25 février 2011

François Loncle : « Mettre fin à la diplomatie de la honte »


 A la veille du changement de ministre des affaires étrangères, François Loncle me communique ce texte que j'ai plaisir à publier :
François Loncle (photo JCH)
« Dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy avait misé sur la politique extérieure pour tenter de se tailler enfin une stature d'homme d'Etat, sérieusement écornée par le débat nauséeux sur l’identité nationale, les rebondissements de l’affaire Woerth, les expulsions de Roms qui lui ont valu les remontrances des instances internationales. Il comptait notamment sur la présidence du G20 pour redorer son blason. Patatras ! Ce plan de communication s'est effondré en quelques semaines. La « révolution de jasmin » a embaumé, momifié la diplomatie sarkozyenne. Le peuple tunisien n’a pas seulement renversé Ben Ali ; il a exposé l'inanité de la politique extérieure française.
Les grossières erreurs d'appréciation, les propositions incongrues, les errements personnels et les explications emberlificotées de la ministre des affaires étrangères ont révélé l'incurie de notre diplomatie. A l'impéritie s'est ajoutée la honte. Hormis des gesticulations médiatiques et des déclarations intempestives du président de la République, au risque de compromettre tout règlement négocié de certaines affaires, par exemple le cas de Florence Cassez, la politique extérieure française se distingue par son incohérence, son impuissance, son illisibilité.
La France n’a ni vision ni stratégie. Elle navigue à vue. Les dysfonctionnements permanents entre la cellule diplomatique de l'Elysée et le Quai d'Orsay aggravent la paralysie, au point que le capital moral et diplomatique que la France avait accumulé depuis des décennies est totalement dilapidé. Il y a, d'un côté, un cabinet présidentiel omniprésent, au sein duquel Nicolas Galey, conseiller chargé du Maghreb et du Proche-Orient, s'est lourdement trompé. Et de l'autre côté, un ministère sinistré qui va perdre 700 postes en trois ans. Cela explique l'aveuglement français lors des crises tunisienne et égyptienne.
Face à la vague contestataire qui secoue le monde arabe depuis l'immolation par le feu de Mohammed Bouazizi, le 17 décembre, la France s'est laissée porter par les évènements, incapable d’analyser, de prévoir, d’anticiper. Pire. Elle s'est montrée réticente à l’égard des revendications populaires, prêchant la modération, voire offrant son « savoir-faire » sécuritaire. A force de courtiser les dictateurs, les dirigeants français ne comprennent plus les peuples, leurs frustrations et leurs aspirations. Au nom d’une prétendue stabilité régionale et d’un endiguement de l’islamisme, ils soutiennent des régimes autoritaires qui bafouent les droits de l'homme.
Certes, il est admissible que la France entretienne des relations avec tous les pays. Mais elle ne doit pas pour autant renoncer à ses principes et se taire quand une répression sanglante s’abat sur des manifestants pacifiques. Ne redoutons pas les peuples qui se libèrent. Il faut plutôt les soutenir et les accompagner sur le chemin ardu de la démocratie. Les révolutions tunisienne et égyptienne démontrent que les excès de la Realpolitik, qui privilégie les intérêts économiques et stratégiques, s’avèrent inopérants et même contre-productifs. Au contraire de ce que clament les adeptes de ce pseudo pragmatisme, les régimes autoritaires ne sont pas plus des remparts contre le fanatisme religieux que des garants de stabilité, car ils sont si fragiles qu’ils risquent à tout moment d’être balayés par une révolte populaire. En vérité, la Realpolitik, érigée en principe, c'est la déraison d’Etat.
La défense de nos intérêts et la promotion de nos valeurs ne sont pas incompatibles. Tout au contraire. Une diplomatie efficace, persuasive, influente, est celle qui harmonise intérêts et valeurs. Sans eux, elle n'est que rhétorique creuse; sans elles, elle n’est que cynisme brutal. En définitive, on en revient toujours à André Malraux pour qui « on ne fait pas de politique avec de la morale, mais on n’en fait pas davantage sans ».
François Loncle, député de l'Eure, vice-Président du Groupe socialiste chargé des affaires internationales

MAM va rentrer chez elle dès lundi ?

