12 avril 2013

On ne demande pas aux élus de se mettre à nu


François Hollande au Bourget. (photo JCH)
Moralisation ou transparence, peu importe le mot qu’on utilise. Les Français, pas tant que cela dit-on, sont demandeurs d’honnêteté et de rigueur de la part de leurs élus. Il est vrai que l’affaire Cahuzac a traumatisé de nombreux ministres et parlementaires. Même au-delà. Les élus des communes, des départements et des régions sont eux aussi sous le regard suspicieux des citoyens. A tort ou à raison, c’est ainsi.
A droite comme à gauche, les déclarations publiques de patrimoine s’épanouissent comme violettes au printemps. Elles revêtent parfois un caractère grotesque comme celle qu’a produite Jean-Luc Mélenchon. Le patron du Parti de gauche nous gratifie de la pointure de ses chaussures et de la taille de son encolure. Il le fait avec dérision et une forme de déraison. Nous ne demandons pas que les élus de la nation ou les élus européens se mettent à nu. Nous ne demandons pas la publicité à 100 % de ce qu’ils possèdent ou croient posséder. Nous ne demandons pas l’inquisition. Comme le dit bien Daniel Cohn-Bendit, « il n’y a que dans les dictatures que l’on sait tout sur n’importe qui. »
Que demandent les citoyens ? Une certaine clarté et surtout une certaine vérité. Personne n’est totalement irréprochable, personne ne dit la vérité, rien que la vérité, toute la vérité, même devant un juge. Au fait, la vérité c’est quoi au juste ? C’est simple, c’est ne pas nier devant les députés avoir un compte en Suisse quand on est ministre du budget et qu’on en a un. La vérité ? C’est rechercher, en tout temps et en tout lieu, le respect dess valeurs et des principes qui forment la trame d’un engagement et d’une manière de vivre avec les autres. J’ai écrit sur ce blog qu’il n’était pas nécessaire de porter des pulls qui grattent et de gagner le SMIC pour être de gauche. Heureusement, un engagement à gauche se situe très largement au-delà de la seule situation matérielle des hommes et des femmes qui luttent pour le progrès, l’amélioration des conditions vie, la justice sociale, un impôt large et bien réparti, qui croient à l’ascenseur social et ne se résignent pas à ce que les conditions de la naissance constituent un déterminisme indépassable.
Quand François Hollande affirmait au Bourget : « notre ennemi c’est la finance » il pensait aux paradis fiscaux, à l’évasion fiscale, à ces 60 à 80 milliards d’euros qui échappent au fisc chaque année en France. Le seul — mais il est de taille — reproche à adresser à François Hollande, c’est de ne pas avoir mis fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac dès le début du mois de janvier 2013 lors de l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet. A cette date, Médiapart affirmait que la bande sonore était authentique et Edwy Plenel avait raison d’assurer : « On me demande des preuves mais tout le monde les a sous les yeux ! Il suffit de savoir regarder. Et écouter. »
Le projet de loi sur la transparence du gouvernement va arriver rapidement sur le bureau du Parlement : parquet financier renforcé, contrôle (privé pourquoi pas ?) des patrimoines des ministres, des parlementaires, des hauts fonctionnaires, haute autorité morale, échange d’informations au niveau de l’Europe, traque systématique des exilés fiscaux partout dans le monde…le mouvement en cours est positif. Il suffira de savoir regarder et écouter. L’opposition de Jean-François Copé à toutes ces mesures est là pour l’attester.

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