18 décembre 2010

Réponse à MM. Aubinais-Martin et leur motion magique sur le prix et la qualité de l'eau dans la CASE

M. Aubinais à Evreux lors de la conférence sur le prix de l'eau dans l'Eure. (photo JCH)

Je viens de terminer la lecture de la motion sur la gestion des services d'eau et d'assainissement proposée au vote des délégués de la communauté d'agglomération Seine-Eure. Cette motion lue par M. Aubinais, maire de Poses et vice-président chargé de ces questions, préparée par les services techniques de la CASE, est un texte intéressant.

Mais il commence mal. Ecrire que « depuis plusieurs mois certains élus sont la cible de violentes attaques sur la gestion etc. » n'est pas conforme à la vérité. Ces écrits sont donc malheureusement polémiques alors que la vérité est la suivante : l'association que je préside et que j'anime collectivement, cherche à faire passer (chez les élus et dans le public) des messages nécessaires à la fois sur les plans démocratique et financier. Nous faisons le travail que les élus ne font pas car il est légitime de savoir comment sont justifiés les millions d'euros payés à Véolia. Et donc à ses actionnaires.

Malgré des justifications historiquement vraies sur la responsabilité d'Odile Proust, M. Aubinais en tire des conclusions opposées aux nôtres uniquement pour conforter l'analyse de Franck Martin favorable au privé. Autrement dit, M. Aubinais est l'otage de Franck Martin. Quand il affirme que « les élus de l'agglomération sont très fiers de la politique conduite en ces domaines complexes et très techniques » il ne fait que reprendre l'antienne de M. Martin. Ce dernier a toujours vanté la soi-disant «complexité» pour s'exonérer de l'absence d'informations citoyennes. Cette motion est une réponse à nos critiques et en ce sens, nous considérons que le dialogue est amorcé alors qu'il était impossible jusqu'à maintenant.

Je suis heureux, également, de constater que cette motion affirme enfin, haut et fort, que le contrat avec Véolia sera caduc en février 2015 ! Il en aura fallu des mois d'affirmation répétées de notre part pour en arriver là ! Pourquoi avoir tant tardé à admettre l'inévitable ? Pourquoi M. Martin s'est-il obstiné à affirmer, il y a encore quelques semaines, que le contrat expirerait en 2024 ?

Je remarque, d'autre part, que l'essentiel du plaidoyer de M. Aubinais est un plaidoyer pro domo. La CASE a beaucoup investi, beaucoup dépensé… tout cela est très bien. L'eau est de bonne qualité (bravo !) la ressource est protégée (encore bravo !) mais l'essentiel est ailleurs. Quand on regarde sa facture d'eau que voit-on ? Que la part de Véolia dans le mètre cube d'eau potable est de 87 % (13 % pour la CASE) alors que pour le mètre-cube d'eau assainie, elle est de 52 % pour Véolia et 48 % pour la CASE laquelle a effectivement construit des stations d'épuration performantes. Qui paiera sinon les usagers ? Idem pour l'action au Bénin. Je suis favorable au creusement de puits en Afrique et à la solidarité technique et financière avec le Bénin d'Hubert Zoutu. Mais quand la fondation Véolia verse 82 000 euros à l'association pour Bohicon, d'où vient l'argent sinon du 1% de contribution pour les pays en voie de développement ? Véolia est généreux avec l'argent des autres !

S'agissant des révisions quinquennales, elles ne sont pas du fait de la CASE mais sont rendues obligatoires par la loi (1). Je suis de ceux qui pensent, comme MM. Aubinais-Martin, qu'une tarification progressive est utile pour responsabiliser les usagers mais faire croire que cela favorise une tarification sociale pour les ménages les plus modestes est une contre-vérité dans la mesure où les coupures d'eau continuent de sévir et les pénalités avec (de quatre à six par mois en moyenne).

Le rendement et le renouvellement de réseau ? M. Aubinais se targue d'un rendement de 84 % (84 mètres-cubes distribués sur 100 mètres-cubes produits soit 16 % de fuites) sur le territoire de la CASE. Il s'agit, là encore, d'un leurre. Ce résultat excellent n'est dû qu'au rendement rolivalois (93 %) lui-même conséquence de réseaux neufs. Qu'en est-il à Acquigny ou même à Louviers où le rendement n'est que de 77 % !
L’année 2009 a été une mauvaise année pour le taux de renouvellement des réseaux qui a été particulièrement faible. Avec un taux de 0,36 % on peut dire que le résultat n'est pas bon du tout. Sur les quatre dernières années, il a été de 1,3 % ! La moyenne française.

Un peu de sémantique enfin : la case s'est dotée, selon MM. Aubinais-Martin d'une régie d'«ingénierie» terme que nous avons utilisé pour décrire la régie créée par Daniel Leho que M. Martin a traité d'escroc intellectuel et de manipulateur. Affirmer ainsi que la CASE est devenue la donneuse d'ordres est un abus de langage. Car le contrôle des élus et des techniciens sur les prestations de Véolia demeure laxiste. M. Yung, vice-président de la CASE l'a reconnu : « quand on passe un contrat, on fait confiance. »Les actionnaires de Véolia n'en demandent pas plus.

