30 octobre 2010

« Résister, c’est créer. Créer c’est résister »

Georges de La Tour - "Job raillé par sa femme", dit "Le Prisonnier" - hst (145x97) - 1630 - Épinal, Musée départemental des Vosges.

« C’est la phrase d’introduction que dit Stéphane Hessel, ancien résistant, l’un des rédacteurs aux côtés de René Cassin de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, ancien Ambassadeur de France, dans la déclaration commune qu’ont faite en 2004 les anciens membres du Conseil national de la Résistance encore en vie pour célébrer le soixantième anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 et qui s’intitulait « Les Jours heureux ».

C’est de cette même phrase que la journaliste de France Inter Zoé Varier, une ancienne collaboratrice de Daniel Mermet, a fait son leitmotiv dans la dernière de son émission hebdomadaire « Nous autres » diffusée tous les vendredis soir à 20H05.Le thème de l’émission du vendredi 29 octobre 2010 était : « Résister ». En voici la présentation :

« Colère, indignation, révolte, depuis le mois de septembre, des anciens résistants refusent le «Diplôme d'honneur aux Combattants de la Deuxième Guerre» que le ministère de la Défense veut leur remettre. Ils dénoncent une opération démagogique, un enfumage de l'Élysée, une instrumentalisation de la mémoire, ils dénoncent l'inutilité de ces fausses distinctions.
M. René Heitz, M. Charles Paperon, M. Pierre Moriau ont été des résistants de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui ce sont de vieux messieurs de plus de 80 ans et ils n'ont rien perdu de leur indignation et de leur conviction. C'est en toute conscience, qu'ils ont décidé de ne pas accepter cet hommage d'un gouvernement qui chaque jour démantèle un par un les acquis de la Résistance. Fidèles à ce qu'ils ont été, à ce qu'ils sont, à ce qu'ils ont combattu et défendu, René, Charles et Pierre sont des résistant d'hier, des résistants d'aujourd'hui ».


Très beau et très émouvant reportage, que nous ne saurions trop vous recommander d’écouter, puisqu’il est possible de le faire une semaine durant après sa diffusion. C’est avec « Là-bas si j’y suis » de Daniel Mermet, « l’Humeur vagabonde » de kathleen Evin et le « 5/7 Boulevard de Philippe Collin », l’une des dernières émissions de France Inter qui ne soient pas encore aux ordres du pouvoir.

Pour défendre leur idéal de démocratie et de liberté, ces hommes et ces femmes ont risqué leur vie. C’est à eux et à elles et à tous leurs camarades qui n’ont pas eu la chance de voir l’avènement du monde de paix et d’espoir pour lequel ils et elles se battaient que nous devons la chance d’avoir connu ces soixante années de paix et de bonheur. Bonheur d’avoir vécu jusqu’à ces dernières années dans une société solidaire où la crainte des conséquences de la maladie et de la vieillesse s’était tant éloignée que nous n’avions pris garde de le célébrer comme cela aurait dû être. Cette situation nous paraissait acquise pour toujours et dans l’ordre naturel de nos sociétés évoluées.

C’est parce que ces solidarités restaient en dehors de toute marchandisation et représentent potentiellement des sources de profit considérables (pensons au budget de la Sécurité sociale) que les puissances d’argent, celles du capitalisme financier qui gouverne le monde, patiemment et méthodiquement ont décidé de les mettre à bas depuis déjà quelques années. L’oligarchie actuellement au pouvoir en France ne fait depuis 2007 qu’en accélérer le processus.

Et c’est cela que dénoncent tous les anciens du Conseil national de la Résistance. À tous ceux qui aujourd’hui, comme Nicolas Sarkozy, l’homme qui rit dans les cimetières où reposent les Résistants morts au combat, les regardent sourire aux lèvres en leur faisant comprendre à mots à peine couverts qu’ils radotent et que tout cela n’a plus d’importance. Que le monde a changé et qu’ils ne sont plus dans le coup.

Non. Il faut le dire et le répéter sans cesse. Les valeurs que défendaient hier et que défendent encore aujourd’hui ces hommes et ces femmes qui méritent respect et affection sont universelles et intemporelles. Elles s’appellent liberté, égalité, fraternité, démocratie, solidarité, laïcité. Elles ne classifient pas les hommes en fonction de leurs origines ethniques ou confessionnelles. Elles ne stigmatisent pas les étrangers. Elles affirment qu’il n’est nulle part possible de fonder une société humaine, harmonieuse et durable sur l’injustice et l’accaparement des richesses par quelques uns au détriment du plus grand nombre.

Ces valeurs qui ont fait la grandeur de notre pays et le prestige dont il jouissait dans le monde entier, Nicolas Sarkozy et son gouvernement les usurpent. Ils en sont indignes. Et c’est pour cela que nous devons, républicains sincères et citoyens libres, au-delà de nos différences, nous unir pour leur dire comme l’a dit le peuple argentin ruiné à ses dirigeants : « Qu’ils s’en aillent tous ! ».»

Reynald Harlaut
Parti de Gauche


Pour réécouter l’émission de Zoé Varier :
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/nousautres/

Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui :
http://www.citoyens-resistants.fr/

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