11 décembre 2010

La pêche aux voix passe par la mare de Vironvay



Dans La Dépêche de cette semaine, le candidat PRG aux prochaines élections de mars 2011 dans le canton de Louviers-Nord fait six propositions censées améliorer la sécurité dans les communes du canton. Les six travaux d'Hercule PRG en quelque sorte. Je ne vais pas m'amuser à commenter l'ensemble du programme des candidats désireux de « virer » Leslie Cléret tant ils vont être nombreux à se bousculer au portillon du premier tour.

Simplement, je sélectionnerai, ici et là, tel ou tel élément démontrant le sérieux et la crédibilité des propositions avancées. Ayant moi-même une certaine expérience des campagnes électorales, je sais maintenant trier le bon grain de l'ivraie. Prenons donc, par exemple, l'implantation de caméras de vidéosurveillance dans les communes rurales !

Ah, citoyen, que ne ferait-on pas pour lutter contre le sentiment d'insécurité qui t'assaille, t'angoisse, t'étrangle ! Ah citoyen de Vironvay, comme tu dois être heureux, comme tu dois nager en plein Nirvana ! Hercule PRG nous apprend en effet que deux caméras de vidéosurveillance ont été implantées dans le village, autour de la mare ! Et Hercule PRG d'ajouter qu'il serait bon de poursuivre cet effort ailleurs…

Je me suis rendu sur place pour vérifier cette affirmation. Hercule PRG dit vrai. Les deux caméras (photo) orientées vers la mare surveillent un mannequin à bord d'une barque, un jet d'eau continue, une crèche de Noël…et des poissons tapis au fond de l'eau (photo). Encore heureux que l'investissement n'ait été supporté que par les contribuables de Vironvay. Ils pourront toujours demander des comptes à leur maire et s'interroger sur l'utilisation des impôts locaux. Vous vous rendez compte : des caméras pour filmer la mare 24 heures sur 24 !

Les campagnes électorales sont propices à la démagogie. Le maire de Louviers s'était distingué avec ses prises de position sur la réouverture (ou non) de la ligne de chemin de fer Evreux-Louviers. Son «non» autoritaire s'est transformé en «non mais» devenu un «oui mais». Lecteur-électeur, attention : la pêche aux voix peut aussi passer par la mare de Vironvay. Souriez, Hercule PRG, vous serez filmé !

10 décembre 2010

Imaginons que le président de la République vienne en visite dans l'Eure

Imaginons que Nicolas Sarkozy vienne prochainement dans l'Eure. Imaginons que ce soit mardi prochain par exemple. Imaginons qu'il effectue une visite dans la région de Vernon, je cite cette ville au hasard évidemment, va-t-on interpeller préventivement les responsables syndicaux les plus actifs et les moins dociles ?
Ce ne serait pas une vue de l'esprit après ce qui s'est passé au cours d'un voyage récent du président de la République en province. Pour avoir été moi-même présent à Bernay, dans le cadre de mon métier de journaliste, lors d'une visite du ministre de l'Intérieur d'alors, je peux dire que les mesures de protection de Môssieu Sarkozy sont efficaces, solides et aptes à maintenir tout protestataire à bonne distance. Nul besoin de coffrer en amont les suspects animés par la colère sociale et économique !

« Socialiste ou pas, défendre la France Afrique, le "pré carré" et Laurent Gbagbo relève de pratiques d'un autre âge »

J'ai récemment lancé un appel à tous ceux qui souhaitent s'exprimer sur ce blog conçu comme espace de liberté. Reynald Harlaut, Alain Lefeez, Pierre Vandevoorde et d'autres ont répondu à cet appel et c'est très bien. Marc-Antoine Jamet, membre du Conseil national du Parti socialiste, souhaite faire connaître son point de vue sur la situation en Côte d'Ivoire, un point de vue différent de celui de François Loncle qui, si je ne m'abuse, ne défendait pas spécialement la FrancAfrique dans le texte paru sur ce blog.

« En 1992, depuis la Présidence de l'Assemblée Nationale, j'ai activement participé à la libération de Laurent Gbagbo et de son épouse Simone, injustement emprisonnés par le pouvoir ivoirien.

Sous l'autorité de Henri Emmanuelli, dont j'étais le directeur de cabinet et qui agissait au nom de cette triple conviction humaniste, internationaliste et socialiste qui lui fait, aujourd'hui, encore défendre sincèrement le politicien ivoirien, nous avons contourné le quai d'Orsay, court-circuité notre Ambassadeur à Abidjan qui, servilement, appliquait les ordres du Président Henri Konan Bédié, pourtant héritier de la politique et des méthodes d'Houphouet-Boigny, utilisé tous nos réseaux, subi l'agacement, c'est un euphémisme, de François Mitterrand, pour libérer un homme incarcéré pour ses opinions. De la même manière, au cours de la même période, nous avons apporté un appui massif au brésilien Lula.

