17 avril 2010

Le crime de Tchernobyl

Il y a nuage et nuage. On connaissait le nuage de Tchernobyl qui n'avait, disait-on, pas dépasser les frontières de l'hexagone (funeste erreur d'appréciation ou mensonge d'Etat) et on fait face aujourd'hui, au nuage composé de cendres volcaniques que nous envoie l'éruption islandaise. Les avions cloués au sol empêchent les migrations touristiques et les voyages d'affaires, ils favorisent le train et le taxi nouveau moyen de transport entre Copenhague et Oslo.

Revenons à Tchernobyl dont on va bientôt «fêter» le 25e anniversaire de la catastrophe de l'explosion de la centrale nucléaire. On ne le dit pas assez mais ce sont des centaines d'hectares «neutralisés», des milliers de morts non comptabilisés, des familles «déportées», et surtout une terrible opération de communication mondiale mensongère de la part de l'OMS et de l'AIEA.

Je ne savais pas, jusqu'à une date récente, qu'une convention (signée en 1959) liait l'Organisation mondiale de la santé (émanation de l'ONU) et l'Agence internationale de l'énergie atomique. Heureusement l'émission « terre à terre » sur France Culture existe pour rendre publics des faits que, sans cette émission, nous eussions continuer d'ignorer. Des enquêtes, des statistiques noires ont été cachées pendant des années. Elles accusent le pouvoir soviétique, d'abord, et les instances internationales ensuite, qui ont sciemment dissimulé des informations d'intérêt public.

Il a fallu, également, l'intervention du réseau «Sortir du nucléaire» pour que les vigies genevoises (1) continuent de marquer solennellement leur opposition à cette politique de dissimulation coupable. La leçon de tout cela : méfions nous des vérités gouvernementales. Soyons vigilants, dubitatifs, curieux. Et surtout, ne prenons pas pour argent comptant les affirmations émanant d'organismes trop liés aux lobyes industriels ou aux sociétés commerciales. Le récent épisode du vaccin antigrippal nous rappelle combien le principe de précaution peut être synonyme de gaspillage d'argent public.

(1) Chaque jour depuis l'année 2006, des vigies se relaient de 8 heures à 18 heures devant le siège de l'OMS à Genève pour dénoncer les mensonges officiels sur…«Le crime de Tchernobyl», un livre de de Wladimir Tchertkoff.

« Les auteurs de ce livre sont les victimes de la catastrophe de Tchernobyl survenue le 26 avril 1986, dont l'auteur a enregistré les voix dans leurs villages du nord de l'Ukraine et dans les forêts du sud de la Biélorussie. Des centaines de milliers sont invalides, des dizaines de milliers sont morts jeunes ou continuent de mourir dans des souffrances inimaginables... Malgré l'ampleur du désastre prophétique qui faillit rendre l'Europe inhabitable, l'atome, à la faveur de la crise de l'énergie, revient sur le devant de la scène. On envisage tranquillement de quadrupler le nombre des 450 réacteurs existants de par le monde. Les Etats-Unis, l'Europe, vont s'y mettre, la France n'est pas en reste, avec l'EPR de Flamanville prévu pour 2011-2012, tandis que la Russie caresse le projet d'une centrale nucléaire flottante ancrée au pôle Nord...

15 avril 2010

Quelques réflexions au débotté

Dans un entretien avec un journaliste de La Dépêche, le maire de Louviers affirme que «le Pire est derrière nous». Comme dirait l'autre, tout dépend du côté vers lequel on regarde. Il justifie à nouveau les augmentations d'impôts même s'il reconnaît que le matraquage de l'an dernier s'est soldé par un excédent et donc…un abus de précaution. Il défend bec et ongles la Villa Calderon car il sent bien que cet investissement d'un montant très élevé peut être considéré comme excessif en période de crise. Certes, plusieurs collectivités ont mis la main au portefeuille mais cet argent reste de l'argent public. Quant aux ateliers d'artistes, il faudra nous expliquer qui en est gestionnaire et qui en assume l'usage.
Les dépenses nécessaires à l'isolation des bâtiments communaux ne sont pas «électoralement payantes» remarque le maire, car elles ne font pas rêver. Mais elles deviennent plus qu'urgentes et indispensables. Elles figuraient d'ailleurs en bonne place dans notre programme municipal de 2008, nous ne pourrons donc que les approuver.

Les cardinaux ne sont pas tous au fait des complexités de la vie sexuelle des humains. L'un d'entre eux, parmi les plus prestigieux, vient de jeter dans le même sac pédophilie et homosexualité. Pourquoi déclarer cela ? Parce que des études menées par des psychiatres, affirme ce prélat, font le lien entre la préférence homosexuelle et des conduites pénalement répréhensibles. Décidément dans l'Eglise de Benoit XVI, certains disent beaucoup de bêtises tandis que d'autres les commettent. Le cardinal Bertone est tout de même revenu sur ses propos pour assurer qu'il évoquait seulement la situation des prêtres ! le célibat des abbés restera intangible. On ne peut pas à la fois aimer Dieu et une femme ou un homme !

