8 novembre 2010

Inventer la machine à gagner

Jean-Marc Germain (photo le JDD)

Mon confrère blogueur Denis Szalkowski reproche à un certain nombre de frénétiques du clavier de trop parler de Sarkozy. Dans ses statistiques, il assure que le président de la République obsède nos nuits et nos jours. Que nos commentaires de la vie politique tournent autour de cette personne très et trop médiatisée. Serions-nous victimes du syndrome «antisarko » ? Ainsi, ses statistiques révèlent que les blogueurs «politiques» normands dont je suis et qu'il prend la peine d'ausculter consacrent bien des lignes à un chef de l'Etat que Jean-Louis Debré ne classe pas parmi les plus importants de la 5e République. Il suffisait de l'écouter, ce matin, sur France Inter : « pour moi, il y a eu, racontait-il, trois présidents importants, De Gaulle, Mitterrand et Chirac. » Au diable les Giscard, les Pompidou et les Sarko…

A bien y réfléchir, Denis a raison. Si l'on veut céder à la facilité et enfoncer des portes ouvertes, faisons de l'anti-sarkozysme à outrance. Tapons sur la réforme des retraites, cognons sur la réforme territoriale, rions de ce remaniement dont on a oublié le début et dont on ne voit pas la fin, gaussons-nous des remarques acerbes de Villepin qui assure que le principal problème de la France c'est Sarkozy…ambiance. Ce serait ainsi une façon d'épargner les propositions (ou leur absence de propositions) de l'opposition dite gouvernementale celle qui serait apte à gouverner.

Chacun s'accorde à penser que l'antisarkozysme ne fait pas un projet et encore moins un programme. Mais Sarkozy est l'un des rares à avoir compris qu'en 2010 et sans doute aussi en 2012, le bruit de fond des médias va jouer son rôle, un rôle important. Rocard a beau déplorer cette démocratie médiatique du court terme, de l'immédiateté des résultats, il faut faire avec l'influence de la télévision, des radios, de la presse écrite (magazine surtout) et d'Internet.

Le monde a changé. La relation du citoyen à la politique aussi. Il serait grand temps que les responsables du Parti socialiste et ses élus tiennent compte de cette nouvelle dimension relationnelle. Je suis effaré de voir que le site départemental du PS est pauvre voire très pauvre. Je suis catastrophé de constater que très peu de députés PS ou apparentés (excepté Bartolone, Cambadélis, Dosières…) possèdent un blog actif influent.

N'acceptons pas la toute puissance du jeu médiatique. Soit. Sans le site d'informations Médiapart, sans Les enquêtes du Point ou de Monde, que saurait-on de l'affaire Bettencourt ? Que saurait-on des enveloppes destinées aux candidats UMP ? Qui nous aurait appris que des portables de journalistes d'investigation ont été dérobés à leur domicile ou à leur bureau ? Que les factures détaillées de téléphone des-dits journalistes ont été épluchées soit par la police, soit par le parquet.

Au début de son quinquennat, Sarkozy donnait le tempo. Les journalistes esbaudis le suivaient comme son ombre. Après ses échecs et ses erreurs, voilà que la presse le voue aux gémonies et ne donne pas chère de sa peau en 2012. Attention, en 2006-2007, la presse n'avait d'yeux que pour Ségolène Royal. Elle allait avoir un boulevard. Le jour de l'élection elle a pourtant fait une sacrée embardée.

En lisant le JDD, hier, je me disais (pour me rassurer sans doute) que Martine Aubry était bien entourée. Jean-Marc Germain et François Lamy, ses deux principaux conseillers, savent écrire des discours et, parait-il, réparer des machines à laver. Je ne leur demande qu'une chose : qu'ils inventent la machine à gagner.

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