23 juillet 2012

François Hollande regarde en face la réalité de l'histoire de France


Le général de Gaulle et Pierre Mendès France à Louviers en 1945.
"Peut-être que M. Hollande se sent proche de la France des notables apeurés qui se sont précipités à Vichy après l'armistice. Ce n'est pas ma France." On peut s’appeler Henri Guaino et être un imbécile. A moins qu'il ne s'agisse d'une posture. L'ancienne plume de Nicolas Sarkozy est l’un des rares avec Dupont-Aignan et quelques autres ultras d’un gaullisme dévoyé, à regretter le discours de François Hollande à l’occasion du 70e anniversaire de la rafle dite rafle du Vel d’hiv en souvenir du jour honteux qui vit les policiers français sur ordre de chefs français et à la demande des Allemands, procéder à l’arrestation de plus de 14 000 juifs (hommes, femmes et enfants) dont le seul crime était d’être…juif.
Henri Guaino reproche à François Hollande d’avoir affirmé (après Jacques Chirac) que cette rafle s’était produite en France et avait été accomplie par la France. Guaino, s’il ne se reconnaît pas dans cette France-là et c’est  tout à son honneur, ne peut nier que le chef de l’Etat français (à qui les pleins pouvoirs avaient été délégués par un vote) avait fait donner l'ordre de cet acte abominable à la police française sans l’assistance d’un seul soldat allemand. Est-ce donc si difficile, est-ce donc si inconcevable de reconnaître la réalité — sinon la vérité — d’actes commis au nom d’une idéologie (la Révolution nationale) et d’un chef fascisant (Philippe Pétain) ?
Henri Guaino devrait revoir « Le chagrin et la pitié » que les Lovériens et les amateurs d’histoire pourront apprécier à nouveau lors d’une soirée de l’automne prochain. Ce film sera d’ailleurs présenté et commenté par Marcel Ophuls, le réalisateur, invité dans le cadre du 30e anniversaire de la mort de Pierre Mendès France (1). Ce document, récemment programmé sur Arte, démontre bien quelle fut la part d’abjection des supporters de Pétain et la part d’une forme d’aveuglement de certains Gaullistes refusant de regarder la France en face. Il y eut la France de la collaboration, celle de la Résistance et aussi celle de l’attentisme et de l’indifférence. « La chagrin et la pitié » demeure un document irremplaçable. Il explique bien comment tel notable se grandit en choisissant le camp de la rébellion et comment tel autre se fourvoie dans la fange des Vychistes. Henri Guaino se souvient certainement des paroles du général de Gaulle : « Considérant que la République française n’avait jamais cessé d’exister » il avait déclaré le régime de Vichy « nul et non avenu » à la libération en 1944. Mais cette déclaration n’était pas parole d’évangile. Le chef de la France libre ne pouvait par son seul verbe, gommer près de cinq années de l’histoire de France. C’est cette dure réalité que Jacques Chirac, d’abord et François Hollande, ensuite, ont eu le courage de regarder en face.
(1) Je publierai à la rentrée le programme complet des conférences, exposition, projections organisées en hommage à l'action de Pierre Mendès France.

Aucun commentaire: