12 novembre 2012

L'inique procès de Pierre Mendès France par Christiane Rimbaud

En 1986, Christiane Rimbaud, historienne, avait sorti chez Perrin un livre préfacé par Jean-Denis Bredin sur « le procès Mendès France ». Ce procès eut lieu en 1941 à Clermont-Ferrand. Il s'est agi d'un procès militaire. Le chef d'inculpation : la désertion alors même que Pierre Mendès France tentait de rejoindre son unité combattante au Maroc (1) selon des ordres formulés par ses supérieurs. Christiane Rimbaud, invitée par la Société d'études diverses, était présente, samedi à Louviers, pour rappeler comment les autorités de Vichy ont souhaité faire de la mise en accusation de PMF un procès contre le Front populaire, contre la Gauche, contre les juifs.
Ceux et celles qui s'intéressent à la justice sous Vichy, sections spéciales, juridictions très spéciales, liront avec avantage les ouvrages consacrés à ce scandale d'Etat. Mme Rimbaud s'est attachée à décrire avec minutie le processus insidieux et inique mis en place par Vichy et par le procureur et les juges désignés afin de condamner à tout prix Pierre Mendès France.
Mme Rimbaud affirme que cette condamnation fut la plus importante atteinte à l'honneur et à la dignité de PMF. Il n'eut de cesse, après la guerre et son comportement exemplaire auprès du général de Gaulle et au sein des forces aériennes combattantes, de faire casser le jugement le condamnant à six années de prison, à la dégradation et à la privation de ses droits civiques. Même si ce fut un grand malheur pour PMF, on peut aujourd'hui s'interroger sur le sort qui aurait été le sien s'il n'avait pas réussi à s'évader de sa prison. Georges Mandel et Jean Zay (« mon ami Jean Zay ») n'ont -ils pas été assassinés par la milice quelques semaines après le débarquement en Normandie ?
Il se trouve que Marcel Ophüls, auteur avec André Harris du film « Le chagrin et la pitié » sera présent à Louviers au cinéma Forum, vendredi à 18 heures, à l'occasion de la projection de ce film longtemps interdit à la télévision. On y voit et entend Pierre Mendès France raconter son évasion de la prison de Clermont et évoquer le climat de haine qui stigmatisait le Front populaire, les juifs et les Gaullistes.
(1) Ce fut l'affaire du Massilia, du nom du bateau sur lequel étaient montés à Bordeaux des parlementaires et des militaires voulant poursuivre la lutte contre les Allemands. C'est pendant la traversée vers le Maroc que l'armistice fut signé et que Vichy décida de mettre en cause les passagers pour désertion.

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