21 mai 2011

Christine Lagarde mise en cause par la Cour des comptes dans l'affaire Tapie

Avec ou sans bijoux.
Nicolas Sarkozy a tort de penser que la gauche ne pourra plus lui faire des leçons de morale au prétexte que DSK s'est fracassé la carrière dans un passage à l'acte éventuellement coupable. Les Français ne mettront pas sur le même plan le comportement personnel d'un individu, certes homme politique et socialiste, mais pas encore président de la République, avec celui d'un Sarkozy au pouvoir qui, par ses choix, ses provocations, ses lois, ses attitudes a conduit la France là où elle est.

D'ailleurs, il ne s'agit pas à proprement parler de morale. Quand nous dénonçons le bling-bling, les grossièretés, les propos infamants de Sarkozy, nous n'oublions pas non plus de critiquer le bouclier fiscal, la quasi suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune, les échecs colossaux en matière sociale, les injustices et les mauvais coups permanents dans de nombreux domaines aussi divers que la sécurité, le droit à la retraite à 60 ans, le chômage, le pouvoir d'achat, sans oublier les erreurs de politique étrangère et l'affaire de l'EPAD de son fils Jean. Sans insister sur la guerre en Afganistan ou la poursuite des bombardements sur Tripoli avec des morts de soldats français et de civils libyens dans un cas comme dans l'autre.

François Loncle explique bien (voir ce blog) pourquoi la France se fourvoie en Libye. Il reviendra sans doute sur la présence de Sarkozy à la cérémonie d'investiture de Ouattara en Cote d'Ivoire. Un éditorialiste de ce pays africain explique pourquoi Sarkozy séjourne à Abidjan : les affaires reprennent. Tout simplement. Fillon a même prévu de se rendre dans cette ville en juillet à la tête d'une importante délégation de chefs d'entreprises parmi les plus proches du pouvoir UMP. Les affaires sont les affaires. La Côte d'Ivoire redevient un « ami » de la Françafrique ». Ne soyons pas naïfs, ni dupes, derrière les grands mots de démocratie et d'élection, se cachent des intérêts moins nobles : cacao, armement, bâtiment, matières premières…Quels sont les buts de guerre en Lybie ? Il faudra le dire au Parlement avec sincérité.

Le site Mediapart (1) publie aujourd'hui un rapport confidentiel de la Cour des comptes accablant pour Christine Lagarde. Dans l'affaire Tapie qui a coûté si cher au budget de l'Etat et donc aux Français, on constate que la ministre de l'Economie n'a tenu aucun compte des avertissements et mises en garde des services de l'Etat l'invitant à ne pas recourir à l'arbitrage. On lit, noir sur blanc, que Mme Lagarde a agi dans le seul intérêt de Bernard Tapie, l'ami de Sarko, et que c'est pour ces raisons que le procureur général de la Cour de Cassation a décidé de transmettre ce dossier à la commission d'instruction de la Cour de justice de la République. Voilà la candidate que Soutiennent Sarko et Angela Merkel et quelques autres pour succéder à DSK à la tête du FMI. Cette fois, ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas et qu'aucune action judiciaire n'était en cours ! Voilà la morale dont l'UMP et le président actuel veulent nous rebattre les oreilles ! Nous n'allons pas nous laisser faire ni manipuler. Que la justice suive son cours même si la présomption d'innocence doit aussi jouer en faveur de Madame Lagarde…

(1) le Rapport secret qui accable Christine Lagarde. Sur le site de Mediapart. http://www.mediapart.fr/

« Nous sommes en colère, révoltées et indignées »

« Depuis une semaine, nous sommes abasourdies par le déferlement quotidien de propos misogynes tenus par des personnalités publiques, largement relayés sur nos écrans, postes de radios, lieux de travail comme sur les réseaux sociaux. Nous avons eu droit à un florilège de remarques sexistes, du "il n'y a pas mort d'homme" au "troussage de domestique" en passant par "c'est un tort d'aimer les femmes ?" ou les commentaires établissant un lien entre l'apparence physique des femmes, leur tenue vestimentaire et le comportement des hommes qu'elles croisent.
Nous sommes en colère, révoltées et révoltés, indignées et indignés.
Nous ne savons pas ce qui s'est passé à New York samedi 14 mai mais nous savons ce qui se passe en France depuis une semaine. Nous assistons à une fulgurante remontée à la surface de réflexes sexistes et réactionnaires, si prompts à surgir chez une partie des élites françaises.
Ces propos illustrent l'impunité qui règne dans notre pays quant à l'expression publique d'un sexisme décomplexé. Autant de tolérance ne serait acceptée dans nul autre cas de discrimination.
Ces propos tendent à minimiser la gravité du viol, tendent à en faire une situation aux frontières floues, plus ou moins acceptable, une sorte de dérapage. Ils envoient un message simple aux victimes présentes et futures : "ne portez pas plainte". Nous le rappelons : le viol et la tentative de viol sont des crimes.
Ces propos prouvent à quel point la réalité des violences faites aux femmes est méconnue. De la part d'élites qui prétendent diriger notre société, c'est particulièrement inquiétant. 75 000 femmes sont violées chaque année dans notre pays, de toutes catégories sociales, de tous âges. Leur seul point commun est d'être des femmes. Le seul point commun des agresseurs, c'est d'être des hommes.
Enfin, ces propos font apparaître une confusion intolérable entre liberté sexuelle et violence faite aux femmes. Les actes violents, viol, tentative de viol, harcèlement sont la marque d'une volonté de domination des hommes sur le corps des femmes. Faire ce parallèle est dangereux et malhonnête : ils ouvrent la voix aux partisans d'un retour à l'ordre moral qui freine l'émancipation des femmes et des hommes.
Les personnalités publiques qui véhiculent des stéréotypes qu'on croyait d'un autre siècle insultent toutes les femmes ainsi que toutes celles et ceux qui tiennent à la dignité humaine et luttent au quotidien pour faire avancer l'égalité femmes - hommes. »

Cet appel contre le sexisme est initié par les associations Osez le féminisme et La Barbe. Il regroupe une dizaine d'associations et plus de 1 000 signataires dont : Audrey Pulvar, Clémentine Autain, Florence Montreynaud, Annick Coupé, Annie Ernaux, Agnès Bihl, Marie-Françoise Colombani, Florence Foresti, Patric Jean (réalisateur), Julien Bayou (membre du collectif Jeudi Noir) ou encore Geneviève Fraisse.