Le président de la République aurait décidé de sacrifier sa ministres des affaires étrangères pour la remplacer par Alain Juppé. Le tout devrait être plié ce week-end. Il lui aura fallu près d'un mois pour adopter une décision que MAM aurait dû, comme une grande, prendre elle-même. Écartée du voyage en Tunisie, absente en Turquie, Michèle Alliot-Marie ne pouvait plus guère se déplacer qu'au Japon ou au Brésil, pays amis qui comptent dans les échanges commerciaux mais pas dans la position de la France vis-à-vis des pays arabes en révolution.

Si le choix d'Alain Juppé est confirmé, il s'agira d'un choix habile. L'ancien premier ministre est à peu près le seul au gouvernement, à donner l'image d'un responsable apte à la fonction. Ce n'est pas un caractériel. Il a su souffrir pour d'autres et la justice ne l'a pas (logiquement) épargné. S'il n'a pas laissé un bon souvenir comme premier ministre, il a été jugé meilleur aux affaires étrangères par François Mitterrand et Edouard Balladur. Exilé au Canada, il a pu regarder la France avec distance et mesurer le dérisoire de certains petits jeux. Je suis sûr, cependant, qu'Alain Juppé à lui tout seul, ne pourra pas rattraper les erreurs des Guéant-Guaino-Levitte.

Comment, d'ici la présidentielle corriger le discours de Dakar ? Comment faire oublier la soumission aux Etats-Unis et le retour dans l'OTAN ? Comment rectifier le tir à l'égard des pays arabes quand la France a été suiviste, qu'elle a subi les situations plutôt que de les accompagner ou même de les encourager ? Rama Yade avait raison : on peut être choqué qu'un tyran comme Kadhafi s'essuie les pieds sur le paillasson des droits de l'homme, à Paris, même s'il est rentré sous sa tente comme un bédouin privilégié.

Les militaires devraient « toucher » un Jean-Pierre Raffarin. Il est centriste. Il est envieux et sinophile. Peut-être parviendra-t-il à vendre des rafales à quelqu'un ? Maintenant que Kadhafi est plombé…

Un SCUD PRG destiné à abattre la fusée Cléret

Leslie Cléret (photo JCH)
Jean-Louis Destans (photo JCH)
L'article consacré sur ce blog au soutien de Guy Auzoux à Jacky Bidault dans le cadre de la campagne des contonales de Louviers nord soulève bien des évidences mais aussi bien des questions. Parmi les évidences, il en est une que je martèle depuis des années : la municipalité de Louviers est devenue au fil du temps, un clan essentiellement préoccupé par son sort matériel Il a abandonné le domaine des idées et donc de la politique. Il s'essouffle au cours d'un 3e mandat marqué par des augmentations d'impôts et un rôle de plus en plus important de la CASE dans l'avenir de notre ville.

La plus éclatante démonstration de cette affirmation tient en un seul mot : écrêtement. Le jour où Franck Martin a décidé de « subventionner » sa compagne au lieu de répartir son surplus d'indemnités (1)  avec ses adjoints et ses conseillers délégués, il a montré le visage d'un homme intéressé. Dans un contexte général peu porteur pour les politiques — ce que je déplore — il a conforté l'idée que l'usure du pouvoir conduit à l'abandon des engagements collectifs pour préférer les arrangements personnels.

Lors des élections régionales, la section socialiste de Louviers avait décidé de ne pas faire campagne pour une liste sur laquelle figurait le maire de Louviers. Si, au second tour, par abnégation et discipline, bien des militants PS et les électeurs qu'ils influencent ont fait le choix de la raison, ce ne fut assurément pas celui du cœur. Avaler des couleuvres est un art délicat puisqu'en rapport avec la gastronomie mais il arrive que les plats soient indigestes. Celui-là le fut au-delà du raisonnable et les socialistes, notamment le maire de Val-de-Reuil, alors tête de liste, n'ont pas fini de s'en mordre les doigts et de se faire de la bile…

Fidèle à la promesse qu'il a faite à Alain Le Vern, Franck Martin ne se présente pas aux cantonales de Louviers-nord. Mais il n'avait pas dit au président du conseil régional qu'il enverrait un Scud PRG destiné à abattre la fusée Cléret, candidate socialiste et sortante. Je ne suis pas surpris de cette candidature. Elle parfait le portrait d'un homme en bout de course usant d'un pouvoir de nuisance de plus en plus limité.