Je ne saurais conclure sans m'insurger (pour le coup) contre l'affirmation de M. Aubinais : « la CASE a renégocié ses contrats à deux reprises. » C'est formellement vrai mais l'usager n'en a rien su ni rien vu. Et cette renégociation n'a eu aucune influence sur le prix de l'eau, bien au contraire. Si la régie publique peut modifier le prix du mètre-cube chaque année, ce n'est pas le cas de Véolia qui voit le prix être modifié au gré des indexations acceptées par l'autorité organisatrice à l'origine du contrat sans préjudice des procédures de révision quinquennale. Le prix du mètre-cube d'eau est de 3,86 euros sur la majeure partie du territoire de la CASE. Il pourrait baisser de 20 à 30% en cas de renégociation serrée avec le délégataire (2). C'est cela que nous aurions aimé lire sous la plume de MM. Aubinais-Martin. Et c'est vers cela que tendra notre action jusqu'à complète satisfaction.

(1) La loi sur l'eau contraint les agglomérations à mettre en ligne sur Internet le rapport sur le prix et la qualité de l'eau. A la CASE, ce n'est pas fait, M. Aubinais !
(2) La marge nette ne doit pas aller dans la poche des actionnaires de Véolia. Elle doit permettre de baisser le prix de l'eau, d'améliorer la capacité d'investissement de la CASE et les conditions de travail des salariés.

17 décembre 2010

La motion magique de Martinix

Nathalie Bellevin, conseillère municipale (PS) de Louviers, distribuant le tract destiné à rendre publics les textes des tribunes libres destinées au journal municipal et censurées par le maire. (photo JCH)

Les événements dont je vais vous entretenir se sont déroulés de 0 heure à 0 heure 15 cette nuit au siège de la communauté d'agglomération Seine-Eure réunie en assemblée plénière. L'ordre du jour, très chargé en cette fin d'année, a permis aux 84 délégués présents ou représentés d'adopter une montagne de délibérations.

Vers minuit, le président Martin, épaulé par le conseiller Labbé, a soumis au vote des délégués une motion sur la gestion de l'eau et de l'assainissement destinée à conforter ses choix en faveur d'une délégation de service public. Le président Aubinais a donc donné lecture d'un long texte besogneux rappelant la pertinence de la politique suivie par l'exécutif de la CASE en faveur de Véolia.

Comme la ficelle était un peu grosse, un peu trop grosse même, compte tenu des événements lovériens et du combat que nous ne cesserons de mener jusqu'au 4 février 2015 en faveur d'un retour en régie publique, certains délégués ont marqué leur surprise d'avoir à voter une motion « magique » alors qu'aucun vote majoritaire de la CASE n'a fait défaut sur ces dossiers depuis des années ! Et comme les socialistes lovériens, avec d'autres partis de gauche (PC, NPA, PG) sont à la pointe de la lutte, le sieur Labbé (1) y a vu un complot, que dis-je un complot, une intrigue destinée à affaiblir la position de Martinix. Pauvre Labbé, pauvre misère.

Parmi ces socialistes, Richard Jacquet, maire de Pont-de-l'Arche, a compris que cette motion (totalement inutile en ces lieux) n'avait d'autre fonction que de rendre service au maire de Louviers face à ses oppositions lovériennes. Bernard Leroy (droite) n'a-t-il pas évoqué la même idée en assurant : « si c'est une motion de soutien à M. Martin contre ses oppositions lovériennes, je voterai contre, si c'est pour soutenir la politique conduite à la CASE, je voterai pour. » Il a bien sûr voté pour comme tout bon centriste qui se respecte : on va voir ce qu'on va voir et on ne voit rien.

Qu'ont fait une petite quinzaine de délégués ? Ils ont suivi Richard Jacquet qui a pris ses clics et ses clacs et a quitté inopinément la séance avant le vote sur cette motion magique. Motion adoptée par les délégués restés assis, certains autres s'abstenant.

La morale de l'histoire ? Martinix est affaibli. Il est, comme on dit, sur la défensive. C'est si vrai qu'au cours d'une séance de conseil régional récente, il a présenté François-Xavier Priollaud (Nouveau centre, successeur d'Hervé Morin) aux élèves du lycée professionnel Decrétôt, comme le futur maire de Louviers. C'est dire la confiance qu'il place dans son avenir municipal. C'est dire aussi la crainte que nous lui inspirons.

(1) Sauf erreur de ma part, Pascal Labbé appartient au parti des Verts. Les Verts sont favorables au retour en régie publique des services publics délégués de l'eau et de l'assainissement. Qu'en dites-vous M. Labbé ?

« Le président » Georges Frèche, un film sur le cynisme en politique et sur la solitude du pouvoir


J'irai voir « le président », film documentaire d'Yves Jeuland, retraçant la carrière de Georges Frèche, ancien maire de Montpellier et ancien président de la Septimanie (1)…ou plutôt de la région Languedoc-Roussillon, décédé au mois d'octobre dernier. J'ignore encore dans quelle salle je devrais me rendre car si le film est bien projeté cette semaine sur les écrans à Paris, je ne l'ai pas aperçu dans les programmations régionales.

Pourquoi faut-il aller voir ce film dont nous avons abondamment entendu parler ? Parce qu'il exemplaire des dérives des hommes de pouvoir. Georges Frèche a appartenu au Parti socialiste avant d'en être exclu. J'ose penser qu'il y trouvait une résonance avec des valeurs collectives partagées. Mais cela, c'était au début de sa carrière. A une époque où pour se lancer dans la vie politique, il fallait obligatoirement passer par la case Parti. A une époque où il pratiqua la politique de manière intelligente ce qui lui fit perdre, disait-il, trois élections importantes. « Durant les 25 autres campagnes, je leur ai raconté des histoires de cul et des galéjades, et j'ai gagné sans interruption. » Le cynisme dans toute sa splendeur.

