10 novembre 2012

« Commission Jospin » : l’urgence démocratique commande plus et mieux

« La Commission sur la rénovation et la déontologie de la vie publique vient de rendre son rapport, qui doit alimenter la préparation d’un projet de révision de la Constitution pour le début de l’année 2013.On y retrouve une part importante des engagements pris en la matière par le candidat François Hollande : responsabilité pénale du président de la République pour les actes détachables de ses fonctions, interdiction des cumuls entre mandat parlementaire et fonctions exécutives locales, renforcement des sanctions financières en cas de non respect de la parité, instillation d’une dose de représentation proportionnelle dans le mode d’élection des députés. A quoi s’ajoutent des propositions concernant le « parrainage citoyen » des candidats à la présidentielle, la suppression de la Cour de justice de la République, la prévention des conflits d’intérêts, etc.
La plupart de ces propositions constituent des avancées non négligeables ; celle qui concerne le cumul des mandats touche même à un des vices essentiels du système politique français. Mais l’ensemble reste bien limité au regard de la mission de « rénovation de la vie publique », et surtout les silences et les lacunes pèsent fort lourd dans la balance.
Que vont devenir les engagements du candidat sur l’indépendance de la justice, sur l’indépendance des médias, sur l’inéligibilité des élus condamnés pour corruption, et surtout sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, promesse non tenue depuis plus de trente ans ? Comment traiter de la rénovation de la vie publique en faisant l’impasse sur la séparation des pouvoirs et sur l’élargissement de la citoyenneté ?
La crise de confiance dans l’efficacité du politique et dans l’effectivité démocratique, manifestement sous-estimée par la Commission, doit être traitée à la mesure de sa gravité. Cela suppose au moins que les promesses faites devant les électeurs soient tenues lorsque aucune contrainte extérieure ne l’empêche. Cela exige une démocratisation significative des institutions de la Ve République, qu’il s’agisse du droit de vote, de la démocratie participative ou des contre pouvoirs.
Cela doit conduire enfin à soumettre le projet de révision de la Constitution, après son examen par les deux assemblées parlementaires, à l’approbation du peuple souverain : aucune avancée démocratique sérieuse ne peut passer par un nouvel escamotage du référendum comme procédure de décision sur ces sujets essentiels.
La Ligue des droits de l’Homme appelle les acteurs politiques de la révision de la Constitution, et singulièrement le président de la République, à faire plus sur le fond, et mieux sur la méthode démocratique, pour ne pas creuser davantage encore le fossé entre les pouvoirs et les citoyens. »
(Communiqué de la Ligue des droits de l'homme)

9 novembre 2012

Jean-Vincent Placé veut toujours jouer gagnant

Jean-Vincent Placé (photo le Figaro)
Je ne suis pas surpris des propos de Jean-Vincent Placé, l'un des responsables de Europe-Ecologie-Les-Verts. Placé veut toujours jouer gagnant. Il ne supporte pas d'avoir dû son élection et celle des ses amis aux accords avec le Parti socialiste. Et pourtant. Autant la campagne présidentielle d'Eva Joly a été fade et peu porteuse, autant l'accord signé en amont entre le PS et EELV a permis aux écologistes de disposer d'un nombre d'élus conséquent et de responsabilités éminentes au gouvernement.
Jean-Vincent Placé considère aujourd'hui que les écologistes n'ont plus vraiment leur place dans l'équipe de Jean-Marc Ayrault. Il découvre avec une certaine forme de naïveté, que l'exercice du pouvoir n'est pas une promenade de santé et nécessite de cultiver l'art du compromis. Et de la négociation. Pour ce qu'on en sait, Placé n'est pas du genre diplomate aguerri. Plutôt militant sur de lui et dominateur. Si la présence d'EELV au gouvernement ne ramène ni militants ni popularité, quittons-le. Il s'agit là d'une forme de cynisme bien connu de la part des partis minoritaires. C'est ce qu'on appelle le chantage du faible au fort. Sauf que la majorité à l'Assemblée nationale ne saurait être remise en cause par les seules humeurs de Jean-Vincent Placé. J'ai entendu quelques responsables des Verts vraiment responsables assurer que Jean-Vincent Placé a parlé en son seul nom et non au nom des écologistes. Cécile Duflot, ministre du logement, n'est sans doute pas prête à rendre son tablier (qu'on me pardonne cette image machiste) eu égard à l'importance des lois qu'elle propose et de l'imagination qu'elle manifeste. Il est toujours regrettable de devoir quitter une équipe surtout après si peu de temps passé au service de l'intérêt général.
A l'heure où Lionel Jospin et sa commission proposent d'élire 10 % des députés à la proportionnelle — revendication ancienne des écologistes — on ne comprendrait pas qu'un seul parlementaire EELV manque à l'appel. Il est vrai que quitter le gouvernement ne veut pas dire entrer dans l'opposition. Quoique…l'exemple des communistes donne à réfléchir.