Dès le premier entretien avec le Président de l'Assemblée Nationale, Laurent Gbagbo et son épouse, après que nous les avons accueillis à leur descente d'avion, j'ai ressenti au cours d'un "dîner de travail" qui ne réunissait que nous quatre, une impression de malaise en écoutant le futur leader évoquer ses envies de prise du pouvoir ou comment il entendait, énergiquement, gouverner son pays. Ses intentions n'avaient avec la démocratie qu'une relation lointaine. Avec indulgence, inconscience ou aveuglement, par faiblesse, complexe ou hypocrisie, nous avons mis cela sur le compte de la nécessaire adaptation aux caractéristiques de la politique locale.

Je me souviens notamment de la gêne qui nous envahit lorsque Laurent Gbagbo que nous imaginions au fond d'un cachot nous expliqua qu'il quittait chaque midi sa "maison" dans l'enceinte pénitentiaire pour distribuer, comme un chef de clan ou de faction, des billets de banque dans la cour des prisonniers. A l'époque, nous avons pu penser qu'il en allait de sa survie et que, pour être "supportable", sa détention n’en était pas moins scandaleuse, ce que je pense encore. Hélas, les conversations qui ont suivi ont confirmé que nous n'avions pas la même vision de la justice et de la liberté. Pourtant nous n'avons rien réfuté, rien condamné de ce que nous entendions. Les Gbagbo étaient des victimes et c'était vrai.

Aujourd'hui, ils ont changé de camp. Ils symbolisent l'oppression et la répression. Après la partition du pays dont Laurent Gbagbo n'est pas sans porter une part de responsabilité, ses menaces, celles de son épouse et de ses lieutenants contre la communauté française prise en otage, la dérive autoritaire de sa pratique du pouvoir, son socialisme peu lisible et peu évident, la confiscation pendant six ans des élections, le mitraillage de nos soldats, les dérapages dont il s'est montré coutumier, les exactions de ses partisans et les arrestations de sa police, le détournement des résultats d'un scrutin surveillé par l'ONU et l'Union Européenne, la parodie d'investiture à laquelle on a assisté, on ne peut, qui que l'on soit, soutenir qu'il n'y a pas là un faisceau de critères qui conduisent à penser que Laurent Gbagbo s'est définitivement éloigné de la démocratie et grandement rapproché de la tyrannie.

Socialiste ou post gaulliste, laïcarde ou barbouzarde, la France Afrique de "papa Foccard" a fait son temps et ce n'est pas en traitant de néocolonialistes ceux qui la dénoncent, ainsi que le font quelques nostalgiques de la IVe République et de "l'Empire", quelques amateurs des soleils de palais ou de palaces africains, qu'on parviendra à comprendre et à aider un continent qui a tant souffert de ces pratiques d'un autre âge sur lesquelles nous avons fermé les yeux et auxquelles, en Côte d’Ivoire et partout, il faut désormais dire «non».»

Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, vice-président du Conseil régional de Haute-Normandie, membre du Conseil national du Parti Socialiste

« La censure est de droit improbe, malhonnête et déloyale »

« La censure est mon ennemie littéraire, la censure est mon ennemie politique. La censure est de droit improbe, malhonnête et déloyale. J'accuse la censure. » Victor Hugo, Correspondance, 1830.

Le maire de Louviers qui a toujours une citation sous le coude devrait méditer cette belle parole de Victor Hugo. Aporès avoir censuré les tribunes libres de ses opposants de Gauche, il devait bien s'attendre à ce que les élus de l'opposition se manifestent. Christian Renoncourt (PS à droite sur la photo) Claudine Duteuil (PC) et Philippe Thouement (NPA) tenaient une conférence de presse hier soir pour dénoncer un acte liberticide et analyser le comportement du maire de Louviers devenu chef de clan et non pas président d'une assemblée où toutes les voix doivent avoir la possibilité de se faire entendre.

Philippe Thouément rappelle le contexte : le rassemblement public, le climat du conseil municipal très rapidement empoisonné par l'agressivité du maire, les plaintes de deux élues de la majorité, les tribunes libres de l'ensemble des oppositions (UMP et gauche) jetées à la poubelle de l'histoire par un homme que rien ne retient plus.
Christian Renoncourt ironise sur le soi-disant champion de la démocratie participative dont le bilan se solde par nombre d'échecs : la commission des finances ? Un machin technique sans importance. Les commissions de quartiers ? Personne n'y vient plus. Les groupes thématiques municipaux ? Ils ne se réunissent jamais. Les rencontres PLU, PADD ? Seuls sont présents les élus, les techniciens, les salariés municipaux…et quelques citoyens bien courageux eu égard au mépris accordé à leurs propositions.
Claudine Duteuil dénonce l'arrogance et la fatuité du maire. Ses provocations lui permettent d'éviter de répondre aux questions de fond. Le conseil municipal est devenu le théâtre du monologue et n'est plus un lieu de débat contradictoire.

