27 février 2012

La situation en Libye : François Loncle dénonce le mutisme du gouvernement sur la torture


François Loncle a posé la question écrite suivante au premier ministre : 
M. François Loncle interpelle le Premier ministre sur le silence pesant de la France à l'égard des nombreuses violations des droits de l'homme en Libye. Depuis plusieurs mois, les anciens rebelles multiplient les exactions, notamment à l'encontre des détenus. Les organisations humanitaires internationales ont relevé de nombreux cas de torture, démentant les propos lénifiants tenus par un philosophe parisien. 
Ainsi, Médecins sans frontières (MSF) décrit des séances d'interrogatoires extrêmement brutales et a recensé plus d'une centaine de cas de mauvais traitement. Refusant de se transformer en « auxiliaire des tortionnaires », MSF a décidé, le 26 janvier 2012, d'arrêter ses opérations dans trois centres de détention libyens. De son côté, Amnesty International a établi que douze prisonniers avaient succombé aux sévices infligés par leurs geôliers, à l'instar d'Omar Brebesh, ancien diplomate en poste à Paris assassiné par une milice de Tripoli. 
Quant au CICR, il déplore de ne pas avoir un accès libre à la soixantaine de prisons où croupissent environ 8 000 personnes. Les dérives violentes en Libye suscitent une forte inquiétude et soulèvent des interrogations sur la nature du régime qui s'y installe. L'absence de réaction du gouvernement français est également très choquante, d'autant plus que celui-ci était intervenu, il y a un an, contre le colonel Kadhafi au nom de la défense des droits de l'homme. L'embarras français se traduit par le mutisme d'un gouvernement incapable d'assumer les conséquences des guerres qu'il mène. 
 M. François Loncle demande au Premier ministre pourquoi son ministre des affaires étrangères n'a aucunement évoqué les cas de torture lors de son discours à l'université de Tripoli, en décembre 2011, et pourquoi il n'a pas publiquement et fermement condamné ces agissements barbares. Il souhaite savoir pourquoi la France n'a pas placé les nouvelles autorités libyennes devant leurs responsabilités de protéger tous les citoyens. Cette discrétion du gouvernement français rappelle sa gêne, tout aussi indigne, quand le président soudanais, Omar Al-Bachir, bien que recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité au Darfour (300 000 victimes), a été chaleureusement accueilli, le 7 janvier 2011, par le nouveau gouvernement libyen.
La France n'a ni effectué de démarche pour dissuader Tripoli de recevoir le président soudanais ni exprimé sa désapprobation, durant les deux jours de cette visite. Il est vrai que le criminel de Khartoum avait déjà, sans problème, parcouru le Tchad où sont positionnées des forces françaises et il avait même croisé à Djibouti le ministre français de la Coopération. M. François Loncle souhaite que le Premier ministre lui fournisse des éclaircissements sur les incohérences de la diplomatie française qui, d'une part, s'est activement impliquée dans le conflit sanglant du Darfour, a promu la justice internationale et a lancé des opérations militaires présentées comme des interventions humanitaires, mais qui, d'autre part, ne proteste nullement contre la venue d'un criminel de guerre à Tripoli et contre la prolifération de la torture en Libye.                   
  
François LONCLE
Député de l'Eure

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