18 juin 2011

« Gros pédé », « fils de pute » et « gros poivrot »


« Je viens de lire sur le site de l’Express une info à la fois hilarante et pitoyable. Brice Hortefeux a porté plainte contre un rappeur qui se fait appeler Cortex. Nous connaissons tous en général le niveau du rappeur moyen, mais là j'avoue qu’avec Cortex, on en a dégotté un bon, un gratiné, un virtuose, bref un champion !
Figurez vous que Brice Hortefeux, ce cher et regretté Brice qui, n’en doutons pas, manque énormément à beaucoup de monde (Besson et bien d’autres devraient le rejoindre), attaque Cortex pour l’avoir, ainsi que l’ensemble des policiers, traité entre autre, de « Gros pédé », « fils de pute » et « gros poivrot », dans une vidéo diffusée sur YouTube !
Cortex justifie ses élégants propos par l’envie de « faire du buzz » histoire de mieux vendre son album fraîchement publié. Bon, on peut comprendre que Brice n’ait pas apprécié de se faire traiter de gros poivrot en public et qu’il ait réagit.
En soi Brice contre Cortex, c’est déjà amusant, mais le meilleur reste à venir ! C'est d'abord l’avocat du dit Cortex qui invoque pour excuser son client le « particularisme linguistique » des d’jeunes des cités !....ah ! « Les propos sont grossiers » reconnaît-il mais « il faut tenir compte du particularisme linguistique », du fait que des « jeunes dans certaines cités s'expriment en mode grossier » !
En mode grossier !!!
En clair, pour ces jeunes se saluer en se traitant de « gros pédé poivrot qui nique sa pute de mère sur le parking de Carrouf», c’est une marque d’affection, comme d’autres diraient « comment ça va mon gros loup » ou « salut mon pote », des petits termes affectueux, presque tendres, certes un tantinet familiers mais foncièrement respectueux !
Brice Hortefeux aurait dû comprendre que ce n'étaient que des mots doux en mode grossier façon jeunes de la cité, il est quand même un peu psychorigide ce Brice !
Mais c'est pas fini !
Le Cortex au vide sidéral sidérant a jugé bon de s'excuser auprès des homosexuels qui s'étaient offusqués de ses raffinés propos. Certes le geste est honorable quoi qu'un brin maladroit puisqu'il n'a rien trouvé de mieux à leur dire que : « Pédé, c'est comme si je disais connard » !
« Euh, j’mexcuse les taf….euh les gars, j’voulais pas vous froisser bande d’enc… euh les gars, c’est à cause de l’aut’ bouffon d’Hortefeux, j’l’ai traité de PD ce connard mais j’aurais pu l’traiter de connard ce PD …ça aurait été pareil ! »
Lors de l’audience de la 17e chambre correctionnelle de Paris, la procureur n'a rien trouvé d'artistique à l'affaire, mais seulement « de l'injure et de l'invective ». Elle a requis 1.000 euros d'amende à l’encontre de Cortex. Mais dans son jugement, la 17e chambre a considéré ce jeudi que la plainte initiale du 26 octobre 2010 était « nulle » tant en ce qui concerne le ministre que les policiers pour des raisons de procédure.
Cortex ne sera pas condamné. Il pourra donc continuer à  « faire du buzz ». Je lui conseille le Guéant qu’est pas mal non plus. Et quand la procédure est nulle, il y a quand même une justice, car ça m’aurait quand même emmerdé que le tribunal donne raison à ce Brice, condamné rappelons-le pour injures raciales.
Alain Lefeez

17 juin 2011

Le ministre de l'agriculture autorise le Cruiser 350 : tant pis pour les abeilles


Lu sur le site de Suite 101 :
 
Le ministre de l'agriculture vient d'étendre l'autorisation du Cruiser au colza alors que le Conseil d'Etat a déjà annulé les autorisations précédentes.
Coup de tonnerre dans les campagnes françaises après l'annonce faite le 16 juin 2011 ! Le ministre de l'agriculture Bruno Le Maire vient d'étendre l'autorisation de mise sur le marché de l'insecticide Cruiser au colza. Une fois de plus, le ministre de l'agriculture défie le Conseil d'Etat, juridiction l'ayant plusieurs fois condamnée dans ce dossier.
Le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative a déjà annulé les autorisations de mise sur le marché du Cruiser, qui avaient été délivrées par le ministre de l'agriculture en 2008 et 2009 et la même juridiction doit se prononcer dans les prochains mois sur l’annulation de l’AMM (autorisation de mise sur le marché) délivrées pour les années 2010 et 2011.