Parmi les questions que pose le soutien de Guy Auzoux au candidat de Franck Martin, il en est une, majeure. Ce soutien conditionne-t-il le positionnement éventuel du candidat PRG lorsqu'il faudra élire un président au conseil général et si oui lequel ? Leslie Cléret est proche de Jean-Louis Destans. Elle a sa confiance et partage ses objectifs. Elle est membre de l'équipe gagnante et mérite sa réélection. Avec elle, pas de doute, pas d'embrouille. On sait qui elle est et où elle va. Faut-il rappeler que Guy Auzoux a commencé à l'UMP, est passé au Nouveau centre avant de finir au centre nouveau où se retrouvent les recyclés de tous bords ?

 La fédération de l'Eure du PRG est devenue un bateau ivre. Ses chefs ont perdu le cap de la Gauche et l'échouement est inéluctable.

(1) Lors des cantonales de 2008 j'avais fait campagne contre le cumul des mandats. En 2011, il est plus que jamais nécessaire de se consacrer pleinement à une tâche choisie et une seule !

24 février 2011

L’immigration, une affaire juteuse pour l’économie française, mais encore…!


L’actualité étant très chargée cette semaine que ce soit sur le plan local, national ou international, j’ai choisi pour la deuxième semaine consécutive de parler de l’immigration à cause notamment du scandaleux débat sur l'Islam lancé par l’UMP qui n’est ni plus ni moins qu’un second débat sur l’identité nationale tout aussi scandaleux.

Pour la droite, le monde ouvrier qui, le premier, subit la crise du système capitaliste doit avoir un bouc émissaire. On lui désigne donc l’immigré. Les ouvriers ne voyant pas d’issue à leur sort et ayant l’impression d’avoir été abandonnés par la gauche, les électeurs populaires en sont venus à soutenir (à voter en réalité) la droite capitaliste parce que celle-ci prétend arrêter ou limiter l’immigration.

Ainsi l’ouvrier qui vote pour la droite se retrouve à soutenir des politiques libérales qui détruisent l’emploi, la fonction publique et baissent l’impôt des plus riches. Politiques qui ont déjà été mises en place dans les pays du sud, et qui sont responsables en bonne partie de l'immigration des populations, qui fuient la misère engendrée par ce système. La majorité des gens ne partent pas de chez eux par plaisir, mais pour trouver ailleurs de quoi vivre.

L’effet boomerang est que les plus pauvres en France, en soutenant le régime capitaliste de droite, sont confrontés à davantage de misère et de pauvreté. Ils sont maintenant en concurrence avec les migrants qui font face aux mêmes difficultés. La misère entraînant la misère, la délinquance et le racisme, la droite joue sur une autre corde : la sécurité ! Les causes de l’insécurité dont les premières victimes sont les pauvres vivants dans ces quartiers sont d'abord l'insécurité sociale et le manque de travail. Mais pour des raisons électoralistes il est facile de stigmatiser une partie de la population. Diviser pour régner, la droite l'a compris depuis longtemps !

Et qui tire les ficelles de cette politique ? Le FN évidemment qui avec des déclarations pseudo-sociales en faveur «des petits et des sans grades» défend un programme ultra libéral et répressif. «Faire vibrer la fibre patriotique, la préférence nationale», sous couvert de bonnes paroles, le FN se sert de la division des plus pauvres. En clair quel que soit son vote le travailleur est perdant ! La droite et l’extrême droite ont toujours été du côté du patronat.

Les immigrés sans papiers, acceptent souvent de travailler en dessous de leurs qualifications et dans des conditions peu enviables. Ce qui arrange bien les affaires d'employeurs peu scrupuleux qui y voient une main-d’œuvre peu revendicative, tout en étant moins bien rémunérée.

Les français d'origine étrangère sont doublement perdants, car ils subissent comme tous le système capitaliste, mais en plus servent de bouc émissaire aux problèmes rencontrés par le reste de la population. On les considère comme migrants, alors qu'ils sont français depuis souvent plus d'une génération.

