrangers contre l’arbitraire administratif et policier pour qu’ils puissent s’organiser avec leurs camarades de France et lutter solidairement avec eux sans crainte d’expulsion ».
Au sein de l’Internationale socialiste, dont il fut un des deux représentants français, il a oeuvré en faveur de l’entente entre les peuples et de la paix. Il voulait aussi que soient établies des règles de droit (tel l’arbitrage obligatoire) qui dépassent le cadre politique national. Contre la guerre de revanche, il s’est sans cesse opposé au nationalisme cocardier et à ceux qu’il nommait lui-même « les maquignons de la patrie », souhaitant l’apaisement au moment des crises diplomatiques et le rapprochement, en vue d’actions communes, des socialistes et des salariés français et allemands. Il alla même jusqu’à proposer la grève générale simultanée en cas de guerre.
Anticlérical mais non anti- religieux, il fut aussi un ardent militant de la laïcité, de l’éducation publique et laïque et un artisan de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Ce fut là encore un épisode qui attira contre lui les foudres les plus véhémentes des droites coalisées.
Enfin, son engagement de tous les jours consistait à améliorer les conditions de travail et à étendre les droits économiques et sociaux (au profit de tous les travailleurs, et pas seulement des travailleurs français) : assurances sociales contre la maladie, les accidents du travail, le chômage…, retraites ouvrières et paysannes, impôts progressifs sur les revenus et sur les successions, baisse du temps de travail… Plus généralement, mais en l’affirmant sans relâche, il vou lait créer les conditions pour qu’advienne, en France comme ailleurs, une société nouvelle débarrassée de toute forme d’oppression et d’exploitation ; une société basée sur la propriété collective et l’intervention directe des travailleurs et de leurs syndicats dans l’économie, sous l’égide d’un Etat démocratisé de fond en comble : le socialisme.
Ces quelques exemples non exhaustifs l’indiquent clairement : sa conception de l’homme, des rapports sociaux et des relations internationales, de la vie même, n’avait rien de commun avec celle prônée aujourd’hui par le FN. Ni même sa conception du passé, du présent et de l’avenir.
L’opération qui consiste à « annexer Jaurès » n’est pas nouvelle. Mais elle témoigne autant de la grandeur du personnage lui-même que de la malhonnêteté intellectuelle et politique de celles et ceux qui s’y livrent, tout en sachant que rien ne les y autorise, souvent par calcul électoral et pour brouiller les repères politiques historiquement construits. Déjà l’entourage de Pétain s’était prêté à ce jeu sous Vichy et, depuis une trentaine d’années, les milieux les plus rétrogrades du patronat lui ont emboîté le pas, en faisant circuler un texte tronqué de Jaurès, sans jamais tenir compte des observations faites par les historiens de la Société d’Etudes Jaurésiennes. Et l’on sait que le Président de la République s’est lui aussi « recommandé » du dirigeant socialiste à plusieurs reprises, durant la campagne des élections présidentielles, en utilisant tous les ressorts des plans de communication « politiciens » … L’affiche et le tract édités aujourd’hui par le FN continuent de creuser ce sillon. Sans leur donner l’importance qu’ils n’auront pas, ces documents de propagande montrent à quoi en sont réduits à présent les responsables et candidats du FN pour tenter de gagner quelques voix…
Non, vraiment, tout le monde ne peut pas se réclamer de Jaurès ! »

Alain Boscus, Rémy Cazals, Jean Faury, Rémy Pech, Rolande Trempé, (Historiens), Bruno Antonini (Philosophe), Jacques Poumarède (Historien du Droit)
A lire également sur le blog de Gérard Contremoulins (voir ci-contre)

François Hollande ne manque pas d'humour

J'ai rapporté sur ce blog les propos de Nicolas Sarkozy devant les députés UMP qu'il avait invités à l'Elysée. Avec un grand sourire, le président leur a déclaré : « j'ai la banane ». Certes, l'expression est à la limite du trivial mais venant de ce président-là et avec le passé qu'on lui connait, rien d'étonnant. François Hollande, ancien premier secrétaire du PS ne manque ni d'à-propos ni d'humour. Il a rétorqué au président ce dimanche : « lui il a la banane et les Français ont les peaux ».
Pour qu'on soit informé des expressions présidentielles, il a fallu qu'un député vende la mèche à un journaliste. Un député UMP, certes, mais pas très ami-ami avec Nicolas Sarkozy. Le président ne fait plus l'unanimité dans ses rangs depuis belle lurette. Dans son livre « Après la démocratie » Emmanuel Todd décrit Nicolas Sarkozy comme un parvenu inculte, arriviste et sans scrupules. Il n'est pas plus aimable avec Ségolène Royal d'ailleurs mais à vous de lire le livre si vous voulez en savoir plus.

