9 juillet 2011

Journalistes aux ordres sur France Inter : « Écoutez la déférence… »


De nombreux auditeurs de France Inter dont je continue tout de même de faire partie car il reste encore sur cette radio de service public quelques belles émissions, n’ont pu que constater avec regret le virage éditorial accompli depuis l’arrivée à sa direction de Philippe Val, l’ancien rédacteur en chef de Charlie Hebdo, homme de main de Jean-Luc Hees, directeur de Radio-France. Nous ne reviendrons pas sur la manière dont ont été virés les humoristes Didier Porte et Stéphane Guillon il y a tout juste un an. La présence de Philippe Val à la petite fête que donnait l’autre soir Alain Minc pour ses meilleurs amis n’en est, s’il en était encore besoin, qu’une preuve supplémentaire.

Il n’est que de constater en matière d’information, le traitement qui a été réservé sur cette radio au choix de Jean-Luc Mélenchon pour être le candidat commun du Front de Gauche à l’élection présidentielle de 2012, puis au meeting de lancement de la campagne du Front de Gauche, le 29 juin à Paris, place de Stalingrad pour s’en convaincre. Un black-out si parfait qu’il a fallu tout de même faire quelque chose car ce silence devenait chaque jour un peu plus embarrassant comparé aux places accordées à la candidature de Martine Aubry et à l’affaire DSK, laquelle a battu tous les records d’antenne. Certes, comme dirait Val, « il ne faut pas mécontenter l’actionnaire », mais dans l’obséquiosité faut-il encore savoir ne pas trop en faire afin que cela ne soit pas trop voyant. Il fallait donc se décider à en parler. Comment agir alors pour minimiser la portée de l’information ? Le comble de la perfidie a, nous le pensons, été atteint en ce matin du 4 juillet sur France Inter dans la matinale de Patrick Cohen qui recevait enfin… Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste.

Pour la mise en bouche, on eut droit auparavant à quelques extraits : quelques phrases tirées de tout contexte, du discours remarqué qu’a fait Jean-Luc Mélenchon en clôture de ce meeting. Extraits tout spécialement choisis pour le rabaisser en tournant en ridicule le talent oratoire incontestable qu’on lui accorde. Et en le comparant, alors qu’il s’adressait aux quelques 6.500 personnes massées sur cette place, à une sorte de De Gaulle au petit pied. Une insulte aux citoyennes et citoyens que nous sommes adressée par ceux-là-mêmes que les deniers publics font vivre. Larbins !

Les questions que lui posa ensuite le journaliste Patrick Cohen furent quasiment toutes des questions orientées, traitant presque exclusivement de la forme en oubliant le fond. Premières minutes consacrées à lui demander son avis sur l’affaire DSK et sur la primaire socialiste. C’est toujours cela de gagné. Quatre minutes sur les neuf de l’interview avant de commencer à dire un mot du Front de Gauche. Première question : « N’avez-vous plus d’inquiétudes sur la capacité de Jean-Luc Mélenchon à jouer moins perso ? ». Deuxième question : « Y aura-t-il une touche communiste car de nombreux militants s’inquiètent de la dissolution de leur parti dans le Front de Gauche ? Les communistes mettront-ils leur drapeau dans leur poche ? ». Troisième question, histoire d’enfoncer le clou : « Pourtant, des appels ont été lancés pour des comités locaux du Front de Gauche… » Quatrième question : « Et la marque particulière du Parti communiste, il n’y en aura pas puisque le programme est partagé… » Cinquième des questions qui, on le constate se transforment au fur et à mesure de l’interview en affirmations : « Avec un désaccord sur l’énergie nucléaire qui n’est pas tranché dans le programme…etc. ». Ce sera la seule question concernant le programme, uniquement posée parce que le débat sur cette question n’est pas définitivement clos au Front de Gauche. Dernière question : « Dans l’hypothèse d’un gouvernement avec les socialistes, il y a un certain nombre de militants communistes qui craignent que Jean-Luc Mélenchon n’utilise son score à la présidentielle pour négocier un futur portefeuille ministériel dans un gouvernement socialiste… N’y a-t-il pas un risque ? »

Voilà ce que je n’hésiterai pas un instant à qualifier d’interview pourrie par un journaliste aux ordres. Les réponses dignes et argumentées de Pierre Laurent à ces ignominies sont sur le site :

Reynald Harlaut
Parti de Gauche, membre du Front de Gauche

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