Nous le savons, le système capitaliste est néfaste, il faut le combattre. Soyons lucide, la lutte ne doit pas être entre immigrés et nationaux, mais une vraie lutte de classe entre exploités et exploiteurs. Malheureusement, chacun joue sa partition, souvent l’un contre l’autre pour le plus grand bonheur de la classe dirigeante. Il faut que les classes populaires comprennent que la solution ne peut être qu’une prise de conscience collective contre un système qui divise, qui isole, qui exploite les individus quelles que soient leurs origines ou leur couleur de peau.

Alain Lefeez

23 février 2011

Guy Auzoux soutient le candidat PRG !

Il m'a fait la leçon. Donné bien des coups. M'a accusé de tous les maux parce que j'avais maintenu ma candidature au second tour de l'élection cantonale de Louviers-sud. Quel crime n'avais-je pas commis en tentant, le plus logiquement du monde, de chercher à me faire élire contre un candidat Nouveau Centre soutenu par l'UMP et contre le candidat sortant PRG soutenu par le centre droit. Finalement, le gagnant de l'élection fut Guy Auzoux. Et Franck Martin, le donneur de leçons de démocratie, fut battu.

La campagne électorale actuellement en cours dans le canton nord de Louviers nous apprend que la droite UMP représentée par Olivier Aubert ne bénéficiera pas du soutien de Guy Auzoux. Le conseiller général de Louviers sud ex-nouveau centre-UMP a décidé de soutenir le candidat PRG qui avait voté Sarkozy à la présidentielle. Comme par hasard ! Et toutes ces avanies, toutes ces injures pour en arriver là. En arriver à ce que le candidat poussé par Franck Martin obtienne le soutien du conseiller général de Louviers sud qu'il m'accusa d'en avoir encouragé l'élection alors que jamais je n'avais dissimulé ni mon drapeau ni mes engagements. Bien à gauche.

Ils sont beaux les radicaux à la sauce lovérienne. Ils ont l'air malin ceux et celles qui m'ont montré du doigt quand je disais être le seul à représenter la gauche au second tour de la cantonale de Louviers-sud en 2008. C'était pourtant bien vrai. Et le soutien officiel de Guy Auzoux au poulain du maire de Louviers réduit à néant toute l'argumentation péniblement construite par ce dernier pour me disqualifier. Electoralement, il a perdu. Politiquement, il a trompé les électeurs. Moralement, il est condamné.

Le droit d'ingérence ? Personne n'en parle plus et pourtant…

Bernard Kouchner n'a pas tout fait bien. Mais il avait réussi à convaincre certains gouvernants, notamment en occident, qu'on ne peut pas, qu'on ne doit pas laisser mourir des peuples sous la botte des dictateurs sans lever le petit doigt. Il a interpellé plus d'une conscience en créant une notion nouvelle — qui a fait peur et continue de le faire — appelée droit d'ingérence.

Ce droit ne peut pas être une forme de néocolonialisme idéologique ou économique. Il peut être invoqué lorsque des peuples risquent un génocide, un massacre, une tuerie. Le Rwanda est encore dans toutes les mémoires car l'occident ne s'y est pas montré avisé ni habile. Srebrenica aurait pu être empêché. Tripoli sera-t-elle la prochaine ville sur la liste du martyrologe des peuples opprimés ?

Khadafi en dictateur finissant vient de déclarer la guerre à son peuple. Les tyrans finissent tous comme cela. Ou on les tue, ou ils se suicident, ou ils se refugient dans des pays où sommeillent leurs placements. L'idée de perdre le pouvoir, la puissance et l'argent leur est insupportable. Et comme ils ne sont plus dans le réel, qu'importe la vie des autres ! La question se pose à la communauté internationale : faut-il intervenir avec un mandat de l'ONU pour empêcher ce qui se prépare en Libye sous les yeux de tous ? Le Conseil de sécurité doit-il immédiatement mettre sur pied une force d'interposition entre les milices et les mercenaires de Kadhafi et le peuple en colère ?