« Tous cobayes » au cinéma Forum le 20 novembre

Europe écologie les Verts et ATTAC vous propose le film: TOUS COBAYES au cinéma LE GRAND FORUM à LOUVIERS, le 20 novembre à 20h avec Joël Spiroux, le président du CRIIGEN, le comité qui a mené la contre-expertise sur les OGM.
Sommes-nous tous des cobayes ?
A vous de juger dans "TOUS COBAYES?" qui sortira le 26 septembre au cinéma. Le troisième film de Jean-Paul Jaud dénonce les OGM et le NUCLÉAIRE : deux technologies irréversibles, non maîtrisées, anti-démocratiques et que l'on nous impose à force d'opacité et de mensonges.Comment se fait-il que les OGM agricoles soient dans les champs et dans les assiettes alors qu'ils n'ont été testés que pendant trois mois sur des rats ?
Comment se fait-il que l'énergie nucléaire soit toujours l'énergie du futur alors que les hommes ont vécu Tchernobyl et Fukushima ? Les conclusions seraient-elles accablantes?
Pour son troisième long métrage consacré aux défis environnementaux, Jean-Paul Jaud a donné la parole aux agriculteurs japonais de Fukushima, sénégalais ou français, aux scientifiques, aux politiques ou aux militants. Autant de personnes qui s'expriment librement sur ces deux problématiques majeures, les OGM et le NUCLÉAIRE.
Ce film apporte une vision transversale entre ces deux technologies, génétique et nucléaire. Il apporte des alternatives positives, mais surtout des réponses sans appel sur l'irréversibilité et la contamination inévitable du vivant.

8 novembre 2012

François Loncle : « On pourrait imaginer un ambassadeur de la fonte des glaces »

François Loncle à l'Assemblée nationale. (photo JCH)
François Loncle a posé cette question écrite au ministre des Affaires étrangères :
« M. François Loncle interroge le ministre des Affaires étrangères sur l’utilité des ambassadeurs thématiques. Créés en 1998 par le Président Jacques Chirac et multipliés par son successeur, les ambassadeurs thématiques ont une double particularité : d’une part, ils ne sont pas en général des diplomates ; d’autre part, ils n’ont pas d’ambassade. Au nombre de 28, ils ont des attributions variées qui suscitent une certaine perplexité. Si certains intitulés de ces postes semblent correspondre à une réelle activité, d’autres laissent pantois. On peut en effet se demander pourquoi le Quai d’Orsay aurait besoin d’ambassadeurs chargés de la bioéthique, de l’environnement, de la cohésion sociale, des relations avec la société civile, de l’adoption internationale, des questions migratoires, de la science, de la lutte contre le sida… Il y a même un ambassadeur qui est censé s’occuper de la mobilité externe des cadres du ministère des affaires étrangères, en quelque sorte un ambassadeur des ambassadeurs.
Dans la mesure où l’inventivité sémantique des bureaucrates paraît illimitée, on peut très bien imaginer un ambassadeur itinérant des vignobles étrangers, un autre chargé d’observer la fonte des glaces, un qui pousserait la chanson française dans le monde, un qui comparerait les hôtels de luxe, un qui ferait le tour des plages tropicales. Il convient d’ailleurs de remarquer que les titulaires de ces fonctions se dévouent à promouvoir la diplomatie française de préférence dans des contrées exotiques comme l’Océan indien, la Méditerranée, le Pacifique, la Mer Noire, les Antilles. Les bénéficiaires de ces affectations, hautement honorifiques et parfois généreusement rétribuées, se recrutent surtout parmi le personnel politique, anciens ministres ou sénateurs, ce que des esprits malveillants pourraient interpréter soit comme une récompense octroyée à des amis du pouvoir soit comme une compensation accordée à des recalés du suffrage universel.
Ces ambassadeurs itinérants ont, en outre, un impact financier qui apparaît encore plus sensible en ces temps de disette budgétaire. D’aucuns ponctionnent des sommes qui ne s’avèrent pas dérisoires. Ainsi, l’ambassadeur chargé de la lutte contre la criminalité organisée, au demeurant un journaliste respectable, jouissait, en 2011, d’une rémunération confortable de 145 000 euros, à laquelle s’ajoutaient 15 582 euros de frais de mission et 1 557 euros de frais de représentation, sans compter les frais de personnel.
M. François Loncle demande au ministre des affaires étrangères si une évaluation de ces ambassadeurs thématiques a été entreprise et quelles en sont les conclusions. Il souhaite savoir s’il ne serait pas souhaitable de tout simplement les supprimer, ou tout au moins d’en réduire drastiquement le nombre. Il voudrait savoir si les missions confiées à ces ambassadeurs ne pourraient pas être exercées, tout aussi bien et à plus faible coût, par des fonctionnaires des ministères concernés, notamment le ministère des affaires étrangères dont l’encadrement supérieur rencontre des difficultés croissantes de débouchés. Il lui demande s’il envisage de désigner un ambassadeur chargé de se pencher sur cette question...»
François LONCLE
député de l'Eure

