26 avril 2012

Sarkozy : pas de limite, pas de principe…

Laurent Fabius à Val-de-Reuil : S'il est réélu, Sarkozy n'aura plus aucune limite. (photo JCH)
Lors du grand meeting régional d’entre deux tours organisé la 24 avril dernier au Val-de-Reuil, Laurent FABIUS, devant près de 1.300 militants et sympathisants, a jeté un froid (dans le dos…) :  « imaginez que Sarkozy soit réélu ; n’étant plus soumis à réélection, il n’aura plus aucune limite… » Franchement, la perspective est en effet effrayante ! Et il en prend déjà le chemin : en témoigne sa stratégie vis-à-vis du front national, sa provocation autour du « vrai travail », sa proposition de présomption de légitime défense…encore trois semaines de campagne au lieu de deux, et il nous proposera le rétablissement de la peine de mort et de la Cour de Sureté de l’Etat !

Après son fiasco du premier tour et devant la perspective de la défaite, l’encore Président dévoile toute la mesure de son tempérament et en particulier son intolérance absolue à la contradiction et à la critique, en particulier lorsqu’il s’agit de son positionnement vis-à-vis de l’extrême droite ; alors, du cynisme politicien il passe à la morgue et à l’outrance : interdiction est faite de critiquer le rapprochement avec le FN.
Dans l’esprit malade du sortant, « les extrêmes se rejoignent ». Quelle idiotie ! Pour plusieurs raisons, qu’il faut rappeler autour de nous pendant ces quelques jours à venir :
— D’abord, la gauche du PS, qui n’a plus grand-chose de très extrême d’ailleurs, quand elle stigmatise, le fait en direction de catégories sociales : feu sur les riches, les privilégiés, les grands capitalistes, les bien-nés. Que l’on partage ou pas cette idée, ce qui justifie cette colère c’est le comportement social ou économique de ceux que pointe le discours. Il s’agit donc de vilipender un comportement volontaire, une volonté en marche, un positionnement librement consenti et recherché. L’évasion fiscale, l’accumulation de richesses, la spéculation sont le fruit de ceux qui veulent bien les commettre, pas un état inné.
— Tout au contraire, l’extrême droite pointe comme ennemis désignés ceux qui ont pour seul stigmate d’être ce qu’ils sont, intrinsèquement, substantiellement, intimement ; celui qui est différent et qui pour cette raison même est suspect : depuis quand choisit-on d’être noir, maghrébin, juif ? Depuis quand est-ce un choix qui intéresse l’Etat d’être chrétien ou musulman ? Depuis quand est-il compatible avec la République de se poser des questions aussi absurdes ?
— Les extrêmes ne se valent pas ! N’en déplaise à l’UMP, s’allier avec le Front de gauche ce n’est pas la même chose que de braconner sur les terres idéologiques du Front national, moralement, éthiquement, politiquement, comparer les deux n’est pas seulement une faute, c’est une mystification totale.
Ensuite, qu’on ne vienne pas nous dire que François Hollande et Nicolas Sarkozy parlent tous les deux de la même manière aux électeurs du FN ! L’honnêteté intellectuelle minimale conduit à constater que le candidat de la gauche, s’il dit comprendre leurs inquiétudes et leurs angoisses, veut leur faire entendre qu’ils se trompent de cible, que leur colère légitime est mal dirigée, que ce n’est pas à l’immigration que l’on doit le chômage mais à la politique économique d’austérité absurde imposée par le libéralisme débridé, que l’insécurité est un facteur social avant d’être le fruit d’une communauté, que la priorité ce doit être l’éducation, la laïcité, le vivre ensemble et pas l’exclusion de telle ou telle supposée communauté ;
Le Président sortant, au contraire, après avoir pendant 5 ans mis l’accent sur les thèmes chers au FN (identité nationale, immigration, laïcité à géométrie variable… ) au lieu de faire venir à lui l’électorat lepeniste, fait le chemin inverse et emprunte directement ses idées et leur donne raison : désormais, ce qui serait déterminant pour l’avenir de la France, ce serait la question migratoire, la défense des frontières, la sécurité, le « vrai travail » (dont on ne sait ce qu’il est, sinon qu’il n’est ni celui des fonctionnaires, ni celui des « assistés »…pas plus que celui des chômeurs et des précaires).
Le dernier coup médiatique en date, cette proposition de présomption de légitime défense de la police (et tant pis pour l’indépendance des juges…mais de ça on a l’habitude) est ainsi directement issue du programme frontiste !
Le rapprochement idéologique avec le FN est tel qu’une précision a même dû être apportée par le sortant lui-même : il n’y aura, parait-il, aucun accord avec le FN en cas de victoire, pas plus que de ministre frontiste dans un second quinquennat Sarkozy : s’il a fallu le dire, c’est que précisément, ça n’allait pas sans dire !
Cet acharnement à briser tous les tabous imposés par les principes républicains pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir laisse en effet entrevoir le danger extrême d’une réélection de cet homme qui, alors, ne sera plus tenu par aucun principe, aucune limite. Alors oui, ça fait vraiment peur ! Tous aux urnes le 6 mai ! Votons.
Marc FRANÇOIS

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