14 novembre 2010

L'eau bien commun de l'humanité

Jean-Luc Touly et Alain Le Vern. (photo JCH)

A l'occasion de la semaine de la solidarité internationale, Jean-Luc Touly était en Normandie. Invité par le conseil régional, il est venu à Rouen faire le point sur les « avancées » obtenues au niveau mondial pour que chaque habitant de la planète terre ait accès à l'eau potable.

On n'en est pas encore là puisqu'un milliard d'êtres humains n'ont pas d'eau potable et que trois milliards d'autres ne bénéficient d'aucun système d'assainissement. Ce qui se passe à Haïti illustre d'ailleurs très bien la situation dramatique dans laquelle se trouvent nombre d'habitants du sud. Sans eau potable, les épidémies se développent et on attend une catastrophe humanitaire majeure dans une île déjà sévèrement touchée par le tremblement de terre de début d'année. Le choléra a déjà tué un millier de personnes.

Jean-Luc Touly explique très bien comment l'eau est devenu un bien économique dotée d'une valeur marchande depuis que le PPP partenariat public-privé a été érigé en dogme dans notre pays et ailleurs. Ce partenariat aboutit à une centralisation des moyens et à une concentration des profits. En 1977, l'ONU avait fixé comme objectif l'an 2000 pour que l'accès à l'eau soit universel. « L'objectif ne sera pas atteint, déplore Jean-Luc Touly, et l'eau demeure une source de conflits importants comme au Moyen orient, par exemple. »

Citant les grandes multinationales de l'eau (Véolia, Suez etc.) il souligne leurs capacités de lobbying, l'opacité de leur gestion, l'inexistence d'une gouvernance claire qu'il oppose aux desseins de l'association de Danièle Mitterrand : « l'eau est un bien commun de l'humanité, l'eau n'a pas de prix. » L'accès à l'eau pour tous est un droit : pour ceux qui peuvent payer et ceux qui ne le peuvent pas.

Ainsi, il propose, si l'on considère qu'un habitant a besoin de 150 litres d'eau par jour pour ses besoins alimentaires et d'hygiène que les 50 premiers litres soient gratuits, que les 50 litres suivants soient facturés au prix coûtant et qu'à partir du 100e litre d'eau, des surtaxes progressives soient appliquées. Cela engendrerait un comportement à la fois écologique et citoyen. « Il s'agirait tout simplement d'appliquer le principe du pollueur-payeur ».

C'est possible ! Depuis juillet 2010 la Bolivie applique ce principe de progressivité. Pour JL Touly, les collectivités locales vont donc être confrontées à des décisions politiques d'urgence. Quant au pays du sud ils savent ce qui les attend : la banque mondiale et le FMI mettent deux conditions aux aides financières : l'augmentation des prix et la privatisation de la gestion. Mais comme le dit JL Touly, cette proposition a une limite : tout le monde paye sauf ceux qui gèrent ! C'est pourquoi la loi Oudin-Santini et le 1 % destiné aux pays en voie de développement « est une loi formidable ».

Jean-Luc Touly qu'on reverra bientôt dans la région de Louviers a conclu sur cette formule : « l'eau c'est l'intérêt général, l'eau c'est la vie ! »

(1) Lundi à 18 heures, on se retrouvera devant l'entrée de la salle du conseil municipal à Louviers pour expliquer aux élus majoritaires de Louviers qu'il est temps de défendre cet intérêt général. Chacun sera le bienvenu.

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