L'opposition larvée du Front de gauche

Les sénateurs communistes, pour la seconde fois en quelques jours, viennent de joindre leur vote à ceux de l'UMP et des centristes. Ils ont ainsi permis le rejet d'un texte présenté par la majorité gouvernementale. Interrogée sur France Info, la présidente du groupe communiste ose affirmer qu'elle continue d'appartenir à la majorité présidentielle tout en n'étant pas au gouvernement et que le vote de rejet n'est que la suite logique des diverses positions et propositions des communistes.
J'entendais récemment Jean-Luc Mélenchon préciser pour la Nième fois que l'élection de François Hollande avait été rendue possible grâce aux voix accordées à JLM au premier tour de l'élection présidentielle. Il a raison. Sauf qu'au second tour, les électeurs votent pour le candidat de leur choix restant en lice et le plus souvent contre celui ou celle dont ils ne veulent à aucun prix. En votant pour Hollande, les électeurs savaient ce qu'ils faisaient : ils ne votaient plus pour Mélenchon éliminé au premier tour. Admettons que le raisonnement de Jean-Luc Mélenchon soit recevable. Cela voudrait-il dire qu'il faudrait mettre en œuvre, à la proportionnelle, une partie de ses idées et propositions ? Pour ce faire, il y avait un moyen : faire partie du gouvernement, ce que les communistes et le Parti de gauche ont refusé.
Admettons, encore, le raisonnement de Jean-Luc Mélenchon. Les sénateurs communistes ont eux aussi été élus avec les voix de maires et élus socialistes, radicaux de gauche et évidemment communistes. Les socialistes vont-ils devoir regretter leur vote parce que les sénateurs communistes entrent dans une opposition larvée, confuse, qui n'ose pas dire son nom ? Il se trouve que la majorité réelle est à l'Assemblée nationale et que les sénateurs communistes savent que le gouvernement y aura le dernier mot. Alors, pourquoi joindre ses voix à celles de l'UMP ? Pourquoi ne pas s'abstenir ? Être fidèle à son programme n'implique pas de favoriser objectivement l'UMP de Copé-Fillon. Alors, derrière ces votes hostiles des communistes que doit-on lire ? S'agit-il d'une stratégie visant à prendre d'ores et déjà des distances avec les socialistes pour ne pas être accusés de l'échec éventuel des municipales de 2014 ? Les communistes devraient être lucides : sans le PS, les dernières municipalités PC sauteront !