Il faut aller voir ce film pour constater combien les entourages des «imperators» sont intoxiqués voire drogués par la faconde des chefs. La bande annonce du film permet d'entendre le directeur de cabinet de Frèche alors qu'il s'adresse à l'équipe de campagne lors des dernières élections régionales : « vous devez mentir, gonfler les chiffres…» des propos inimaginables dans la bouche d'un homme de gauche !

On comprend mieux, dès lors, pourquoi Frèche a régné sur sa région et dans sa ville si longtemps. On comprend mieux aussi pourquoi son état de santé l'a conduit à se libérer des bienséances et des règles communes de la vie en société. Pourquoi il a lâché des propos orduriers sur les harkis ou l'équipe de France de football. Cet homme seul, perdu pour la cause, aigri, ne roulait que pour lui et par lui. Le pouvoir rend fou quand il devient la seule obsession de ceux qui le possèdent. Et qui sont prêts à tout pour ne pas le perdre.

(1) Agrégé de lettres classiques, Georges Frèche brillait par sa culture. Elle l'avait amené à vouloir changer le nom de sa région en Septimanie, province des royaumes barbares du Ve au XIe siècles. Elle recouvrait à peu près le Languedoc-Roussillon actuel.

16 décembre 2010

« C’est l’hôpital public qu’on assassine »

« C’est l’hôpital public qu’on assassine ». De qui est cette phrase ? D’un opposant de gauche au président de la République pense t-on d’abord. Eh bien non, vous avez perdu. Elle est de Bernard Debré, député de l’UMP, mais un révolutionnaire quand même selon la marquise Lagarde.

À la mi-octobre, alors que les salariés de ce pays étaient mobilisés dans la rue pour défendre la retraite à 60 ans, des mouvements de grève touchaient quarante quatre hôpitaux dans le silence ou l’indifférence relative des médias. La situation dans les hôpitaux publics tourne au cauchemar depuis la mise en œuvre de la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) et son corollaire, les vingt-six agences régionales de santé (ARS).

C’est probablement cela qui a poussé Anne Gervais, médecin à l’hôpital Bichat et André Grimaldi, professeur de médecine à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à publier dans le Monde diplomatique de novembre 2010 un article intitulé : Hôpital public à vendre.

Voici un extrait de ce que déclarait le 8 novembre le professeur Grimaldi, interrogé à ce sujet par Daniel Mermet dans l’émission « Là-bas si j’y suis » qu’il consacre chaque mois au Monde diplomatique. Lisez bien et jugez-vous-même !

« J’ai, dit-il, rencontré Jean-Michel Laxalt, qui était jusqu’en 2009 président de la MGEN [Mutuelle générale de l’Éducation nationale], donc d’une grande mutuelle, vice-président de la Mutualité française, qui me rapportait son entrevue à l’Élysée avec le président Sarkozy. Et il me disait : « Quand on rencontre le président de la République avec la Mutualité française, en général on a droit à un discours assez convenu qui est : « Je suis heureux de recevoir un des piliers du pacte social républicain ». Avec lui, là, ça a été tout différent. Le président Sarkozy a dit une première phrase : « Vous êtes ici au Centre de décision nucléaire ». Deuxième phrase : « Je n’ai rien contre vous ». Troisième phrase : « Nous avons deux points à l’ordre du jour : la discussion du financement de la solidarité et un point technique ». Et, poursuivit Jean Laxalt, nous n’avons discuté que du point technique. Et le point technique lui demandais-je, c’était quoi ce point technique ? Le président de la République : « TOUT, désormais, est ouvert à la concurrence ».

On comprendra donc immédiatement que s’en est fini de notre système de protection sociale et de santé publique : de la Sécurité sociale, de l’hôpital public accessible à tous sans distinction de statut social et de revenus. Ce sera très certainement, même non déclaré, l’un des objectif fixés à ce « nouveau » gouvernement et ce n’est certes pas un hasard si les composantes dites « sociales » de l’ancien ont toutes été priées d’aller voir ailleurs. Ce à quoi nous allons désormais être soumis dans les mois à venir, c’est à de la chirurgie de guerre sans anesthésie. Car cette droite de choc, impitoyable, va bien sûr récidiver, enhardie d’être parvenue à faire passer – même aux forceps et en dépit du coût politique à payer –, la contre-réforme des retraites. Et cela d’autant plus rapidement que le temps lui est compté avant la présidentielle et que les forces vives de la nation ont, après cette bataille, besoin de reprendre souffle. Monsieur frère, patron du groupe Malakoff-Médéric, est quant à lui, déjà prêt à ramasser la mise.

Reynald Harlaut


Pour lire l’article d’Anne Gervais et André Grimaldi : « Hôpital public à vendre » :
Le Monde diplomatique N°680 – Novembre 2010, p. 1.
http://www.monde-diplomatique.fr/

Pour réécouter l’émission de Daniel Mermet du 8 novembre : « Autour du Diplo » :
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2033

L'affaire des injures aussi bizarre qu'étrange : il n'y a rien au PV officiel !

