25 avril 2011

« Qui a tué l’écologie ? » (Chapitre III)


C’est le troisième épisode de la série « Qui a tué l’écologie ? », titre du dernier ouvrage de Fabrice Nicolino, journaliste. De la « bande des quatre », nous nous sommes précédemment penchés sur les cas de la Fondation Nicolas Hulot et du WWF.

Abordons à présent celui de Greenpeace, et voyons ce qu’en disait Fabrice Nicolino au cours de l’entretien qu’il a eu avec Daniel Mermet dans son émission « Là-bas si j’y suis ».

Greenpeace, la fameuse organisation environnementale née en 1971. Pour Fabrice Nicolino, c’est devenu une entreprise, une boîte comme on dit familièrement. Une entreprise capitaliste ultra performante. Des militants d’origine, joyeuse bande d’hurluberlus chevelus, barbus – des babas-cool dirait-on aujourd’hui –, combatifs et sympathiques, il ne reste plus personne. Où sont passés ces militants qui se battaient contre les essais nucléaires américains sur une île en Alaska ? Disparus. Devenue une association extraordinairement consensuelle, elle a parfaitement intégré toutes les techniques de marketing de l’industrie : constituer des fichiers, faire de la levée de fonds et transformer les militants en spectateurs donateurs en mettant en avant quelques actions spectaculaires très médiatisées dont on ne sait rien de l’efficacité réelle. C’est pour ce travail que Greenpeace France a recruté en 2005 au Luxembourg son directeur actuel Pascal Husting, où il exerçait le métier de financier et de conseiller pour les entreprises cherchant à défiscaliser leurs profits, y compris dans les paradis fiscaux. Il faut dire que le budget annuel d’une telle organisation représente plusieurs dizaines de millions d’euros. À la revue « The Economist », il déclarait il y quelques mois : « au lieu d’être des militants exerçant une profession dans le monde associatif, devenons des professionnels qui continuent à militer ! Il n’est donc plus question d’embaucher prioritairement des militants et sur les 45 salariés présents à mon arrivée, 25 ont quitté Greenpeace parce qu’ils n’arrivaient plus à suivre cette logique de professionnalisation ». Et pour terminer, il se flatte que « dans le personnel licencié ayant déposé des recours aux Prud’hommes, aucun n’a eu gain de cause ». Quel patron de combat oserait aujourd’hui tenir devant les médias ce type de discours ?

De façon surprenante, Greenpeace est restée plutôt discrète dans les médias ces temps derniers. Pourtant, ce ne sont pas les sujets qui fâchent qui manquent dans l’actualité. Entre la catastrophe nucléaire de Fukushima et en France, l’affaire des gaz de schiste, voilà des questions sur lesquelles on aimerait la voir à la pointe du combat. Quelque peu prise au dépourvu, il semble bien qu’aucun d’entre eux n’entrait dans ses plans de communication définis longtemps à l’avance. C’est aussi cela les stratégies entrepreneuriales.

Transcription et présentation
Reynald Harlaut

Fabrice Nicolino, « Qui a tué l’écologie ? », Éd. Les Liens qui libèrent, Paris, mars 2011, 20,50 € dans les bonnes librairies.

À suivre…

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