20 mai 2011

« Le dévoiement de la politique étrangère française » par François Loncle


Poignées de mains…en rafale

« Dans la perspective de 2012, Nicolas Sarkozy cherche - enfin, serait-on tenté d'ajouter – à se doter d'une stature présidentielle. Il table sur des succès extérieurs pour insuffler une dynamique électorale et dissimuler ses échecs intérieurs. C'est ainsi qu'il a revêtu l'uniforme du chef de guerre et s'est lancé, d'une manière impulsive, dans l'aventure libyenne. Sans réflexion. Sans stratégie. Sans vision. Excepté quelques personnalités qu’il faut saluer, comme Claude Lanzmann et Roni Brauman, la politique de la canonnière menée par la France ne suscite ni opposition ni débat. Les partis politiques, y compris à gauche, se sont aussitôt mis au garde-à-vous. Je m'élève contre ce panurgisme diplomatique et médiatique. Je ne veux pas attendre que l'opération militaire ait duré quatre mois, délai prévu par la Constitution, pour que l'Assemblée nationale puisse enfin se prononcer par un vote. J'exerce le droit de tout parlementaire d'interpeller le gouvernement et de le critiquer. Qu'il s'explique sur les errements de notre politique extérieure. Qu'il justifie ses revirements. Qu'il précise ses intentions et ses objectifs.
La fringale interventionniste de Nicolas Sarkozy donne la fâcheuse impression que notre diplomatie est totalement improvisée, qu'elle cherche désespérément à compenser sa pusillanimité lors des révolutions tunisienne et égyptienne, qu'elle tente d'occulter sa complaisance passée à l'égard de Kadhafi avec lequel la France n'hésitait pas à conclure de juteuses affaires, au point de lui avoir fourni, encore au début de l'année, des missiles antichars Milan ou bien des Mirage qu'elle s'efforce maintenant d'abattre. Pourtant, la nature cruelle du régime libyen ne constitue pas une découverte récente. Ne s'était-il pas rendu coupable, en 1989, de l'assassinat des 170 passagers d'un DC10 d'UTA? Et Kadhafi était toujours cet odieux personnage quand il plantait sa tente près de l'Élysée en décembre 2007.
Le président de la République a justifié l'intervention en Libye par l'impératif moral d'empêcher un dictateur de massacrer son peuple, ce qui ne semble guère avoir impressionné le roi de Bahreïn ou le président du Yémen. La France a donc pressé, le 17 mars, le Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter la résolution 1973 qui fixe à la coalition internationale seulement deux missions: l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne et la « protection des populations ». Cette résolution a servi en fait à déclencher, deux jours plus tard, une opération militaire aux conséquences imprévisibles, dans la mesure où une zone d'interdiction de vol entraîne généralement une intensification des combats au sol. Nicolas Sarkozy croyait-il ingénument que les seules frappes aériennes suffiraient à chasser Kadhafi?
En tout cas, deux mois de bombardements ont conduit à une impasse militaire. Robert Gates, le chef du Pentagone, admet que la guerre pourrait encore durer au moins six mois. La résolution 1973 se révèle une simple argutie juridique. L'intervention militaire ne consiste plus à sauvegarder les civils mais à soutenir une insurrection. Comme le reconnaît un haut diplomate du Quai d'Orsay, Paris « n'est plus dans le cadre fixé par le Conseil de sécurité », car « on participe désormais à une guerre civile ». La France a ainsi dévoyé le concept de « responsabilité de protéger », qui avait avantageusement remplacé le très contestable « devoir d'ingérence ». Il ne s'agit plus d'une mesure d'interposition mais d'un acte de cobelligérance, ce qui explique la désunion de ce qu’on nomme toujours à tort « la communauté internationale »: l'Allemagne, l'Italie, la Belgique et l'Espagne se montrent réticentes; la Russie, la Turquie et l'Union africaine s'opposent aux frappes aériennes; les États-Unis rechignent à s'engager davantage; la Ligue arabe ne cesse de se distancer.
La dérive guerrière d'une opération, présentée au départ comme un sauvetage humanitaire, n'est pas la seule faute commise par le président de la République.
Tout d'abord, la résolution 1973 interdit explicitement le déploiement de forces étrangères sur le territoire libyen. Gérard Longuet soutenait que c'était « exclu » et Alain Juppé y était « tout à fait hostile ». Or, la France a dépêché sur place, depuis plus d'un mois, une cinquantaine de militaires, camouflés pudiquement en « officiers de liaison », mais officiant en vérité comme instructeurs et conseillers.
Ensuite, l'ONU a instauré un embargo sur les armes à destination de la Libye. Or, la France a livré des armements aux insurgés via le Qatar et le Niger. En outre, la confusion régnant en Libye est propice aux détournements. Des interlocuteurs mauritaniens m'ont certifié que les arsenaux de Libye avaient été pillés, non seulement par les rebelles mais aussi par des djihadistes d'AQMI: « Ils ont fait allègrement leur marché! » Et le ministre malien des Affaires étrangères a confirmé l'arrivée massive dans son pays d'armes lourdes volées en Libye.
Enfin, la résolution 1973 n'exige pas de changement de régime et n'évoque pas non plus le Conseil national de transition (CNT) de Benghazi. Nicolas Sarkozy assure, lui-même, ne pas vouloir éliminer Kadhafi. Or, la coalition a multiplié les tentatives d'assassinat du Guide libyen, ne réussissant qu'à tuer son plus jeune fils et trois de ses petits-enfants. Quant au CNT, le chef de l'État français s'est précipité, à l’instigation de Bernard-Henri Lévy, à le reconnaître, sans savoir vraiment à qui il avait affaire. Son unilatéralisme arrogant a, dès le départ, torpillé toute entente européenne. Hormis le Qatar et l'Italie, nos partenaires se sont bien gardés de suivre notre exemple, conscient que la représentativité et la légitimité du CNT posent problème. Londres et Washington se montrent plus que réservés à l'égard d'un comité composé de personnages douteux: trois de ses dirigeants sont, en effet, d'anciens ministres de Kadhafi, notamment le général Younès qui, comme ministre de l'Intérieur, faisait figure de numéro deux du régime. Quant au chef du CNT, Moustapha Abdel Jalil, que Sarkozy qualifie de « personnalité remarquable », il s'occupait de la Justice et, au titre de président de la cour d'appel de Tripoli, il avait entériné la condamnation à mort des infirmières bulgares.
En définitive, l'intervention militaire ne dispose que de soutiens limités et de capacités réduites. Et elle ne répond pas – loin s'en faut - aux désirs français. D'une part, le gouvernement ne cesse de répéter qu'il s'est engagé à la demande des pays arabes, mais seuls le Qatar et les Émirats arabes unis participent aux bombardements. D'autre part, Paris refusait, à juste titre, de transférer le commandement des opérations à l'OTAN, Alain Juppé arguant que « ça pourrait être extrêmement contre-productif ». Il n'a fallu que deux semaines pour que la France accepte la tutelle otanienne. Au demeurant, l'Alliance atlantique s'est avérée inadaptée à ce type d'action, à laquelle prennent part seulement six de ses 28 membres. Il est aussi clair que l'affaire libyenne signe la fin de la défense européenne que Sarkozy prétendait relancer, paradoxalement en réintégrant le commandement militaire de l'OTAN.
Face au risque d'enlisement, Nicolas Sarkozy opère un revirement complet, puisqu'il considère à présent que « l'intervention militaire restera l'exception ». Se rend-il enfin compte des dangers que comporte son opération hâtive et irréfléchie : partition du pays, développement d'un foyer terroriste, déstabilisation des États limitrophes où déferlent des centaines de milliers d'Africains travaillant en Libye, afflux de réfugiés libyens en Europe qu'il veut verrouiller, en démantelant les accords de Schengen ? Désormais, il envisage « une véritable négociation politique et diplomatique », en incluant « des membres issus du régime de Kadhafi ». On se demande bien pour quelle raison une telle solution n'avait pas été recherchée avant de recourir à la force. Pourquoi des « sanctions sévères », que Sarkozy juge « efficaces » en ce qui concerne la Syrie, n'auraient pas été tout autant opérantes en Libye?
Il faut d'urgence définir une stratégie de sortie de crise. Soutenons les efforts de l'Union africaine qui plaide pour un cessez-le-feu immédiat. Oeuvrons à une solution politique. Quitte à suivre un philosophe, autant que Nicolas Sarkozy s'inspire plutôt de Montaigne pour qui « il n'y a chemin qui n'ait son issue ».
François Loncle
Député de l'Eure
Vice-Président du Groupe socialiste


François Loncle répond à un automobiliste hostile aux mesures gouvernementales


« Suite au courrier que vous avez bien voulu m’adresser concernant la répression routière, je vous informe que je soutiens les revendications de la Ligue de Défense de Conducteurs. Je viens de faire connaître publiquement auprès de cette association mon hostilité à la suppression des panneaux d’affichage des radars et à l’interdiction des avertisseurs de radars.
Je suis partisan d’une politique de sécurité routière fondée sur des règles élaborées en accord avec les utilisateurs routiers. Je précise en outre, et j’en suis scandalisé, qu’à aucun moment les députés n’ont été consultés sur des mesures prises par le gouvernement
Restant à votre disposition, je vous prie de croire en l’assurance de mes sentiments les meilleurs. »

Le débat est ouvert, enrichissez-le de vos commentaires.