Photo du PV officiel de la mairie.

Je me suis rendu à la mairie de Louviers, ce matin, pour prendre lecture du procès verbal officiel de la séance du conseil municipal du 15 novembre dernier. On devrait lire ces PV plus souvent tant ils recèlent de richesses souvent méconnues. Si j'ai souhaité prendre connaissance de ce procès verbal officiel c'est parce qu'Olivier Aubert, conseiller municipal UMP (1) a eu l'élégance de me signaler que le maire me faisait l'honneur de me citer. Évidemment, je souhaitais savoir à quelle sauce la secrétaire de séance, une jeune conseillère municipale que je ne connais pas, m'avait accomodé. D'où ma visite à la mairie.

Je vais passer brièvement sur ce qui me concerne. Je lis (voir photo) : « Des voix s'élèvent, M Houel s'insurge contre les propos du maire. » La vérité est plus simple. Quand Franck Martin a traité son «ami» Daniel Leho d'«escroc intellectuel» et s'est tourné vers moi pour me faire un bras d'honneur j'ai prononcé un seul mot : « contrôle ! ». Ni plus ni moins. Prononcer ce mot est-il synonyme d'insurrection ? De révolte certainement. A vous, lecteurs de ce blog, d'en juger.

Plus intéressante me semble être cette agression contre le président Leho, animateur imaginatif d'un syndicat comprenant 109 communes et créateur d'une régie publique d'ingénierie à bons de commandes après appel d'offres ouvert. Une régie unique en son genre et imitée depuis par d'autres élus et responsables de syndicats d'eau. Plus intéressante parce que contrairement aux affirmations de Franck Martin, le prix de l'eau a bien baissé et que le niveau des investissements a considérablement augmenté. « Nous avons investi cette année cinq millions d'euros, sans emprunt, dans le changement des compteurs devenus détecteurs de fuites » a même précisé Daniel Leho lors d'une récente réunion au conseil général en présence de M. Aubinais, délégué à la CASE. S'agit-il là d'une «manipulation» comme ose le prétendre le maire de Louviers, président de la CASE ? Manipulation et escroquerie (même intellectuelle) sont des mots très forts. Leur sens est évident : il s'agit de tromper avec intention les usagers ou les élus. Daniel Leho, dont on connaît l'honnêteté et la probité, appréciera à leur juste valeur les assertions de son ancien collègue.

Plus intéressante encore me semble être l'absence totale dans le procès-verbal officiel de la mention d'injures ou d'insultes à l'égard de conseillères municipales de la majorité. Si des mots répréhensibles avaient été réellement prononcés et donc entendus, j'imagine que le maire aurait tenu (et sa secrétaire avec) à ce que ces propos soient rapportés dans le procès-verbal de la séance ! Il n'y a rien ! Cette histoire d'injures me semble aussi bizarre qu'étrange.
Lire le compte rendu intégral à l'adresse suivante : http://louviersvlog.free.fr/?p=734

(1) Avec Olivier Aubert, nous ne sommes pas du même bord politique. Mais il est dans une opposition de droite et subit les mêmes avanies que l'opposition de gauche.

15 décembre 2010

« Tout juste bons à emballer le poisson »

les bancs de la presse lors de la dernière séance du conseil municipal(photo JCH)

Dans une saillie dont il a le secret, saillie verbale rapportée par le quotidien Paris-Normandie de ce jour, le maire de Louviers a exprimé son sentiment sur la presse locale : « Ces journaux (NDLR : La Dépêche et Paris-Normandie) tout juste bons à emballer le poisson. » Si le maire faisait les courses plus souvent il saurait qu'on n'emballe plus le poisson dans des journaux depuis fort longtemps.

Mais cette sortie appelle quelques commentaires. Franck Martin exprime, tout d'abord, le dégoût qu'il ressent à l'égard de journalistes libres, non liés à l'histoire politique de Louviers, observateurs neutres des événements et séquences lovériennes. Ensuite, il fait part du mépris avoué pour des journaux locaux dont l'objectif est avant tout de rendre compte de la vie locale au travers du prisme journalistique forcément soumis aux choix éditoriaux des professionnels de la presse et de leur ressenti personnel.

Il n'est pas surprenant que Franck Martin rende publics sous cette forme insultante ses sentiments profonds vis-à-vis de la presse locale. Il fait partie de ces politiciens habitués à être adulés, encensés, imbus d'eux-mêmes et surpris que la vox populi pense différemment. Il n'aime les journalistes que soumis. Il se trouve qu'à Louviers, ces professionnels changent souvent, qu'ils n'ont partie liée avec personne et ne font qu'exprimer leur liberté.

Cela m'amène à corriger quelques erreurs (volontaires ?) commises récemment par le maire de Louviers, dans Paris-Normandie Dimanche justement. Il affirme avoir été journaliste à la Dépêche de 1978 à 1994. Ce n'est pas exact. Il l'a été, en effet, mais seulement de 1978 à 1984. Ensuite s'il a continué d'être salarié de La Dépêche, c'est en tant que secrétaire général, «responsable» (dans le bon sens du mot) de la gestion de cette société contrainte de déposer le bilan dans les années 93-94 après des années de mauvaise fortune.