7 novembre 2012

Trois candidats pour le siège de premier fédéral du Parti socialiste de l'Eure

A Gauche Marc-Antoine Jamet, à droite, Elodie Desrues et Mélanie Mammeri. (photo JCH)
La première réunion organisée par la fédération de l'Eure du Parti socialiste afin de permettre aux candidats au poste de premier secrétaire fédéral de s'exprimer devant les militants s'est tenue hier soir à Pont-de-l'Arche sous la présidence de Jacques Calmon, secrétaire de la section locale et en présence de Richard Jacquet, maire de la ville.
Cette réunion de circonscription — la première à être organisée de manière décentralisée — sera suivie de quatre autres puisque l'Eure compte cinq circonscriptions. Ces réunions de « grande section »ont été voulues par l'équipe fédérale afin de permettre une expression libre et dépassionnée n'ayant rien à voir avec une sorte de congrès oppressant. Chaque candidat a présenté ses orientations et la salle a pu poser des questions concernant aussi bien la vie des sections et de la fédération que la conduite actuelle de la politique gouvernementale.
A vrai dire, la réunion a été de bonne tenue. Qu'il s'agisse d'Elodie Desrues, de Mélanie Mammeri ou de Marc-Antoine Jamet, chacun (et chacune) a mesuré la hauteur des enjeux et s'est hissé(e) au niveau souhaitable d'un débat permettant d'aborder les questions de fond. Le PS ne se porte pas mal dans l'Eure avec deux députés, des villes gagnées sur la droite comme Vernon ou les Andelys, des cantonales victorieuses…reste à confirmer tous ces résultats en 2014 et 2015.
Les militants sont demandeurs d'informations et de formations. Comment, en effet, convaincre des hommes et des femmes de gauche de rejoindre les rangs du PS sans expliquer les règles de fonctionnement du parti, sans en connaître les statuts, et surtout sans accepter de n'être qu'un godillot bêlant ? Chaque candidat(e) a donc bien expliqué son programme d'action et sa manière collective d'agir. A ce jeu, Marc-Antoine Jamet bénéficie, évidemment, de ses huit mois passés à la tête de la fédération et il demande légitimement, du temps, pour accomplir tous ses projets.

« La belle victoire de Barack Obama »


Nous sommes nombreux, en France, à nous réjouir de la victoire de Barack Obama. François Hollande et plusieurs chefs d'états européens souhaitaient cette victoire du candidat démocrate. Non pas que son bilan soit exceptionnel et sans doute de moins grands effets qu'escomptés lors de sa première victoire en 2008 mais Barack Obama aura été celui qui a établi un système de santé pour les plus démunis, à l'intérieur, et celui qui aura mis un terme à la présence militaire en Irak et bientôt en Afghanistan. Certes, le camp de Guantanamo est toujours ouvert, des prisonniers y croupissent depuis des années, sans droits, sans jugement, mais d'une manière globale les droits de l'homme auront plus avancé avec Barack Obama qu'ils n'auraient régressé avec Mitt Romney. 
Sur le plan économique, la dette américaine demeure abyssale et est payée par le monde entier grâce au dollar tout puissant. Lui aussi devra s'attacher à réduire les déficits budgétaires et à affiner ses relations avec la « vieille » Europe. Comme le dit François Loncle, il y avait sans doute plus à attendre du président sortant dans la résolution des deux gros problèmes du Moyen-Orient : le conflit israélo-palestinien et la nucléarisation de l'Iran.
Le communiqué de François Loncle : « La belle victoire de Barack Obama, c’est la victoire de l’Amérique qu’on aime, de l’Amérique progressiste contre l’Amérique conservatrice. Une victoire à laquelle l’ancien Président Clinton et Michelle Obama ont pris une part active.
C’est une victoire qui est sans doute plus prometteuse que le premier mandat. Elle permettra au Président Obama de prendre des initiatives nouvelles à l’égard de la Chine et de la Russie, de conforter une relation franche et amicale avec les Européens, de rechercher une solution au problème israélo-palestinien, de régler le dossier iranien. Autant d’initiatives qui peuvent être communes aux valeurs et aux intérêts européens.
En France et dans le monde, tous les progressistes considèrent la victoire de Barack Obama comme la leur. Elle nous réjouit et en même temps nous oblige. »

6 novembre 2012

« Marc Bloch sur le même plan que le maurassien Jacques Bainville »

Lors du colloque consacré à Marc Bloch au lycée de Val-de-Reuil qui porte son nom. (photo JCH)
Suzette Bloch, petite fille de Marc Bloch a adressé ce texte à Libération. Il devrait paraître prochainement dans le quotidien national avec le soutien de nombreux historiens et universitaires dont Pascal Jeanne et Bernard Chambré, professeurs au lycée Marc Bloch de Val-de-Reuil.