Ségolène Royal monte au front avec les sinistrés de la tempête Xynthia. Elle considère que le périmètre qui entoure les zones où les destructions d'habitations ont été programmées ont été trop vite et trop mal étudiées. Elle proteste également contre la rapidité et la brutalité des annonces. Celle qui a déposé à l'INPI l'expression l'«ordre juste» confirme que ce gouvernement est plutôt un adepte du désordre injuste. Pourquoi telle maison non sinistrée devra-t-elle abattue ? Pourquoi telle autre, avec les pieds dans l'eau, sera-t-elle sauvée de la démolition ? François Fillon a eu raison de préciser que les sinistrés pourront toujours se tourner vers la justice. L'Etat de droit ne se discute pas. les juges pourront même établir le montant des indemnités ! On pense à ces maires, fort imprudents, déçus de la potentielle perte des taxes et de l'atteinte à l'image de leur station touristique. Vous avez dit La Faute ?

Travailler plus et gagner moins. Voilà ce qui attend les jeunes générations. Dans le cadre des discussions sur l'avenir des retraites, on entend le gouvernement et les patrons entonner la même chanson : allongement de la durée du travail jusqu'à 65 et pourquoi pas 70 ans ! Droits à pensions minorés…
Martine Aubry va certainement proposer, au nom du Parti socialiste, de trouver de nouvelles sources de financement. J'en ignore, aujourd'hui, le mécanisme mais je ne serais pas surpris d'apprendre que les socialistes proposeront d'autres formules que les seules cotisations sociales. Pour les salariés, il s'agit de cotisations, pour le MEDEF, il s'agit de charges. Les mots ne sont jamais neutres.

Le caillassage des bus continue à Tremblay-en France. Même suivis par des cars de CRS, les transports en commun, les sapeurs-pompiers, tombent dans des guet-apens…Je conseille vivement à mes lecteurs de lire l'ouvrage de Luc Bronner (La Loi Du Ghetto ; Enquête dans Les banlieues françaises, Editeur : Calmann-Levy). Ce journaliste a passé beaucoup de son temps dans les quartiers dits populaires, dits sensibles, qui ne sont en fait que des ghettos où il existe donc un intérieur et un extérieur, des autochtones et des étrangers, des bandes, des caïds…Il raconte par le menu la vie des habitants de ces quartiers. Edifiant !
Claude Dilain, invité du Grand Journal de Canal Plus hier, maire PS de Clichy-sous-bois, très attentif à l'évolution des quartiers de sa ville affirme que le ministre de la ville devrait être le Premier ministre lui-même. Actuellement, les quartiers sont délaissés, abandonnés à leur triste sort. Il craint le pire. Et ce ne sont pas les caméras de Brice Hortefeux ou celles de Franck Martin qui changeront quoi que ce soit à la situation de paupérisation et au sentiment d'abandon de Français qui ne se considèrent pas tout à fait comme les autres. N'est-ce pas là qu'on recense une très forte abstention lors des dimanches d'élections ?

13 avril 2010

Bussereau pris entre deux feux

Dominique Bussereau, président du conseil général de Charente-Maritime et ministre des transports est pris entre deux feux. D'un côté, il souhaite la révision des limites des zones noires définies sur les côtes de son département après la tempête Xynthia, le tout sous la pression des habitants, ses contribuables-électeurs et de l'autre, on le rappelle à la solidarité gouvernementale et à l'obéissance des règles définies par le conseil des ministres.

Voilà à quoi mène le cumul des mandats ou des fonctions. Voilà les limites concrètes d'une appartenance à un gouvernement chargé, théoriquement de défendre l'intérêt général, et d'une présidence d'assemblée départementale qui oblige forcément à être plus près des usagers, des habitants, des victimes. Bussereau vit une sorte de schizophrénie des responsabilités.

Comment en sortir ? En interdisant à un membre d'un gouvernement d'être également président d'un exécutif régional, départemental ou local ? En exigeant la démission du cumulard d'une de ses fonctions ou d'un de ses mandats ? Il n'est pas sain ni moral qu'un même homme puisse être confronté à des logiques différentes. Mal à l'aise, tiraillé, Dominique Bussereau est comme tous ceux qui cumulent les mandats et ne peuvent faire correctement ce pour quoi on les a élus.

Les socialistes devraient méditer la situation de ce ministre et tout faire pour empêcher que pareille situation ne se produise un jour. Martine Aubry semble attacher beaucoup d'importance à cette question. On verra jusqu'où les logiques anciennes la conduiront.

