23 mars 2012

Les mesurettes de Sarkozy ne sont que des mots

Voilà qu'aujourd'hui les langues se délient et qu'on en sait chaque jour un peu plus sur Mohamed Merah. Bien des questions se posent (voir mon post d'hier) encore sur le rôle de Claude Guéant dans la conduite policière de l'identification du présumé suspect et l'assaut aboutissant à la mort du (présumé ?) forcené terroriste, sur les ordres de Sarkozy, sur les informations que possédait la DCRI et aussi sur le non maîtrise par les magistrats d'un dossier jugé explosif au plus haut niveau de l'Etat. Alors attention ! Il faut prendre chaque déclaration des ministres et des responsables de l'UMP avec des pincettes. Depuis hier et même avant, les snipers (drôle de nom pour des politiciens) Rosso-Debord, Copé, NKM, se laissent aller à de viles agressions contre François Hollande et les socialistes. Procès d'intentions, insultes, critiques rien ne manque pour noircir le candidat potentiellement gagnant de la future élection.
Même Bernadette Chirac est appelée pour monter au front. C'est dire la panique qui saisit subitement le camp de Sarkozy qui a bien compris qu'une fois passés l'émotion et l'enfumage systématique des médias, les observateurs allaient gratter un peu plus dans le dossier et découvrir des éléments que Sarkozy ne veut pas rendre publics. Interrogé hier par un journaliste, il a eu cette réponse fameuse : « vous n'avez pas à tout savoir ». Secret défense sur les sondages, secret défense sur l'affaire Karachi, secret défense sur la mort de Mohamed Merah…secret, toujours le secret. On peut faire confiance aux journalistes de Médiapart, de Libération, du Monde, pour nous en apprendre plus sur le suivi de Mohamed Merah et sur un homme que le FBI interdisait de vol sur le territoire américain. Ses voyages en Afghanistan et au Pakistan intriguaient donc les services de sécurité américains plus que les services de sécurité de notre pays !
Alors, les mesurettes proposées en catastrophe par Sarkozy-Fillon, impossibles à voter avant l'élection présidentielles puisque l'Assemblée nationale ne siège plus, apparaissent comme autant de coups médiatiques, des coups tellement répétés après chaque divers ou chaque drame que les Français se lassent de ces effets d'annonces totalement improductifs. Sur les fanatiques, d'une part, et sur les électeurs d'autre part. Allez dire aux Djihadistes fondamentalistes qu'ils risquent une amende pour consultation de sites intégristes et ils vont riront au nez !

22 mars 2012

Le Sarkozysme ? De la météo adaptée aux sondages

Ne soyons ni dupes ni naïfs. Il est évident que les événements dramatiques de Toulouse et de Montauban sont utilisés directement — ou non — par les partis politiques dans le cadre de la campagne des élections présidentielles. D'ailleurs, Mme Rosso Debord, l'une des porte-parole de l'UMP s'est empressée d'attaquer François Hollande (au moment même où Sarkozy serrait la main du candidat socialiste) l'accusant de vouloir instrumentaliser les différents drames vécus comme tels par la communauté nationale. Quel culot ! Sarkozy le candidat, redevenu le président l'espace de quelques jours a surjoué la compassion, la douleur, l'unité nationale…un rôle qui lui allait d'autant plus mal que pendant un mois, il a agressé verbalement et violemment son principal concurrent socialiste.
Le forcené fondamentaliste étant mort aujourd'hui, la campagne va reprendre ses droits dès ce soir. Heureusement car dans cet épisode dramatique, la médiatisation a profité à plein à Sarkozy. Voilà des minutes précieuses, des temps de paroles également importants que le CSA ne décomptera pas mais qui ont et auront une influence sur les Français.
Pour autant des questions doivent être posées. On nous dit que Mohamed Merah était suivi par la DCRI depuis des mois !  On nous affirme que son dossier pénal et judiciaire était épais comme une collection de dictionnaires ! Alors quoi ? Il était dangereux ou il ne l'était pas ? Ses séjours dans les zones tribales afghanes comptaient-elles pour du beurre alors qu'il s'entraînait au maniement des armes de poing ? On nous raconte également que d'autres jeunes font des séjours au Pakistan et soutiennent les Talibans dans le pays voisin. On cite des Jeunes Allemands, des Français d'origine maghrébine…Qu'en est-il exactement ?
Avec Sarkozy, on devait avoir la sécurité absolue, la protection totale des biens et des personnes. Quel est le bilan exact de ses cinq années et dans tous les domaines de la sécurité ? N'est-ce pas lui qui a diminué le nombre de policiers et de gendarmes (moins 10 000) n'est-ce pas le même qui veut remettre en cause les accords de Schengen au mépris de tous les accords et traités signés depuis une décennie ? Ces contradictions expriment la réalité du sarkozysme : de la météo permanente adaptée aux sondages payés par les contribuables.

Dominique Reynié, faux expert mais vrai manipulateur

Comment contourner la règle de l’égalité du temps de parole entre les candidats à l’élection présidentielle ? La recette est simple, mais efficace. Elle consiste pour l’essentiel à faire venir sur les antennes des radios et sur les plateaux de télévision, de soi-disant experts. Des politologues, des chercheurs en sciences politiques, qui, dans ce rôle d’expert qu’ils jouent autant qu’on leur fait jouer, seraient par nature, des personnes neutres, analysant « scientifiquement » le déroulement de la campagne, donc de manière incontestable et non partisane. Rien n’est moins vrai cependant. Mais ainsi catalogués, leur temps de parole n’intervient pas dans le décompte opéré pour chacun des candidats. Et le tour est joué.

Pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur le cas de Dominique Reynié, exemplaire à plus d’un titre. Depuis quelques jours, il est partout. Il enchaîne interviews et débats avec fébrilité, délivrant ses verdicts sur un mode péremptoire qui ne souffre aucune controverse.

Dominique Reynié, diplômé de Sciences-Po Paris où il enseigne, après avoir été expert auprès de la Commission européenne, est le directeur général de la « Fondation pour l’innovation politique ». C’est à ce titre qu’il est le plus souvent présenté là où il sévit. « Fondation pour l’innovation politique », c’est la dénomination ronflante d’un organisme qui se voudrait tout ce qu’il y a de plus officiel. Ce qu’il n’est pas. « La Fondation pour l’innovation politique », de droit privé, n’est qu’un cercle de réflexion français de centre droit et d’orientation libérale créé en 2004 avec le soutien de l’UMP. Jacques Monod, ancien conseiller de Jacques Chirac, en serait encore le président. C’est tout dire. Dès lors, il apparaît clairement que cet organisme n’est qu’un faux nez de la Droite dont le porte-parole en est son directeur général, Dominique Reynié. Yves Calvi sur France 5 et bien d’autres journalistes politiques à France Inter comme à France Culture seraient bien avisés, s’ils étaient intellectuellement honnêtes, de le rappeler chaque fois qu’ils l’invitent, ce qu’ils se gardent bien de faire.

21 mars 2012

Quand Jean-Luc Mélenchon « reprend la Bastille »

C’est la première fois, en pleine campagne électorale, qu’un candidat osait appeler à une manifestation de rue. Et ce fut une belle réussite : plusieurs dizaines de milliers de sympathisants, sans doute plus de 100 000 personnes ont défilé dimanche 18 mars entre Nation et Bastille.

Deux fois plus de participants qu’à Villepinte le dimanche précédent, malgré tout l’argent dépensé par l’UMP et malgré la pluie car, dimanche il y avait toutes les raisons de scander « Le temps est pourri, le gouvernement aussi ! »

Le centre de gravité de la gauche se déplace à gauche
La manifestation de dimanche va pousser la gauche plus à gauche et c’est tant mieux. Elle va aider à mettre les questions sociales au centre du débat de la présidentielle et c’est tant mieux.
Comme le souligne Hervé Gattegno, rédacteur en chef du Point sur les ondes de RMC, à l’adresse des gens de droite : « Ce n’est pas parce que Nicolas Sarkozy et les siens trouvent subitement toutes les qualités du monde à Jean-Luc Mélenchon qu’il est forcément leur allié ».
Bien au contraire car Jean-Luc Mélenchon a réussi à cristalliser toute une sensibilité de la gauche que François Hollande n’arrive pas à fédérer.
Bien au contraire, car cette manifestation fait barrage à la volonté de Nicolas Sarkozy d’abaisser le plus qu’il le peut le niveau de la campagne pour nourrir l’abstention.
C’est sans doute la première leçon à tirer de ce dimanche 18 mars.

Une seule gauche
C’était évident et c’est sans doute la deuxième leçon à tirer de cette manifestation réussie. Tous les commentaires des médias l’attestent : la manifestation du 18 mars mêlait des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (sans doute les plus nombreux) et des électeurs de François Hollande, heureux de voir leurs idées « reprendre » la Bastille.
Benoît Hamon le constatait justement : « C’est poreux entre les différentes formations de gauche ». Tous les sondages d’opinion le confirment puisque 90 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon déclarent qu’ils voteront François Hollande au second tour.
Il n’y a pas de concurrence entre « deux gauches » mais complémentarité entre toutes les sensibilités de la gauche pour battre Sarkozy. Affirmer le contraire serait prendre le risque de diviser la gauche et d’entraver la dynamique de victoire au second tour. Face à ce que signifierait la victoire de Sarkozy, pour l’emploi, les salaires, la santé, le droit de grève, l’école... nous sommes tous (PS, FG, Ecologistes, NPA, LO) dans le même camp. Chaque composante de la gauche contribue à la victoire finale.
Le meilleur des programmes ne servirait à rien sans la victoire commune. Cette victoire permettra au contraire de faire avancer, en reprenant la Bastille à chaque fois qu’il le faudra, toutes les revendications dans lesquelles 80 % des électeurs de gauche se reconnaissent : VIe République, 35 heures, retraite à 60 ans, Smic à 1700 euros par mois…
En 1936, le Front populaire n’avait dans son programme ni les congés payés, ni la semaine de 40 heures, ni les conventions collectives. Mais c’est la victoire du Front Populaire qui a permis la mobilisation du salariat, la grève générale et amené la majorité de gauche à voter toutes ces mesures.

Rien n’est joué
L’élection présidentielle est l’élection clef de la Ve République. Chacun sait qu’elle déterminera la couleur de la vague qui suivra aux élections législatives : rose-rouge-verte ou bleue. Nous n’avons pas choisi ce cadre, il nous est imposé par la constitution de la Ve République.
Non, le danger d’un nouveau 21 avril n’est pas écarté. En 2002, Jean-Marie Le Pen atteignait 17 % des suffrages exprimés au premier tour alors qu’il culminait à 12 % dans tous les sondages 10 jours plus tôt. C’est parfaitement compréhensible, 30 % des électeurs prennent leur décision dans ces derniers 10 jours. Ce sont souvent les moins politisés, les plus enclins à voter pour le Front National. Marine Le Pen est aujourd’hui aux alentours de 17 % à cinq semaines du 1er tour. Si elle progressait dans les mêmes proportions que son père en 2002, elle se situerait à 24 % le 22 avril. François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen se retrouveraient alors dans la même fourchette de 23 ou 24 %. Un vrai cauchemar. Bien sûr, cela n’a rien d’inéluctable. Mais qui pourrait accepter de courir ce risque ?
Il est important, ensuite, que François Hollande soit en tête au 1er tour. L’argument qui voudrait que cela n’ait pas d’importance sous prétexte que François Mitterrand soit arrivé second en 1981 et Lionel Jospin en tête en 1995, ne tient pas la route. C’est faire abstraction de l’image de « gagnant » dont bénéficie Sarkozy auprès des gens de droite. Casser cette image et étouffer dans l’œuf la dynamique de sa campagne de second tour est un enjeu déterminant du 1er tour de la présidentielle.
Sarkozy n’est pas encore battu. Le seul candidat de gauche capable de le battre, c’est François Hollande. Pour nous, socialistes animateurs de la revue Démocratie & Socialisme, il est important que dès le premier tour une forte dynamique se créée autour du candidat socialiste pour assurer sa victoire le 6 mai.

(communiqué de Démocratie et socialisme)

20 mars 2012

Tuerie de Toulouse : émotion et recueillement devant la douleur des familles

Communiqué de la fédération de l'Eure du Parti socialiste : 
« C’est avec une vive émotion que les socialistes de l’Eure, comme tous nos compatriotes, ont appris la tragédie qui s’est abattue ce matin sur l’école Ozar Hatorah de Toulouse.
Il n’est pas nécessaire d’avoir des enfants, de les emmener chaque jour à l’école, pour condamner cette abomination. Mais, parce que les victimes sont aussi des élèves, des parents et des enseignants, cet acte lâche et abject paraît encore plus odieux. Celui qui utilise une arme sur le chemin d’une école est deux fois criminel.
Notre solidarité va évidemment vers les victimes et leur famille. Elle s’adresse, ainsi que François Hollande qui s’est rendu sur place en début d’après-midi l’a rappelé, à la communauté juive intentionnellement frappée.
Le chagrin et la peine qui est la leur doivent être partagés par la Nation toute entière. Nous les partageons.»

CASE ET CREA : un mariage sous le signe de la démocratie et de l'efficacité ?

Communiqué de Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, vice-président du conseil régional de Haute-Normandie

Les épousailles des communautés d'agglomération Seine-Eure et Rouen-Elbeuf-Austreberthe, les fiançailles ayant été prononcées à Val-de-Reuil en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ce qui fit jaser, se dérouleront à Rouen ce soir. Dans la corbeille, la promise de l'Eure déposera, rougissante, la dote qu'elle apporte à son futur seinomarin. Ce trousseau aura cependant ceci de particulier qu'il aura été fourni ou payé, au moins partiellement, par un invité qui n'a pas été convié au banquet. Parmi les participants à l'émouvante cérémonie qui verra les deux familles se partager délégations et commissions, probablement regardera-t-on le bout de ses souliers cirés lorsqu'on évoquera les mérites et les vertus, pas petites assurément, de la jeune fille à caser.


En effet, en vantant, si ce n'est la beauté de celle au doigt de laquelle l'anneau haut-normand sera passé, du moins la qualité des équipements dont le domicile conjugal sera bientôt agrémenté, on parlera au fil de l'ordre du jour et des compétences abordées, transports sans que la commune qui, pour la CASE, abrite la gare SNCF, sera le point d'arrivée de la l'A28, supporte l'échangeur avec la A154 ne soit conviée. On causera, pendant le repas des noces, de tourisme fluvial sans que le territoire qui permettra à la base de loisirs de Léry-Poses de se doter d'un port accessible depuis la Seine soit représenté. On parlera sans doute au café développement économique sans que la ville qui a su attirer (EDF, Orange…) ou développer (Sanofi…) de grands noms de l'industrie française, celle qui constitue selon l'administration fiscale, rarement prise en défaut lorsqu'il s'agit de débusquer richesses et activités, le principal pôle d'attraction économique de l'Eure devant le "Long Buisson" d'Evreux ne puisse seulement intervenir.

Pourquoi ce parti pris ubuesque ? Pourquoi retrancher lorsque l'on va unir ? Le Président de la Communauté d'Agglomération a décidé, seul, que la plus jeune commune de France et la plus vaste de l'intercommunalité ne serait pas incorporée dans la délégation qu'il conduira. Il n'en veut pas. Il n'en aime pas le maire qui, parfois, ne dit pas la même chose que lui. Veut-on une raison plus transcendante ? Laurent Fabius qui, selon une phrase qu'il cite souvent, "a une excellente mémoire puisqu'il oublie tous", outre le pardon des offenses qu'il a largement pratiqué en passant l'éponge sur les jugements à l'emporte-pièce et autres qualificatifs «délicats» dont le Maire de Louviers sût très généreusement, jusque dans le passé le plus  récent, le combler, a eu beau se dépenser sans compter pour qu'il soit renoncé à cette aberration qui met en cause la crédibilité et la légitimité du nouvel ensemble, le pôle métropolitain se fera sans les 15 000 Rolivalois. Rien n'y a fait. On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif. Il n'est pire sourd…etc...

On dira "qu'importe". Il importe justement et ce pour trois raisons qui sont essentielles. D'abord parce que l'arbitraire ne peut triompher en République. C'est même pour cela que le peuple a pris la Bastille. Ensuite parce que l'efficacité ne sera pas au rendez-vous ce qui peut, pour le Président de la CASE, être une habitude, mais qui sera une exception pour le premier adjoint de Grand-Quevilly. Enfin parce que la démocratie n'y trouvera pas son compte. Concernés au premier chef par les compétences du pôle ainsi créé, plusieurs milliers de citoyens, de contribuables, d'usagers ne pourront, par leur vote aux élections municipales de 2014, n'exercer aucun contrôle sur les décisions censées, biaisées ou ratées  que ce rassemblement d'établissements publics composé de délégués et non d'élus prendra. Voter pour ou contre leur conseil municipal ne changera rien. Il a été mis de côté. La République, la démocratie et l'efficacité absentes, d'autres bonnes fées ont sans doute concouru à ce que le mariage soit célébré. Pourra-t-il ainsi raisonnablement durer ? Il peut encore, par exemple, s'amender et, ainsi, s'améliorer.