« On ne jette de pierres qu'à l'arbre chargé de fruits »

La presse française, grande ou petite, a été mise en cause, sévèrement, par la presse américaine et anglo-saxonne. Le principal argument avancé par les journalistes d'outre-Atlantique tient en un mot : vous saviez pour DSK et pendant des années vous n'avez rien dit. Vous êtes donc complices. Hier soir, sur le plateau de France 2, Franz-Olivier Giesbert et Ivan Rioufol, deux journalistes de « l'élite » parisienne qui courent les diners en ville et vivent des connivences avec les hommes et les femmes politiques se sont livrés à un numéro d'hypocrisie totale absolument révulsant.

Plutôt que de balayer devant leur porte et de reconnaître leur éventuelle responsabilité, les duettistes de la grande presse ont agressé Manuel Valls et Robert Badinter sur un thème : la gauche va-t-elle pouvoir tenir le langage de la morale alors que l'appareil s'apprêtait à soutenir un délinquant voire un criminel ! A ces mots Manuel Valls, que je ne porte pas particulièrement dans mon cœur, a laissé éclater sa colère et il a eu raison. Les socialistes honnêtes, probes, sincères et qui forment l'immense majorité des militants et des élus de ce parti de gauche ne peuvent pas accepter de recevoir des leçons des Giesbert et des Rioufol, l'un au Point, l'autre au Figaro. Ces journalistes donneurs de leçons ont-il écrit une ligne d'alerte sur les travers de DSK, ont-ils interpellé le PS, ses responsables alors qu'ils savaient ? Jamais ! Comme beaucoup d'hommes journalistes, ils ont préféré la grivoiserie à la mise au jour publique du harcèlement des femmes et le silence à la dénonciation. Seul un journaliste de Libération, en 2008, a évoqué le problème « obsessionnel» de DSK. Il doit en être salué.

Le comportement de DSK est celui d'un homme prisonnier de ses démons ai-je écrit, ici, au lendemain de l'annonce de son arrestation par la police new-yorkaise. Un homme seul, n'agissant ni au nom d'un état, ni au nom d'une nation, d'un parti ou d'un groupe. Un homme connu pour sa propension à draguer, lourdement, systématiquement, mais jamais victime de plainte et jamais condamné même si l'alerte de ses rapports avec la cadre hongroise du FMI lui avait valu un avertissement sans frais. Aurélie Filippetti aussi, député PS, s'était plainte des méthodes de DSK. Je veux bien qu'Anne Mansouret, ma collègue du conseil fédéral de l'Eure du PS, s'épanche aujourd'hui sur les ondes et dans la presse écrite, sur le sort de sa fille victime des agissements coupables de DSK en 2002… Que n'a-t-elle, alors, suivi les conseils de la Secrétaire nationale aux droits des femmes qui l'invitait à porter plainte ? Maintenant que DSK est à terre, qu'il est mort politiquement, que sa moralité est plus qu'atteinte, il me semble un peu facile de charger une barque qui a déjà chaviré.

Quant aux journalistes tourmentés par leur mauvaise conscience, je les invite à réfléchir avant de parler. A éviter le « troussage d'une domestique » de Jean-François Kahn, par exemple. Je les invite à éviter de se faire de la pub et de la notoriété sur le dos d'un parti politique avec lequel on a le droit de ne pas être d'accord mais qu'on ne peut charger de tous les maux. Il est vrai qu'on ne jette de pierres qu'à l'arbre chargé de fruits.

19 mai 2011

Les amitiés de l'enfance ne meurent jamais

Les amitiés de l'enfance et de l'adolescence ne meurent jamais. Samedi dernier, nous étions une cinquantaine à nous retrouver à Louviers, pour partager des souvenirs et évoquer les récits communs de notre quartier de naissance : le quartier des Amoureux. Ya-t-il plus beau nom de rue ou d'avenue à Louviers que cette avenue des Amoureux qui conduit du centre urbain au bois de Saint-Lubin et à la forêt domaniale de Bord-Louviers ?

Sur une idée de James, Jean-Paul, Sylvain et bien d'autres, nous avons ainsi passé une grande demi-journée à égrener le fil de notre mémoire. Les soirées TV chez l'un d'entre nous quand les récepteurs se comptaient sur les doigts d'une main…les promenades interminables en forêt, les parties de pêche autour de la mare de Saint-Lubin, la fête annuelle du quartier et le bal chez Moncel sans oublier les carambars chez Lebloas sur la route de l'école. Le sport ne fut pas oublié puisque la pelouse du jardin de Saint-Lubin a connu des heures chaudes de footballeurs émérites issus de notre quartier ou d'ailleurs.


Je n'avais pas revu certains protagonistes depuis les années soixante. Autant dire qu'ils ont quelque peu changé mais si peu…sous les cheveux blancs ou gris, derrière des visages un peu ridés ou marqués par les ans, on retrouvait les mêmes sourires, les mêmes éclats de vie, les mêmes fulgurances collectives. Fait remarquable, tous et toutes ont mené un chemin professionnel et personnel riche de diversité. Chefs d'entreprises, employés, fonctionnaires…parents ou grands-parents, les Saint-Lubinois des cités Breton (Paul et Adrien) n'auraient pour rien au monde raté ce rendez-vous vraiment exceptionnel.

18 mai 2011

Martine Aubry tiendra son rendez-vous avec les Français

Martine Aubry en Normandie (photo JCH)
Un journaliste du Figaro, Ivan Rioufol, invité régulier de l'émission «C dans l'air» est une caricature de ce que la droite extrême peut produire. Hier, il s'est lâché grave comme on dit dans les cours d'école. Depuis quatre ans, il était contraint d'encaisser les critiques nombreuses et justifiées contre le bling-bling et les excès de Nicolas Sarkozy sans pouvoir réellement contre-attaquer. L'affaire DSK lui permet, selon lui, de taper tous azimuts, contre DSK évidemment, contre le PS ensuite, contre les journalistes encore, contre les élites, enfin.

Son discours ? Ils savaient tous et se sont tu. Son système d'attaque ? Si ce n'est toi c'est donc ton frère ou bien quelqu'un des tiens. Rioufol est le roi de l'amalgame, l'empereur du mélange des genres : ce DSK que les socialistes s'apprêtaient à adouber est un prédateur sexuel de la pire espèce…les socialistes sont donc tous des pourris. Voilà, grosso modo, de quoi vit Rioufol. Je remarque au passage qu'Yves Calvi n'invite pas que des experts destinés à éclairer les téléspectateurs. Il convie à sa table des militants (même journalistes) chargés de porter la bonne parole sarkozyste avec une hyprocrisie totale puisque ce Rioufol se targue d'être journaliste et surtout pas homme politique. Qu'il assume, bon sang ! Et s'il savait, pourquoi n'a-t-il rien dit ni rien écrit ?

Évidemment, il fallait s'attendre à cette curée dénuée de scrupules. Il faudra s'attendre à des attaques répétées contre le PS et contre les candidats du PS. Si l'on y regarde de près, je m'interroge sur cette stratégie de la droite et me demande si, finalement, ce qui arrive à DSK n'est pas, indirectement, une excellente chose pour un parti de gauche. Le PS aura un candidat ou une candidate vraiment politique. Qu'il ou elle s'appelle Hollande ou Aubry, les électeurs auront en face d'eux une personne honnête, engagée, militante, s'appuyant sur un projet bientôt largement approuvé très différente de Sarkozy. Et ce n'est parce que Carla Bruni a programmé la naissance de son enfant de manière à faire trois Une de Paris-Match que le caractère, le style, les défauts de son mari vont disparaître comme par enchantement. Les promesses non tenues restent les mêmes. Les cadeaux aux riches aussi.

Dans six mois, quand la campagne sera bien lancée, les Français compareront les candidats potentiels. Je ne doute pas que les discours de Bachelay auront autant — sinon plus — d'éloquence et d'importance que ceux de Guaino. Je ne doute pas que Martine Aubry, ma favorite et ma candidate préférée, aura su surmonter son émotion pour tenir son rendez-vous avec les Français.

Les dépenses énergétiques explosent

Plus 25 % pour les carburants, plus 7 % pour l'électricité, plus 21 % pour le gaz. Sans oublier l'augmentation des primes d'assurances et le renchérissement des denrées alimentaires ainsi que l'augmentation des loyers. En quelques semaines, les Français sont vraiment devenus les cochons de payants. Et personne n'échappe à ces dépenses contraintes. Contraintes car personne, du plus petit salaire au plus élevé, n'échappe à cette tyrannie des prix de l'énergie.

Or, on nous parle d'une inflation à 2% !  Soyons sérieux. Compte tenu de ces énormes augmentations, le calcul de la progression des prix devrait certainement être revu ! Et pendant ce temps-là, les salaires du privé et du secteur public stagnent. M. Tron a même affirmé que le point d'indice des différentes fonctions publiques (Etat, collectivités locales, hôpital) serait bloqué jusqu'à une date indéterminée ou presque puisque 2012 est l'année de la présidentielle.

Dans le même temps, les assujettis à l'ISF sont ravis. Non seulement le montant minimum de richesse est largement augmenté (limitant le nombre des imposés) mais en plus le taux de prélèvement est diminué des deux tiers ! Les riches sont gagnants sur toute la ligne. Que la campagne électorale suscite des mesures…électoralistes, on peut le comprendre sans l'accepter mais que ce soit toujours les mêmes qui ramassent la mise a de quoi justifier la grogne et la colère des travailleurs pauvres, des pauvres non travailleurs et des travailleurs non pauvres.

« Louis Renault était bien un collaborateur » par Alain Lefeez


Louis Renault et Hitler en 1938
« J’ai été scandalisé quand en juillet de l’année dernière, la Cour d’Appel de Limoges, saisie par les petits-enfants de Louis Renault, a condamné le « Centre de la mémoire » d’Oradour-sur-Glane à leur payer 2.000 euros de préjudice et à retirer de l’exposition permanente cette photo de l’industriel entouré d’Hitler et Göring, leur montrant une Juvaquatre au salon de l’auto de Berlin de 1939, avec cette légende : « Louis Renault présente un prototype à Hitler et Göring à Berlin en 1938.  Louis Renault fabriqua des chars pour la Wehrmacht. Renault sera nationalisé à la Libération. »
 Les petits-enfants du collaborateur ne manquent pas d’air ! Profiter du nouveau droit ouvert par l'instauration de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) pour tenter de réécrire l'Histoire n'est pas très glorieux. Aujourd’hui, les héritiers de Louis Renault attaquent l'Etat français devant la justice. Ils contestent la nationalisation-sanction de Renault, en 1945, après la seconde guerre mondiale. L'occasion de se rappeler que le constructeur automobile n'a pas été le seul à être nationalisé à cette période de notre histoire. La thèse défendue par les héritiers de Louis Renault ne fait pas la différence entre nationalisation et spoliation, ce qui n’est tout de même pas la même chose. Selon eux, leur grand-père aurait été dépossédé de manière indue de ses biens à la fin de la Seconde Guerre mondiale sur de fausses accusations de collaboration avec l'ennemi.
Mais, Renault est loin d'être la seule entreprise nationalisée par le Conseil national de la résistance au sortir de la guerre. Dans l'aéronautique aussi, l'État a repris en main quelques industriels. Air France, société privée née de la fusion de quatre entreprises en 1933, est nationalisée en 1945. Partiellement privatisée en 1999, elle est aujourd'hui une entreprise privée. L'Etat ne gardant que 15% du capital. La Snecma, quant à elle, voit le jour à cette époque en récupérant les actifs du fabricant de moteurs et de motos, Gnome et Rhône qui pendant la guerre fabriquait des moteurs pour la Luftwaffe en  sous-traitant pour BMW. Dans les mines, l'intérêt commun s'impose. Des dizaines de houillères privées sont regroupées en 1946 pour donner naissance à l'entreprise d'État, Charbonnages de France. Objectif : relancer l'exploitation pour répondre aux besoins du pays. Dans l'énergie, 1 450 sociétés françaises de production, transport et distribution d'électricité et de gaz sont nationalisées pour constituer EDF et GDF. Pour le général de Gaulle, ces nationalisations n'étaient pas toutes des sanctions. Même s'il ne manquait jamais de rappeler aux patrons qu'il les avait peu vus à Londres, ces nationalisations constituaient pour lui le seul moyen de redresser l'économie française.
La grande bourgeoisie de l'époque n'a jamais digéré la nationalisation de l'industriel par le gouvernement d'union nationale dirigé par le Général De Gaulle, issu du Conseil national de la résistance (CNR). Et pour cause, Louis Renault n'est pas le seul à avoir frayé avec l'occupant allemand. La tâche sur le patronat français demeure et elle est indélébile. Derrière cette histoire se cache l'ultime coup de boutoir contre l'action du CNR, entre autre la nationalisation de l'énergie, des assurances et des banques, la création de la Sécurité sociale. Ces actions qui ont constitué jusqu'à aujourd'hui la plus grande partie de nos acquis sociaux. Denis Kessler ne l'avait pas caché en 2007 : "Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !" 
Quoi qu'en disent nos gouvernants actuels, c'est bien cette recommandation funeste qui est en train d'être mise en place. L'action des héritiers Renault n'est qu'un épisode de plus dans le cynisme de l'élite possédante tout comme l’effrayant changement de statut d'Areva qui donnera (vendra) notre indépendance énergétique au plus offrant. Cette guérilla juridique entamée par les héritiers de Renault ne les honorera pas et ne nous fera pas perdre notre esprit de résistance. L’histoire ne changera pas, elle est déjà écrite
Alain Lefeez

17 mai 2011

Le mystère DSK. D’où vient cette confiance que lui accordaient majoritairement les Français ?


« Je n’ai en aucune manière envie de m’associer au chœur des lamentations sur la perte incommensurable que constituerait la mise à l’écart de Dominique Strauss-Kahn tant au FMI que comme prétendant à l’investiture du Parti socialiste pour la prochaine présidentielle. J’ai eu maintes fois l’occasion sur ce blog de dire tout le mal que je pensais de DSK. Non pas de l’homme que cette sordide affaire jette en pâture à la presse de caniveau, même s’il est vrai que son attirance pour le « fric facile et ostentatoire » ainsi qu’une certaine vulgarité ne me le rendaient pas particulièrement sympathique. Mais du politique.

Quoi donc le rendait aussi populaire auprès des Français ? La réussite sociale, financière, politique ? Parce qu’il faisait partie des « grands » de ce monde, auréolé du prestige que lui conférait la direction du Fonds monétaire international, la plus haute instance financière mondiale ? La compétence économique qu’on lui accordait : quel sésame aujourd’hui dans ce monde de l’argent roi ! Et pourtant, qu’est-ce donc que le FMI ? Organe totalement inféodé aux États-Unis qui en sont le plus important bailleur de fonds, le FMI, au service de la politique américaine et de la finance internationale, n’a jamais su accorder de crédits aux pays en difficulté autrement qu’en exigeant d’eux l’application de politiques ultralibérales dont les « plans d’ajustement structurels », c’est-à-dire les plans de rigueur, sont le principal instrument. Privatiser en est le maître mot. Supprimer tout ce qui ressemble à du service public, réduire de manière drastique le nombre des fonctionnaires, baisser les pensions, réduire les salaires et les prestations sociales quand elles existent. Bannir partout l’État providence qui ne fabrique que des assistés ainsi que l’affirmait dernièrement le ministre Wauquiez.

C’est le FMI, alors dirigé par le Français Michel Camdessus, qui, à force de les étrangler, a poussé de nombreux peuples d’Amérique latine à se révolter et à chasser leurs dirigeants, lesquels avaient partie liée avec lui. C’est le fameux « Que se vayan todos ! » (« Qu’ils s’en aillent tous ! »), le cri de la révolution citoyenne, repris par Jean-Luc Mélenchon pour titre de son dernier ouvrage. Le cri des peuples humiliés, exaspérés, qui veulent reprendre en main leur destinée. Le FMI leur fit tout vendre : leurs ressources naturelles, l’énergie, les transports, les hôpitaux, les écoles, les musées, etc. On vit des compagnies privées acheter à l’encan les lignes de chemins de fer pour aussitôt après en démonter les rails et revendre l’acier. L’Argentine, pour ne citer qu’elle, a été totalement ruinée.

Comme aujourd’hui la Grèce est en passe de l’être par les bons soins que lui a prodigués le gentil Dr. Strauss-Kahn que beaucoup de journalistes et non des moindres ont le culot de nous présenter comme le sauveur de ce pays, ce dont sont persuadés beaucoup de nos concitoyens. Il n’est que temps de leur ouvrir les yeux.

La Grèce, ce malheureux pays dont la dette en 2009 ne représentait pas plus de 1% de la richesse de l’Europe. C’est-à-dire peu de choses. Ce pays dont la banque américaine Goldman Sachs aida les dirigeants de l’époque à maquiller ses comptes pour mieux ensuite spéculer contre lui. Ce pays dont le premier ministre socialiste Papandréou se coucha immédiatement à la première injonction de la finance internationale et appliqua à son pays le contraire de la politique pour laquelle il venait d’être élu. La conséquence ne tarda pas. Les agences de notation en baissant sa note l’obligèrent à emprunter sur le marché à des taux de plus en plus élevés. Et comme le plan de rigueur que lui infligea le FMI de M. Strauss-Kahn ne pouvait avoir comme autre résultat que celui de faire entrer le pays en récession – donc de faire baisser ses recettes fiscales – le remède fut pire que le mal. Et donna motif aux agences de notation pour baisser à nouveau la note. Aujourd’hui la Grèce emprunte des fonds sur deux ans au taux hallucinant de 23%. Et bien entendu ne pourra pas rembourser. Devinez ce qui va se passer.

« C’est bien fait pour eux ! Tous des fraudeurs du fisc ! » ai-je entendu dire un militant socialiste. Quoi de plus facile que de fabriquer des boucs-émissaires et de dresser les gens les uns contre les autres ? Comme si notre pays était en ce domaine irréprochable. Et la ministre Lagarde, s’ingérant l’autre matin sans gène aucune dans la politique intérieure de la Grèce, pays souverain, l’accusait « d’avoir pris beaucoup de retard dans les privatisations ». « Ils (les dirigeants grecs) s’étaient pourtant engagés à privatiser l’énergie et les transports… » Qu’attendent-ils ? On leur avait même conseillé de vendre des îles. Que ne l’ont-ils pas encore fait ! Ils n’en seraient pas là. Certains de nos grands patrons du CAC 40 auraient pu, par solidarité bien comprise, en acheter quelques unes pour les aider à se redresser. Être propriétaire d’une île. N’est-ce pas là le dernier fantasme à la mode des milliardaires ? Quoi de choquant ?

Demandez aux Bretons – lorsque d’ici quelques années, si nous continuons d’accepter le diktat des banquiers qui s’entêtent à vouloir nous faire payer leur crise, nous en serons arrivés, avec la dette qu’on nous fabrique chaque jour en appauvrissant l’État, à la situation de la Grèce, de l’Irlande ou du Portugal –, s’ils accepteront sans broncher qu’une instance internationale, fut-elle le FMI, exige qu’on vende au privé sans leur demander leur avis l’île de Sein, Bréhat ou Ouessant. Et que leurs habitants deviennent sujets de MM. Bernard Arnault, Arnaud Lagardère, François Pinault ou d’un fonds de pension anglo-saxon.

La réalité, c’est que les grands médias, contrôlés par les puissances d’argent de l’oligarchie qui nous gouverne, avaient depuis longtemps fait leur choix. Et fabriqué comme ils le firent dès 2006 avec Ségolène Royal, la candidature de Dominique Strauss-Kahn. Mais pour des raisons différentes.

Car, en toute lucidité, ayant usé Sarkozy jusqu’à la corde et n’ayant pas de candidat de substitution à droite, le moindre mal pour l’oligarchie était évidemment que le directeur du FMI lui succédât. Lui, en si bons termes avec la finance internationale à laquelle il avait donné tant de gages, ne leur poserait guère de problèmes. Pas plus à eux qu’à l’Europe libérale sur laquelle elle s’adosse. On était entre gens de bonne compagnie. Et tant de Français étaient persuadés que DSK était de gauche… Ou faisaient semblant d’y croire, comme au Parti socialiste ! L’important, n’était-ce pas de disposer du candidat capable de gagner la présidentielle ? Après, il serait bien temps d’aviser. Tout est à refaire.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

« Les commentaires méconnaissent totalement la nature d'un viol »

Le mouvement Osez le féminisme a déploré mardi à propos de l'affaire Strauss-Kahn que l'on ne parle pas "de ce qu'a pu ressentir" la jeune femme qui a porté plainte contre le directeur général du FMI et dénoncé "le déferlement de blagues sexistes" dans les commentaires. Dans un communiqué, Osez le féminisme souligne que les déclarations entendues dans les médias "révèlent une méconnaissance totale du viol". "Chaque année, 75.000 femmes sont victimes de viol. Seules 10% d'entre elles portent plainte", car les victimes sont "astreintes au silence par une chape de plomb, celle du tabou et de la culpabilité" et souvent "font les frais d'idées reçues largement propagées, dont la plus commune est qu'elles l'auraient bien cherché".

D'ailleurs, les avocats de DSK ont l'intention de plaider l'acte consenti. Tellement consenti que la victime ne serait pas la jeune femme de ménage mais le directeur du FMI candidat à l'élection présidentielle ! Quand j'entends Jack Lang et Bernard Henri-Lévy fustiger les commentateurs quelque peu sévères avec DSK ou très précis à l'égard de certains faits du passé, je m'interroge sur la nature de cette compassion. Autant je peux comprendre le désarroi, l'émotion, l'amertume de ses proches, la déception des socialistes, autant je ne peux excuser ces cris d'indignation qui oublient la principale victime (si les faits sont avérés) de cette rencontre improbable. Un peu de décence tout de même !

Il y a plus grave. Les Strauss-Kahniens se montrent imprudents. MM. Moscovici et Cambadélis affirment avec aplomb que le comportement de DSK ne lui ressemble pas, qu'il sera bientôt parmi nous. A quoi tout cela ressemble-t-il alors ? L'amitié ne doit pas se transformer en aveuglement et encore moins en déni du réel. Si DSK est coupable et on le saura dans les semaines qui viennent, la seule solution sera qu'il assume son acte et en paie les conséquences même très lourdes sur les plans physique et psychologique. De là à identifier le PS à cet homme désemparé et perdu, il y a un gouffre qu'il ne faut pas tenter de franchir. Ce qui n'excuse pas la violence des images de ce grand du monde, menotté, barbu, déchu. Mais les 100 000 adhérents du PS ne sont ni des violeurs ni des prédateurs sexuels !

Les socialistes doivent, selon Martine Aubry, faire preuve d'unité et de décence. De responsabilité aussi. Elle a bien raison. Elle doit continuer de tenir la maison qui menace ruine. Quand l'un des piliers s'effondre, il y a un risque : que le tsunami DSK emporte tout sur son passage. On peut compter sur Nicolas Sarkozy et sa droite populaire pour mettre le doigt là où cela fait mal. Il avait préparé, dit-on, des dossiers contre DSK, contre sa richesse, sa propension à séduire (?) et tout cela allait sortir. Comme le candidat espéré du PS n'est plus en course (il n'avait d'ailleurs pas encore annoncé ses choix) un autre ou une autre va concourir. François Hollande tient la cote. Pour combien de temps ? Martine Aubry sera-t-elle candidate ? Ségolène Royal l'est déjà tout comme Arnaud Montebourg. On est loin de l'unité et de la responsabilité souhaitées. Camarades, il est encore temps de vous ressaisir. D'un mal il faut que nous en fassions un bien.