« A la lecture du Figaro Histoire n° 4, mes cheveux se sont dressés. Marc Bloch, le grand historien qui a payé de sa vie son engagement dans la résistance contre les nazis, y est mis sur le même plan que le maurassien pro-mussolinien et antisémite, Jacques Bainville, membre de l'Action française, journal de l'ultra-droite monarchiste.
Ce n'est pas la première fois que l'œuvre à portée universelle et la vie irréprochable de Marc Bloch sont récupérées pour tenter de rendre vertueuse une idéologie douteuse qui prône le retour au "national". Nicolas Sarkozy, épaulé de ses conseillers, le  souverainiste Henri Guaino et l'extrême-droitiste Patrick Buisson était un habitué du recours à ce genre de méthode. En décembre 2009, avec l'historien Nicolas Offenstadt,  j'avais tapé du poing sur la table, dans une tribune au Monde intitulée "M. Sarkozy, laissez Marc Bloch tranquille".
Cela n'a pas suffit. Le dernier numéro du «Figaro Histoire» met à nouveau en exergue ce passage de L'étrange Défaite — son livre posthume décrivant le désastre de 1940 —  cité, recité et même rabâché dans une version tronquée et sortie de son contexte afin de pouvoir caser Marc Bloch, dans dixit Le Figaro : le "panthéon des ferments d'unité nationale".  Voici cette phrase : "il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France: ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims; ceux qui lisent sans émotion de le récit de la fête de la Fédération". Sauf qu'incluse dans le paragraphe complet, elle a un tout autre sens, Marc Bloch évoquait le Front populaire de 1936 et il critiquait l'égoïsme du patronat et des élites et leur incapacité à saisir l'élan des luttes ouvrières.Voici le début du paragraphe : "Surtout, quelles qu'aient pu être les fautes des chefs, il y avait dans cet élan des masses vers l'espoir d'un monde plus juste, une honnêteté touchante à laquelle on s'étonne qu'aucun cœur bien placé ait pu rester insensible. Mais, combien de patrons, parmi ceux que j'ai rencontrés, ai-je trouvés capables, par exemple, de saisir ce qu'une grève de solidarité, même peu raisonnable a de noblesse: " passe encore, disent-ils, si les grévistes défendaient leurs propres salaires".
Mais il y a pire. Voilà ce que l'on peut encore lire à propos de l'Etrange défaite : “Marc Bloch dresse un tableau éblouissant des faiblesses récurrentes de la France: luttes des classes, élites coupées du peuple, ouvriers plus préoccupés de l’esprit de jouissance que de celui de sacrifice…” une fin de phrase qui n’apparaît nulle part dans le livre de Bloch et qui reprend, en fait, presque mot à mot le discours de Philippe Pétain le 20 juin 1940 : “Depuis la victoire, l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice.”
Sans être gêné par une quelconque incohérence, le journal de Serge Dassault cherche  à s'approprier la figure héroïque de Marc Bloch tout en accusant l'école des Annales  fondée par ce même Marc Bloch avec Lucien Febvre de tous les maux. Le chapeau d'un article intitulé "vie et mort du roman national" dit ceci : "l'enseignement de l'histoire à l'école a longtemps visé à entretenir le patriotisme des jeunes Français. La volonté de le ramener à l'objectivité sous l'influence de l'école des Annales a paradoxalement conduit à conjuguer l'ignorance avec le communautarisme". Edifiant ! J'aurais pu traiter par le mépris cette façon de faire mais ce numéro du Figaro Histoire va loin, trop loin.
Au fil des pages  l'ensemble de ce magazine consacré à "la vérité sur l'histoire à l'école" décline clichés nostalgiques, positions conservatrices, héros virils et guerriers du roman national , positions profondément réactionnaires, distillant racisme et xénophobie, utilisant le témoignage d'anonymes comme si nous n'étions pas en démocratie.  "Têtes blondes, traite des noirs, mère maghrébine, la place de l'homme européen, l'identité française, la France chrétienne": ces mots sont agencés dans un discours xénophobe appuyé par une iconographie orientée où l'on peut voir des écoliers mis en contrepoint avec des reproductions de manuels scolaires incriminés, dont l'une avec une étoile de David et le drapeau nord-américain.
Dans un dossier détaillé publié par le site http://aggiornamento.hypotheses.org des historiens décortiquent les différents articles.
Je lance l'alerte. Il y a tentative répétée de mettre le feu à la démocratie. Ne laissons pas le discours d'une extrême-droite continuer à se diffuser dans le discours public et envahir le champ intellectuel à la faveur des déclarations tonitruantes de la droite décomplexée "pain au chocolat". Elle tente de  faire la jonction avec la désespérance créée par la crise toujours prompte à se dévoyer dans la chasse aux boucs émissaires. Plaidoyer d'un côté pour un retour à l'histoire récit sous forme d'un grand roman national magnifié par les grandes héros tels Vercingétorix, Saint Louis, Jeanne D'arc ou... Pétain, occupation de l'autre de la mosquée de Poitiers par des membres du Bloc identitaire : voilà deux facettes d'une réalité alarmante.
Il faut lire et relire Marc Bloch qui, dans ses écrits clandestins, esquissait les contours d'une réforme de l'enseignement.  "Dans le présent même, il importe bien davantage à un futur citoyen français de se faire une juste image des civilisations de l'Inde ou de la Chine que de connaître, sur le bout du doigt, la suite des mesures par où " l'Empire autoritaire " se mua, dit-on, en " Empire libéral ". "Le passé lointain inspire le sens et le respect des différences entre les hommes, en même temps qu'il affine la sensibilité à la poésie des destinées humaines" ajoute-t-il.
"L'histoire est un effort vers le mieux connaître" affirme-t-il encore dans Apologie pour l'histoire ou métier d'historien. » 
Suzette Bloch , journaliste, petite-fille de Marc Bloch