19 mars 2012

Tapie racole pour Sarko

Le présentateur du journal de France 2, Laurent Delahousse, a eu raison de noter que nombre de Français vont lui adresser des mails ou téléphoner à la rédaction pour lui demander de justifier l'invitation faite à Bernard Tapie de venir s'exprimer dimanche sur le plateau de la chaîne publique à l'occasion de l'élection présidentielle. Tapie c'est le bateleur, l'ancien président de l'OM, l'homme d'affaires qui s'est vu attribuer je ne sais combien de centaines de millions d'euros dans le scandale du Crédit Lyonnais. Pourquoi lui ?
Interpellé par Laurent Delahousse sur l'aide précieuse que lui aurait apporté Sarkozy, Tapie a eu ce mot magnifique : « il n'a pas empêché la solution du problème ». Comprendre, Sarkozy a tout fait pour me renvoyer l'ascenseur, moi qui avais appelé à voter pour lui en 2007. D'ailleurs Christine Lagarde, ancienne ministre de l'Economie et des finances, risque d'avoir des ennuis pour certaines de ses décisions, notamment relatives à l'arbitrage privé en faveur de l'ancien repreneur de Wonder qui lui a permis de recevoir des dizaines de millions d'euros. Et puis, Sarkozy n'est pas l'ennemi de la finance même si Tapie n'était pas présent au Fouquet's. Sarkozy est le président des riches, donc de Tapie.
Et que croyez vous que nanard a répondu quand on lui a posé la question de savoir qui il allait soutenir le 22 avril ? Je vous le donne en mille ! Il va soutenir Sarko bien sûr. Pourquoi pas Hollande ? Parce que Hollande a dit que son adversaire à lui c'était le monde de la finance !
Heureusement Tapie est aujourd'hui un homme de théâtre  — il était d'ailleurs venu faire sa pub pour une pièce prochaine — et il serait bien que les journalistes s'en tiennent à son activité de comédien. Car comédien, c'est encore le métier qui lui va le mieux. On l'a connu ministre de la ville, président d'un club professionnel, radical de gauche, homme d'affaires, détenu…et sarkozyste. Qu'il le reste.

Avec le Front de Gauche à la Bastille : « Vite, la VIème République ! »



 de Reynald Harlaut, Front de Gauche


Ce fut une grande et belle journée. Une journée de fraternité où se sont retrouvés, venus de toute la France, celles et ceux qu’on vit au cours des dernières semaines, venir de plus en plus nombreux dans les meetings du Front de Gauche à Nantes, à Metz, à Villeurbanne, à Montpellier, à Rouen, à Clermont-Ferrand. Celles et ceux pour qui Jean-Luc Mélenchon incarne à présent à gauche l’espoir d’un véritable changement.
Que nous importent les chiffres de la participation : 50.000, 100.000, 120.000 ? Les photos sont là pour témoigner de l’affluence des grands jours. La place de la Bastille était noire de monde. Une foule compacte débordait largement sur toutes les avenues y menant. Jeunes et vieux, hommes et femmes étaient là, au coude-à-coude, serrés les uns contre les autres.
Partout des sourires. Partout la joie manifestée du bonheur de se retrouver ensemble. Partout la ferveur populaire. Une forêt de drapeaux, où dominait largement le rouge, battant au vent au-dessus des têtes. L’émotion très visible sur le visage de ces vieux militants communistes qui pourtant en ont vu d’autres, mais n’en croient pas leurs yeux de voir se produire ce qu’ils n’osaient plus espérer. L’image, offerte au pays tout entier, du peuple, rassemblé, calme mais déterminé, après des années de résignation, à prendre ses affaires en main.
« Prenez le pouvoir ! » Le slogan du début de campagne prenait tout son sens. Il est temps de tourner la page a dit Jean-Luc Mélenchon. Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, alors que les pays du Maghreb abordent un tournant de leur histoire, une page se referme. Celle qui conduisit à l’avènement de la Vème République dont les institutions furent une réponse à ce moment tragique de notre histoire.
Poussé à son paroxysme par le président sortant, le régime présidentiel de la Vème République a réduit la démocratie à une caricature. Craquant de toutes parts, à bout de souffle, il se révèle désormais incapable de faire face aux défis que nous pose le XXIème siècle. Incapable de proposer un autre modèle de société que celui qui asservit l’homme à l’économie et au pouvoir de l’argent. Incapable de relever le plus grand défi que l’humanité a eu à affronter depuis qu’elle existe : celui de garantir son propre avenir en s’opposant au pillage des ressources de la planète au seul bénéfice de quelques uns. Creusant, année après année le fossé de la dette écologique, autrement plus sérieuse que celle financière dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles.
Au terme de cette magnifique journée, l’espoir a changé de camp. Qui s’interroge un instant sur ces questions cruciales comprend immédiatement que des problèmes aussi vastes ne pourront être résolus par des demi-mesures constitutionnelles, législatives, sociales et économiques. Et que la France, mère de la Grande Révolution, peut encore à celles et ceux qui dans le monde nous regardent, leur montrer le chemin.