Les appels à la retenue, à la modération ne servent plus à rien. Les chancelleries le savent bien. Ces appels amusent la galerie mais n'ont aucune efficacité sur des hommes comme Khadafi au pouvoir depuis 42 ans, sans élection, sans partage, sans opposition. Alors que faire ? Le droit d'ingérence n'est qu'un mot. Il n'existe dans un aucun texte international. Il ne repose que sur un sens élevé en des valeurs supérieures. L'ONU doit donc agir. Et vite.

PS : le site Médiapart évoque la rencontre éventuelle entre MAM et deux émissaires du gouvernement tunisien le 27 décembre à Tabarka. MAM nie mais tout concorde. Mediapart indique une chronologie sensée qui justifierait l'emploi des mots du ministre des affaires étrangères sur l'aide de la France au maintien de l'ordre en Tunisie qui n'auraient donc pas été un lapsus. J'ai le sentiment qu'on va en apprendre de belles dans les jours qui viennent.

22 février 2011

La France ne parle plus au monde

Pour que des diplomates, en poste ou en retraite, trempent leur plume dans l'encre pour dénoncer la politique étrangère de ce gouvernement et de ce président, il faut vraiment que ces derniers aient dépassé les bornes. MAM, Fillon, Boillon et consorts ont accumulé tant de bévues, tant de contre-vérités, tant d'insultes et surtout ont été si timides quand le Maghreb et l'Egypte se sont révoltés, qu'on ne reconnaît plus la France.

Ces diplomates n'y vont pas par quatre chemins : la France ne parle plus au monde ni à personne. Elle suit l'Amérique. Elle est à la remorque d'un occident encore installé dans des schémas anciens, façon vingtième siècle. La chute du mur de Berlin en avait surpris plus d'un. La chute du mur des tyrans au Proche et Moyen Orient en surprend bien d'autres. Et quand la Chine s'éveillera…

Tout de même, que le premier voyage des autorités françaises en Tunisie se fasse sans le ministre des Affaires étrangères, c'est énorme ! Et ce n'est pas fini. Le gouvernement français boira le calice jusqu'à la lie. La Libye, le Maroc, Bahrein, le Yémen nous réservent de bonnes surprises. Du moins faut-il l'espérer pour les peuples qui meurent sous les balles des dictateurs.

21 février 2011

La télévision nous regarde et nous regardons trop la télévision

Plusieurs images frappantes à la télévision. Tout d'abord celle de M. Boillon, ambassadeur de France en Tunisie frais débarqué à Tunis. Il organise une conférence de presse et un déjeuner. Une journaliste l'interroge sur les déboires de Michèle Alliot-Marie. Il se fâche, trouve la question débile. Autre question en Arabe, cette fois, langue qu'il parle couramment. Second incident. Niveau lamentable, ça suffit ! L'ambassadeur a réussi son ambassade : le lendemain de son intervention fort peu diplomatique, 500 manifestants se pressent devant la maison France de Tunis avec des slogans du genre « Casse toi Boillon ». Du meilleur effet on le voit. Pour corriger le tir, il s'excuse à la télévision en lisant son papier, la tête baissée, les yeux regardant ou son texte ou ses chaussures. Où est passé le Boillon de Bagdad, l'homme qui échappe aux attentats et qui, surtout, admire Sarkozy. On comprend mieux pourquoi maintenant.

Autres images au pluriel. la Libye est à feu et à sang. Le pouvoir fait tirer à balles réelles sur le peuple en colère. Kadhafi se tait mais son fils l'ouvre et demande aux libyens de choisir : le renoncement ou la matraque et le fusil. On apprend ce soir que plusieurs villes sont aux mains des insurgés, que Kadhafi a peut-être quitté le pays sur lequel il règne depuis 40 ans sans élection ni partage du pouvoir. La pétrole est à la hausse. Les spéculateurs spéculent, le monde suit son cours.

Image forte. La caméra découvre, derrière la bibliothèque d'une résidence de Ben Ali, le dictateur tunisien en fuite en Arabie Saoudite, des centaines de liasses de billets, en dollars, en euros, monnaies de tous les pays unissez-vous ! Il y a en pour des dizaines de millions d'euros ! Images fortes des bijoux, des rivières de diamant, des colossales fortunes amassées par la famille Trabelsi sur le dos d'un peuple pauvre, parfois affamé, souvent diffamé. Les dictateurs sont cupides, avares, corrompus et ils font vivre une cour corrompue, cupide, avare. Au fait, MAM a-t-elle rencontré des émissaires de Ben Ali dans son hôtel de Tabarka ? Elle dément mais un journal tunisien en fait ses choux gras. Quand la presse est libre, ça fait mal !

