22 novembre 2010

Enterré le président du pouvoir d’achat


« De plus en plus de pauvres » titre la Dépêche cette semaine. La période hivernale approchant à grands pas, la lecture de notre hebdo local nous rappelle hélas qu’il est de plus en plus difficile de vivre en France aujourd’hui. Et pourtant en 2007, dans le programme du candidat élu à la présidentielle, la priorité était de lutter contre la pauvreté. Dans son programme, retenons : « Zéro SDF dans 2 ans, extension des allocations familiales aux familles avec un enfant, l’allocation chômage ne pourra être inférieure au smic, augmentation de la prime pour l’emploi, etc, etc… Sans oublier le fameux « Travailler plus pour gagner plus ».

Pourtant depuis 2007, Sarkozy en a distribué de l’argent. Il en a distribué beaucoup. Mais aux riches afin qu’ils soient plus riches. Il a donné aux banques. Il a donné aux grosses entreprises. Et bien entendu, il a appauvri les pauvres pour qu’ils deviennent plus pauvres. Il a étranglé économiquement les classes moyennes et endetté la nation. Cela, il l’a parfaitement réussi !

Alors que les familles de salariés arrivent difficilement à joindre les deux bouts, et voient sans cesse diminuer leur pouvoir d’achat, des petits malins se partagent des milliards d’euros de bonus, en contrepartie de bien peu de contraintes. Chaque jour des millions de travailleurs se battent pour garder leur emploi et conserver un toit sur la tête de leur famille. Alors que certains sont obligés de dormir dans leur voiture, et manger de la nourriture de deuxième zone, la presse people se réjouit des commandes record de champagne et de caviar qui n’est ni plus ni moins qu’une arrogante provocation en direction de tous ceux qui souffrent, comme le record historique de la vente des vins des Hospices de Beaune ce week-end.

Les escrocs du secteur financier, qui ont mis l’économie à genoux, poussent des hauts-cris lorsqu’on évoque la perspective de règlementer les marchés. Leurs extravagantes prises de risque leur rapportent des avantages extraordinaires. Mais les salariés et les plus pauvres doivent être là pour les aider lorsqu’ils sont en difficulté.

Dans son «portrait social de la France» publié mardi, l’Insee révèle que, désormais, à peine plus de la moitié de la population salariée travaille à temps plein toute l’année. Les autres subissent, entre autres, le temps partiel, l’alternance entre CDD et périodes de chômage... Résultat : en 2008, un quart des 25 millions de salariés ont perçu, sur l’année, un revenu salarial inférieur à 9.000 euros nets soit moins de 0,73% du smic ; en moyenne, ils ont touché 3710 euros... Ce sont soit des personnes qui ont un emploi stable mais à temps partiel, soit des personnes qui n’ont été en emploi qu’une partie de l’année. Pour un deuxième quart, le revenu annuel a été compris entre 9.000 et 16.000 euros (entre 0,73% et 1,36% du smic), et la moyenne était de 1,1 smic.

Pendant ce temps là, les grands groupes, eux, affichent une santé financière insolente. En 2010, les seigneurs du CAC 40 devraient réaliser plus de 84 milliards d’euros de résultat net. Un chiffre en hausse, excusez du peu, de...90% par rapport à 2009, ce qui les ramène vers le niveau record historique atteint en 2007 avec 101,4 milliards d’euros de profits. Une autre étude nous révèle que les mêmes entreprises disposent d’un matelas de quelque 146 milliards d’euros de trésorerie (plus 5% sur l’an passé). Largement de quoi lutter contre la pauvreté.

Pas un mot de tout cela dans la bouche du chef de l’État, mercredi dernier pendant une heure et demie de prestation télévisée. Il est bien mort et enterré le «président du pouvoir d’achat». Le secours populaire, les restos du cœur et autres associations humanitaires ont encore de l’avenir.

Alain Lefeez

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