Pourquoi ? Sophie Ozanne considère que le maire est usé, aigri, isolé. Sans alliés. L'affaire de l'écrêtement des indemnités au bénéfice de sa compagne, assure Christian Renoncourt, a contribué a fissurer la majorité. Certains élus se sont étonnés publiquement, d'autres ont été absents de la séance sans donner pouvoir, d'autres se sont fait porter pâles. Qui sait ce qui se joue derrière le rideau ?

En fait, la censure des tribunes libres n'est qu'un aveu de faiblesse. Je me suis permis de souligner le recul du maire sur le dossier de l'eau. Pendant des mois, il a affirmé des contre-vérités. L'évidence de la loi l'oblige aujourd'hui à corriger son discours. Ce sera long mais il finira par se rendre à l'évidence : notre action prend de la force, elle se crédibilise auprès des élus et des citoyens. Nous tenons le bon bout.

9 décembre 2010

Tombe la neige, le Premier ministre se défausse sur Météo France

Un correspondant de mon blog m'adresse cette photo qu'il aurait pu aussi bien transmettre à la chaine météo. Scène de rue enneigée hier soir à Puteaux.

Alors qu'il est en voyage à Moscou, François Fillon fait preuve d'une mauvaise foi insigne. En accusant Météo-France d'avoir mal anticipé les chutes de neige sur la région parisienne, il est doublement coupable.
Si l'on se réfère, en effet, aux alertes oranges du service national de la météo, les chutes de neige annoncées sur l'Ile de France devaient atteindre 10 centimètres d'épaisseur, ce qui fut. Fillon est tellement coupable de mensonge que les syndicats de Météo-France sont montés au créneau pour dénoncer cette défausse inadmissible de la part du chef du gouvernement.
Il est coupable également de conduire une politique de destruction des services publics et notamment de la disparition progressive des Directions départementales de l'Equipement dont les moyens s'amenuisent chaque jour. Nombre d'ingénieurs, de techniciens, d'ouvriers des DDE sont placardisés alors que les besoins de l'Etat et des collectivités territoriales sont immenses.
Le coupable, s'il y en a un, c'est le gouvernement lui-même. Point.

Le maire de Louviers reconnaît enfin que le contrat Véolia sera caduc en février 2015 !

Lors de la réunion sur le prix de l'eau dans l'Eure, Daniel Leho (à droite) a très bien expliqué le fonctionnement de sa régie d'ingénierie et des marchés à bons de commandes. « Cela permet une transparence totale et nous exerçons le contrôle à 100 %. Les marchés sont dévolus après appels d'offres. Aucuns travaux ne peuvent être engagés sans notre accord financier et technique. » A gauche, Jean-Louis Destans, président du conseil général. (photo JCH)

« La Dépêche » de ce jour revient en long et en large sur deux événements récents de la vie lovérienne. D'un côté, les journalistes de l'hebdo interrogent le maire sur la conduite qu'il entend tenir face à Véolia et les actions de notre association, de l'autre, la parole est donnée à Olivier Aubert (UMP) Philippe Thouement (NPA) et Christian Renoncourt (PS-PC) dont les textes prévus pour la tribune libre du journal municipal ont été censurés de manière arbitraire et unilatérale par le maire.

Il y a du bon et du moins bon. Même si on le sent gêné aux entournures, même si cela a du mal à sortir, le maire président de la CASE reconnaît enfin publiquement que l'arrêt du Conseil d'Etat dit Arrêt Olivet s'appliquera à la CASE en février 2015. Bien sûr, il mégote, discutaille, évoque un arrêt «de jurisprudence» admet qu'aucun manque à gagner ne devra être versé à Véolia…même s'il s'empresse d'ajouter qu'il ne modifiera pas sa position…à l'égard de la multinationale.

Tout de même, on sent là plus qu'une évolution. C'est normal, notre action commence à porter ses fruits et, ainsi que je le rappelais récemment, le vent de l'histoire va balayer des certitudes acquises pour des raisons que nous aimerions mieux connaître car j'ai l'impression comme dirait Anne Roumanov, qu'on ne nous dit pas tout. Je remarque avec un certain plaisir que le vocabulaire habituel du maire évolue également. Disparus les « gauchistes attardés » évanouis les « escrocs intellectuels ».