En 1994, lors de la vente de La Dépêche au groupe Hersant (1) qui a mis 17 millions de francs sur la table (et non 14) Franck Martin n'a pas trouvé quatre millions de francs ! Il a proposé la création d'une SCOP (2) (je l'ai d'ailleurs suivi dans cette aventure) mais nous n'avons pas été capables de rendre crédible notre offre. Peut-être veut-il parler alors de l'offre de La Dépêche du Midi de Jean-Michel Baylet (actuel président du PRG) arrivé dans le dossier bien tardivement et bien faiblement au plan financier.

Les leçons de tout cela ? Il ne faut jamais accuser les journalistes de ses propres turpitudes. Quand on raconte l'histoire, il ne faut pas la réécrire car il se trouvera toujours un témoin pour corriger les erreurs et rétablir la vérité.

(1) Philippe Hersant n'avait, en juillet 1994, qu'un rival sérieux : le groupe Méaulle. Ce dernier mit la même somme que lui devant le tribunal de commerce d'Evreux mais ne fut pas retenu. Ce groupe racheté par Ouest-France depuis est, aujourd'hui, le propriétaire de La Dépêche… comme quoi !

(2) Une Société coopérative et participative (Scop) est, en droit français, une société commerciale, société anonyme ou société à responsabilité limitée. Soumise à l’impératif de rentabilité comme toute entreprise, elle bénéficie d’une gouvernance démocratique et d’une répartition des résultats favorisant la pérennité des emplois et du projet d’entreprise. Ses salariés-coopérateurs y sont en effet associés (ou « co-entrepreneurs ») majoritaires et détiennent au moins 51 % du capital et 65 % des droits de vote. Par ailleurs, quelle que soit la quantité du capital détenu, chaque coopérateur ne dispose que d'une seule voix lors de l'assemblée générale de l'entreprise. (source wikipédia)

14 décembre 2010

Hortefeux recadré par Fillon après sa défense des policiers faussaires

« Quand un ministre me corrige, ça va, c'est quand il y en a plusieurs que ça pose des problèmes. » Voilà ce que pourrait dire Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, désavoué par le Premier ministre François Fillon, hier, après que Michel Mercier, ministre de la Justice, avait déjà assuré que les juges faisaient bien leur travail.

François Fillon reconnaît que les actes des policiers condamnés à plusieurs mois de prison ferme sont « injustifiables ». Et pourtant Hortefeux avait regretté une peine « disproportionnée » pour de faux témoignages, des faux en écritures publiques et surtout la mise en cause d'une personne totalement innocente risquant la prison à perpétuité. Il s'est trouvé deux cent policiers pour manifester leur soutien aux collègues condamnés en première instance avec gyrophares et trompettes ! Il s'est même trouvé des syndicats de police pour soutenir les faussaires !

La police est au service des citoyens et de la République. Elle n'est pas là pour défendre des gens dévoyés. Des gens qui renforcent le sentiment de méfiance à son égard pour ne pas dire un sentiment d'hostilité dans certains quartiers. En rappelant Hortefeux à plus de mesure et de considération pour les institutions, François Fillon veut éviter les dérapages. N'est-ce pas la première fois, en effet, qu'un ministre s'exonère de respecter la séparation des pouvoirs pourtant indispensable à la bonne marche de la démocratie ? Hortefeux a voulu l'Intérieur. Il serait sans doute mieux à l'extérieur.

13 décembre 2010

Monsieur le censeur bonsoir !

La séance du conseil municipal de ce soir était la première depuis celle du 15 novembre. Fameuse séance durant laquelle le maire s'est emporté contre le public et les élus de gauche suite au rassemblement organisé par l'association pour l'amélioration du cadre de vie et de l'environnement.
Ce soir, les élus de l'opposition de gauche ont souhaité expliquer leur position et lire une déclaration ce qu'a empêché le maire dans un nouvel acte de censure. Claudine Duteuil, Nathalie Bellevin et Philippe Thouement ont donc décidé de quitter la séance pour exprimer leur farouche opposition aux méthodes du maire.


Je suis heureux de publier leur texte : « Les incidents qui ont eu lieu lors de la dernière séance du conseil municipal sont révélateurs d’un profond malaise. Depuis des années, cette assemblée ne fonctionne pas normalement.
Le maire ne supporte aucune opposition. Il veut avoir raison sur tout et tout le temps.
Il interrompt les orateurs, ne répond pas aux questions, méprise ses interlocuteurs dès qu’un opposant ou un argument le gêne.
Lors de la dernière séance, dès son début le maire s’est énervé.
Perturbé par le rassemblement auquel certains d’entre nous participaient, il a instauré un climat de tension palpable dans tous les rangs des groupes du conseil.
Nous le disons clairement : cette conduite est inadmissible.
Et pour parachever son œuvre, le maire a censuré les tribunes dites libres des trois groupes d’opposition et destinées au journal municipal.
Nous ne pouvons plus accepter ces dérives antidémocratiques.
Afin de montrer notre réprobation nous ne participerons pas à cette séance.
Monsieur le censeur, bonsoir ! »
Les quatre conseillers d’opposition PS-PC-NPA

Message pour François Fillon

Bulletin météo de ce lundi soir :
« Le froid s’installe sur le pays pour toute la semaine et avec lui la succession de perturbations plus ou moins actives. Ces nouvelles chutes de neige seront faibles dans l’ensemble mardi et mercredi sur certaines régions de la moitié nord. Elles deviendront plus soutenues de jeudi à samedi avant une atténuation dimanche.
Jeudi, il conviendra de surveiller l’évolution de la perturbation pluvio-neigeuse qui arrivera par la Manche. Elle pourrait donner des chutes de neige conséquentes sur la moitié nord en cours d’après-midi et soirée.
Vendredi, risque de fortes chutes neige au sud et averses de neige fréquentes au nord.
Samedi, ce risque de neige concernera un grand quart nord-ouest. Il se décalera dimanche sur les régions du nord-est.
Où que vous soyez, suivez l'évolution de la situation en appelant le numéro court 3201*
A très bientôt sur www.lachainemeteo.com

Deux millions d’euros par an, le «confortable» salaire de M. Proglio

Un salaire de deux millions d’euros par an. Vous avez bien lu. Deux millions d’euros par an, c’est le salaire que recevait M. Henri Proglio jusqu’à la fin de 2009, en tant que PDG de Veolia.

M. Henri Proglio a été nommé par l’Élysée PDG d’EDF à la fin de 2009 avec un salaire de seulement 1.600.000 euros par an. C’est pourquoi il voulait conserver la double casquette EDF et Veolia. Devant le tollé que cette exigence totalement indécente a suscité, le gouvernement lui a donné un an pour abandonner totalement ses fonctions au sein de Veolia. Ce qui lui a permis d’empocher de cette dernière en 2010, comme président du conseil d’administration, la somme de 450.000 euros. Et de ne subir en 2010 aucune perte de salaire à la suite de son changement d’employeur.

Avouez qu’avec seulement quelques 10.000 euros par mois, l’écrêté de la rue au Coq nous la joue petit bras. Mais, solidarité oblige, il continue de défendre bec et ongles Veolia. Ira t-il jusqu’à lancer une souscription en 2011 afin de venir en aide à ce malheureux Proglio qui va ainsi perdre 450.000 euros ? Le verra t-on tenir la sébile sur le marché de Louviers comme l’ont fait certains de nos camarades pour venir en aide aux grévistes en difficulté ? C’est la question que nous pourrions lui poser. Notre écrêté qui a déclaré au dernier conseil municipal qu’en raison du montant très confortable des indemnités qui leur ont été accordées, les salariés licenciés de chez Henkel n’avaient vraiment pas à se plaindre.

Tout de même, qui peut aujourd’hui, quel qu’il soit, justifier un salaire de 2.000.000 d’euros par an ? Payé par nous tous dans le prix du mètre-cube d’eau qui nous est facturé. Et pour lequel le président de la CASE nous affirme sans sourciller que c’est là le juste prix.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

Une question écrite de François Loncle : « il en va de la réputation de la France »

M. François Loncle attire l'attention de M. le Premier ministre sur le fait que le Président de la République aime se déplacer régulièrement à l'étranger, soit pour entreprendre une visite officielle soit pour participer à des réunions internationales. Ces voyages lui sont certainement très profitables et instructifs, car ils ouvrent de nouveaux horizons, permettent d'appréhender d'autres réalités, d'approfondir ses connaissances géographiques, historiques et culturelles.

Néanmoins, l'attitude du chef de l'État doit être exempte de tout reproche, car il fait figure, aux yeux des populations étrangères, de premier ambassadeur de la France. C'est souvent à travers sa personne qu'est jugé notre pays. C'est pourquoi il lui demande de veiller au comportement du Président de la République à l'étranger, afin que celui-ci n'oublie pas la dignité qui sied à sa fonction. Il insiste notamment sur le respect par le Président de la République d'un principe de décence auquel ses cinq prédécesseurs n'ont jamais dérogé, à savoir : ne jamais aborder à l'extérieur des questions de politique intérieure.

Or le Président de la République ne cesse, au cours de conférences de presse ou de déclarations publiques, de multiplier les références à des affaires domestiques, voire évoquer des scandales internes qui ne concernent nullement les Portugais, les Coréens ou les Américains lorsqu'il se trouve dans leur pays. Il souhaite également qu'il rappelle au Président de la République qu'il doit manifester la plus élémentaire courtoisie à l'égard de ses hôtes étrangers, en évitant d'arriver en retard aux réunions internationales, en ne partant pas prématurément, en respectant les traditions culinaires des pays visités, en ne paraissant pas s'ennuyer lors des cérémonies officielles, en n'ayant pas des altercations ou des gestes inappropriés à l'égard de ses homologues auprès desquels il risque de passer pour « impulsif », « susceptible » ou « autoritaire ». Il en va de la réputation de la France.

Quelques réflexions d'actualité

La déclaration de Marine Le Pen comparant la prière des Musulmans marseillais dans une rue, faute de mosquée, à l'occupation nazie pendant la dernière guerre mondiale relève d'une pure provocation et d'un remarquable sens politique. Elle est bien la fille de son père constatent les commentateurs médiatiques et politiques. Qui en doutait ? Marine Le Pen a vocation à diriger le Front national en exprimant la même xénophobie, les mêmes fantasmes, les mêmes obsessions que son père.
Qu'on ne s'y trompe pas. Ces déclarations reprises en boucle par les médias ne désarmeront pas les 27 % de Français qui ont une opinion favorable de Mme Le Pen-fille. Au contraire, plus on en parle et plus on favorise la propagation d'idées nauséabondes. Je ne crois pas un seul instant que Marine Le Pen sera présente au second tour de l'élection présidentielle de 2012. Ce que je crains, c'est la surenchère de la droite dite populaire. Ces Vanneste et autres Ciotti, ces UMP prompts à dégainer leurs tasers et leurs flashs balls idéologiques avec un seul but : faire mourir le message humaniste du siècle des Lumières. Marine Le Pen joue sur les peurs, les angoisses, les inquiétudes.