18 mars 2012

Le forum mondial de l'eau boit la tasse


« Si le Forum mondial de l'eau a bu la tasse, le Forum alternatif, organisé pour faire entendre d'autres voix que celles des multinationales et des gouvernements, a rassemblé près de 5000 personnes, c'est-à-dire beaucoup plus que ce qui était prévu, dans une ambiance chaleureuse et constructive et avec une forte participation de la population marseillaise. Le forum a été organisé par de nombreuses associations, réseaux, syndicats, parmi lesquels Attac dont les comités locaux ont joué pleinement leur rôle. Les luttes de dizaines de pays pour l'eau comme bien commun étaient représentées et plus de 50 ateliers se sont tenus.
Dans un pays champion des multinationales de l'eau et dans une ville qui a confié la gestion de son eau à Veolia et Suez, les mouvements citoyens présents revendiquent une gestion publique et citoyenne. Elle nécessite de remettre en cause le mode de développement productiviste, dans l'agriculture, dans l'industrie comme dans l'énergie, à commencer par les projets d'exploitation des gaz de schiste qui ravageront les eaux, les sols et les paysages. Elle s'oppose à l'économie verte telle qu'elle sera défendue par les élites politiques et économiques en juin au sommet de Rio +20, qui vise à soumettre la nature et nos sociétés à la loi du marché. La société civile brésilienne, avec la participation du mouvement altermondialiste, et notamment Attac, organisera à Rio un sommet des peuples, ainsi que des actions décentralisées dans chaque pays le 20 juin pour faire entendre d'autres voix et construire des alternatives. »
(communiqué de ATTAC France)

Quelques réflexions au débotté…

Angela Merkel est vexée. Elle qui avait été invitée publiquement à prendre la parole lors d'un prochain meeting de son « ami » Sarkozy a appris que le candidat sortant avait décidé de se passer d'elle. Il faut dire que les saillies de Sarkozy sur Schengen et la proposition de renégociation de traités approuvés jadis ne favorisent pas le discours pro-européen. Et comme Sarkozy s'est rendu compte que l'opinion française, notamment celle du non au traité constitutionnel, avait encore la cote, il s'est ravisé et jette aux orties une Angela Merkel qui, selon lui, ne sert plus à rien. Tel est Sarkozy : changeant, vélléïtaire, utilitaire.

Dans le même temps, François Hollande confirme qu'il est indispensable d'ajouter un volet croissance au traité signé récemment mais non encore ratifié. L'avantage de Hollande est qu'il n'est pas le seul à penser ainsi. Même des conservateurs considèrent que l'austérité seule ne permettra pas de voir la sortie du tunnel. Sans croissance, pas d'investissements, sans investissements, pas de créations d'emplois, sans création d'emplois, augmentation du taux de chômage et de la misère.

Jean-François Coppé avait promis de « massacrer François Hollande à la tronçonneuse. » On a le droit d'être amateur de films d'épouvante mais quand on est un responsable politique de premier plan , qu'on a participé au gouvernement, qu'on est secrétaire général de l'UMP, a-t-on pour autant le droit de mentir de façon éhontée ? A-t-on le droit de brandir des affiches et des tracts mensongers ? A-t-on le droit de ne pas écouter les réponses d'un adversaire politique aux questions qu'on formule et de débiter un chapelet d'inepties et de bobards ?
Face à François Hollande, Coppé s'est distingué. La mauvaise foi l'a disputé à l'incompétence.Voilà sans doute pourquoi Sarkozy a félicité Coppé pour sa prestation. Ils s'entendent comme larrons en foire.

L'opération « porte à porte » du Parti socialiste se prépare. Les habitants de notre région vont voir débarquer des militants et sympathisants, fervents soutiens de François Hollande, afin de les convaincre d'aller voter les 22 avril et 6 mai prochains. Maintenant que l'égalité du temps de parole à la télé et à la radio devient la règle, il est en effet indispensable d'en revenir aux bonnes vieilles méthodes qui ont fait leurs preuves. Certes, il sera impossible de frapper à toutes les portes de tous les foyers. La stratégie du PS consiste à déterminer des quartiers notés comme étant plus à gauche que d'autres où l'abstention est importante. L'objectif : motiver les électeurs (trices) pour qu'ils votent en faveur du « changement c'est maintenant. » Ceux qui ne voteront pas seront forcément d'accord avec la politique qui se fera sans eux. Si Sarkozy gagne, ils n'auront que leurs yeux pour pleurer.