Il me faut tout de même corriger quelques erreurs. L'arrêt Olivet n'est pas un arrêt de jurisprudence comme le dit le maire. Il s'agit d'un arrêt de clarification de la loi Sapin Loi n°93-122 du 29 janvier 1993 « relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques ». Vous avez bien lu. Il s'agit pour le législateur de prévenir la corruption et de favoriser la transparence ! Le Conseil d'Etat, en précisant qu'un contrat de délégation de service public pour l'eau et l'assainissement ne peut dépasser vingt ans sans nouvel appel d'offres et sans un audit indépendant, veut tout simplement contraindre les collectivités à rendre des comptes aux usagers et à aussi à placer les élus devant leurs responsabilités.

Alors que le maire de Louviers assure qu'il n'y a pas urgence à réfléchir maintenant à l'avenir, La lettre du cadre territorial écrit dans son dernier numéro : «les contrats concernés par la caducité au 5 février 2015 sont par nature des contrats à forts enjeux financiers et patrimoniaux. Pour les plus anciens, les collectivités n'ont plus depuis longtemps, la maîtrise d'ouvrage et donc la connaissance du service. l'asymétrie d'informations entre le délégataire (NDLR : Véolia) et la collectivité (NDLR : la CASE) peut rendre nécessaire que ces dernières anticipent rapidement cette échéance. Dans un premier temps en réalisant un audit approfondi de la délégation, contractuel, financier et technique. Dans un deuxième temps, en testant l'espérance de la vie économique de leur contrat, laquelle devra permettre de conclure à l'interruption naturelle du contrat début 2015 ou à la nécessité de sa poursuite au-delà. En cas d'accord trouvé entre les parties pour la poursuite du contrat, il faudra nécessairement que le TPG (1) soit saisi de la demande et ait donné son accord avant que l'avenant ne soit signé. Nous voyons donc l'importance qu'il y a pour les collectivités de se saisir rapidement de cette question. » Le maire parle du « barouf » que nous faisons. Nous le renvoyons à ce qui est écrit ci-dessus.

Un mot sur l'acte de censure totalement aberrant et inadmissible. Qui peut croire que les trois textes émanant de l'UMP, du NPA et du PC-PS, écrits sans concertation aucune aient pu en même temps soulever des problèmes de droit. Pour justifier son acte injustifiable, le maire avance des diffamations et des insultes. Les élus d'opposition seraient-ils assez idiots pour attaquer en justice des textes écrits par eux-mêmes ? Non, tout cela ne tient pas debout. C'est l'illustration d'une fin de règne : la pensée du satrape se rabougrit, son jugement s'étiole et son autoritarisme s'accroît.

(1) Le trésorier payeur général. Il représente le trésor public dans le département.

8 décembre 2010

« Sale temps pour les 736 salariés de de Sealynx » par Pierre Vandevoorde

« La direction de Sealynx à Charleval (Eure) veut se déclarer en cessation de paiement. Le tribunal de commerce de Nanterre se prononce mardi. Il devrait nommer un administrateur provisoire avec redressement judiciaire, ou encore prononcer la liquidation. Sale temps pour les 736 salarié(e)s, auxquels s'ajoutent les 80 de Villers la Montagne (Meurthe-et-Moselle)

Cela fait déjà un moment que cette entreprise de joints d’étanchéité, sous la pression des constructeurs automobiles, a engagé la délocalisation des savoir-faire et de certaines productions vers des pays «à moindre coût».

Après plusieurs mois de chômage partiel à répétition le salaire de novembre n’a déjà pas été versé, de très nombreuses familles n’ont plus d’autre choix que d’accepter ce qu’on veut leur donner en particulier le Secours Populaire.

Les « acteurs institutionnels» de la Vallée de l’Andelle, du département et de la Région, très « PS-PCF », ont accompagné cette dégringolade progressive. Rien que sur les 2 dernières années, 250 emplois ont encore été supprimés malgré 10 millions d’euros d’aides publiques.
Maintenant que l’épée de Damoclès peut tomber, c’est à qui en appellera avec le plus d’ardeur au gouvernement pour qu' il « prenne en main ce dossier » et à «un vrai contrôle sur l'usage des aides publiques ».Il est vrai que de son côté, le député UMP Gilard est comme à l’accoutumée aux abonnés absents, occupé à lorgner vers le FN pour en appeler à davantage de « sécurité ». Mais la première des sécurités, c’est bien celle de ne pas craindre pour son boulot !

