31 juillet 2010

Le Conseil constututionnel au secours des droits de la défense

Réjouissons-nous. La gifle infligée par le Conseil constitutionnel aux fervents supporteurs de la garde à vue-garde aveu est en effet réjouissante. Au 1er juillet 2011 (c'est encore trop loin dans le temps malgré tout) le Parlement aura dû adopter une nouvelle loi sur la garde à vue respectant mieux les droits des personnes et les droits de la défense.

Jean-Louis Debré, président du conseil constitutionnel et les sages réunis autour de lui, ont mis fin à l'exception française, celle qui permettait aux officiers de police judiciaire de décider de mettre en garde à vue près de 800 000 personnes par an souvent soumises à des mesures vexatoires ou humiliantes.

La garde à vue devait être une mesure exceptionnelle puisque privative de liberté. Avec le temps, la facilité répressive a abouti à des excès absolument intolérables dans une démocratie aussi ancienne que la nôtre. L'annulation pour « non conformité à la Constitution » de nombreux articles de notre arsenal législatif est pourtant frappée d'un paradoxe puisque d'ici le 1er juillet 2011, un certain nombre de personnes vont être placées en garde à vue alors que la loi est non constitutionnelle. On imagine que les avocats vont se régaler et ils auront de plaider devant les juridictions européennes notamment.

Cette décision du Conseil constitutionnel intervient au moment même où le gouvernement et le président de la République organisent la chasse aux étrangers et menacent ceux qui sont devenus Français. La Gauche dans toutes ses composantes est bien décidée à lutter de toutes ses forces contre les textes en préparation destinés à satisfaire l'électorat du Front national. D'ores et déjà en campagne électorale, Nicolas Sarkozy tape fort mais les deux années qui lui restent devraient permettre de révéler le tragique échec de sa politique au Kärcher et de sa politique répressive.

Je souhaite que les parlementaires de Gauche saisissent le Conseil constitutionnel de toute nouvelle loi portant atteinte à l'égalité des droits des Français, qu'ils soient des Français anciens ou des Français d'origine étrangère. Seul le Maréchal Pétain, avant le président actuel, avait osé faire le tri entre les bons et les mauvais Français !

30 juillet 2010

La xénophobie de Nicolas Sarkozy menace la démocratie

« Le président de la République a pris la lourde responsabilité de faire des étrangers et des personnes d’origine étrangère ceux et celles qui seraient responsables de l’insécurité. Parce qu’il a échoué dans sa politique sécuritaire, parce qu’il enregistre des échecs électoraux, parce qu’il entend interdire toute enquête impartiale sur des faits mettant en cause le financement de sa campagne électorale, et parce qu’il aggrave l’insécurité sociale et économique de millions de Français tout en favorisant jusqu’à la caricature les plus nantis, le président de la République et son gouvernement ont manifestement décidé d’agiter les vieux refrains des années 1930 destinés à attiser la haine contre les étrangers.

En se livrant, à quelques jours d’intervalle, à un discours discriminatoire contre les Gens du voyage et les citoyens européens que sont les Roms, puis en recherchant chez les étrangers et les personnes d’origine étrangère les causes de l’insécurité, Nicolas Sarkozy est en train de menacer les fondements mêmes de la République. Ce ne sont pas les délinquants que Nicolas Sarkozy poursuit, ce sont les Français d’origine étrangère et les étrangers, qu’il désigne comme les boucs émissaires de tous nos maux.

Ce qui est ici en cause, ce n’est plus le débat légitime en démocratie sur la manière d’assurer la sûreté républicaine, c’est l’expression d’une xénophobie avérée. Quelle que soit la légitimité que confère l’élection, aucun responsable politique ne détient le mandat de fouler aux pieds les principes les plus élémentaires de la République, et de désigner à la vindicte des millions de personnes.

