28 mai 2011

Le monde a changé : il nous faut le réinventer…

Michel Serres (DR)
Remarquable séquence que celle de l’émission de Frédéric Taddei « Ce soir ou jamais » diffusée sur France 3 le jeudi 26 mai. Dans le cadre de la tenue du G8 à Deauville, le thème en était : « G8 : Un nouveau monde, de nouvelles idées ? »
Sur le plateau se faisaient face, dans l’ordre où il les a présentés, d’une part, Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de Gauche, Michel Serres, philosophe des sciences, Sandra Moatti, journaliste à Alternatives économiques, et d’autre part Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Échos, Édouard Tétreau, économiste, François Bourguignon, économiste, ancien vice-président de la Banque mondiale.
Une personnalité a incontestablement dominé le sujet de la hauteur de son intelligence, de son immense culture et de la sagesse que lui confère son âge : Michel Serres. Il suffisait d’observer le regard plein de respect et d’admiration qu’avait pour lui Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il l’écoutait s’exprimer pour s’en convaincre. Jean-Luc Mélenchon, qui, dans le registre politique qui est le sien, fut le seul autre intervenant capable de se hisser véritablement à la hauteur du sujet.
À l’aide de quelques exemples bien choisis, Michel Serres a expliqué en quoi le monde avait changé en un siècle plus que depuis l’aube de l’humanité. Et pourquoi continuer de l’analyser avec les systèmes de pensée inventés au siècle dernier, ne permettait pas de se projeter dans l’avenir et d’inventer des solutions aux problèmes qui se posent, à commencer par celui de la « gouvernance » d’un ensemble mondialisé. Il s’est dit particulièrement attentif aux mouvements qui se sont développés en début d’année en Tunisie puis en Égypte, comme à celui qui se produit actuellement en Espagne. Pour lui, les solutions seront apportées par des personnes étrangères au système qui régit aujourd’hui le monde et probablement dictées par la contrainte environnementale qui va bientôt s’imposer à l’humanité tout entière, jusqu’à mettre sa survie en péril.
Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas contenté d’énoncer des critiques à l’encontre de ce club des dirigeants des pays avancés qu’est le G8, et au Fonds monétaire international, apporteur de malheur dans tous les pays en difficulté où il est appelé à intervenir. Comme Édouard Tétreau, il a souligné la responsabilité première qu’ont eue États-Unis dans la crise financière de 2008, conséquence de la dérégulation du système financier mondial qu’ils ont partout imposée. Mais aussi dans la manière insensée dont ils continuent d’agir en finançant leur déficit abyssal par de la création monétaire sans aucune contrepartie économique. Il a par ailleurs souligné le déficit démocratique qu’installe partout l’oligarchie mondiale qui dirige la planète au mieux de ses intérêts. Notamment en substituant aux organismes internationaux dépendants des Nations unies, ces groupes, G5, puis G7, à présent G8, et G20, autoproclamés et sans aucune légitimité que celle qu’ils s’attribuent eux-mêmes de parler au nom des peuples, en bafouant le plus souvent l’intérêt général. Et combien leur appréhension du monde est dominée par l’économie et se réduit le plus souvent à une vision mercantile peu soucieuse du bien-être de la communauté humaine.
Reynald Harlaut

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