Le stand du PS sur le marché de Louviers, samedi. (photo JCH)
Jean-Luc Mélenchon a le vent en poupe. Lui qui apprécie les métaphores marines ne contestera pas cette constatation. Ses voiles fonctionnent bien et le vent le pousse vers 12, 13 % pourquoi pas ? Faut-il s'en plaindre ? Je ne ne suis pas de ceux qui le pensent. Même si je peux déplorer les attaques de JLM contre François Hollande, je dois reconnaître que les critiques portent le plus souvent sur les idées et le programme du candidat socialiste. Mélenchon donne du sens à sa campagne, s'autorise des propositions osées, le fait avec une sincérité évidente. Mais il a été au PS pendant trente ans, il a été ministre, sénateur, il connaît les aspérités de la vie politique, il sait qu'à l'impossible nul n'est tenu. Il sait aussi qu'il ne sera pas élu président de la République et que sa participation si réussie vise à gauchir le discours et les actes de François Hollande. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est d'être copié par Sarko ! Décidément, il aura tout fait celui-là…

L’écologie, vue de mon clocher…


Nous avions consacré l’an dernier plusieurs articles à l’ouvrage de Fabrice Nicolino « Qui a tué l’écologie ? ». L’auteur, journaliste indépendant, s’intéressait de près au rôle réel que jouent les quatre grandes associations environnementales : le WWF (Fonds mondial pour la nature, Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot et FNE (France Nature Environnement). Fabrice Nicolino avait mis au jour les rapports troublants existant entre ces organisations et les pouvoirs politique, économique et financier – ce qu’on regroupe sous le terme d’oligarchie –, dans les pays occidentaux.

Eucalyptus
Le sujet peut et doit être élargi. Car il est aussi des personnalités qui méritent qu’on s’y arrête un instant. Des personnalités dont on se rend compte, si on les suit dans la durée, qu’elles ont fait de l’écologie leur fonds de commerce. On constate alors à quel point elles veillent jalousement sur lui, l’entretenant méthodiquement. Plus intéressées qu’elles sont à le faire fructifier qu’à régler véritablement les problèmes qui le font exister et les font vivre. De plus, elles se réclament généralement de l’écologie comme si elles en étaient les propriétaires attitrés, dénonçant avec un bel ensemble tout nouveau venu et d’une manière plus générale, tout ce qui pourrait d’une façon ou d’une autre leur porter ombrage. En les dépossédant par exemple d’une parcelle de leur pouvoir ou de leur autorité.

Tout ce petit monde fonctionne en bonne entente en un cercle restreint. On y retrouve pêle-mêle des personnalités comme le photographe Yann Arthus-Bertrand, Nicolas Hulot – toujours lui –, Denis Cheyssou l’animateur de « CO2, mon amour », le magazine écologique de France Inter. Gravitent autour des noms qui reviennent régulièrement. Des noms dont chacun s’accorde à dire qu’ils font autorité dans leur domaine. Autorité scientifique ou autorité morale, indiscutables, cela va de soi. Érik Orsenna est un de ceux là.

Brillant esprit, au point d’avoir été élu à l’Académie française, il fut longtemps le porte-plume de François Mitterrand. L’homme ne manque ni de charisme ni de talent pédagogique – il commença dans l’enseignement – et peut apparaître à plus d’un titre comme le parfait humaniste, nourrissant sa réflexion aux sources de la littérature et de la culture française, européenne et internationale. Autorité morale disions-nous, comme Martin Hirsch a pu l’être dans son domaine. Cela, c’est pour l’image de respectabilité.

Spécialiste des matières premières, il a occupé ou occupe encore diverses fonctions honorifiques liés au paysage, à la forêt, etc. La première interrogation à son sujet nous vint lorsqu’il participa aux travaux de la fameuse « Commission pour la libération de la croissance » dite « Commission Attali », créée à l’initiative du président de la République. Les conclusions des travaux, d’essence largement libérale, n’avaient guère d’états d’âme sur les ressorts de cette croissance dont le président avait dit qu’ « il irait la chercher avec les dents ». Que diable Érik Orsenna était-il allé faire dans cette galère sarkozyste ?