Le Cruiser 350 interdit dans presque tous les pays Européens

Le 16 février 2011, alors que débutait le salon international de l'Agriculture à Paris, le Conseil d’Etat avait rendu son délibéré dans l'affaire du Cruiser 350 et avait annulé deux décisions du ministre autorisant la mise sur le marché de l’insecticide pour les années 2008 et 2009. Comme indiqué dans Le Cruiser 350 face au Conseil d'Etat (Suite 101 du 25 janvier 2011), le rapporteur du gouvernement avait requis, lors des débats, cette annulation en raison de la dangerosité du produit pour l'environnement, et la condamnation du Ministre.
A l'origine de cette procédure, plusieurs associations de défense de l’environnement et syndicats agricoles, notamment d’apiculteurs, contestaient les décisions prises par le ministre de l’agriculture et de la pêche, sur avis de l’AFSSA, d’autoriser, pour 2008 et 2009, la mise sur le marché du produit phytopharmaceutique «Cruiser» pour un usage en traitement de semences dans la culture du maïs. Les motivations de la justice étaient développées dans l'article de Suite101: Cruiser 350 : le Conseil d'Etat désavoue Bruno Lemaire.

Un manque de respect de la législation

Par la voix de Chrystel Bonnafoux, L’Union Nationale de l’Apiculture Française s’indigne "une fois de plus d’un manque de respect de la législation. Cette décision est d’autant plus regrettable que le colza restait une des rares cultures non traitées d’un attrait majeur pour nos colonies d’abeilles.
"Après les quatre autorisations successives de mise sur le marché du Cruiser sur le maïs (de 2008 à 2011) et malgré l’annulation des autorisations de 2008 et 2009 par le Conseil d’Etat en février dernier, le Ministère de l’agriculture vient donc de délivrer une nouvelle autorisation de mise sur le marché à Syngenta pour un nouveau Cruiser pour le traitement des semances de colza...."
En savoir plus
Autorisé en mai 2011 par le Ministère de l’agriculture sur un avis favorable de l’ANSES d’octobre 2010 (seulement publié aujourd’hui), le « Cruiser OSR » contient trois substances actives : le thiaméthoxam (un insecticide), le fludioxonil et le métalaxyl-M (tous deux des fongicides). Le thiamethoxam, est à l’origine de cas avérés d’intoxication d’abeilles. Son autorisation sur le colza, plante très visitée par les hyménoptères, est gravissime pour l’avenir du cheptel apicole français, ajoutent les responsables de l'apiculture française.

