17 février 2011

Il faut remettre en liberté Jean-Marc Rouillan

Le juge d'application des peines chargé du dossier de Jean-Marc Rouillan, ancien d'action directe, auteur collectif du meurtre de Georges Besse et de l'amiral Audran, avait prévu de le placer sous le régime de la liberté surveillée dans les jours qui viennent. Ce régime lui avait déjà été accordé en 2008 mais JMR avait commis l'imprudence de donner une interview à la presse ce qu'interdisait expressément les conditions de sa liberté surveillée. A la demande du parquet, l'ancien gauchiste réintégra donc sa cellule qu'il n'a plus quittée depuis. Cela fait donc 24 ans que Jean-Marc Rouillan passe en prison sans interruption.

Je n'ai aucune sympathie particulière pour cet homme-là. Il a fait partie de ces groupes de jeunes désespérés (1) qui ont cru à la lutte armée pour faire la révolution, cette révolution qu'ils n'avaient pas su faire en eux-mêmes. On sait depuis toujours que face à un pouvoir, quel qu'il soit, la solution pour le changer passe par l'information, la conviction, le suffrage universel. Si on sort de cette équation, on franchit la ligne jaune qui aboutit à tous les totalitarismes ou à tous les fascismes.

Pourtant, je considère, comme le juge d'application des peines que Jean-Marc Rouillan a payé sa dette à la société et que celle-ci doit le réintégrer en son sein, sinon c'en est fini de la capacité des hommes et des femmes à changer et à apporter leur pierre au destin collectif. Je n'oublie pas les familles Besse et Audran. J'imagine la douleur que fut l'assassinat des leurs. J'imagine aussi qu'il ne doit pas être facile pour eux de pardonner et d'accepter que Rouillan recouvre la liberté.

Tout de même. Cet homme-là est gravement malade. Il est atteint d'une maladie rare qui touche les os et le système nerveux. Il a trouvé un travail dans l'édition, il bénéficie d'un accueil domiciliaire chez un ami. Il portera un bracelet électronique lui interdisant certaines aires et certaines rencontres. Que le parquet ait fait appel me parait choquant. Qu'a à craindre notre société d'un homme prisonnier de ses démons et prisonnier de ses souffrances ?

(1) Ses autres camarades, Aubron, Ménigon, Cipriani etc. sont ou morts ou gravement malades. Ils paient au prix fort les années d'isolement et d'incarcération.

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