27 décembre 2011

« Nul ne peut être condamné à la peine de mort ! »

Dans son programme présidentiel, Marine Le Pen veut le retour de la peine de mort. Pire qu'une régression de la civilisation, il s'agit d'un abaissement des valeurs morales qui suffisent à disqualifier celle qui prétend être élue aux plus hautes fonctions de l'Etat. Pour être convaincu de l'inanité, de l'inutilité de la peine de mort, j'ai retrouvé le discours qu'a prononcé Robert Badinter, ancien président du conseil constitutionnel, ancien garde des sceaux de François Mitterrand, le 19 février 2007 lors de la réunion du Congrès à Versailles. Il s'agissait pour les députés et les sénateurs d'approuver le projet de loi constitutionnel relatif à l'interdiction de la peine de mort et ainsi rédigé : « Nul ne peut être condamné à la peine de mort. »

J'ai choisi les extraits suivants du discours de M. Badinter : «…Il ne suffit pas d'un moratoire sur les exécutions. Encore devons-nous obtenir un moratoire sur les condamnations elles-mêmes. Car nous refusons que s'accroisse plus longtemps la masse des milliers de condamnés à mort dans le monde — parmi lesquels il y a, nous le savons, des innocents — qui peuplent les quartiers de la mort pendant des années, voire des décennies, dans l'attente angoissée de l'aube prochaine qui sera peut-être la dernière.
Tant que dans ce monde, on pendra, on décapitera, on empoisonnera, on lapidera, ou suppliciera, toutes celles et ceux qui considèrent le droit à la vie comme un absolu moral, tous ceux-là ne doivent pas connaître de répit.
Je veux, en cet instant, dire au Congrès ma conviction absolue : la peine de mort est vouée à disparaître de ce monde comme la torture, parce qu'elle est une honte pour l'humanité. Jamais, nulle part, elle n'a fait reculer la criminalité sanglante, pire encore, elle transforme le terroriste en martyr ou en héros aux yeux de ses partisans…
…Pendant la guerre d'Espagne à Tolède, les fascistes espagnols criaient « viva la muerte ! » « vive la mort ! » Qu'avons nous à voir, nous, enfants de la liberté, avec ce blasphème sanglant ? Que vive la vie ! C'est cela le sens du combat pour l'abolition de la peine de mort. Nous accomplissons en cet instant le vœu formulé par Victor Hugo en 1848 : l'abolition pure, simple, irréversible, j'ajouterai pour la France, universelle ! »

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