Le président de la République et son gouvernement mettent ainsi en œuvre une stratégie de la tension, espérant sans doute retrouver un électorat perdu, au risque de mettre en péril la paix civile. La Ligue des droits de l'homme, parce qu’elle porte de manière intangible les mêmes principes depuis plus de cent dix ans quels que soient les gouvernements, appelle tous ceux et toutes celles qui sont attaché(e)s à la démocratie et aux libertés à rejeter ces manifestations de xénophobie. »

Communiqué de la ligue des droits de l'homme

29 juillet 2010

Propos d’un salaud ordinaire…

« Partant comme à son habitude d’un fait divers : les heurts violents s’étant produits à Saint-Aignan-sur-Cher entre les gendarmes et des membres de la communauté des gens du voyage à la suite de la mort de l’un d’entre eux tué par un gendarme, Nicolas Sarkozy a réuni le mardi 28 juillet un conseil spécial à l’Élysée chargé d’examiner « les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms » et d’y apporter des solutions. Comme de les chasser de tout endroit de stationnement non autorisé alors même que sur les 40.000 places nécessaires, 24.000 seulement ont été réalisées à ce jour. Beaucoup de maires se refusent en effet à créer une aire de stationnement que la loi leur impose d’aménager sur le territoire de leur commune.

Nous avons déjà dit ici tout le dégoût que nous inspire ce genre de méthode qui consiste à stigmatiser un groupe humain ou une communauté en les désignant à l’ensemble de la population comme boucs émissaires. Mais, apparemment, cela ne suffit encore pas.

Le député UMP de la 5ème circonscription des Yvelines, Jacques Myard, maire de Maisons-Laffitte, ce matin 29 juillet au micro de France Inter, a crû utile de surenchérir en déclarant : « C’est pas comme ça qu’on va y arriver. Y a pas de contrôle réel aux frontières avec les Roms. Ils reviendront et puis c’est tout. Il va falloir se poser la question fondamentale : Est-ce que ce genre de vie, ce mode de vie est structurellement compatible avec nos sociétés qui sont des sociétés urbaines, sédentarisées et dans lesquelles on peut justifier au quotidien des modes de vie que l’on adopte et des ressources que l’on a. Les mesures proposées, c’est une première étape sur ce qui doit être une politique, mais je crains que ce soit grandement insuffisant ».

Car l’obsession qui hante aujourd’hui le pouvoir, avec la volonté de promouvoir en tous lieux l’installation de caméras de vidéosurveillance, avec la tentation on le voit d’empêcher certaines catégories de populations de circuler librement, c’est celle du contrôle social des populations. Quand ceux qui nous gouvernent prennent peur en voyant monter la colère et la révolte de groupes humains qui leur échappent, ils ne leur reste à développer comme seuls arguments que ceux de la peur et de la répression.

De tels propos doivent être condamnés avec la plus extrême fermeté. Ce sont des propos à caractère raciste en tous points identiques à ceux qu’ont tenus les nationaux-socialistes allemands et les régimes qui leur emboitèrent le pas comme en France celui de Vichy. Les Français doivent se ressaisir et relever la tête pour relire cette inscription qui orne encore le fronton des mairies – mais hélas pas toutes – Liberté, Égalité, Fraternité. Ils doivent exprimer la honte que leur inspirent de telles déclarations en regard des valeurs qui fondent notre république.

Hier les Arabes et les Noirs, aujourd’hui les Roms. Demain, à qui le tour ? Sans doute ces salauds de pauvres qui empêchent les plus riches de profiter tranquillement de leur fortune ! »

Reynald Harlaut

28 juillet 2010

Un rapport de la Chambre régionale des comptes de la région Rhône-Alpes met en cause l'efficacité de la vidéosurveillance

La chambre régionale des comptes de la Région Rhône-Alpes vient de rendre un avis extrêmement circonstancié sur le bilan de la vidéosurveillance dans la ville de Lyon. Les magistrats demandent aux élus de se livrer à une analyse complète et sans tabous des résultats liés à la délinquance et surtout au coût engendré par le système de 250 caméras installé à Lyon.