Pour les militant(e)s du NPA, présent(e)s auprès des travailleurs de Sealynx (ex-Metzeler, ex-Mesnel) depuis bien des années, si la résignation est compréhensible, c’est bien la volonté de mobilisation et de coordination qui doit l’emporter : exigeons le paiement des salaires dûs, le remplacement des dirigeants faillis, la prise de contrôle de l'entreprise et plus largement du secteur des équipements automobiles par l'Etat (toujours actionnaire de Renault), l'obligation pour Renault et Peugeot de se fournir chez Sealynx et Cooper, tous deux fabricants régionaux étranglés par leurs donneurs d'ordre, ainsi évidemment que l'interdiction de tout nouveau licenciement. »

Pierre Vandevoorde NPA

7 décembre 2010

Juliette aime aller à la poste

« Mon cher papa

Tom a eu très mal aux dents. Il fallait trouver un dentiste d’urgence. Mais cela a été bien difficile. Les délais sont très longs. Il y en a même un qui m’a répondu qu’il ne prenait plus de nouveaux clients !!! Alors les nouveaux habitants, ils font comment ?? Je suppose qu’ils retournent dans leur ancienne commune. C’est ce que nous avons fait et nous avons obtenu un rendez-vous à Val-de-Reuil. Tout va bien maintenant. Heureusement que nous ne venions pas du sud de la France.

J’en ai profité pour aller au bureau de poste. J’ai toujours été étonnée et ravie par cet endroit. Après avoir franchi la porte automatique, on arrivait dans une grande salle défraîchie. Au centre, un distributeur de tickets, comme au rayon frais d'un supermarché. Chacun prenait un numéro, puis s’asseyait sur les chaises qui occupaient deux côtés de la salle. Certains lisaient, d'autres bavardaient. L’un sortait fumer une cigarette. Un autre encore s'installait à la table pour finir un courrier. Les seules personnes debout parlaient aux guichetiers qui les servaient.
Les enfants s'amusaient. L'endroit était calme, serein. Personne ne s'énervait. Le temps semblait rythmé par le bruit du changement de numéro sur le panneau lumineux.

Aujourd’hui encore, les portes en verre coulissent comme par magie à mon arrivée. Mais là, surprise ! Le bureau de poste a été entièrement refait. Des peintures claires, des présentoirs débordant de choses inutiles, une file d'attente, des gens fatigués qui s'impatientent. Le distributeur de tickets a disparu, les chaises aussi. Et moi qui, dans ma naïveté, pensait que ce concept est tellement humain qu’il devrait s’imposer partout !

Entre colère et tristesse, je n'avais qu'une envie : m'asseoir par terre, en rêvant que chacun en fasse autant, pour protester. Mais je n'ai pas osé. Sans doute un reste d'éducation…»

Je t’embrasse
Ta Juliette

L'eau en régie publique moins chère qu'en régie privée

La réunion sur le prix de l'eau dans l'Eure organisée par le conseil général, hier soir, a suscité un intérêt évident. De nombreux élus et responsables de syndicats d'eau ou délégués de communautés de communes ou d'agglomérations étaient présents dans la salle de conférence du Département.

Dans son exposé liminaire, Jean-Louis Destans, président, rappelle les deux axes prioritaires de l'action du conseil général en concertation avec l'Agence de l'eau Seine-Normandie : soutien financier aux rénovations-constructions de stations d'épuration modernes et performantes, aide aux investissements destinés à protéger la ressource. « Mais nous avons décidé, déclare-t-il, de ne plus subventionner les renouvellements de canalisations. » Les sommes inscrites au budget 2011 seront donc équivalentes à celles de 2010 soit 9,8 millions d'euros.

Dans son exposé, JL Destans insiste sur un point. Jusqu'à une date récente, la DDE (1) de l'Etat se voyait attribuer la maîtrise d'ouvrage déléguée de certains investissements comme ceux des routes par exemple. La disparition des DDE oblige la collectivité à se tourner vers les cabinets privés qui, étant payés en pourcentage sur le montant des travaux, cèdent à une certaine facilité inflationniste. Le Département s'interroge sur l'intérêt de créer une régie d'ingénierie publique lui permettant de retrouver un contrôle et des marges de manœuvres. Tout dépendra évidemment, du sort réservé à la compétence générale du conseil général, mise à mal par le projet de réforme territoriale du gouvernement actuel. Et du sort dudit gouvernement !

Je l'avoue, cette interrogation de Jean-Louis Destans rejoint l'une des problématiques de notre association favorable au retour en régie publique des services publics délégués. D'ailleurs Daniel Leho, vice-président du conseil général et président d'un important syndicat d'eau, a anticipé ce besoin en favorisant la création d'une régie d'ingénierie à bons de commandes qui permet aux élus d'exercer un contrôle permanent sur les travaux d'investissement d'une part et sur les interventions ponctuelles (fuites par exemple) des sociétés privées sollicitées d'autre part.