La confirmation de nos inquiétudes nous vint un peu plus tard, à l’occasion de la diffusion du film document « Crise, krach et gueule de bois » en janvier 2011 sur France 2. Film dans lequel Érik Orsenna déclarait, à propos des raisons d’espérer en l’avenir : « … Il faut changer les menaces en opportunités. Je voyage énormément. J’ai fait un livre sur l’eau. Et je me rends compte que l’eau sera un des problèmes principaux que va rencontrer la planète. Et comme par hasard, les deux plus importantes, les plus efficaces sociétés au monde dans le domaine de l’eau et de l’assainissement sont des sociétés françaises ». S’agissant des enjeux, on ne saurait être plus clair ! M. Orsenna est un des lobbyistes les plus influents des multinationales de l’eau. Qu’on se le dise !

Apparemment, cela n’a pas l’air de déranger outre mesure M. Denis Cheyssou qui vient de l’inviter à nouveau dans son émission, en direct du Salon du livre, à l’occasion de la parution de son dernier ouvrage écologique « Sur la route du papier ». Très grande consommatrice de bois autant que d’eau, l’industrie papetière occidentale fait de plus en plus appel à des bois importés comme l’eucalyptus, à croissance extrêmement rapide, et dont la plantation, tout comme celle du palmier à huile, tend à se substituer un peu partout dans le monde, à des forêts primaires qu’on détruit. Sans que M. Orsenna n’y trouve grand-chose à redire, considérant la situation actuelle comme irréversible et, semble t-il, la culture de l’eucalyptus comme un moindre mal.

Le même Denis Cheyssou avait pourtant commencé par se plaindre parce qu’aucun des candidats à la présidentielle ne prendrait sérieusement en compte l’écologie dans ses interventions, la reléguant ainsi au plan des sujets anecdotiques, à droite comme à gauche. S’agissant des candidats de droite, nous n’en sommes guère surpris. Nous ne nous attendions pas à voir celui qui a été le coproducteur de l’enfumage dénommé « Grenelle de l’Environnement » puis a ensuite déclaré « l’environnement, ça commence à bien faire » se transformer en écologiste exigeant. Mais à gauche, M. Cheyssou fait encore comme s’il n’existait aucun autre candidat que celui du Parti socialiste, pour dénoncer l’indigence de son programme en matière d’environnement. Pas un mot de la campagne d’Éva Joly, pas plus que de la planification écologique du programme du Front de Gauche. Jean-Luc Mélenchon y a pourtant consacré l’essentiel de son discours le 14 mars lors de son meeting de Clermont-Ferrand. Mais tout cela se passait il est vrai, loin, si loin de ce petit cénacle dont nous avons parlé.

C’est pourquoi M. Denis Cheyssou n’a rien entendu. Par chance, il avait aussi invité une indignée, pour lui permettre, selon l’expression consacrée, de pousser un « coup de gueule » : Isabelle Delannoy, accessoirement coscénariste avec Yann Arthus-Bertrand du film « Home », et collaboratrice du même pour « La Terre vue du ciel ». Une experte, donc, des questions environnementales, qui vient de créer à point nommé « un collectif de femmes professionnelles de l’écologie » intitulé « Vertes de rage ! ». Ce collectif a lancé son « appel du 8 mars, à toutes celles et ceux qui pensent que l’écologie devrait occuper une position centrale dans les débats à la présidentielle, ce qui n’est pas le cas ». Isabelle Delannoy se fait donc le porte-parole dudit collectif. On est sauvés !

Après cela, nous ferions preuve du plus mauvais esprit à souligner ce dont il n’a pas été question dans l’interview. Qu’Isabelle Delannoy a écrit un livre intitulé : « Environnement : les candidats au banc d’essai ». Et que cela n’a vraiment, mais alors vraiment rien à voir avec son coup de gueule. La preuve, c’est que lorsqu’on clique sur le titre du livre dans la présentation de l’émission sur le site de France Inter, on se retrouve directement sur une librairie en ligne pour commander l’ouvrage. On comprend alors pourquoi elle n’est pas au courant du programme écologique des candidats en 2012. C’est que le bouquin a été écrit en 2007, qu’il y en a encore à vendre 2 neufs et 14 d’occasion à 1,99 €. Mais à ce prix là, c’est une affaire. Et on sera ainsi très heureux de savoir ce que pensent de l’écologie les candidat-e-s Ségolène Royal, Philippe de Villiers, Olivier Besancenot, Dominique Voynet et Jean-Marie Le Pen, et ça, foi d’écologiste, c’est du vrai recyclage !
C’était le spécial copinage de « CO2, mon amour ».

Reynald Harlaut