La Ryder cup aura lieu en France en 2018

Cours à la Golf Court academy du Vaudreuil
En répondant à Denis Szalkowski qui s'étonnait de lire sur ce blog un article consacré à l'opération «Tous au golf», j'ai commis une erreur. Ce ne sont pas 300 000 licenciés que compte la FFgolf mais 500  000 ! Une paille. Si je prends ma plume pour corriger cette erreur c'est parce que j'apprends que le comité de la Ryder cup a décidé d'attribuer cette grande épreuve golfique en France en 2018.

Il s'agit d'une vraie révolution car jusqu'aujourd'hui, seule l'Espagne avait été choisie sur le continent pour accueillir la rencontre des équipes américaines et européennes. Les responsables du comité, dans un style très british, ont déclaré avoir choisi la France pour la qualité du parcours de Saint-Quentin-en-Yvelines (le golf national) sa capacité d'accueil des spectateurs, la qualité des liaisons ferroviaires et routières, la proximité de la capitale. Il va sans dire que cet événement planétaire (le 3e événement mondial après la coupe du monde de football et les jeux olympiques) est une formidable chance pour la France et pour le développement du golf dans notre pays.

Comme je l'ai écrit dans un communiqué récent, le golf est un sport à part entière. Il ne répond plus, aujourd'hui, aux qualificatifs qui étaient les siens il y a deux décennies. Si l'étiquette reste la même (n'oublions pas que les Anglais ont inventé ce jeu) les publics ont évolué, comme au tennis. La fédération française attend même 800 000 licenciés en 2018 après la construction de terrains de golf compacts et de proximité. L'image du golf change et c'est formidable que le comité britannique ait décidé d'attribuer à la France l'organisation de cette extraordinaire compétition qu'est la Ryder cup. Alors tous au golf du 21 au 23 mai au Vaudreuil !

Réfugiés : l'honneur de la Tunisie ou quand les plus pauvres sont les plus généreux

Ils sont 30 000 Libyens à avoir fui les troubles, la pauvreté, l’incertitude. Ils se sont réfugiés en Tunisie. Ils n’ont pas été accueillis par les imprécations de Claude Guéant, les rafles policières, le racisme des dirigeants italiens. Si 2 500 d’entre eux vivent dans des camps de tentes, la grande majorité se sont installés dans des maisons, avec des familles, dans des villages – la région où ils sont hébergés ne compte que 150 000 habitants.

Le journaliste Scott Sayare, du New York Times (29 avril), rend compte, depuis la ville de Tataouine, de l’extraordinaire solidarité des Tunisiens (« Thousands Fleeing Qaddafi Bask in Tunisia’s Hospitality <http://www.nytimes.com/2011/04/29/world/africa/29refugees.html>  »). Il reprend les déclarations de Firal Kayas, porte-parole du Haut comité aux réfugiés des Nations unies, affirmant qu’il n’a jamais rien vu d’équivalent et que cette générosité des Tunisiens est d’autant plus remarquable que le pays vient de vivre une révolution.

Le journaliste raconte comment une famille a accueilli dix réfugiés libyens, les a installés dans les pièces qu’elle habitait et s’est contentée de la partie de la maison qui n’était pas encore terminée. Comme l’explique le maire de Tataouine, « la générosité et la fraternité ont pris le pas sur toute autre considération ». Pour M. Guéant, la fraternité est un simple mot creux inscrit sur les frontons de la République. Bien sûr, explique le journaliste, des tensions existent. Mais les autorités ne les attisent pas et essaient de trouver des solutions concrètes.

A l’heure où l’Union européenne pousse à l’unisson de grands cris à l’idée d’accueillir quelques milliers de réfugiés, il faut souligner également que la Syrie et la Jordanie ont accueilli, sans bruit, 1,5 à 2 millions de réfugiés irakiens après l’invasion américaine de 2003 (lire Theodor Gustavsberg, « Silencieux exil des Irakiens en Syrie <http://www.monde-diplomatique.fr/2008/09/GUSTAVSBERG/16250>  », Le Monde diplomatique, septembre 2008.)

Rappelons le avec force : les réfugiés vivent au Sud et c’est le Nord qui a peur. L’Union européenne a installé à ses frontières un dispositif de mort (« Mourir aux portes de l’Europe <http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/externalisation4>») ce qui ne l’empêche pas de multiplier les déclarations indignées sur les violations des droits humains.

La dette publique explose !

Voilà pourquoi vous êtes payés... en monnaie de singe !  
Accroissement considérable de la dette  publique  à laquelle s'est ajouté le "grand emprunt" lancé par Sarkozy : même des députés de droite ont refusé de  voter le budget du Gouvernement au vu du  bilan catastrophique de la politique Sarkoziste que nos enfants  vont payer très cher dans un contexte de mondialisation où les Etats  fortement endettés sont désormais à la merci des pays créanciers.   
Cliquez ici pour connaître les plus gros esquiveurs  d'impôts de France...<http://www.fruncut.org/targets>  
L'économie française a perdu toute crédibilité sur le plan  international ; la France est  à la merci des capitaux  étrangers qui ont financé la dette publique et le grand emprunt et  qui  lui imposent maintenant des taux d'intérêts excessifs.
(communiqué d'Attac) 

16 mai 2011

La sécheresse est une réalité dans l'Eure

Nathalie Kosciusko-Morizet a réuni lundi 16 mai 2011 la Commission de suivi hydrologique (dite « Comité Sécheresse ») rassemblant les représentants de tous les usagers de l’eau, des élus, membres des comités de bassins, et experts. Organisée un mois avant la date prévue, la réunion a permis d’obtenir un bilan très précis sur la situation, à ce jour, des niveaux de précipitations, des nappes phréatiques et des cours d’eau, bassin par bassin.

Les données dévoilées montrent que les précipitations sont déficitaires par rapport aux normales saisonnières sur la majeure partie du pays, et que nous sommes dès à présent dans une situation de sécheresse. Pour le seul mois d’avril, les précipitations n’ont atteint que 29 % des normales. Les fortes chaleurs ont par ailleurs considérablement asséché les sols. Avec les deux tiers des nappes présentant un niveau inférieur à la normale, cette situation constitue une menace pour tous les usagers : industriels, agriculteurs, collectivités, et particuliers.

Au 16 mai 2011, 28 départements ont déjà pris des arrêtés de limitation ou de suspension des usages de l’eau, pour adapter les prélèvements aux débits des cours d’eau et aux niveaux des nappes. Alors que les météorologistes prévoient pour les deux semaines à venir un temps sec et chaud, voire très chaud, la pluviométrie des prochaines semaines sera déterminante afin de décider des mesures à adopter pour chaque secteur concerné.

Dans ce contexte, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET lance deux outils pour améliorer la gestion des périodes de sécheresse :

  • De nouvelles cartes de mesures des restrictions plus précises et plus réactives. A partir du mois de juin prochain, les préfets devront enregistrer leurs arrêtés sécheresse dans un nouvel outil informatique (PROPLUVIA).
  • Celui-ci permettra une vision en temps réel de la situation à l’échelle infra-départementale en cas de sécheresse. Aujourd’hui les cartes disponibles ne donnent des informations qu’à l’échelle départementale, alors que les restrictions et interdictions concernent souvent des zones précises à l’intérieur d’un département.
  • La clarification du dispositif à engager en cas de situation de crise, pour une action plus rapide et plus efficace. Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET a signé ce jour une circulaire aux préfets, qui reprend l’ensemble des règles édictées depuis la sécheresse de 2003 afin de les mettre en cohérence.
  •  <http://www.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?rubrique16421>
Face à cette situation, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET appelle l’ensemble des usagers de l’eau à prendre conscience de la nécessité d’agir : « Alors que ce type de phénomènes extrêmes risques de se reproduire, l’amélioration structurelle de la gestion des ressources en eau est une priorité Le Grenelle de l’Environnement a déjà permis d’adopter des mesures volontaristes, notamment : la récupération des eaux de pluie, la réutilisation des eaux usées traitées ou la réduction des fuites dans les réseaux. Ces mesures doivent s’accompagner d’une diminution des consommations. C’est pourquoi, je fixe aujourd’hui l’objectif d’une réduction de 20 % de la consommation d’eau d’ici à 2020. Des moyens pour y parvenir seront intégrés au plan national d’adaptation au changement climatique que je présenterai le mois prochain ».

Tous au golf du 21 au 23 mai sur le practice du Vaudreuil


Non, le golf n’est pas un sport de vieux ! Car il peut se pratiquer à tout âge. Non, le golf n’est pas un sport de riches ! Puisqu’on peut s’équiper à des prix modestes et dans des conditions financières accessibles. Oui le golf est un vrai sport. Il nécessite une bonne forme physique, un apprentissage technique patient et raisonnable. Il peut être joué (car c’est aussi un jeu) seul ou à plusieurs. Si la compétition tente de nombreux pratiquants, le golf est surtout un loisir qui se pratique, le plus souvent, dans des cadres magnifiques et sur des parcours superbement entretenus.

Au golf du Vaudreuil près de Louviers
Alors tous au golf !
Chaque année, la Fédération française de golf organise une grande opération « tous au golf » destinée à démontrer l’esprit d’ouverture des associations golfiques publiques ou privées et à favoriser l’initiation des néophytes. Elle aura lieu du 21 au 23 mai prochain au golf du Vaudreuil. Nous savons que de nombreuses personnes, jeunes, moins jeunes ou âgées, aimeraient taper dans la petite balle blanche. Nous savons qu’elles hésitent à venir à l’accueil du golf alors qu’il est si simple et si direct de solliciter un conseil, de demander un renseignement, de se faire prêter des clubs et de se tester pour voir si l’on aime…ce sport qui peut devenir une passion.
Les professeurs du golf du Vaudreuil se tiendront à la disposition des joueurs en herbe aux jours et horaires suivants :
Samedi 21 mai :     11h/12h30, 15h30/17h, 17h30/19h
Dimanche 22 mai :  10h30/12h, 14h/15h30, 15h30/17h, 17h30/19h
Lundi 23 mai :        14h/15h30, 16h/17h30
Tous renseignements auprès du Golf du Vaudreuil : 02.32.59.02.60

15 mai 2011

Dominique Strauss-Kahn est dans de beaux draps


L’inculpation de Dominique Strass-Kahn pour agression sexuelle et tentative de viol sur une femme de ménage de l’hôtel SOFITEL de New York est évidemment l’information du jour. Que sait-on ? Peu de chose en vérité. On sait qu’il a dormi dans une suite luxueuse de ce grand hôtel, qu’il a pris une douche vers 13 heures, on nous dit que la femme de ménage a vu Dominique Strauss-Kahn sortir de la douche, nu, qu’elle aurait peu après raconté aux policiers du 911 et à quelques collègues de l'hôtel que le directeur du FMI a voulu avoir des relations sexuelles avec elle, d’abord dans la chambre et, devant l’insuccès de sa tentative, dans la salle de bains. Fait bizarre : DSK aurait oublié dans cette chambre son téléphone portable et quelques effets personnels avec cette interprétation de la police : il a quitté la chambre précipitamment…sous-entendu car il avait quelque chose à se reprocher. A l'heure où j'écris ces lignes, DSK est accusé.

L’étonnement et l’amertume, la surprise et le constat déplorable : les responsables socialistes demandent tous qu’on privilégie la présomption d’innocence avant de tirer quelque conclusion que ce soit. Martine Aubry appelle les socialistes à rester unis. Pourquoi se diviseraient-ils ?

A droite, les remarques sont ou acerbes (Bernard Debré) ou cyniques (Pierre Lellouche) ou distantes (Elysée). Comment la droite ne se réjouirait-elle pas, publiquement ou sous le manteau, de la mésaventure qui atteint l’honneur et la crédibilité du principal opposant de gauche, favori des sondages. Imaginons un instant qu’une affaire pareille atteigne un candidat de droite, président potentiel, je n’aurais pas manqué de lui faire sa fête à condition, évidemment, que les faits soient avérés.

Que peut-on dire à ce stade ? Trois versions (au moins) sur la vérité des faits sont possibles. La première est que Dominique Strauss-Kahn ait été victime d’un coup monté (si je puis dire). On connaît des officines capables de mettre n’importe qui dans l’embarras. Dominique Baudis en sait quelque chose. Il est aujourd’hui innocenté. Le  penchant de DSK pour les dames est connu mais rien n’indique qu’il ait, dans le passé, obligé quelqu’un à quoi que ce soit notamment dans une affaire de mœurs. On peut même imaginer que DSK a les moyens financiers de s’offrir « une call girl » dans l’attente d'un prochain départ aéroporté pour l’Europe.

La seconde hypothèse est que DSK ait tenté « sa chance » (sans violence) auprès de cette dame de 32 ans et qu’elle ait pris peur face à cette entreprise osée dans des conditions qui resteront à déterminer. Que sont ses blessures superficielles dont parlent les agences de presse ?

La troisième solution est la plus terrible, la plus sordide. Elle est que DSK, prisonnier de ses pulsions, ait voulu contraindre par la force ou la menace, cette employée du SOFITEL à une relation sexuelle non consentie. Dès lors, il en serait fini de sa réputation et de sa candidature à la primaire socialiste de l’élection présidentielle.

DSK plaidera non coupable a indiqué son avocat New Yorkais. Ce qui laisse entendre une opposition des deux personnes en cause sur le déroulement des faits. Les militants socialistes de base, dont je suis, sont effarés devant le récit de la femme victime, selon elle, des agissements du responsable du FMI. Ils se demandent comment un candidat putatif ayant une vraie chance de gagner l'élection présidentielle française pourrait prendre le risque insensé de se ridiculiser et de mettre à mal la dignité et l'intégrité corporelle d'une personne du sexe opposé. Passé l’instant d’émotion et en analysant froidement la catastrophe, on doit donc positiver, comme Jacques Attali, et se dire que personne n’est irremplaçable.

L’autre semaine, j’avais écrit un billet (sur ce blog) sur l’histoire de la Porsche parisienne et j’écrivais : « Il ne s'agit pas d'une condamnation définitive mais d'un coup de semonce. Si DSK veut vraiment devenir président de la République et recueillir les suffrages de la majorité des Français, il va devoir respecter une certaine discipline. Il doit trouver un style et une manière de faire : authentique et spontanée, cordiale et distante. Le contraire de « casse toi pov'con » comme dirait Edwy Plenel. » Je persiste et je signe.

Dans l’attente, je réitère mon soutien à Martine Aubry et l’invite à envisager sérieusement d’être candidate à la primaire, d’abord, et à l’élection présidentielle, ensuite. Elle ne doit pas craindre le suffrage des sympathisants de gauche, elle doit porter elle-même le projet que les socialistes vont adopter à 90 % jeudi prochain. Ainsi je ne regretterai pas d'avoir préempté solferino2012.fr.

« Qui a tué l’écologie ? » (Chapitre V) Borloo, ça rime avec écolo. Mais pas seulement…

Au cours des épisodes précédents, Reynald Harlaut s'est attaché à retranscrire la présentation que Fabrice Nicolino avait faite de son dernier ouvrage « Qui a tué l’écologie ? » à l’émission de Daniel Mermet « Là-bas si j’y suis ». Mais dans son livre il aborde de nombreux sujets dont il n’a pu parler, faute de temps suffisant dans l’émission.

