8 février 2012

Cédons à la folle tendance à tout noter…


Comme chaque mois à pareille date, le classement national Wikio des blogs vient d’être réactualisé. Pour ce qui est des blogs politiques, et charité bien ordonnée…, notons d’abord le classement de ce blog. Passant de la 196ème à la 238ème place, nous reculons certes un peu. La concurrence est rude en ces temps électoraux. Pourtant, l’époque n’est pas si lointaine où nous frôlions la 100ème place. Dans la blogosphère régionale, la 8ème place du blog d’Arnaud Mouillard et la 40ème de celui de Philippe Méoule au classement national n’en apparaissent que plus remarquables. Nos ambitions sont plus modestes.


Cependant, au-delà de ces considérations locales, le premier constat qui s’impose, c’est l’omniprésence de la Gauche en tête de classement. Il faut en effet parvenir à la 19ème place pour voir figurer le blog de Jean-Michel Aphatie. Pas vraiment un gauchiste que celui-là ! Et d’une perfidie telle qu’il n’est pas indispensable de s’y attarder.

Par ailleurs, deux résultats méritent qu’on s’y arrête. D’abord, en tête de classement, la première place obtenue par le blog « Les échos de la gauchosphère » qui fait, en tant que « Gauche de combat » comme il se définit, la part belle au Front de Gauche.
Ensuite, et à la 4ème place, « Le blog de Jean-Luc Mélenchon », tenu par l’auteur en personne qui rédige la totalité de ses articles. C’est le premier, et très loin devant, des blogs de candidats à la présidentielle. C’est ainsi que l’un de ses derniers billets, pourtant très longs – mais qui s’en plaindrait tant ils sont denses, riches d’enseignements et remarquablement écrits – a reçu la visite de plus de 73.000 personnes. Un record qui prouve au moins deux choses.

— la première, c’est la formidable envie qu’a ce peuple d’entendre autre chose que ce qui s’écrit et se dit la plupart du temps au robinet d’eau tiède des grands médias de presse et de télévision. Un besoin d’information et de compréhension qui représente un formidable espoir pour tous les démocrates rêvant de citoyens éclairés, c’est-à-dire correctement éduqués et informés, dotés d’esprit critique et entraînés à former leur jugement autrement que par les apparences. Autrement dit, le refus assumé de voir l’élection du président de la République se résumer à un concours d’élégance : « mes nouvelles lunettes, ma cravate en soie, la coupe de mon costume, mes tenues de campagne... et mon bronzage. Tu l’as vu, mon bronzage ? » Quant aux lecteurs de ces blogs, ne nous y trompons pas. Ils ne sont pas de simples curieux isolés. Ils constituent d’une manière ou d’une autre des relais d’opinion.

— La seconde, c’est que contrairement à l’affirmation communément admise qu’il faut, pour qu’il soit lu ou suivi, qu’un article ou un sujet soit court, affirmation qui a relégué l’information à la portion congrue dans la totalité de la presse régionale et dans l’ensemble des grands médias télévisuels, il faut avant tout qu’il soit un bon article ou un bon sujet. C’est-à-dire qu’il ait du contenu et que ce contenu soit correctement articulé et développé. Tout le contraire de ce qui est fait lorsque les sujets importants et complexes sont traités avec la contrainte d’un nombre maximum de signes ou en quelques minutes dans le meilleur des cas, c’est-à-dire survolés. Et dans le pire en ne retenant du discours du personnel politique que les « petites phrases » sur lesquelles on se contentera de faire réagir tel ou tel autre appartenant au même cercle.

À l’évidence, hors de la bien-pensance des médias officiels, gravite désormais bien installée une parole libre que ceux-ci sont souvent tentés, soit de disqualifier en la déclarant illégitime, soit de qualifier de subversive, tant elle remet en question l’ordre établi dont ils se veulent les garants. Et tant elle malmène le pouvoir qu’ils détiendraient ainsi. Celui de distiller en boucle leur discours comme s’il était une sorte de vérité révélée dont ils finissent par se persuader eux-mêmes. C’est pourquoi ces blogs sont la hantise du pouvoir sarkozyste. Ce pouvoir qui avait cru pouvoir museler les médias en nommant les présidents de chaînes TV publiques et en ayant la quasi-totalité des autres, qu’il s’agisse de télévisions privées ou de groupes de presse écrite, aux mains de ses amis.

Reynald Harlaut
Front de Gauche

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