Autre image : Eric Besson face à Nicolas Demorand. le nouveau directeur de Libération est libéré. Il ne laisse pas un poil de sec à l'ancien homme de gauche devenu de droite. Sa conviction : le débat est nécessaire. Sur l'identité nationale. Sur l'Islam. Je ne regrette rien. Il fallait le faire…les droits, les devoirs, les valeurs, et patati et patata…Besson s'écoute parler. Il aime le président. Il est devenu fan. D'ailleurs en 2012. Il gagnera. J'en ai l'intime conviction. Un président qu'il qualifiait d'Américain à Passeport français. A quand la guerre au Mexique ou ailleurs ?

Dernière image enfin. DSK interrogé par Laurent Delahousse. Le journaliste a beaucoup travaillé. Jean-Luc Mélenchon a beau dire que DSK n'a parlé que de la couleur des rideaux, c'était un peu plus que cela. Plus de sept millions de Français devant France 2. Des questions économiques, sociales, le G20, très peu, le chômage beaucoup, la petite croissance en Europe…la faute à qui si l'Europe se traîne. DSK tacle l'Europe et donc la France. Il est en campagne. Il est candidat. Qu'en pense ma favorite, Martine Aubry ?

Franck Martin plus fort qu’Hervé Morin !

Hervé Morin à Bernay avec Nicolas Sarkozy (photo JCH)

La plus longue de l’Eure. C’est ce qu’annonçait il y a quelques jours l’affichette d’accroche des journaux locaux. Décidément, l’écrêtement lui est insupportable dans la disposition d’esprit où il se trouve d’avoir toujours en tout et partout quelque chose de plus que les autres.

Mais enfin, à quoi pensiez-vous donc ? Il s’agit bien sûr de la future piscine intercommunale à 25 millions d’euros, dont le président de la Communauté d’agglomération Seine Eure se vante déjà qu’elle aura le plus long bassin du département. Et pourtant, il s’en fallut d’un rien qu’il ne soit dépassé sur le fil par notre jeune et fringuant retraité du ministère de la Défense.

lemonde.fr du 18 février nous apprend en effet qu’avant de rejoindre sa mairie d’Épaignes, Hervé Morin, auteur du serment du même nom pour la réunification de la Normandie et dont le maire de Louviers faisait partie des conjurés (1) avait pris une bien curieuse décision au regard de ces temps d’austérité budgétaire. Il avait tranché pour que soit intégré dans le cadre du projet de construction du futur ministère de la Défense un bassin olympique de 50 mètres à 8 couloirs pour la bagatelle de 55 millions d’euros. Son successeur, plus raisonnable, a jugé qu’un bassin de 25 mètres à 4 couloirs suffirait.

Tout de même, cette petite information passée presque inaperçue en dit long sur la mégalomanie d’un certain nombre de nos élus à qui le pouvoir fait tourner la tête. Ces gens vivent hors-sol mais sont les premiers à nous administrer conseils et leçons sur la manière dont nous devrions nous comporter. Nous répétant à l’envi que nous vivons au-dessus de nos moyens et que nous devons nous serrer la ceinture.

Quand on apprend dans le même temps que quelques 6,5 millions de salariés français travaillent pour moins de 750 euros par mois, on se demande jusqu’à quand nos concitoyens vont supporter sans broncher la morgue et le mépris de ceux qui nous gouvernent au plan national comme au plan local.

Reynald Harlaut
(1) Lire à ce sujet la nouvelle « Ce cochon de Morin » parue sur ce blog il y a quelques mois.