Les apiculteurs dénoncent le mépris du Ministre pour les abeilles

Dans différentes régions de France, les condamnations sont unanimes. Ainsi, le président de l'Abeille Ardéchoise et Drômoise, affilié à l'Union Nationale de l'Apiculture Française, et qui regroupe de nombreux apiculteurs professionnels, pluri-actifs et familiaux dans la vallée du Rhône , déplore : "C’est un nouveau coup dur pour tous les apiculteurs, pour les abeilles et pour la biodiversité. C'est terrible ! Force est de constater le désintérêt et le mépris du Ministère de l'agriculture pour l'apiculture et les abeilles, et nous craignons un printemps 2012 silencieux dans les plaines de colza..."
Cette mesure gouvernementale à contre courant intervient alors que les populations d’abeilles domestiques ou sauvages ne cessent de décroître et pourtant, elles sont indispensables à la survie de milliers d’espèces de plantes à fleurs cultivées et sauvages.
Cette autorisation nuisible à l'environnement est prise alors que sur tous les continents, les abeilles domestiques meurent par milliards. Les causes sont multiples: pesticides, eaux polluées, maladies, nouveaux prédateurs, insecticides, absence de biodiversité florale, parasites, etc. L'Europe et la France n'échappent pas à ce dramatique phénomène, et des dizaines de milliers d'apiculteurs voient leurs ruches se vider en période de floraison. Les abeilles partent butiner et ne reviennent jamais à la ruche. A croire que Maya et ses sœurs se «cachent pour mourir». Suite101 a analysé ce phénomène dans l'article Biodiversité menacée: les abeilles se cachent pour mourir.....
Face à cette dramatique situation, le président de l'Abeille Ardéchoise et Drômoise ajoute : "Nos abeilles sont de véritables détecteurs de pollution, des sentinelles de l’environnement : lorsque celui-ci se trouve dégradé par des polluants agricoles. Le déclin et la mort des abeilles alertent immédiatement les apiculteurs qui en ont la garde, et nos abeilles sont les premières victimes d'un environnement pollué qui menace l'homme et toutes les espèces !".
Pour de nombreux apiculteurs français, cette décision gouvernementale contestée appelle une question : "Le lobby des industriels de l'insecticide a-t-il infiltré les plus hautes sphères de l'Etat français ?"



« Je me casse, fais chier » par Eric Besson sur M6

Eric Besson a créé l'événement en quittant le plateau de l'émission Capital sur M6 et en déclarant : « je me casse, fais chier. » Le ministre de l'Industrie était invité pour évoquer la filière nucléaire française, les différentes sources d'énergie et quand Guy Lagache, le journaliste de service a indiqué que la sécurité nucléaire française pouvait poser certains problèmes, l'ancien socialiste devenu UMP s'est fâché et s'est «tiré» sous les yeux étonnés de l'homme de presse et de Nicolas de Tavernost, le patron d'M6.

Quelle mouche a piqué Eric Besson qui n'est pas le plus mauvais orateur de la droite et pas le moins intelligent des ministres ? Depuis son passage (raté) à l'identité nationale, le maire de Donzères pensait se refaire une santé— à défaut d'une virginité — à l'industrie considérée comme plus technique et donc moins sujette à polémique. Patatras…Fukushima est passé par là et a ouvert les yeux de bien des Français qui croyaient, de bonne fois, que la sécurité nucléaire hexagonale était acquise à 100 % ! Or, les Japonais ont démontré qu'ils n'en étaient rien, pire même, que la situation n'était absolument pas contrôlée et qu'on s'achemine vers une catastrophe bien plus importante que celle de Tchernobyl. Depuis les Français sont favorables à une sortie progressive du nucléaire.

Mais Eric Besson n'est pas seulement tourmenté par l'explosion du cœur des centrales japonaises. Il doit aussi affronter les quolibets et attaques verbales de ses anciens amis députés qui, chaque mardi et chaque mercredi, ne lui laissent pas un poil de sec à l'assemblée où les noms d'oiseaux sont plus nombreux à son égard que les qualificatifs positifs. Il est possible — c'est une simple hypothèse — que l'armure dont sont vêtus la plupart des hommes et femmes politiques ait été fendue et qu'Eric Besson ait souhaité consciemment ou non faire part de son ras-le-bol face à un système médiatique aussi envahissant que révélateur.

Je ne vais pas le plaindre. Eric Besson savait ce qu'il faisait le jour où il a trahi le PS et rejoint Sarkozy. On peut comprendre que sa situation soit difficile à vivre et qu'il lui soit impossible de surmonter certaines contradictions. C'est le prix à payer, toutefois, pour avoir choisi les honneurs et le pouvoir à la solitude des convictions.

16 juin 2011

L'eau italienne ne sera pas privatisée !

Le président de la communauté d'agglomération Seine-Eure veut faire passer notre combat pour un combat de ringards, d'archaïques. Que voulons-nous exactement ? Nous voulons le retour des délégations de services publics dans le giron du public et donc sous la responsabilité directe des élus et des techniciens de la CASE. Si ce combat était ringard, croyez-vous sincèrement que 95 % des Italiens qui ont participé aux référendums dimanche et lundi derniers, se seraient opposés à la privatisation du service de l'eau comme le demandait Silvio Berlusconi ? Ce résultat est évidemment un merveilleux sondage à plusieurs millions de réponses et même si l'Italie n'est pas la France, elle est un grand pays européen dont nul ne peut contester la vitalité démocratique retrouvée.

Cela prouve tout simplement, qu'en 2011, c'est vouloir à tout prix conserver le privé à la tête des services publics qui est ringard. Le mouvement de balancier en faveur du retour en régie directe, notamment en France, est sensible. De nombreux élus de villes, de gauche et de droite, ont compris que l'intérêt bien compris des usagers n'était pas du côté de Véolia ou de Suez ou de qui sais-je encore mais dans les mains des exécutifs locaux qu'il s'agisse de syndicats de communes, d'agglomérations ou de grandes villes.

L'eau n'est qu'un exemple. Un exemple de choix puisque l'eau c'est la vie et que la sécheresse récente démontre combien la protection de la ressource, son usage modéré et à bon escient, sa qualité, doivent être au centre de nos préoccupations. Mais le ramassage et l'élimination des déchets, les transports, le chauffage, le fonctionnement des équipements publics (théâtre, cinéma, piscine, musée, etc.) doivent être assurés par le public, non par idéologie comme l'affirment stupidement nos détracteurs mais parce que la notion même de service public oblige ceux qui aspirent à nous représenter à en défendre l'esprit et la lettre.

Lors de la projection de Water makes money, à Val-de-Reuil, plusieurs élus des communes de la CASE étaient présents. Ils nous ont confié vouloir être complètement informés et intéressés par le travail de notre association. D'ailleurs, nous avons enregistré plusieurs adhésions.

Dépénaliser le cannabis : la proposition courageuse de Daniel Vaillant

La proposition de Daniel Vaillant est courageuse, intelligente, conforme à ce qu'on attend d'un parti de gouvernement responsable. Quelle est-elle ? Il suggère de créer une filière nationale du cannabis inspirée de celle du tabac. L'ancien ministre de l'Intérieur prend soin de préciser qu'il est contre la consommation de cannabis mais que l'interdiction d'usage devenue délictueuse ne règle aucun des problèmes posés par la vente, la circulation, l'échange, la culture de cette herbe quelque peu hallucinogène.

Autrement dit, Daniel Vaillant, s'il ne propose pas la légalisation du cannabis, invite les gouvernants à dépénaliser l'usage et à réglementer une filière poursuivant l'interdiction de publicité et de vente aux mineurs. Il faudra inventer des lieux et des modes de consommation puisque l'interdiction absolue est un échec complet. Pire même puisque cette interdiction favorise les marchés souterrains, les ventes incontrôlées et les bénéfices colossaux tirés du trafic d'herbe marocaine pour ne citer que celle-ci.

Le rapport de Daniel Vaillant, original, a été transmis aux responsables du PS. Il faudra bien à un moment ou à un autre, que le bureau national de ce parti voire plus, se saisisse de ce rapport et fasse des propositions aux Français dans son programme présidentiel. Il va de soi que la droite ne s'engagera pas sur cette voie. La droite ne connaît que l'interdiction, la répression. Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre, expliquait pourtant, hier soir, que s'il était personnellement pour l'interdiction, il comprenait fort bien qu'on puisse avoir un avis différent et se montrait ouvert à une discussion. Raffarin n'est pas Guéant.

La question se pose de savoir si Martine Aubry, compte tenu du temps qu'il lui reste à la tête du PS, osera aborder ce sujet de société comme première secrétaire, candidate ou au contraire préférera attendre des jours meilleurs qui, comme chacun sait, ne viennent jamais. Eric Raoult, député UMP, maire du Raincy, propose déjà une pétition antidépénalisation. Gageons qu'il ne sera pas le seul à la signer.

14 juin 2011

L’espoir que nous apportent les Italiens


C’est une véritable raclée qu’ont infligée ce week-end les Italiennes et les Italiens à leur premier ministre Silvio Berlusconi. On voyait bien qu’après sa déroute aux élections municipales et la perte de Milan, son fief, il n’avait plus la faveur des citoyennes et citoyens italiens. Mais de là à imaginer un tel échec !

Il faut d’abord rappeler en quelques mots la situation. Le peuple italien souhaitait être consulté par référendum sur plusieurs sujets. En Italie, pour qu’un référendum d’initiative populaire soit validé, il faut selon la constitution, une participation au moins égale à 50% du corps électoral. En raison de la montée de l’abstention lors des dernières consultations, Silvio Berlusconi n’imaginait pas qu’elle puisse atteindre ce chiffre. Et pour s’en assurer – la chose paraît en démocratie proprement effarante –, il a fait campagne pour encourager les électrices et les électeurs à ne pas se rendre aux urnes ! Et sentant son électorat se dérober, le Cavaliere a tenté de rétablir la situation à son avantage.

Un référendum qui certes ressemblait quelque peu à un inventaire à la Prévert. Il s’agissait de revenir sur des lois, mêlant à des convenances personnelles comme la garantie de son immunité judiciaire, des sujets de société comme le retour de l’électronucléaire et le recours à la privatisation de l’eau dans le pays.

En y participant à 57% du corps électoral et en refusant à plus de 90% toutes les propositions que défendait le chef du gouvernement italien, les citoyennes et les citoyens italiens ont sifflé la fin de la partie pour ce grand ami de Nicolas Sarkozy, l’invitant bruyamment dans les rues à « rentrer à la maison ». En Italie aussi, c’est la révolution citoyenne qui se met en marche.

La mobilisation des réseaux sociaux a joué à plein son rôle et la jeunesse italienne s’est tout particulièrement mobilisée. Bien sûr, on m’objectera que plus qu’un rejet du nucléaire et de la privatisation de l’eau, c’est le rejet de Berlusconi lui-même qui a été majoritaire, et qu’une fois de plus comme souvent dans un référendum, le peuple ne répond pas à la question posée. Mais puisque Silvio Berlusconi a manipulé l’idée initiale de cette consultation pour en faire un plébiscite, il est heureux que le peuple italien ne se soit pas laissé prendre au piège et ait réagi de la sorte.

Pour ma part, je ne bouderai pas mon plaisir de voir le lobby électronucléaire et celui des multinationales de l’eau boutés hors d’Italie. C’est un revers pour Areva, Suez-Lyonnaise des Eaux et Veolia. Nous qui combattons plus particulièrement ces deux dernières au sein de l’Association pour l’amélioration du Cadre de vie et de l’environnement, pour le retour de l’eau dans l’Agglomération Seine-Eure en régie publique, ne pouvons que nous en réjouir.

Reynald Harlaut


12 juin 2011

Immigration : les sages valident la loi de la honte

« Au conseil constitutionnel, les débats sur le projet de loi sur l'immigration, en discussion depuis sept mois, viennent de prendre fin. Malgré les nombreuses mises en garde des associations, l’essentiel du projet, qui porte gravement atteinte aux droits fondamentaux des migrants, a été validé.

Un seul des 111 articles contenus dans le projet a été censuré : il ne sera pas possible de placer en rétention un étranger condamné pour des actes de terrorisme ou en lien avec des « activités à caractère terroriste pénalement constatées », pendant  18 mois mais «  seulement » pendant 6 mois.

Au delà de cette infime modification, le conseil constitutionnel a donc entériné un régime d’exception pour les étrangers privés de liberté. Ces derniers pourront désormais être placés en garde à vue puis en centre de rétention sans qu’un juge n’examine si leurs droits ont été respectés avant un délai total de 7 jours. La rétention administrative, allongée à une durée de 45 jours, devient le régime de privation de liberté le moins contrôlé en France.… Même les personnes soupçonnées de terrorisme ont droit à un régime plus favorable.