Météo-France annonce des chutes de neige copieuses en milieu de semaine avec une couche épaisse, notamment en région parisienne. Après la pagaille de la semaine dernière et les déclarations imprudentes autant que mensongères de François Fillon accusant les prévisionnistes au lieu de balayer la neige devant sa porte, le ministre des transports prend ses précautions.
Il a déclaré ce matin qu'il fallait s'attendre à de gros problèmes si la neige attendue se décidait à tomber. Plutôt que de prendre les décisions adéquates avec la mise en place d'un plan préventif au plus haut niveau politique et technique, M. Mariani préfère se faire le devin de mauvaises nouvelles. Il pourra toujours dire comme Nathalie Kosciusko-Morizet le fit : « On doit attendre que la neige tombe pour qu'on puisse la ramasser. »

Brice Hortefeux, le ministre de l'Intérieur, vient au secours des sept policiers condamnés à de la prison ferme pour fausses déclarations et faux témoignages. Il juge la peine infligée par le tribunal de Bobigny « disproportionnée ». Un syndicat de policiers a osé déclaré au sujet d'un syndicat de magistrats : "Connu pour receler les pires idéologues de la culture de l'excuse quand il s'agit de remettre dehors à tour de bras les trafiquants de stupéfiants, braqueurs, auteurs de tentatives d'homicide".
Le ministre et les policiers sont-ils au-dessus des lois ? Peuvent-ils tout se permettre ? Un état de droit peut-il résister à de pareilles agressions ? Heureusement, M. Mercier, ministre de la Justice, a remis les pendules à l'heure en indiquant que les juges de Bobigny travaillaient dans des conditions tendues, difficiles et que leur décision n'était en aucun cas attaquable. C'est si vrai qu'une Cour d'appel vient de confirmer la décision d'un juge d'application des peines de Bobigny insulté et vilipendé pour une remise en liberté fort critiquée mais conforme au droit !

Le conseil municipal de Louviers se réunit ce soir. Au programme, le schéma de cohérence territoriale approuvé par les délégués de la CASE. Il sera donc approuvé par les élus de Louviers. Plus intéressant sera de voir comment se comporte le maire. Sera-t-il apaisé et détendu ? Sera-t-il remonté et prêt à en découdre dès la première seconde ? Souhaitons qu'il laisse au repos son cerveau reptilien et fasse appel à son intelligence évoluée. Ce n'est pas si difficile.

12 décembre 2010

« Il n'y a qu'un seul président : Alassane Ouatara » par Oulai Bertrand Goué

Suite aux articles publiés par François Loncle et Marc-Antoine Jamet, j'ai reçu ce texte d'un étudiant ivoirien, Oulai Bertrand Goué, vivant en France mais en lien direct avec son pays. Son éclairage est plus qu'intéressant.

«Laurent Gbagbo n'est porté ni par une légitimité populaire ni par une légalité constitutionnelle. Alors qu'une importante majorité d'Ivoiriens a désigné Alassane Ouattara comme Président de la République, avec 54,10% des voix, Laurent Gbagbo compte sur le soutien de certains officiers de l'armée pour imposer un pouvoir illégitime et illégal.

Le Conseil constitutionnel, en annulant le vote d'environ 600 000 électeurs répartis dans sept départements de Côte d'Ivoire (soit 13% des suffrages exprimés) a fait preuve d'une profonde injustice et a renforcé l'idée à l'origine de la crise sociopolitique; idée selon laquelle il existe deux classes d'Ivoiriens : ceux qui ont le droit de vote et ceux qui ont l'obligation de vote. Le Professeur de Droit et Président du Conseil constitutionnel a décidé de baillonner la volonté de démocratie de tout une partie de la population ivoirienne là où le droit lui donnait la possibilité de faire reprendre les élections si tant est que des irrégularités ont été constatées ; lesquelles ont été contestées par le camp de La majorité Présidentielle du candidat sortant Laurent Gbagbo.

La portée d'une telle décision est infiniment importante pour le peuple de Côte d'Ivoire lorsque l'on se rappelle le caractère décisif de cette élection qui a pour but de régler le problème de la crise identitaire fortement ressentie par nos compatriotes du Nord du pays. L'enjeu de ce scrutin c'était aussi de rassembler les Ivoiriens, dire aux uns et aux autres que dans la nouvelle Côte d'Ivoire que nous construisons, tous comptent autant les uns que les autres.

Il nous a semblé que c'était cela l'objectif des 1.500 soldats des Forces Armées de Côte d'Ivoire déployés dans la partie Nord du pays : sécuriser le deuxième tour de l'élection dans le but d'éviter la fraude et permettre que les résultats qui seront proclamés soient acceptés par toutes les parties. Qu'est-il advenu du mandat de ces soldats payés par le contribuable ivoirien ? Comment expliquer que nos militaires n'aient pu protéger le scrutin et que des irrégularités et violences aient pu avoir lieu au point ou Yao N`dré et le Conseil constitutionnel aient décidé d'annuler le vote de tous ces Ivoiriens ?

