15 novembre 2010

Remaniement, repliement et reniement

Christine Lagarde n'y va pas par quatre chemins. L'ancienne patronne d'un cabinet d'avocats de Chicago n'hésite pas à parler d'un nouveau gouvernement révolutionnaire où le professionnalisme va dominer. Merci pour les virés et les écartés. Fini les états d'âmes et terminé les « je roule pour moi ». Tous rouleront, dorénavant, pour Sarkozy. On avait Christine (Bouttin) la mystique, on a maintenant Christine (Lagarde) la mesquine.

Les radicaux de gauche ont profité du départ de Jean-Louis Borloo du gouvernement pour proposer une réunification du Parti radical.
"En reprenant sa liberté, Jean-Louis Borloo offre l'opportunité aux radicaux et au radicalisme de retrouver toute leur place sur l'équipier politique", déclare dans un communiqué Eddie Ait, secrétaire national du Parti radical de gauche. "Le temps de la réunification est venu."
Il n'aura pas fallu longtemps à un responsable radical de Gauche de haut niveau (!) pour aller à la pêche aux centristes de droite puisque Borloo est membre de l'UMP. Ces radicaux, de gauche ou de droite, sont décidément impayables. La famille radicale, comme ils disent, devrait nommer Bernard Tapie parrain d'honneur. Il est vrai que Borloo a été son avocat.

Les hommes politiques auraient intérêt à se relire ou à réécouter leurs déclarations. Prenons Alain Juppé par exemple. Depuis 2008 il a répété sur bien des ondes et sur bien des écrans que jamais au grand jamais il ne réintégrerait un gouvernement ! « Ni hier, ni demain, ni après-demain. Les Bordelais veulent que je sois maire de Bordeaux à plein temps. » Le site http://www.lepost.fr/ a eu la bonne idée de collecter toutes les déclarations de l'ancien premier ministre. Quel menteur !

Les recalés et les pestiférés se lâchent. Jean-Louis Borloo, Fadela Amara, Rama Yade…étaient obligés de tenir leur lanque (quoique) quand ils étaient ministres. Depuis hier soir, on sait qu'ils ne le sont plus. Borloo assure que la cohésion sociale n'est pas pour lui une posture de circonstance, Amara regrette le sectarisme de tel ou tel, Rama Yade dit être heureuse de ne plus en être…Morin semble même découvrir que le RPR-UMP est un clan au sein duquel le chef ne serait plus celui qu'on croit.

J'ai adoré le titre du journal Libération ce matin : « Fillon garde Sarkozy. » On ne peut mieux décrire la situation d'un président qui a perdu la main. Fillon s'est imposé et de quelle manière : violente et brutale. Le bourgeois de la Sarthe s'est rendu irremplaçable et a tenu à serrer les boulons. Les Morano, Lefevre, bien connus pour leur caractère aimable, vont pouvoir s'en donner à cœur joie. Quant aux Hortefeux, Alliot-Marie, Ollier, Bertrand, etc. on les connaît bien. On a du souci à se faire.

En écoutant Dominique Strauss-Kahn, ce matin sur France Inter, François Loncle a eu l'impression que le directeur du FMI serait bien candidat à la candidature à l'élection présidentielle et que, donc, il participera aux primaires organisées par le PS. François Loncle m'avait assuré, il y a plusieurs semaines que Fillon serait maintenu à son poste : « Les députés UMP le voulaient. » Ce matin il m'a affirmé : « Strauss-Kahn veut être candidat. Il sera désigné et il gagnera l'élection présidentielle. »

Parmi les virés : Eric Woerth. Ses amis assurent qu'ainsi il pourra mieux se défendre des attaques dont il est l'objet : la légion d'honneur de Patrice de Maistre, le terrain de golf et l'hippodrome de Chantilly, les enveloppes d'argent liquide des Bettencourt lors de la présidentielle de 2007, l'embauche de son épouse…des juges d'instruction ont été désignés (après combien de mois ?) et tôt ou tard, Eric Woerth devra répondre à quelques questions.
En fait, et plus prosaïquement, son retour à l'Assemblée nationale va lui permettre de bénéficier de l'immunité que prévoit la constitution en faveur des parlementaires. Pour lever cette immunité il faut l'accord du bureau de l'Assemblée nationale largement dominée par la droite. A mon avis, les juges ne sont pas au bout de leurs peines. La vérité devra attendre des mois ou des années.

Finalement, ce remaniement annoncé dès mars 2010 se résume à deux mots : repliement sur l'Elysée et la garde très rapprochée avec Guéant, Guaino, Levitte et consorts et reniement avec les engagements de 2007 dont on attend toujours les effets : travailler plus pour gagner plus, la croissance avec les dents, une France irréprochable, la baisse du chômage, de la pauvreté…

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