C'est ce que Franck Martin a appelé de l'escroquerie intellectuelle lors de la dernière séance du conseil municipal ! Comme l'a indiqué Daniel Leho « on dit de vilaines choses sur moi » mais depuis que son syndicat a opté pour ce mode de gestion, le rendement a été amélioré, la recherche des fuites systématiquement engagée, et le prix de l'eau a baissé dans certaines communes : « nous avons fait le choix de conserver les marges pour investir. »

Marcel Larmanou, maire de Gisors a été lui aussi on ne peut plus clair : depuis que sa ville est revenue en régie publique après un audit réalisé par un cabinet indépendant, le prix du mètre-cube d'eau assaini a baissé d'un euro ! Ce qui n'est pas rien on en conviendra. L'étude réalisée par la direction de l'eau du conseil général démontre aussi que l'eau en régie publique est moins chère qu'en régie privée et que les contrats passés récemment avec les multinationales de l'eau sont plus intéressants pour la collectivité que ceux signés il y a plus de dix ans ! j'y vois là l'influence grandissante d'une prise de conscience globale. Elle conduit les élus à s'intéresser de plus près à des compétences qu'ils considéraient jusqu'alors comme techniques et donc complexes. Voire trop complexes. Et à négocier aux mieux avec ces multinationales.

Le président de la CASE était représenté par M. Aubinais, président de la commission eau et assainissement. M. Aubinais n'a pas toujours été gentil avec nous (l'association que je préside). Je souhaite qu'il ait écouté avec attention les explications fournies, hier, et qu'il en tire toutes les conclusions favorables aux usagers. 2015 c'est demain.
(1)DDE: direction départementale de l'équipement.

6 décembre 2010

Plysorol à Lisieux, ou l’histoire d’un pillage organisé


« L’histoire de Plysorol à Lisieux est un cas d’école. C’est l’expression la plus aboutie, mais aussi la plus abjecte de ce qu’est la réalité du capitalisme sauvage. Cette idéologie libérale dont a fait son credo l’Union européenne, avec la concurrence libre et non faussée. Mais aussi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) que dirige un socialiste, M. Pascal Lamy, avec la généralisation des accords de libre échange. Cette concurrence sauvage et cette libre circulation des matières premières, des marchandises et des capitaux qu’ils s’acharnent à nous imposer, c’est la négation du respect des droits des salariés et du respect qui leur est dû en tant qu’hommes et femmes. C’est la fin d’un monde civilisé. C’est le retour à la barbarie.

Voici intégralement, ce qu’expliquaient les délégués du personnel à la délégation des partis politiques du Front de Gauche venus la semaine passée à leur rencontre. La preuve par l’exemple.

« On a été sous le drapeau chinois pendant dix-huit mois. Pendant ces dix-huit mois, on a été dépouillés. Au lieu de nous amener de la matière première qui vient du Gabon, ils l’ont directement emmenée en Chine. Ça fait que depuis dix-huit mois, on a tout perdu, tous nos clients, car on a été dans l’incapacité de produire quoi que ce soit. Et ce qu’on demande, maintenant, c’est que justement déjà, qu’on les fasse payer, ces chinois là. Ils ont abusé du chômage. On est passés en chômage partiel pendant des mois. Ils ont abusé de ces droits français qui sont normalement réservés aux entreprises en difficulté.

Qu’est-ce qu’on veut ? Eh bien, les Chinois avaient annoncé que, lors de la reprise, on aurait au moins trois ans d’assurés sans perte d’emploi. Au bout de dix-huit mois, nous avons perdu notre emploi. Nous exigeons au moins les dix-huit mois de salaire qui nous restent [ndt pour parvenir au terme de l’engagement qui avait été pris]. Nous exigeons aussi réparation du préjudice qu’on a eu, parce que je peux vous assurer que ça été très dur de travailler avec eux. Il y en a qui ont souffert de harcèlement moral.

Il faudrait tout de même que l’État prenne conscience qu’il faut protéger l’industrie française. Parce que c’est bien beau de faire venir des investisseurs étrangers, mais il faudrait peut-être voir les barrières qu’on pourrait mettre autour, pour justement que ça ne se passe pas comme cela.

Il faut tout de même savoir que, bien sûr, cela a été un choix du tribunal de commerce de mettre en place ce plan, mais il a été soutenu par l’État Et j’ai encore en tête les paroles d’Estrosi à Fontenay-le-Comte qui est une autre usine du groupe, parce que Plysorol, c’est Lisieux, Fontenay-le-Comte et Épernay. Estrosi qui, à Fontenay-le-Comte, déclarait que tous les emplois de Plysorol seraient sauvés. Cela, il y a à peine deux ans, et aujourd’hui, on voit le résultat. Et maintenant, il est parti. Mais on peut dire que l’État, depuis deux ans, nous a complètement laissés tomber.

On a déclenché le droit d’alerte presqu’aussitôt, dès le mois de septembre 2009, en comité central d’entreprise, pour dire que déjà, on avait de grosses inquiétudes, parce qu’ils ne payaient aucun fournisseur. Et qu’ils commençaient déjà à nous parler de chômage.