20 février 2011

Jean-Baptiste Grange, champion du monde de slalom

Valloire-Galibier, une station de ski célèbre dans le monde entier
Les Valloirins et les Valloirinches doivent exulter. jean-Baptiste Grange, le héros de la station de Maurienne, est devenu champion du monde de slalom aujourd'hui à Garmisch Partenkirchen en Allemagne. Malheureusement, ses parents, Jean-Pierre et Annick, mes amis, tenus par leurs magasins en pleines vacances de février, n'ont pas pu assister à la victoire de leur superbe et performant rejeton.
Après avoir gagné la première manche, il a assuré dans la seconde tout en prenant les risques nécessaires au bon endroit du parcours et au bon moment de sa course suivi par des milliers de téléspectateurs. Je suis vraiment très heureux pour Jean-Ba et la famille Grange, une famille pilier de Valloire, belle station village, devenue célèbre sportivement grâce à l'un de ses enfants.

Affaire Laetitia : dans tous les cas, Sarkozy s'est « planté »

Dans l'article précédent, un lecteur attentif me signale que j'ai omis d'évoquer le dossier Tony Meilhon. Il a raison. Après les tonitruantes affirmations de Nicolas Sarkozy qui, dès l'assassinat de Laetitia Perrais avait affirmé que ceux qui ont « couvert ou laissé faire » ce crime devront être sanctionnés, les enquêtes internes — judiciaire, policière, gendarmesque et pénitentiaire — ont prouvé un fait : personne n'est coupable, le manque de moyens matériels et humains est responsable.
Comme il a bien fallu nourrir l'esprit revanchard du président on lui a donné en pâture un directeur inter-régional des services de probation qui se retrouve au placard à l'inspection générale. J'ai connu des situations pires que la sienne.
Les magistrats, les policiers et tous ceux qui protestaient contre l'attitude du président avaient donc bien raison. Ils avaient d'autant plus raison que le vocabulaire de Nicolas Sarkozy était choisi : «couvrir» c'est ou cacher, ou dissimuler, ou autoriser sans qu'on le sache…c'est énorme de porter une accusation pareille de la part d'un chef d'état. «Laisser faire» c'est faire preuve d'irresponsabilité voire de culpabilité avec conscience ou avec laxisme. Dans tous les cas, Sarkozy s'est planté.

Cassez, boillon, Strauss-Kahn mais aussi le NPA et l'Agiprop

Boris Boillon (photo TF1 LCI)
L'arrivée du nouvel ambassadeur en Tunisie n'est pas passée inaperçue. M. Boillon, ancien ambassadeur en Irak, arabophone, où il passé 18 mois après qu'il s'était déclaré favorable à l'intervention des Etats-Unis dans ce pays, a tenu une conférence de presse à Unis pour s'y distinguer. Interrogé par les journalistes tunisiens, trop heureux d'user de leur nouvelle liberté, sur les frasques de Michèle Alliot-Marie à Tabarka et ailleurs, M. Boillon a jugé leurs questions débiles. Par sa brutalité et son peu de sens diplomatique on aurait cru entendre Nicolas Sarkozy.
Effroi sur les bancs de la presse, manifestation populaire devant l'ambassade de France, on peut dire que l'arrivée de M. Boillon s'est faite en fanfare. A ce sujet, un ancien ambassadeur juge extravagant que la France ait désigné son nouveau représentant sans obtenir l'aval du gouvernement tunisien comme si le peuple tunisien ne méritait pas tous les égards diplomatiques et réglementaires. Au secours Montesquieu !

Dans la même veine, la semaine aura été marquée par les échanges peu amènes entre les présidents français et mexicain sur l'affaire Florence Cassez. Pour dramatique que soit la situation de notre compatriote dans les prisons mexicaines — et il n'est pas question de minimiser la souffrance morale d'une détenue — Il faut bien avouer que Sarkozy, une fois de plus, s'y est pris comme un manche. Quand on veut obtenir la mansuétude d'un gouvernement souverain, doit-on le critiquer, le harceler ? Ne doit-on pas plutôt, la jouer « cool » ? En faisant appel à une diplomatie réfléchie, adulte, sans coup de menton, le gouvernement français serait certainement parvenu à ses fins. Ce que craignait Florence Cassez s'est produit : l'année du Mexique a du plomb dans l'aile et son avenir immédiat aussi ! Trois ans de préparation, des dizaines de millions d'euros investis et, ce qui est pire encore, des échanges culturels menacés par un zozo qui se croit le maître du monde…

