22 octobre 2010

Maximilien Luce, peintre néo-impressionniste engagé

Si vous n’y êtes déjà allé, il vous reste encore quelques jours pour vous rendre à Giverny voir la très belle exposition consacrée à Maximilien Luce (1858-1941) au Musée des Impressionnismes (ancien musée américain de la fondation Terra). Elle fermera ses portes le 31 octobre.

Je dois humblement l’avouer, j’ignorais tout de cet artiste, jusqu’à son nom, et si Claude Cornu, responsable des conférences et des activités à la Société d’Études diverses de Louviers (SED) ne m’avait pas convié à participer à la visite qu’il organisait, guidée par un conférencier – en l’occurrence une conférencière -, sans doute ne m’y serais-je pas rendu de ma propre initiative. La découverte de cet artiste et de son œuvre n’en a été que plus enthousiasmante tant la surprise fut grande.

Dessinateur exceptionnel, ami des plus grands dont Pissarro, Signac et Seurat, il se rallie très jeune au courant divisionniste, dernier avatar de l’impressionnisme, dont les deux derniers cités sont les représentants les plus connus. Artiste accompli, abordant tous les genres, la traduction dans son œuvre de son engagement politique aux côtés du mouvement anarchiste le rend particulièrement attachant. Là est probablement la raison principale de l’ostracisme dont il a longtemps fait l’objet de la part des instances officielles. Cet homme, issu d’un milieu modeste, n’était déjà pas de son temps, politiquement correct.

Témoin privilégié des luttes sociales à une époque où les ouvriers ne disposaient d’aucun droit, il rend, dans des tableaux d’une grande retenue, le plus bel hommage qui soit aux travailleurs et aux gens du peuple sans jamais tomber dans la grandiloquence ou les travers de la peinture officielle du réalisme socialiste en Union soviétique. En cela, il est un incontestable successeur des Frères Le Nain et de Chardin.

Par un tableau bouleversant (illustration), il nous montre la répression féroce du pouvoir versaillais lors de la Commune de Paris. Il nous aussi dit la souffrance, à leur retour en permission, des soldats de la Grande guerre qui ont vécu l’horreur des tranchées.

Son combat contre l’injustice d’une société facile aux riches mais d’une dureté impitoyable envers les plus faibles, n’a rien perdu de sa pertinence. Son message est plus que jamais d’actualité. Cette universalité et cette intemporalité sont bien les marques d’un grand artiste.

Reynald Harlaut

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