De tout l’argent qu’ils devaient amener, on n’a rien vu passer. Ils n’ont vécu que sur nos stocks pendant les dix-huit mois. Ils n’ont pas mis un kopek. Ils ont acheté en avril, et en juin, le directeur financier a déposé le bilan. Ils n’amenaient pas d’argent. Dès juin, on s’est aperçu que cela n’allait pas. On s’est permis d’envoyer des courriers à tous les élus du coin, à tous les partis, jusqu’à Caen, pour leur dire ce qui se passait dans notre entreprise. Et c’est vrai qu’on a écrit deux fois au président de la République. On n’a eu qu’une réponse, la première fois. La deuxième fois, on ne l’a pas eue.

De plus, non seulement le patron chinois Zhang nous a dévalisé notre matière première, mais il a aussi volé les salariés. Il a encaissé les parts de mutuelle retenues sur les salaires et il ne les a pas reversées. Il a pris les cotisations du CE ; Il nous doit 30.000 €. Je peux vous dire que ça porte préjudice pour les employés, parce que c’était le budget pour Noël. Il a pris aussi les chèques MCV. Les cotisations de chèques MCV, il s’est permis de les garder pour lui. C’est un autre préjudice pour le CE, parce qu’il a fallu qu’on comble le trou.

Le patron, c’est un groupe chinois qui est au Gabon. Il n’était uniquement intéressé que par la matière première et la forêt, sans laquelle on ne peut travailler. Le Chinois est parti en octobre, sur décision du tribunal de commerce ».

Voilà où en sont aujourd’hui les salariés de Plysorol à Lisieux. Des salariés appelant au secours un gouvernement qui est aux abonnés absents. Parlons d’eux et aidons-les afin que le silence n’achève pas de les condamner. »


Reynald Harlaut
Parti de Gauche
Avec l’aide de Ghislaine Pelletier pour la transcription des propos des délégués du personnel de Plysorol.

Le Président guinéen Alpha Condé a étudié au lycée de Louviers

Le président guinéen, Alpha Condé (DR)

Les liens de Louviers avec l'Afrique ont, de tous temps, été importants. En lisant la biographie du nouveau président de la Guinée, Alpha Condé, opposant historique des dictatures africaines et guinéenne, notamment, j'ai découvert qu'en 1956-1957, le nouveau président guinéen fréquentait le lycée Jules Ferry de Louviers. Il est écrit dans son autobiographie parue chez Picolec :
« Né en 1938 à Boké , en Basse Guinée, d'ethnie malinké, Alpha Condé rejoint le lycée Gambetta de Toulouse, après son premier cycle secondaire au séminaire du collège des Pères, en Guinée. Étudiant engagé, il fréquente à Toulouse la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (FEANF), avant de rejoindre la ville de Louviers, dont le maire est Pierre-Mendès-France, le leader du Parti radical, qui sera par ailleurs son correspondant. La première partie du baccalauréat en poche, Alpha Condé monte à Paris. »
D'autres intellectuels et hommes politiques africains ont été lycéens à Louviers. Je pense à mon ami Laurent Biégot, devenu professeur d'université à Abidjan, auteur de plusieurs ouvrages traitant des sciences naturelles. S'il lit ces lignes, qu'il sache que j'accueillerai avec plaisir son point de vue sur le problèmes institutionnel et politique que connait actuellement la Côte d'Ivoire.

5 décembre 2010

Les textes censurés par le maire de Louviers : rien d'injurieux, rien de diffamatoire là-dedans

Lors du rassemblement qui précéda la séance du conseil municipal. (photo JCH)

Le maire a refusé de publier dans le dernier journal municipal les textes rédigés par les conseillers municipaux d'opposition, Philippe Thouement du NPA, d'une part et Christian Renoncourt, Nathalie Bellevin et Claudine Duteuil (PS-PC) d'autre part. Ces textes méritent qu'on les examine à la loupe. Ils ne contiennent ni injures, ni diffamations. C'est si vrai que j'ai décidé de les rendre publics. Les lecteurs de ce blog sauront ainsi pourquoi l'écrêté de la rue au Coq s'est pris de bec avec l'opposition.

