26 novembre 2010

Roland Dumas : immoral ou amoral ?

Ainsi, Jacques Chirac a été élu président de la République en 1995 grâce à un tour de passe-passe de Roland Dumas, président du Conseil constitutionnel. Par sa voix, ajoutée à celle des quatre conseillers de droite, les comptes de campagne d'Edouard Balladur et Jacques Chirac ont été validés ouvrant la voie à la confirmation de l'élection du dernier nommé.

Et pourtant. Pourtant, les différents rapporteurs — les experts comptables et judiciaires du conseil constitutionnel — avaient tous conclu au rejet des comptes de campagne des deux frères ennemis. Pourquoi ? Parce que des sommes importantes en espèces avaient alimenté la colonne recette sans qu'elles puissent à aucun moment, trouver une justification sérieuse. Edouard Balladur (1) avait même osé déclarer que les 11 millions de francs (de l'époque) versés en une seule fois provenaient de la vente de gadgets et de teeshirts ! Quant à Jacques Chirac, il dépassait lui aussi le plafond autorisé.

Qu'a fait Roland Dumas ? Il a complètement occulté les arguments des experts et des quatre opposants (membres du conseil constitutionnel et nommés par la gauche) et justifié son vote afin « de respecter l'expression du suffrage universel des Français ». Même si ce vote a finalement été obtenu avec l'aide de moyens « énormes » rendus possibles par le dépassement du cadre légal. Et donc répréhensibles.

L'histoire retiendra (lire Le Monde de ce jour) que Roland Dumas, proche de François Mitterrand, a permis l'arrivée de Jacques Chirac au pouvoir contre Balladur, d'abord, et Lionel Jospin, ensuite, qui s'avère avoir été le dindon de la farce. Roland Dumas, ne l'oublions pas, a dû démissionner de cette présidence du Conseil constitutionnel pendant l'affaire Elf qui l'a conduit devant Eva Joly, juge d'instruction au pôle financier de Paris. Ne racontait-elle pas récemment qu'elle connaissait bien Roland Dumas « puisqu'elle l'avait mis en examen. »

Je me pose une question : cet homme est-il immoral ou amoral ? En tout cas, il n'est pas de gauche.
(1) Dominique de Villepin a déclaré hier au juge Van Ruymbecke qu'il avait l'intime conviction que des commissions ou retrocommissions avaient alimenté les partis politiques soutenant Edouard Balladur.

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