« C’est ainsi qu’il revisite la biographie de Jean-Louis Borloo, personnage clé du « Grenelle de l’Environnement » dont nous savons maintenant ce qu’il faut en penser. La voici, résumée. L’ancien boy scout, étudiant doué, vaguement maoïste, co-fondateur en 1990 de Génération écologie – invention politicienne, nous dit l’auteur, pour empêcher l’émergence des Verts. Tiens donc ! –, bonimenteur de foire hors-pair, fut en 1982, en tant que jeune et brillant avocat d’affaires, « l’inventeur » du dépeçage d’entreprises en difficultés sous couvert de leur venir en aide. Pour cela, il bénéficia de la crédulité de socialistes, fraîchement installés au pouvoir, qui crurent de bonne foi qu’il allait les aider, lui et ses comparses, à réindustrialiser la France dont le textile et la métallurgie sont alors à bout de souffle. Au passage, notons-le, c’est cette méthode qu’utilisa à la même époque Bernard Arnault, à qui Laurent Fabius, premier ministre, fit céder pour une bouchée de pain l’empire Boussac en échange de l’engagement du sauvetage des emplois. C’est en reniant sa promesse et en le dépeçant entièrement que Bernard Arnault commença de construire sa fortune.

Borloo à Bali, il plonge pour aller «repiquer» du corail (photo N Fontrel)
À première vue, la recette paraît assez simple. Mais le plus difficile est de parvenir à réunir les talents pour qu’elle fonctionne. Prenez un banquier véreux acceptant de financer ces opérations de prédation dans lesquelles il aura sa part du gâteau. Ajoutez un ou des présidents de Chambres de Commerce et d’Industrie, intéressés eux aussi, – on n’est pas entre philanthropes –, utilisés comme rabatteurs. Ce sont eux qui les premiers sont informés des opportunités. Si le banquier véreux est en même temps ancien président de CCI, c’est encore mieux. Trouvez ensuite quelques hommes d’affaires sans scrupules, suffisamment habiles pour embobiner les salariés des entreprises concernées et les faire se tenir tranquilles pendant toute la période du rachat puis ensuite du dépeçage. À Louviers, les anciens de chez Wonder savent de quoi il retourne. Ajoutez enfin, pour faire bonne mesure, l’appui de quelques personnalités politiques proches du pouvoir ou mieux encore, au pouvoir. Avec le soutien de ces derniers, l’avocat d’affaires est en quelque sorte le chef d’orchestre de cette fine équipe. Dès qu’elle est constituée, elle peut alors se mettre au travail.

On comprend ainsi comment la rencontre Borloo Tapie – passons sur les détails – arrive à point nommé. Entre eux, c’est le coup de foudre et une amitié sans faille de 30 ans qui dure toujours. Ensemble, avec l’aide de la banque SdBO, filiale du Crédit Lyonnais (alors banque publique) où le robinet du crédit leur est grand ouvert par un directeur complaisant, ils vont racheter à tour de bras des entreprises en difficulté, mais dans lesquelles se trouvent des pépites. Et ils vont faire ce que leurs anciens dirigeants n’auraient jamais imaginé. Ces entreprises, ils vont ensuite les revendre à la découpe, pour employer une expression qui n’avait pas encore cours, c’est-à-dire morceaux par morceaux, en laissant au passage des milliers de salariés sur le carreau. Le résultat est saisissant. Borloo devient l’un des avocats d’affaires les mieux payés au monde et Tapie, de chanteur raté est devenu en quelques années un homme d’affaires milliardaire. Si habile qu’il va plusieurs années durant faire illusion et être partout présenté comme le sauveteur des entreprises, une sorte d’homme providentiel…

Se produit ensuite – juste pour l’anecdote –, alors que Borloo est maire de Valenciennes, l’épisode fameux du match truqué OM/VA. Ceci alors que Tapie au fait de sa gloire est président de l’OM et que le président du club de Valenciennes n’est autre qu’un certain Michel Coencas, « ferrailleur de haut vol » ainsi que le décrit Fabrice Nicolino, ami des deux premiers, lui aussi devenu milliardaire en usant de la même martingale. C’est d’ailleurs Borloo qui le fit venir à Valenciennes pour présider le club de football.

Certes, Borloo n’a commis au cours de toutes ces années aucun délit constitué. Mais, ainsi que le souligne Fabrice Nicolino, « la fréquentation assidue de délinquants – Tapie comme Coencas feront de la prison – et de personnes habituées à toutes les acrobaties et trucages financiers » n’est-elle pas de nature à pervertir l’esprit ?

Victime d’un revers de fortune, Borloo se dit prêt en 2001 à abandonner la politique pour reprendre du service dans les affaires. Il abandonne son mandat de maire, mais soutient un moment François Bayrou dont il est le porte-parole, pour le laisser tomber un peu plus tard. C’est l’époque où on le voit, ayant flairé la bonne affaire, rôder autour de Moulinex. Mais le démon de la politique le reprend et le voilà en 2002 ministre de la Ville puis de l’Emploi, puis du Logement. C’est dans cette période qu’il lance ses grands projets. Les maisons de l’Emploi qui allaient permettre de réduire massivement le chômage. Et la maison à 100.000 euros dont il devait s’en construire entre 20.000 et 30.000 par an. Moins de trois cents maisons ont été construites sur les 150.000 prévues et cela le plus souvent dans des conditions désastreuses pour leurs propriétaires. Opérations de pure communication, coups de bluff à répétition, mais qui s’en souvient encore à part quelques journalistes d’investigation comme Fabrice Nicolino ?

Car en décembre 2007, se rappelant avec beaucoup d’à-propos qu’il avait été vaguement écologiste aux côtés de Brice Lalonde, Borloo devient ministre de l’Écologie. À Bali en marge de négociations mondiales sur le réchauffement climatique, il plonge en caleçon sous l’œil complaisant des caméras pour repiquer du corail ! Alors, les considérations sur les maisons à 100.000 euros quand on est en charge de problèmes planétaires, vous n’y pensez pas. Vous n’allez tout de même pas l’ennuyer avec de telles broutilles !

La suite, vous la connaissez : c’est la « révolution écologique » annoncée par Sarkozy avec le « Grenelle de l’Environnement » et dont Borloo, comme maître d’œuvre, champion du battage médiatique, sera l’escamoteur en chef de tous les problèmes que dénoncent les vrais écologistes. Le point d’orgue de son ministère étant sans aucun doute, les décrets qu’il a signés en douce à la veille de son départ, partageant le territoire de la France en concessions pour l’exploitation des gaz de schiste entre quelques amis-patrons du pouvoir et leur accordant les autorisations pour les forages de prospection. Un « must » de démocratie et d’écologie…

Pourtant, lorsqu’il quittera il y a quelques mois son portefeuille de ministre de l’Écologie pour réactiver un centrisme évanescent, il se trouvera encore de nombreux journalistes pour souligner sa fibre sociale-démocrate. Pour un peu, on le classerait à gauche. Pensez donc ! C’est lui qui voulait la maison à 100.000 euros pour faire de tous les Français des propriétaires. Un homme comme ça ne peut pas être mauvais ! On a depuis longtemps oublié qu’avec ses complices de l’époque dont l’inénarrable Nanard, il a ruiné la vie de dizaines de milliers de salariés en fermant leurs entreprises et en les jetant à la rue. Fermer les entreprises, n’est-ce pas là le moyen le plus radical de réduire leur empreinte carbone ? Quand on vous dit que Borloo, ça rime avec écolo. Mais pas seulement…»

Reynald Harlaut

Sources :
Fabrice Nicolino : « Qui a tué l’écologie ? »
Le Canard enchaîné
Fabrice Nicolino, « Qui a tué l’écologie ? », Éd. Les Liens qui libèrent, Paris, mars 2011, 20,50 € dans les bonnes librairies.