Le texte de Philippe Thouement : « Nous sommes d’accord avec le maire quand il dit que finalement c’est simple de savoir pour qui voter. Il suffit de se souvenir. En ce qui nous concerne, la mémoire est vive. Si on a soutenu, dès 1995, la politique d’équipement et d’embellissement de la ville, on a vite tiré la sonnette d’alarme quand le grandiose est arrivé. Nous n’avons cessé de répéter que Louviers était une petite ville qui n’avait pas les moyens de certains projets (maison de l’emploi à 17 millions d’euros, musée d’art contemporain dans la halle Wonder, verrière coûteuse pour la future école de musique, résidences d’artistes à la villa Calderon…). Qui a oublié le budget communication du maire digne d’un grand personnage? Qui a oublié le budget «fêtes et cérémonies» exorbitant? On se souvient tous du tralala, en mai 2006, où une fête démesurée fut organisée: cela fait d’ailleurs plus d’un an que le NPA a demandé la facture et attend toujours. On n’oubliera pas non plus que le maire et son équipe s’accrochent à Véolia pour gérer l’eau, les déchets et les transports de la CASE, le chauffage à Louviers. Et pourtant, par un travail opiniâtre, des associations, des syndicalistes, des partis différents ont mis en évidence la surfacturation et les négligences des grands groupes.

On se souviendra aussi des dépenses disproportionnées comme le million d’euros pour le jardin de la villa Calderon, de l’augmentation des tarifs municipaux à la médiathèque, dans les garderies des écoles qui a provoqué le départ de bon nombre d’enfants. Or pour certaines familles, c’était le moyen de les faire garder tout en leur assurant une aide aux devoirs. On se rappellera que le contrat trop cher avec Scène Nationale empêche de mener une politique culturelle qui s’adresse à tous les publics.
On gardera en mémoire les propos glorifiant l’entreprise privée et méprisant les fonctionnaires, les déclarations sur les licenciés de Tyco ou Henkel disant qu’ils n’ont pas à se plaindre parce qu’ils ont reçu «de bonnes indemnités». Quelle indécence venant de quelqu’un qui touche plus de 8000 euros par mois!

On ne peut que se rappeler les propos méprisants du maire à notre égard, railleries et insultes. Enfin, on n’a pas oublié que la maire a traité Gérard Prévost de «salaud», en plein conseil, en décembre 2004, janvier et février 2005. Tout comme nous n’oublierons pas les mensonges, insultes et autres comportements injurieux du maire dès qu’il rencontre une opposition qui résiste à ses agissements comme ce fut encore le cas au dernier conseil. Alors, oui, c’est facile de savoir pour qui voter et de choisir la gauche qui se bat. »

Philippe Thouément
Conseiller municipal NPA



Le texte de Christian Renoncourt, Nathalie Bellevin et Claudine Duteuil : « À Louviers la bataille de l’eau est menée par l’Association pour l’amélioration du Cadre de vie et de l’Environnement. Cette association regroupe tous les partis politiques de gauche : NPA, PC, PG, PS, ainsi que des personnes de la société civile n’appartenant à aucun parti qui se retrouvent dans l’action.

La récente séance du conseil municipal était l’occasion pour l’association de faire entendre sa voix face à un maire-président d’agglomération fermé à tout débat sur ce sujet. A plusieurs reprises, il a publiquement pris la défense de la société Veolia, bénéficiaire de la totalité des services délégués : eau, assainissement, traitement des déchets, transports, etc.

Pour donner de la résonance à son action (pour un retour en régie publique) l’association avait organisé une manifestation très pacifique. Ses membres et sympathisants faisaient à l’entrée de la salle du conseil, une haie d’honneur aux élus, tenant dans chaque main une bouteille d’eau munie d’étiquettes sur lesquelles on pouvait lire : « Ma facture d’eau est imbuvable », « L’eau n’est pas une marchandise », etc.

Ceci eut pour effet de mettre de fort méchante humeur l’édile PRG qui s’en prit tout au long de la séance avec arrogance aux conseillers municipaux de l’opposition de droite et de gauche. Le maire a cherché délibérément l’affrontement et l’incident. Le public en réponse à ses agressions verbales, ne se priva pas d’applaudir plusieurs interventions de ses opposants. Public condamné au silence qui ne put cependant se retenir de protester contre la provocation du maire lorsque celui-ci fit, en sa direction, un bras d’honneur. Dès le lendemain, le maire faisait porter plainte par plusieurs de ses conseillères municipales pour de soi-disant injures sexistes que des personnes du public auraient proférées à leur encontre.

Le problème est que parmi le public présent, personne n’a entendu ces injures et que personne ne reconnaît en avoir proféré. Si tel avait été le cas, la question est de savoir pourquoi le maire n’a, à aucun moment, demandé la suspension de la séance et encore moins l’évacuation du public comme la loi l’y autorise. Aussitôt après, le maire a fait disparaître du site officiel de la mairie l’enregistrement vidéo de la séance pour empêcher que les citoyens se fassent une idée plus précise du caractère de la manipulation. Nous condamnons ce comportement. Un maire responsable joue l’apaisement et la confrontation pacifique des idées et des propositions. Il doit faire vivre la démocratie et ne pas attiser la discorde. »

Christian Renoncourt, Claudine Duteuil et Nathalie Bellevin, conseillers PS-PC