L’ensemble des dispositions de ce texte porte atteinte aux principes constitutionnels : suspicion supplémentaire à l'égard des couples mixtes, banalisation de l'enfermement des enfants, grave régression des droits des étrangers malades, allongement injustifié de la durée de rétention, bannissement des étrangers en situation irrégulière par la mise en place de l’interdiction de retour, remise en cause du droit d’asile par la création de zones d’attente ambulantes, mise à l'écart du juge judiciaire...

S’inscrivant dans la droite ligne d’une politique de l’immigration ouvertement répressive, parfois jusqu’à l’absurde, cette nouvelle loi n’a pas fini de défrayer la chronique. Dans les mois à venir de nombreux étrangers payeront le prix fort de cette loi de la honte.  Depuis le début de l’année 2011, différentes décisions des plus hautes juridictions européennes et françaises ont fortement remis en cause l’échafaudage juridique sécuritaire concernant les étrangers en situation irrégulière. Pourtant, avec ce nouveau projet de loi, le conseil constitutionnel français valide à nouveau des dispositions contraires au droit communautaire.

Profondément inquiète, La Cimade restera vigilante et mobilisée pour témoigner des conséquences désastreuses de cette loi et la dénoncer, notamment devant les juridictions nationales et européennes. »

(communiqué de la Cimade)
La Cimade est une association de solidarité active avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile. Adresse : 64 rue Clisson, 75013 Paris Téléphone : 01 44 18 60 50

Je ne veux pas payer les salaires de Luc Ferry

Je ne veux pas payer les salaires de Luc Ferry. Des salaires de professeur d'université pour des cours qu'il n'a jamais donnés durant l'année universitaire 2010-2011. Le Canard enchaîné dénonce cette semaine, cette pratique et rapporte la demande de remboursement présentée par le président d'une université parisienne désormais autonome et qui n'a que faire des anciennes pratiques ministérielles.

Le fait est que Luc Ferry, professeur de philosophie, animateur d'un comité bidule désigné par Matignon (1) figure aussi au tableau des emplois d'une université parisienne depuis plusieurs années sans y avoir effectué le moindre travail au cours de l'année écoulée. Le salaire, de près de 4500 euros par mois, est ainsi versé régulièrement par une université dont le conseil d'administration apprécie peu cet argent jeté par les fenêtres. Qu'a-t-il fait ? Il a adressé une facture pour remboursement à M. Ferry lequel a refusé de payer. Et comme l'affaire est portée sur la place publique, François Fillon est venu au secours de son ami politique en lui accordant une disponibilité rétroactive permettant à ses services de rembourser l'université…à sa place. Ah les amis protégés…

Mais Matignon, c'est nous ! C'est notre argent ! Sans être démagogique, on peut tout de même s'interroger sur l'usage qui en est fait ! Un député UMP juge anormal que le fruit des impôts des Français serve à payer un professeur détaché in extremis pour des cours qu'il ne donne pas. Et cela, au moment même où d'autres députés UMP veulent imposer un travail de quelques heures aux titulaires du RSA qui ne demandent qu'un emploi réel et non factice. Une fois de plus, avec ce gouvernement, on marche sur la tête.

Pour sa défense Luc Ferry assure que l'affaire de son salaire sort quelques jours après ses déclarations sur les turpitudes sexuelles supposées d'un homme politique de premier plan. Je ne vois pas bien le rapport entre les deux affaires et je ne sache pas que le Canard enchaîné ait jamais été aux ordres de qui que ce soit pour publier telle ou telle affaire. Je crois plutôt que Luc Ferry devrait se sentir coupable de se remplir les poches d'une manière totalement inadmissible et contraire à une attitude philosophique ordinaire. Beau sujet pour futurs bacheliers.

(1) pour lequel il touche 1800 euros mensuels.