5 novembre 2012

« Une intervention du Pangloss lovérien qui ne vaut pas un pet de vache »

Lu sur le blog des Verts normands ce texte de M. Michel Coletta, Universitaire du Havre, président de l’AREHN de 2004 à 2010 :
« Dans une intervention au CRHN le 22 octobre 2012, Franck Martin, se déchaîne contre ces écologistes « qui veulent nous ramener à l’âge des chars à boeufs ». Au moins, on a dépassé le « retour à la bougie ». Mais de bougie, y en a-t-il à l’étage ?
Dans ce texte pompeux, il reprend le thème des optimistes contre les pessimistes, en faisant appel à deux personnages de la littérature: Cassandre (la pessimiste) et Pangloss (l’optimiste).
Dans le roman de Voltaire, Pangloss est le professeur de métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie et précepteur de Candide. Il lui enseigne « que l’on vit dans le meilleur des mondes possibles. »
Franck Martin, c’est Pangloss. Il vient donc nous expliquer que les autoroutes, avec leurs bretelles sont le summum du développement de notre civilisation. Sinon c’est ceinture.
A la fin du roman de Voltaire, Pangloss avouera qu’il avait terriblement souffert au cours de sa vie. Mais il continuera quand même de soutenir son idée : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pangloss, sur la fin, n’y croyait plus. Mais pour l’honneur, il lui était devenu impossible d’avouer son erreur.
Gageons que Franck Martin, comme son héros, niera toute évidence : le changement climatique n’existe pas. Quoi ? Il y aurait perte de biodiversité ? Je l’aurais vu. Meuh non, il n’y a pas épuisement des ressources. Et oui il faut construire, construire indéfiniment des autoroutes, des bretelles, des plateformes logistiques. Et oui les caisses sont pleines ! … Et si Martin veut porter le pantalon, la ceinture, ce sera pour les contribuables.
Cassandre ? Elle avait tort. Elle voulait, elle devait mettre en garde les hommes contre ce qui relevait de leur folie.  Elle les aimait, mais, au fond, s’aimaient-ils eux-mêmes ?
Pour Martin, comme ce fut le cas pour ce pauvre Pangloss, l’optimisme repose sur des préjugés d’un siècle éculé.
Toujours plus loin, Martin-Pangloss nous gratifie dans son intervention d’un scoop scientifique : le pet de vache fait un trou dans la couche d’ozone. Il reprend par là même, en plus flatulent, les propos du grand savant Sarkozy de 2009 qui expliquait que les GES provoquent un trou dans la couche d’ozone, ce qui avait fait la risée des scientifiques à l’époque. Le trou dans la couche d’ozone est essentiellement dû aux rejets de gaz dits CFC (qui sont également  des GES). Oui, décidément, la prose ampoulée de Franck Martin ne vaut pas un pet de Vache ! »
Publié le 3 novembre 2012 dans Accueil Mots-clefs : Contournement Est, EELV, Franck Martin, liaison A28-A13
http://eure-seine.eelv.fr/2012/11/03/une-intervention-du-pangloss-loverien-qui-ne-vaut-pas-un-pet-de-vache/

