19 mars 2010

"C'est une politique purement démagogique, qui ne marche pas, même si elle se vend bien à l'opinion publique"

Interview - Le magistrat Christophe Régnard dénonce sur TF1 News la "démagogie" de Nicolas Sarkozy lorsqu'il demande une peine automatique de 30 ans contre les meurtriers de policiers. Une mesure aussi "inapplicable qu'inefficace", explique-t-il.(extraits)

TF1 News : Porter la peine à 30 ans serait-il dissuasif, comme le laisse penser le chef de l'Etat ?
C.R. : Cette mesure n'aura aucune efficacité réelle. Quand un terroriste décide de tirer mortellement sur un policier, comme cela a été le cas à Dammarie-Lès-Lys, est-ce que vous pensez vraiment qu'il se pose d'abord la question de savoir quelle peine de prison il encourt ? C'est toujours cette croyance un peu folle de Nicolas Sarkozy en l'effet dissuasif de la peine pour lutter contre la délinquance. On nous vend ce principe depuis 2002, or ça ne marche pas. Aux Etats-Unis, il y a la peine de mort qui non seulement est prononcée et est appliquée, et c'est le pays où il y a la violence la plus grave. En France, depuis 2002, on voit bien que les violences aux personnes n'ont cessé d'augmenter. Encore près de 14% l'année dernière. C'est une politique purement démagogique, qui ne marche pas, même si elle se vend bien à l'opinion publique.

TF1 News : Que faudrait-il faire alors ?
C.R. : Déjà, on n'a pas besoin de nouvelles lois en la matière. Pour lutter contre la délinquance et la récidive, on a surtout besoin de moyens pour la police et pour la justice. Mais quand on dit cela, on a l'impression de prêcher dans le désert. On a déjà eu 12 ou 15 lois sur la récidive et sur la grande criminalité. Et on est encore en train de nous parler d'une énième modification du code pénal à cause d'un fait divers. Cela n'a aucun sens. Un terroriste qui tue un policier, c'est dramatique, mais il n'y a pas de loi qui puisse interdire cela. C'est ça aussi qu'il faudrait dire à l'opinion publique.

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