En fait, les caméras permettent de résoudre 1 % des affaires de délinquance ce qui est tout à fait marginal et sans commune mesure avec le montant des investissements et le coût de fonctionnement. On parle de 3 millions d'euros ! Les magistrats reconnaissent que la vidéosurveillance peut jouer un rôle de réassurance auprès des habitants mais que son influence est quasi nulle sur la prévention ou la répression des actes délinquants. La commune de Villeurbanne dont le maire (PS) est hostile à l'installation de caméras dans sa commune a même vu la délinquance diminuer plus sensiblement qu'à Lyon ! Ce maire préfère « l'humain à la technologie. »

Gérard Collomb, le maire (PS) de Lyon n'est pas un idiot. Il est bien obligé de prendre en compte les observations de la Chambre régionale et en tire la conclusion suivante : il serait bien qu'un étudiant fasse sa thèse sur la vidéosurveillance, sans a priori ni préjugés, et dès lors la municipalité ne serait pas opposée à une révision de sa stratégie.

Pour ceux qui aiment les blogs, je propose d'aller sur http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/07/28/limpact-de-la-videosurveillance-est-de-lordre-de-1/
Vous y lirez l'ensemble des analyses de la Chambre régionale des comptes et constaterez que malgré les rodomontades, les tentatives d'humiliation des partisans de la vidéosurveillance à l'égard des opposants dont je suis, celle-ci a du plomb dans l'aile. D'ailleurs la chambre des comptes valide la plupart des arguments du collectif créé à Louviers contre la politique prônée par le maire et sa majorité.

27 juillet 2010

L'occident doit cesser de se comporter en puissance néocolonialiste

Si Nicolas Sarkozy a autorisé les forces spéciales françaises à intervenir dans le Sahel, c'est sans doute parce qu'il savait que l'otage français Michel Germaneau était mort (cardiaque, il était sans médicaments depuis des semaines) ou sur le point d'être exécuté. Les membres d'Al Qaïda — sur quelque terrain que ce soit — ne s'embarrassent pas de détails et la vie humaine n'a aucune valeur à leurs yeux. D'après ce que dit la presse, aujourd'hui, jamais le gouvernement français n'a eu face à lui, d'interlocuteur valable apte à négocier un compromis. La conclusion, facile à tirer : Al Qaïda punit et tue « les infidèles. » C'est d'autant plus aisé quand il s'agit d'un vieil homme de 78 ans, malade et humanitaire qui plus est.

L'intervention récente des forces mauritaniennes et spéciales françaises n'a donc pas servi à libérer l'otage Michel Germaneau (puisqu'on n'avait aucune certitude sur sa localisation) car elle visait essentiellement à tuer des terroristes ultra-islamistes préparant, dit-on, une agression contre le territoire mauritanien. Et à montrer le puissance des muscles de l'armée française !

La responsabilité d'un chef d'Etat est grande et redoutable quand il s'agit de choisir l'action violente. Je pense aux deux journalistes de France 3 et à leurs trois accompagnateurs prisonniers depuis près de 210 jours. Il ne fait aucun doute que le gouvernement français malgré ses imprudentes déclarations originelles, a engagé des pourparlers avec les preneurs d'otages ou des intermédiaires. Le montant de la rançon exigée doit être très élevé ou l'échange proposé trop politiquement sensible…on ne voit toujours pas le bout de cette prise d'otages

On sait depuis quelques mois que les services secrets pakistanais fricotent avec les talibans et que l'armée américaine doit faire face à des attaques internes et externes. Il est donc plus que temps de quitter l'Afghanistan. Le Parlement français devrait être saisi de cette question urgente car la lutte contre le terrorisme islamique ne passe pas par l'occupation d'un pays tout entier. Rester en Afghanistan, c'est le meilleur moyen de s'aliéner pour longtemps des populations victimes à (de) tous les coups. L'occident doit cesser de se comporter en néocolonialiste.

Quant à la menace terroriste en France, les experts affirment que l'alerte rouge doit être maintenue. L'AQMI va chercher à marquer les esprits et les corps. La prudence ne doit pas nous empêcher de vivre, ni de prendre l'avion.