Patrice Yung : « Le pôle métropolitain est utile, seulement utile »


Franck Martin, Laurent Fabius, Patrice Yung, Frédéric Sanchez (nouveau président de la CREA). (photo JCH)
Lors de la journée consacrée aux pôles métropolitains le 4 juillet dernier à Paris, Patrice Yung, vice-président de la CASE, a affirmé qu’un « pôle est utile, mais seulement utile ». Évoquant la création du pôle métropolitain créé entre les agglomérations de Rouen et Seine-Eure, le président opérationnel de la CASE (1) a ajouté :  « Il s’agit simplement d’un pôle de projet dont le périmètre devrait même pouvoir évoluer en fonction des projets communs. En termes de démocratie territoriale, il faudrait d’abord expliquer réellement aux gens ce qu’est une communauté de communes ou une communauté d’agglomération. »

Commençons par la conclusion de Patrice Yung. Il faudrait effectivement expliquer aux gens ce qu'est une communauté d'agglomération. Mais si les gens (les habitants de la CASE ?) ne connaissent ni le rôle ni les compétences de l'agglomération Seine-Eure, à qui la faute ? Pas exclusivement aux élus de la CASE. Mais comme ils sont en première ligne, il leur appartient d'être au premier chef les porte-parole d'un instrument surtout connu par les populations pour y être le théâtre de concurrences et de contradictions entre les maires de Louviers et de Val-de-Reuil. Vaste caricature puisque l'opposition des deux hommes n'est pas qu'une opposition personnelle mais bien une lecture différente de l'avenir du bassin de vie. Et pourtant ! La CASE n'a pas que des défauts, loin de là. Elle s'est même permis de contracter un pacte avec la CREA de Rouen et Franck Martin a accepté de reconnaître en Laurent Fabius un interlocuteurintelligent, compétent, visionnaire (2). C'est dire s'il reste beaucoup à faire pour mieux faire connaître l'agglomération et son importance pour notre avenir commun.
Revenons aux propos de M. Yung : qu'a-t-il voulu dire précisément en assurant que le pôle métropolitain était utile, seulement utile ? Pourquoi ce propos restrictif, étriqué…comme s'il était nécessaire de vanter un outil pour son utilité avec l'intention de ne pas s'en servir. « Il s'agit simplement d'un pôle de projet » ajoute M. Yung…simplement, quelle modestie. Qui dit projet dit action sinon, à quoi bon ? Je sais bien que Patrice Yung est célèbre pour ses mots d'humour et son esprit tourné vers le calembour. Tout de même, on ne peut pas supposer que ses propos aient été tenus pour faire sourire, d'autant plus que ses interlocuteurs (M. Braouzec par exemple) ne sont pas nés de la dernière pluie et ne s'aventurent pas souvent sur le terrain de la fantaisie. Je me demande si, au fond, M. Yung n'était pas porteur d'un message de son président. Un message subliminal qui signifierait « le pôle métropolitain c'est bel et bon » mais plus en terme d'affichage qu'en terme de volonté. Il reste à l'exécutif de la CASE à nous démontrer le contraire.
(1) On aurait pu s'attendre à ce que Franck Martin soit le représentant de la CASE. Le cumul des mandats l'aura sans doute empêché de se rendre à Paris…
(2) Ces adjectifs sont de ma plume. 

Vingt-Deux v'là Vingt-Trois !

