13 août 2010

La souveraineté en question dans la crise : « rendre le pouvoir aux citoyens »

Au Parti de Gauche, la période estivale n’est pas celle du farniente pas plus que celle des petites phrases. Avec sa série d’émissions qu’il a baptisée « l’Auditorium », Jean-Luc Mélenchon, loin de la pression médiatique, se donne le temps en quarante minutes chaque semaine de développer un thème politique important. Le premier épisode avait pour sujet : « Les plans d’austérité voués à l’échec ». Le second dont nous tenterons aujourd’hui de faire une synthèse traite de « La souveraineté en question dans la crise ».

« Rendre le pouvoir aux citoyens », c’est cette idée développée par Jean-Luc Mélenchon au cours de cet entretien avec le journaliste Michel Soudais que nous ne pouvions évidemment pas passer sous silence tant elle résonne encore dans nos têtes. Elle fut le slogan que les militants lovériens du Comité d’action de gauche (CAG) emmenés par Ernest Martin avaient fait leur au début des années soixante dix. Quarante ans après, face aux dérives de la Vème République et de l’Union européenne, la question de la souveraineté populaire est plus que jamais d’actualité. Le président du Parti de Gauche, député européen, souligne le basculement de souveraineté qui s'opère actuellement à l'occasion de la crise. Qui gouverne ? Le peuple, les banques ou encore leurs relais au sein de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI) ? Pour lui, par la tentative de constitutionnaliser une politique économique et la rendre irréversible, la crise marque une nouvelle étape dans l’abandon de la souveraineté populaire, fondement de notre démocratie. Cette nouvelle confiscation du pouvoir du peuple montre l'urgence d'une révolution citoyenne… et d’une autre Europe.

L’imposition de mesures d’urgence que nécessiterait la crise économique et financière, le contrôle communautaire des budgets nationaux, comme les menaces de mesures de rétorsion contre les « mauvais élèves », accélèrent brutalement la mise en œuvre des politiques libérales dans toute l’Europe. Toutes ces mesures, dictées par ceux-là mêmes dont les politiques sont à l’origine de la crise, menacent gravement les fondements du pacte républicain qui est le ciment de l’unité de notre pays. Affaiblissement et destruction programmée des services publics, marchandisation des services et mise en compétition fiscale et sociale – ou plutôt nivellement – par le bas. Jean-Luc Mélenchon démontre comment l’Union européenne, d’un fonctionnement démocratique déficient, est progressivement passée à un mode de fonctionnement autoritaire en imposant dans les faits ses directives aux pays membres, puis désormais à un mode totalitaire où les peuples n’ont plus leur mot à dire des décisions qui les concernent dans leur vie quotidienne. Il dénonce la faiblesse des pouvoirs du Parlement européen face à ceux de la Commission et du Conseil de l’Europe. Parlement qui ne peut ni proposer de textes de lois, ni délibérer avec un pouvoir souverain en matière de budget, de politique étrangère, de politique économique et sociale et qu’il qualifie de « Parlement croupion ». Le déni de démocratie que constitue l’adoption du Traité de Lisbonne par dessus la volonté des peuples en est un autre exemple.

Jean-Luc Mélenchon dénonce aussi l’abandon de la souveraineté dans des domaines aussi vitaux pour le pays que ceux de la défense, avec le retour dans l’OTAN, et de l’agriculture intensive, spécialisée sur quelques productions, qui condamne l’agriculture vivrière paysanne, seule capable d’assurer l’indépendance alimentaire et de limiter l’empreinte écologique. La souveraineté culturelle devrait permettre de faire barrage à la banalisation et à la standardisation de la culture écrasée par les modèles dominants.

Enfin, il aborde ce que devraient être les décisions que prendrait un gouvernement de Front de gauche, qui, dans le cadre d’une révolution démocratique et citoyenne, serait amené tôt ou tard à s’opposer à la politique libérale de l’Union européenne et à certains des traités déjà approuvés par la France. Et là, plutôt que la sortie de l’Europe et l’isolationnisme, Jean-Luc Mélenchon préférerait une sortie progressive du Traité de Lisbonne, avec, comme le firent en leur temps les Britanniques, la possibilité d’un choix à la carte et l’exemption de l’application de certaines clauses, voire de leur renégociation. Il faut sortir de la nasse libérale dans laquelle l’Union européenne tente d’enfermer les peuples des pays qui la composent au seul bénéfice d’une minorité de grandes sociétés multinationales, de leurs actionnaires et des banques.

Penser global, agir local. Cette révolution citoyenne, cette volonté de rendre le pouvoir aux citoyens, ne pourrions-nous pas à nouveau y réfléchir à Louviers ? Ce n’est pas le semblant de démocratie participative que propose le maire de Louviers Franck Martin avec ses réunions de quartier qui risque d’entamer son pouvoir renforcé par le cumul des mandats. Et de faire en quoi que ce soit obstacle à la multinationale Véolia à laquelle, en tant que président de l’Agglomération Seine Eure, il a grand ouvert les portes de tous les services jadis publics que sont l’eau potable et son retraitement, l’enlèvement des ordures ménagères et leur retraitement et les transports. Toutes choses qui échappent ainsi au contrôle citoyen.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche


L’Auditorium - II : voir la vidéo de l’émission :
www.jean-luc-melenchon.fr

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