En fait de « graves irrégularités qui auraient entaché la sincérité du scrutin », il n'en est rien. Ou du moins les irrégularités constatées n'ont pu de par leur ampleur empêcher l'expression du choix des Ivoiriens. Comme au Nord, quelques violences ont été constatées, avec regret, dans le Sud mais sans que le vote n'ait pour autant été annulé dans cette partie du pays. Parlant des violences, Young-Jin Choi, Le représentant du Secrétaire général et Chef de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) indique avoir demandé au commissaire de police de l'ONUCI de collecter les rapports sur les violences le jour de l'élection et qu'il en ressort que « sans aucune incertitude, il y a eu moins d'actes de violence au Nord qu'à l'Ouest. » Encore une fois pourquoi le vote à l'Ouest du pays n'a-t-il pas été soumis à la logique du Conseil constitutionnel de Yao N'dré ?

Maintenant supposons que l'ONU soit le méchant «machin» que les Occidentaux et notamment notre meilleur ennemi la France ont mis en place en vue de déposséder les Ivoiriens de toutes leurs richesses sur toute l'étendue du territoire national. Comment expliquer que dans leurs rapports, certains Préfets de l'Etat de Côte d'Ivoire et notamment ceux des Savanes, de la Vallée du Bandama et du Worodougou n'aient indiqué aucune violence majeure tendant à influencer le choix des électeurs le jour du scrutin ? Ces préfets vont même plus loin lorsque lors d'une conférence de presse post-élection (le 8 Décembre 2010), ils disent « seulement réaffirmer aux yeux du monde et de nos compatriotes que les élections se sont bien déroulées dans nos circonscriptions comme l’attestent les différents rapports à la hiérarchie et publiés dans la presse. » Il ne s'agit donc pas de fraudes et d'irrégularités comme à la base de la décision du Conseil constitutionnel de Yao N'dré, mais bien d'une manœuvre tendant à confisquer le pouvoir.

Et même lorsque l'on fait un retour en arrière pour observer la célérité exceptionnelle avec laquelle le Conseil constitutionnel de Yao N'drée s'est saisi de la proclamation des résultats de l'élection au motif que la Commission Electorale Indépendante (CEI) aurait été au-delà du délai de trois jours à elle imparti, on est amusé du manque de logique des animateurs de cette institution. Car en réalité, les résultats du premier tour de l'élection ont été proclamés par cette même CEI bien au-delà du délai imparti sans que le Conseil constitutionnel de Yao N'dré ne s'en émeuve.

Mais la question qui mérite d'être posée à notre sens c'est de savoir comment Laurent Gbagbo, au nom du démocrate qu'il prétend être peut-il justifier son coup de force et s'arcbouter sur le fait qu'il ait, lui, décidé de « suivre le droit et ses procédures subséquentes », en portant simplement réclamation auprès du Conseil constitutionnel de Yao N'dré alors que son adversaire aurait été passif, ignorant des procédures légales ?

La manœuvre est trop facile et nous amène à penser que, pour peu, Yao N'drée aurait fait annuler le vote dans le Nord du pays s'il était advenu une pluie le jour du scrutin. Laurent Gbagbo sait que l'investiture ou plus exactement cette mascarade qui tient lieu d'investiture ne se fonde sur aucune légitimité issue du scrutin mais qu'elle n'est que pure invention et la manifestation d'un dictateur qui se révèle sur le tard.

Il y a aussi le fétichisme qu'une frange d'Ivoiriens voue au Conseil constitutionnel arguant que cette institution est le dernier recours et que sa décision est irrévocable et que si jamais Laurent Gbagbo n'était pas en fonction les Dieux nous tomberaient sur la tête. Soit. Mais que se passe-t-il si le Conseil constitutionnel ne respecte pas la Constitution de l'Etat de Côte-d'Ivoire qui dans son préambule indique que le peuple de Côte-d'Ivoire est « profondément attaché à la légalité constitutionnelle et aux institutions démocratiques » et qui dans son article 30 poursuit : « La République de Côte d'Ivoire est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale. » Or dans le cas d'espèce, nous avons affaire à un déni de démocratie et donc les institutions qui sont prétendument représentées notamment celle du Président de la République sont mort-nées. On peut dire que l'acte d'investiture est réputé n'avoir jamais eu lieu parce que basé sur aucun fondement démocratique. Il est réputé n'avoir jamais été constitué.

Rappelons-nous un instant au fait pour une personne majeure de signer un contrat avec une personne mineure. Ce contrat serait qualifié de nul et nul effet parce qu'en violation du droit des contrats ; il serait dit n'avoir jamais été constitué. Si être Président de la République c'est signer un contrat avec une majorité des électeurs, Laurent Gbagbo n'a signé de contrat qu'avec lui-même ou à tout le moins qu'avec une minorité d'Ivoiriens qu'il veut imposer à une majorité. Laurent Gbagbo s'est autoproclamé Chef de l'Etat par le fait d'un acte de dictateur, avec la bénédiction de certains officiers de l'Armée qui se sont écartés de leur rôle de garant du caractère républicain de cette institution. Mais le fait est qu'en Côte-d'Ivoire il n'y a qu'un seul Président de la République, celui des urnes, et c'est Alassane Ouattara.

Oulai Bertrand Goué est Doctorant en Science de l'information, Diplômé de Science politique et de Commerce international
oulaibertrandgoue@gmail.com