Je viens de terminer la lecture du dernier livre de Jacques Attali (1) consacré à Denis Diderot. Intitulé « le bonheur de penser », cette biographie est magnifique. Elle est dense, féconde, bougrement intéressante : « Elle raconte la vie d'un homme intelligent, puits de science, totalement libre, follement amoureux, incroyablement créatif. » Elle narre les événements de la longue vie du père de l'Encyclopédie et explique les pensées souvent très en avance sur son temps du plus grand philosophe des lumières. Dans ses nombreux écrits, Diderot dénonce entre autres l'influence néfaste de la religion et des religieux sur la conduite des hommes. Diderot, s'il était vivant, se passionnerait sans doute pour le débat ouvert par la majorité présidentielle actuelle et visant à permettre le mariage pour tous.
Il aurait été effaré d'entendre Mgr Vingt-trois, au nom des évêques de France, dénoncer « la supercherie » (2) que sera le mariage pour tous. Car il est tout de même scandaleux que l'Eglise catholique de la France du 21e siècle en soit encore à prononcer des paroles de stigmatisation, de rejet et finalement une forme de haine pour tout ce qui n'est pas elle ou sa doctrine. Le frère de Diderot était prêtre, l'une de ses sœurs mise au couvent très jeune. Il a vu et ressenti l'influence horrible des religieux sur le caractère de ses proches. Diderot n'aura de cesse de tout faire pour empêcher sa fille de finir comme sa sœur et il y parviendra.
Il faut également se rappeler que l'église catholique s'était élevée contre la contraception, contre l'IVG, contre le PACS, contre, toujours contre. Malgré l'évolution des mœurs et le niveau de liberté individuelle et collective atteint dans notre pays, l'Eglise demeure réactionnaire. Il est fondamental que le gouvernement ne cède pas sur la promesse de campagne de François Hollande et que la majorité de progrès à l'Assemblée et au Sénat adopte une loi de justice et de reconnaissance. Il y en a assez de cette religion catholique qui s'érige en police des mœurs et des conduites. Le religion doit demeurer ce qu'elle est : une croyance spirituelle et non un pouvoir temporel. A Chacun son rôle et sa fonction.
(1) Jacques Attali, Diderot ou le bonheur de penser, Fayard, 24 euros.
(2) Terme utilisé par l'archevêque de Paris.

4 novembre 2012

Pierre Verdier expose à Andé

Un parcours avec Pierre Verdier à travers les Maud'atelier du samedi 3 au lundi 26 Novembre 2012.
Pierre VERDIER explique sa démarche : " Ce que je recherche en peinture aujourd’hui, c’est avant tout l’ineffable sensation d’équilibre que j’éprouve, notamment, devant un De Staël, un Poliakoff ou un Rothko. Pour moi, cette sensation est l’unique sujet et objet de la peinture et son expression verbale s’épuise en un « ça tient » qui a la valeur de critère exclusif, intuitif et ultime, de réussite de l’œuvre. C’est pourquoi mes tableaux ne comportent aucune référence figurative ou concrète, si ce n’est fortuitement par l’effet de l’imagination de celui qui les regarde ; sont détachés de toute préoccupation de style, d’harmonie et de vraisemblance (par exemple en ce qui concerne la perspective) ; ne doivent rien au calcul bien qu’ils apparaissent globalement d’inspiration « géométrique », pour être au contraire le résultat d’une progression aléatoire et laborieuse.
Le tout se présente comme un pur enchaînement d’images idiosyncrasiques assumées comme telles et insoucieuses de toute interprétation. " (P.Verdier)
Vernissage vendredi 9 novembre à partir de 18h30. Ouverture : en passant par le restau-bistro "Le Jules et Jim" 22 rue du Moulin 27430 ANDÉ tous les jours, excepté le mardi, de 11 à 15 heures et de 18 à 23 heures ou sur RV en téléphonant au 02.32.50.54.93 - Les Maud'atelier ou au 02.32.50.46.21 - Le Jules et Jim
En dehors des heures d'ouverture du restaurant, par les Maud'atelier 24 rue du Moulin 27430 ANDÉ
Présence de l'artiste Pierre VERDIER : le samedi 10 novembre après-midi, le samedi 17 novembre après-midi, le dimanche 25 novembre après-midi.