Tchernobyl est toujours dans nos têtes

Dans la lumière des projecteurs, les quatre artisans de la Compagnie du 2e souffle sont applaudis par le public. (photo JCH)
Cet après-midi à 15 heures, dans les caves du Moulin à Louviers, sera donnée la seconde représentation de « Nous ignorions que la mort pouvait être aussi belle ». Après la fusion du cœur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en avril 1986, des conséquences catastrophiques ont entraîné des morts et des irradiés par centaines, des migrations de populations, des pollutions de l'eau, de la terre, de l'air. Des milliers de personnes, Ukrainiens, biélorusses, russes, ont été victimes du plus grand drame technologique du 20e siècle.
Dans une société finissante, les réactions des autorités soviétiques n'ont pas été à la hauteur de la secousse ! Les capsules d'iode n'ont pas été distribuées, les riverains n'ont pas été protégés et le circuit de protection stalinien s'est mis en marche pour mettre à l'abri les apparatchiks et taire la vérité.
La pièce met en scène un physicien et deux femmes. L'une proche d'un « contaminé » de la centrale, une autre victime de sa proximité avec la centrale. Jean-Claude Mary et Jean-Pierre Vernizeau (qui joue le rôle du savant) ont adapté le texte de Svetlana Alexievitch (la supplication). Deux comédiennes apportent leur force et leur sensibilité : Maud Delescluse, et Fabienne Videcoq. Quant à Claude Desnoyers, malgré son trac de comédien débutant, il a lu avec conviction introduction et conclusion d'une pièce qui fait réfléchir. Le débat a montré que les cinquante spectateurs présents se sentaient réellement concernés par le choix du « tout nucléaire » effectué par nos gouvernants. Un Tchernobyl est-il possible en France ? Notre société est démocratique, stable, développée…mais le risque zéro n'existe pas.

La foire aux livres d'Amnesty International

Annick Quéré au cours de son intervention. (photo JCH)
Vous avez encore cette journée de dimanche pour vous rendre au Lycée de Val-de-Reuil où se déroule la foire aux livres du groupe Louviers-Val-de-Reuil d'Amnesty International. Hier, lors de l'inauguration, Annick Quéré, l'une des responsables du groupe a rappelé les principales actions collectives de 2008 (Jeux olympiques en Chine, 60e anniversaire de la déclaration universelle des droits d' l'homme) et insisté sur l'élection de Barack Obama qui soulève quelques espoirs au sein des défenseurs des libertés, de la démocratie et des droits humains.
Elle a évidemment remercié le proviseur du lycée et le maire de Val-de-Reuil, Marc Antoine Jamet, présent avec François Loncle, député, Leslie Cléret et Janick Léger, conseillères générales, ainsi que les services municipaux et les élèves du lycée qui ont contribué au succès de cette initiative qui se renouvelle depuis plus d'une décennie. Les visiteurs avaient également la possibilité de signer pétitions et lettres adressées aux différents chefs d'Etat où la liberté de la presse, de penser, de se déplacer est bafouée. Comment ne pas avoir en tête le chiffre monstrueux de plus de 2500 exécutions capitales chaque année en Chine ?
Marc Antoine Jamet, précis et informé, a pris quelques exemple ici et là pour démontrer que la le combat en faveur des droits de l'homme dépasse les frontières et les régimes politiques. Evidemment, ils sont plus souvent bafoués en Afrique, en Asie mais aussi au proche orient où le conflit israélo-palestinien ne prend pas le chemin du terme. Il n'a surtout pas oublié que parmi les droits de l'homme, les droits des femmes occupent une place essentielle. Et que nombre de pays obscurantistes continuent de les ignorer.