Le séjour de DSK à Paris lui permis de rappeler qu'il avait le mal du pays. Ni terroir, ni territoire comme dirait le sieur Jacob, mais le pays. La France quoi. S'il assure ne penser qu'au rôle du FMI dans la régulation des échanges financiers dans le monde, s'il persiste à respecter, mal gré peut-être, le calendrier fixé par le PS pour déposer sa candidature aux primaires, tout un chacun comprendra que la fusée DSK ne devrait pas tarder à décoller. Non pas dans les sondages où l'ancien maire de Sarcelles est déjà bien installé (ce qui n'a pas réellement d'importance d'ailleurs) mais dans l'espace politique national au sein de laquelle une certaine Marine Le Pen se verrait bien en candidate surprise.
Une surprise atténuée par les résultats de son père en 2002 il est vrai. Je vais me répéter mais que ce gouvernement continue de marteler des propos discriminants à l'égard de l'Islam et des musulmans, qu'il continue, au mépris de toute réalité, de se gausser de ses résultats en matière de délinquance (quel est l'état réel du pays ?) et je crains fort que Mme Le Pen ne grimpe encore dans les sondages et accroche, qui sait, une seconde place synonyme de nouveau séisme dans la vie politique française.

J'ai oublié d'évoquer la crise grave que traverse le NPA au niveau national. Même s'ils ne sont que 4 ou 5000, les militants de ce parti sont des convaincus. Ils croient ce qu'ils disent et croient en ce qu'ils disent. Olivier Besancenot semble lever un peu le pied. Depuis le temps qu'il occupe le devant de la scène, à son corps défendant, il a le droit d'être atteint par une certaine lassitude d'autant plus justifiée que les espoirs de la LCR devenue NPA ne sont pas au rendez-vous.
Sans me mêler le moins du monde des affaires internes du NPA, j'ai l'impression que la ligne politique suivie (41 % des suffrages des militants) confine à l'isolement, à une certaine solitude. Le refus de tout accord d'union avec le Front de gauche, par exemple, a abouti à une saignée de la ligne unitaire plus préparée à des concessions avec ses partenaires. La politique du tout ou rien conduit dans l'impasse. C'est la raison pour laquelle je salue les collaborations ponctuelles engagées à Louviers et autour de Louviers entre le NPA et d'autres partis de gauche.

Dans un article publié sur ce blog, Marc Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil a fixé les conditions dans lesquelles une Ligne pour trains à Grande vitesse pourrait être créée dans notre région. Il ne souhaite pas insulter l'avenir mais veut surtout que la ligne actuelle et la gare de sa ville soient l'objet d'attention et donc de travaux indispensables pour rendre plus effectif encore le service aux usagers. On ne peut attendre dix ans pour mettre un terme à ces montées d'escalier harassantes, ces passages pour handicapés éloignés, l'absence de kiosque à journaux, de bar…
 
Le président de la CASE reste sur son petit nuage. Il remet cela avec la réunification de la Normandie, une obsession dont il est bien le seul parler. Je suis d'accord avec lui sur un point : la fusion entre Louviers, Incarville et Val-de-Reuil, ne doit pas rester utopique. Mais Franck Martin s'arrange d'emblée pour placer quelques bombes sur un chemin forcément chaotique : pour que cette fusion se fasse, il faut, assure-t-il, que les deux maires actuels renoncent à leur charge. Il faudrait nous dire pourquoi cette condition draconienne et pourquoi il n'a pas engagé de discussion avec Val-de-Reuil

Le président de la fédération départementale des radicaux de gauche, dans une tribune parue dans La Dépêche, s'en prend à « l'union » des conseillers UMP et PS-PC qui n'ont pas adopté la motion déposée devant le conseil municipal de Louviers et destinée à rejeter le projet de cité des marques de Douains. Ne craignant pas le ridicule, O. Taconet force le trait pour les mettre dans le même chapeau et oublier que les magiciens en font sortir tantôt des colombes, tantôt des lapins.
Christian Renoncourt a bien expliqué la manœuvre : soutenir le comité de défense des commerçants sans attendre l'étude d'impact commandée par la Chambre de commerce. Dans un mois, il y a des cantonales. Chaque voix compte. Cette motion devra revenir devant les élus quand elle sera argumentée et détaillée. Au stade actuel, ce n'est que de l'Agitprop !