12 avril 2010

Français, encore un petit effort, juste un doigt…

Depuis ce matin, les médias, tous en chœur, entonnent à nouveau la complainte des retraites. Ils nous disent à l’unisson que le choix qui s’offre aux Français est entre l’allongement de la durée du temps de travail et la diminution du montant des pensions. Mais, quelle que soit la solution adoptée, les salariés pressentent d’ores et déjà qu’ils seront à tout coup les perdants. Et si la négociation se déroule comme prévu – tout semble jusqu’à présent parfaitement orchestré –, les syndicats et le pouvoir en sortiront la tête haute avec le sentiment du devoir accompli. Les premiers auront arraché, à la marge, quelques concessions sur la pénibilité ou les inégalités homme - femme, le second aura, pour la forme, demandé une obole aux plus riches.

Voilà, grosso-modo, le discours tenu par tous sur le sujet. De ce point de vue, Jean-Luc Mélenchon n’a pas tort quand il s’insurge contre le prêt-à-penser qui est de plus en plus le lot commun d’un grand nombre de journalistes. Le pouvoir sur l’opinion que leur offre la position qu’ils occupent au sein de la société devrait avoir comme contrepartie une indépendance intransigeante, une plus large ouverture d’esprit et pour beaucoup d’entre eux davantage de modestie.

Car enfin, cette situation, où le pays, confronté à un problème, n’aurait à sa disposition aucune alternative et où il n’existerait pas d’autre solution que celle qui nous est proposée nous rappelle par trop le discours qu’asséna en son temps Margaret Thatcher à la classe ouvrière anglaise, du moins à ce qu’il en restait encore. Et là serait le rôle de journalistes qui, faisant sérieusement leur travail, prendraient l’écoute et seraient le relais des trop rares politiques et économistes à ne pas tourner en rond.

Aujourd’hui, il manquerait environ neuf milliards d’euros par an pour assurer l’équilibre du régime des retraites. Or, la part des salaires dans le produit intérieur brut (PIB) a régressé en vingt cinq ans de plus de 11 % au regard de ce qu’elle représentait dans les richesses créées. Rien qu’en France ce sont 200 milliards d’euros par an qui passent annuellement de la poche des salariés à celle des actionnaires, si l’on se réfère à l’équilibre du marché du travail tel qu’il était en 1982.

Le choix est donc avant tout politique. Soit l’on continue de favoriser le versement des dividendes aux actionnaires et continueront de croître de façon exponentielle les inégalités, soit on met sur la table la question du partage des richesses produites. Et là, que représentent les neuf milliards de déficit que le pouvoir entend faire payer au salariés au regard de ces deux cents milliards distribués aux plus riches. Sur cette question, Martine Aubry s’est faite jusqu’à présent, on ne peut plus discrète.

Reynald Harlaut

Il faut lutter contre les causes de la violence urbaine et pas durcir la loi

Un jeune homme lynché à Grenoble. il est entre la vie et la mort. Quelle nouvelle loi va nous pondre le président pour rendre, finalement, encore plus inefficaces les systèmes mis en place depuis plus de 15 ans. N'oublions pas, en effet, que Jacques Chirac a été élu président en 1995 et que la droite a gagné plusieurs élections sur le thème de l'insécurité. N'oublions pas que des maires de droite (et de gauche) s'acharnent à mettre en place des moyens techniques totalement à côté de la plaque même s'ils permettent parfois (et trop tard) de retrouver les auteurs des délits. L'arsenal répressif toujours plus sévère ne sert pas vraiment à grand chose.

Le jeune cartographe de 24 ans a été agressé par une bande de jeunes «virés» d'un moyen de transport collectif. Ils ont passé leur colère sur le premier venu genre «orange mécanique». Quelles lois, quelles polices, quels moyens peuvent lutter contre cette violence gratuite, imprévisible ?

Après le pousseur du métro à Paris, voilà un nouveau fait divers tragique. Une fois encore, un innocent fait les frais d'une violence aveugle exécutée dans l'anonymat le plus complet. Qu'on ne ne nous raconte pas d'histoire. Même si le président de la République reçoit la famille, même s'il fait preuve de sa compassion, même s'il prévoit de durcir (encore et toujours) la loi, il est évident que la violence urbaine a des causes profondes. Des causes qui méritent un traitement spécifique et social. Les enseignants le disent tous : «Nous préférons des surveillants aux caméras de surveillance». Rétablir une police de proximité, embaucher des médiateurs sociaux dans les quartiers qui en ont besoin, créer des emplois et lutter contre l'échec scolaire, voilà les priorités d'un gouvernement responsable. Le reste ne sert qu'à renforcer le Front national.