6 mars 2012

Eau : arrêter le gaspillage…même en plein champ


Arrosage en plein champ

De notre envoyé spécial au salon de l’Agriculture

C’est le titre d’un article paru ces jours-ci en page 7 d’une feuille de chou gratuite et non durable intitulée fnsea matin, paraissant à point nommé pour le salon de l’Agriculture et la présidentielle 2012, dont on cherchera en vain le nom du directeur de la publication. En voici le texte, non signé, intégralement reproduit.

« L’accès à l’eau, facteur de production incontournable, est un enjeu particulièrement prégnant dans le contexte actuel à la fois de forte croissance de la population mondiale et donc de ses besoins alimentaires, et de changements climatiques engendrant des modifications de la pluviométrie. L’épisode de sécheresse de 2011, appelé à se répéter de plus en plus fréquemment à l’avenir, a montré toute l’importance de l’enjeu pour la ferme France.
La FNSEA refuse catégoriquement les approches dogmatiques au sujet de l’eau, ne reposant que sur la diminution de la production et la décroissance de l’activité agricole. Elle s’oppose aux réductions systématiques des volumes prélevés et des surfaces irriguées, aux obligations de type « tout bio » ou « tout pâturage » pour protéger les captages d’eau potable. Il est impératif de concilier le développement de la production agricole avec la bonne gestion de la ressource, sa protection et sa disponibilité pour tous les usages.
Il est aujourd’hui plus qu’urgent de prévoir les stockages d’eau suffisants pour répondre aux besoins, estimés à 400 millions de m3 en France, pour sécuriser la production agricole et préserver la qualité des produits. La règlementation trop complexe est un obstacle majeur au développement des projets de stockage ! Elle doit être simplifiée. Si l’on veut répondre de manière pérenne à l’enjeu de la qualité de l’eau, les mesures de protection mises en œuvre par les agriculteurs doivent être contractuelles et accompagnées financièrement ».
Qui pourrait-être favorable au gaspillage nous direz-vous ? Personne, bien entendu, qu’il s’agisse de l’eau ou de tout autre chose. Mais puisqu’il y a du gaspillage, c’est qu’il existe des gaspilleurs. Alors, comme moi, vous vous attendez, en lisant cet article, à ce qu’ils soient nommés, puisqu’il s’agit de les dénoncer. C’eut été trop audacieux ! On ne saura donc pas qui sont ces gaspilleurs. Alors, on se perd en suppositions. Sont-ils comme c’est probable, même s’ils ne sont pas désignés à la vindicte populaire, ceux d’entre nous qui laissent couler l’eau au robinet du lavabo en se lavant les dents ?

Il eut pourtant été éclairant pour le lecteur de fixer la manière dont se répartit la consommation d’eau annuelle en France. On aurait ainsi appris que l’agriculture en consomme à elle seule autour de 70%, l’industrie un peu moins de 10% et la population, pour les besoins domestiques, autour de 20%. Si par conséquent, il s’avérait nécessaire d’économiser la ressource, on voit de suite où se situerait le principal gisement d’économies.

Or, on apprend ainsi que les agriculteurs de la FNSEA ne sont pas disposés à faire le moindre effort dans ce sens. Tout ce qui pourrait porter atteinte à la sacro-sainte productivité dont ils sont les gardiens intransigeants est par avance banni. Et se nomme selon eux approche dogmatique. Pas question par exemple de se laisser imposer la culture bio ou le pâturage sur les surfaces où se situent les captages d’eau potable.

Pour la FNSEA, une seule manière existe de résoudre le problème. Créer du stockage massif d’eau pour sécuriser la production agricole. Et cela, par deux moyens : mettre un terme à ces « règlementations environnementales tatillonnes » qui freinent les projets et en appeler aux fonds publics, donc au contribuable, pour financer ces investissements.

La petite musique sarkozyste de : « l’environnement, ça commence à bien faire » n’est pas loin. Car, si la FNSEA n’appelle officiellement à voter pour aucun candidat, comme l’affirmait un de ses membres sur France Inter le samedi 3 mars, la lecture de ce petit journal de campagne est particulièrement édifiante et ne laisse planer aucun doute sur le choix qu’elle conseille à ses adhérents. Et pour cela, la FNSEA n’hésite pas un instant à chausser ses gros sabots.

H. Dezeaux

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