24 avril 2010

La loi sur la burqa ? Une pêche aux voix des électeurs du FN

Cette histoire de burqa ou de niqab pue la récupération politicienne à plein nez. La trouvaille de Copé (l'homme à l'interdiction totale et partout) lui vaut même de bénéficier d'un policier chargé de sa sécurité après qu'il a clamé urbi et orbi qu'il fallait interdire la burqa dans tout l'espace public. On craindrait pour sa vie ! Malgré l'avis très circonstancié du Conseil d'Etat, le gouvernement, dans un état de panique générale, s'agite avec avidité en faveur d'une nouvelle stigmatisation des Musulmans. Car c'est bien de cela qu'il s'agit.

Je ne suis absolument pas le défenseur du voile intégral ni d'aucun voile d'ailleurs. Je ne suis pas le défenseur des cornettes et des foulards. Je défends farouchement la liberté de la femme et celle notamment de se vêtir comme elle l'entend. On me dit que le port de la burqa ne répond pas à un précepte religieux. C'est si vrai que le Conseil français des musulmans de France est même contre ce voile intégral. Il isole les femmes et les rend prisonnières d'elle-même, d'un homme, d'une foi ou encore d'une oppression. Et je comprends très bien ceux que le voile intégral insupporte.

Faut-il pour autant décréter l'urgence du vote du projet de loi gouvernemental ? Accoyer et Larcher (1) vont rencontrer Fillon pour lui expliquer la nécessité de rechercher un consensus républicain sur un sujet sensible qui ne concerne pourtant que quelques centaines de personnes. Ils vont essayer de le convaincre de mettre en place un débat utile et non futile, d'animer une discussion intelligente au Parlement. Et non un échange de noms d'oiseaux.

Quand on s'attaque aussi précipitamment et aussi violemment à un groupe aussi minoritaire en France, le tout avec un dessein purement idéologique et électoraliste, on prend le risque de bien des dérapages. Le policier qui a verbalisé une femme couverte d'un voile sous prétexte qu'elle n'était pas à son aise pour conduire sa voiture (elle conduit depuis dix ans sans aucun accident ou incident) s'autorise cette manœuvre eu égard au contexte. Hortefeux qui renchérit sur la situation du mari polygame (s'il l'est ?) demandant qu'on lui retire la nationalité française, cela me rappelle certains actes commis aux heures sombres de notre République.

Que cache ce jeu pervers ? Une pêche aux voix des électeurs du Front national tout simplement. Ça fait partie des fondamentaux comme dirait le député UMP lambda. L'arsenal législatif existant permet de s'opposer à toute atteinte aux règles de sécurité dans les lieux publics, à la sortie des écoles…ce qui est le cas des femmes intégralement voilées. Le message envoyé par le pouvoir demeure donc un message d'interdiction voire d'obsession. Et quand j'entends Fadela Amara, impuissante et sans grands moyens dans son secrétariat à la Ville, je m'interroge sur la vraie volonté de ce gouvernement. Les Français aussi, d'ailleurs, puisqu'un sondage récent indique que seuls 33% d'entre eux sont favorables à une loi d'interdiction totale. Les autres sont pour avec des conditions moins contraignantes, d'autres encore préfèrent qu'on ne légifère pas. Même si nous sommes très minoritaires (10 %) j'en fais partie. Car je n'ai nulle confiance dans ceux qui nous gouvernent.

(1) Les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat.

A lire également, le point de vue de Marc Blondel, président de la libre pensée, totalement hostile à cette loi d'interdiction générale : http://www.lepoint.fr/actualites-politique/2010-04-24/interdiction-du-voile-le-president-est-fou-de-lancer-cette-idee/917/0/447750

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il y a 25 ans la Burqa n'existait pas, donc pourquoi l'inventer aujourd'hui ? et surtout pourquoi la défendre comme liberté de s'habiller comme on veut? La burqa sert à la communication : ces femmes affirment qu'elles suivent le coran...
Bref, je me demande comment ? au temps de Mahomet cette burqa inventée il y a 20-25 ans n'existait pas.
Mais faut-il en arriver à une loi pour autant ? Il faudrait simplement remettre les pendules à l'heure et ceci par ceux qui connaissent très bien l'Islam, les chefs religieux.

Sylvia Mackert