16 mars 2013

L'affaire du compte en Suisse de Jérôme Cahuzac : le caramel sera-t-il mou ou dur ?


J’ai peut-être eu tort de m’excuser trop tôt auprès de mes amis qui m’accusaient d’avoir mis à mal la version de Jérôme Cahuzac dans l’affaire du compte suisse. En effet, bien qu’avec prudence, j’aie toujours considéré que l’enquête de Médiapart était de premier ordre et fiable attestant de l’existence d’une dissimulation de compte à l’étranger de la part du ministre du budget, j’ai cru de bonne foi que la déclaration de M. Moscovici, ministre de l’économie, assurant qu’UBS n’avait pas confirmé l’existence de ce compte entre 2006 et 2012 était crédible. D’où mes excuses « provisoires » dans l’attente d’une suite qui a fini par arriver. UBS a répondu mais de manière si oiseuse qu'aucun enseignement ne peut en être tiré à l'avantage ou au tort de M. Cahuzac. Diplomatie oblige.
Il semble bien que les choses soient beaucoup plus compliquées et surtout moins évidentes que ne le dit M. Moscovici. Le site Médiapart confirme aujourd’hui que toutes les expertises et témoignages des services de police prouvent à 100 % que l’enregistrement attribué à Jérôme Cahuzac, pour la voix et son contenu, est bien dû à un coup de fil qu’il donna à un correspondant ami, et qu’il fut enregistré par erreur sur le répondeur de l’avocat Gonelle, son opposant UMP local. Cet enregistrement fut déposé aussitôt chez un huissier qui a confirmé depuis le nom de l’émetteur et celui du réceptionnaire.
Malgré les dénégations et les tentatives d’oubli de Jérôme Cahuzac, malgré les menaces de procès en diffamation, Médiapart assure tranquillement que son enquête permet à nouveau d’affirmer que l’ancien chirurgien a bien été détenteur d’un compte en Suisse et qu’il l’a dissimulé au fisc français ce qui est du plus mauvais effet pour un ministre du budget dont on attend qu’il lutte contre la fraude fiscale et mette ses actes en concordance avec ses paroles.
Dans l’article d’aujourd’hui, Fabrice Arfi, co-auteur de l’enquête depuis le début de l’affaire, indique même que Jérôme Cahuzac s’apprête à recevoir un « caramel », un coup dont on ne se relève pas. Il aurait fait cette confidence à une journaliste de Libération. J’ignore si le caramel sera mou ou dur. Ce que je sais c’est que de nombreux militants socialistes, dont je suis, supporteront mal que des députés et des responsables gouvernementaux continuent d’affirmer le contraire de la vérité. Jérôme Cahuzac, s’il est coupable de cette fraude, ne serait ni le premier homme politique, ni le dernier, à avoir menti. Contrairement à ce qu'il assure, il s'en remettra. Les électeurs ont la mémoire si courte. Quant à la suite judiciaire, elle dépend du procureur de Paris, François Molins, lequel doit répondre aux demandes de saisine élargie du juge d’instruction. Mais le parquet dépend du ministre de la Justice. Connaissant Christiane Taubira, il m’étonnerait qu’elle demande le classement d’un dossier plus qu’ennuyeux pour le pouvoir. Si l’enquête se poursuit, un remaniement ministériel sera indispensable. Le seul tort qu’aura eu le président, finalement, aura été d’attendre des mois avant de sévir.

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